Histoire de la révolution cognitive

la nouvelle science de l'esprit

par Sylvie Lainé-Cruzel

Howard Gardner

Paris : Payot, 1993. - 487 p. ; 23 cm. - (Bibliothèque scientifique Payot)

Publié en 1985 aux Etats-Unis, il aura fallu huit ans à cet ouvrage riche, dense et touffu pour traverser la barrière linguistique et parvenir jusqu'à nos contrées francophones.

Large recherche et objectivité

Chercheur passionné, psychologue de formation et enseignant aux Etats-Unis, H. Gardner définit ainsi l'objectif qu'il s'est fixé au travers de la rédaction de son ouvrage : entreprendre une large recherche sur la science cognitive qui tiendrait compte du long terme, origines philosophiques, histoire de chacune de ses disciplines constitutives et travaux actuels les plus importants, pour nous exprimer enfin son opinion personnelle sur le devenir de cette science ambitieuse. Le sujet est complexe, puisque les origines en sont multidisciplinaires, les participants hétérogènes, les courants multiples, et les objectifs très divers. L'auteur a eu la prudence d'aborder son sujet avec un grand souci d'objectivité, en s'appuyant sur les événements et les résultats les plus marquants de l'histoire mouvementée de cette jeune science.

L'ouvrage est structuré en trois parties : la première partie, nettement historique, décrit les débats préliminaires jusqu'en 1950. La deuxième partie étudie plus spécifiquement l'évolution et les courants forts de chacun des six domaines que H. Gardner juge constitutifs : la philosophie (et surtout l'épistémologie), la psychologie, l'intelligence artificielle (dont les systèmes experts), la linguistique (et beaucoup Chomsky), l'anthropologie (structuralisme et ethnosciences) et les neurosciences. La troisième et dernière partie tente de passer en revue les grands courants de pensée et les travaux les plus caractéristiques des sciences cognitives actuelles.

Un ouvrage de référence

S'il vise en priorité les chercheurs et étudiants en sciences cognitives, l'ouvrage devrait intéresser largement tous ceux qui travaillent en sciences de l'information, car les thèmes abordés et les références citées sont souvent communs. Si le contenu est parfois difficile (il ne s'agit pas d'un ouvrage de vulgarisation !) la forme est claire et attrayante, puisque les présentations des modèles et des hypothèses les plus significatives s'entremêlent d'anecdotes, de citations et de commentaires personnels de l'auteur. Sans appauvrir la pensée des philosophes ou théoriciens dont il présente les travaux, H. Gardner réussit le tour de force d'arriver à les présenter sur un mode simple, vivant et pédagogique, qui devrait les rendre plus accessibles à tout lecteur attentif. Enfin, un certain nombre de clés d'accès au document (table des matières détaillée, index des noms cités, abondante bibliographie) font que l'on peut légitimement le considérer comme un ouvrage de référence pour tous ceux qui veulent approfondir leur connaissance de l'un ou l'autre aspect des sciences... de la connaissance.