Le coût de l'étudiant de l'université de Paris XII-Val-de-Marne

par Yannick Valin

Observatoire des coûts des établissements de l'enseignement supérieur

Université de Paris XII-Val-de-Marne

Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 1993. - 94 p. ; 30 cm.
ISBN 2-7061-0515-1 : 100 F

L'Observatoire des coûts des établissements de l'enseignement supérieur, créé en 1991, a reçu la double mission de mesurer sur le terrain le coût des établissements et de réfléchir sur la méthodologie et les modèles d'estimation.

L'université de Paris XII-Val-de-Marne et l'université de Bourgogne sont établissements pilotes en ce qui concerne la mesure du coût de l'étudiant.

La publication commentée des coûts constatés par année de formation constitue l'un des objectifs premiers de l'Observatoire.

Pour Bemard Dizambourg, président de l'université de Paris XII, la connaissance des coûts, ignorée jusqu'ici dans la gestion des universités, peut trouver deux grands domaines d'application : le pilotage interne et le pilotage des rapports avec l'environnement.

Le pilotage interne

Il s'agit là d'optimiser l'allocation des ressources. La connaissance des coûts et des filières peut éclairer des zones jusqu'alors obscures, où pourraient régner l'a priori : aussi la prise en compte de la totalité des coûts (salaires inclus) met à mal certaines idées reçues sur le prix de l'enseignement. La mesure des coûts conduit, par ailleurs, à replacer l'amortissement dans la politique d'investissement, ce que les universités ne pratiquaient qu'à titre exceptionnel.

Les universités revendiquant l'autonomie dans les actions pédagogiques, la connaissance de leurs coûts permet d'apprécier les liens entre l'accroissement des coûts, la qualité et la productivité des enseignements. Cet aspect est fondamental si l'on considère que 84 % des charges relèvent des coûts salariaux et 10 % du fonctionnement et de l'amortissement.

Le pilotage externe

Dans une France administrativement décentralisée, dans ce temps où les établissements d'enseignement supérieur accèdent à la responsabilité, la connaissance s'avère vitale dans ce dialogue nouveau entre l'université et ses multiples partenaires.

Cette nécessité agit prioritairement sur 3 points : dans la formation continue (tarification), dans l'information des collectivités locales et territoriales, qui interviennent de plus en plus dans l'investissement (bâtiments et équipements), dans les rapports avec l'Etat depuis la mise en place de la politique contractuelle.

Les limites de l'étude

Le rapport vise à situer les coûts annuels observés par filière d'une année de formation pour un étudiant présent. Après avoir évalué le coût salarial, le coût de fonctionnement, et celui de l'amortissement des équipements, le rapport établit le « coût » de l'étudiant. Constat conforme à l'attente. Le coût moyen augmente avec le cycle et varie selon les disciplines et le type de formation. A titre d'exemple en second cycle, la moyenne est de 14 585 F, allant de 4 067 F pour la licence de droit à 54 634 F pour la maîtrise de sciences et techniques de biologie et de biochimie.

Très fournie, très argumentée, éclairée par de - trop ? - nombreux tableaux et graphiques, cette étude a le mérite d'ouvrir une porte jusqu'ici fermée ; elle ose, car c'est une audace, mettre des coûts en regard des formations, sans ambiguïté, elle dit ce que « coûte » chaque étudiant, chaque filière de l'université.

C'est une chance pour celle-ci de pouvoir dialoguer, chiffres en mains, avec ses bailleurs de fonds. Mais ce gage d'une saine gestion pourrait se révéler, par un effet pervers, en période de crise ou de curiosité intellectuelle rétrécie, une arme à double tranchant. L'hypothèse de formations exclues faute de rentabilité immédiate n'est pas farfelue. Loin de soupçonner une telle éventualité, la conclusion du professeur Boumarel est résolument optimiste. Il estime que ces travaux accroîtront les chances de succès de l'étudiant et amélioreront les conditions de vie de tous les acteurs de l'enseignement supérieur.