Universités

la recherche des équilibres, rapport au Président de la République

par Yannick Valin

Comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel

Paris : La Documentation française, 1993. -154 p. ; 24 cm.
ISBN 2-11-003014-3 : 85 F

Au 30 mai 1993, le Comité national d'évaluation a conduit 84 évaluations d'établissements. D'ici à la fin 94, l'ensemble des universités françaises aura été évalué. Ce rapport édité au terme des quatre années de fonctionnement du comité sous la présidence de François Luchaire livre donc une image fiable des universités aujourd'hui. Le titre même traduit ce qui pourrait s'assimiler à une volonté générale des établissements : la recherche des équilibres. Tâche délicate dans une période d'évolution rapide. Croissance considérable des effectifs étudiants, croissance sans analogie des financements publics, nouvelles relations entre l'université, l'Etat et les collectivités, nouvelle formation initiale des enseignants, telles sont les caractéristiques essentielles des modifications intervenues dans ce court laps de temps.

En cinq chapitres, le Comité pose deux questions (quelles ont été les évolutions positives ? Quels sont les problèmes non résolus ?) auxquelles il s'efforce, non de donner des solutions, mais plutôt des approches de résolutions, sous forme de recommandations.

L'enseignement, la recherche, l'orientation

Ayant une double vocation de formation et de recherche, l'université doit à la fois lutter contre l'échec en 1er cycle - le constat reste toujours valable - et maintenir un haut niveau pour une recherche qui doit viser un renforcement de la qualité internationale.

Dans ce contexte, l'orientation joue un rôle clé. Le comité préconise notamment de définir une véritable politique d'orientation qui s'élaborerait dès l'entrée en second cycle des lycées. Comme on le constate sur cet exemple, le Comité inscrit l'université dans le tissu social, comme il le fait par ailleurs en souhaitant des rapprochements avec les entreprises, tant au niveau de la recherche que dans la formation.

La formation des maîtres

La formation initiale des enseignants est une des missions traditionnelles de l'université. Mais jusqu'en 90, celle des instituteurs relevait des Ecoles normales départementales. La création des IUFM rattache la formation des maîtres à l'Enseignement supérieur, décision jugée positive, mais qui ne va pas sans soulever des controverses. N'ayant pas encore évalué ces établissements, le Comité n'en analyse pas moins en détail l'impact des IUFM sur la vie des universités, et sur le recrutement et le destin des élèves de ces instituts. Le Comité souhaite que soit affirmé le caractère universitaire et professionnel des IUFM avec une participation plus grande des universitaires à la formation. Il recommande aussi de repenser, pour les professeurs des écoles, le contenu des licences acquises, tout en suggérant qu'un congé avec allocation puisse permettre aux étudiants issus des IUFM de tenter le concours de l'agrégation.

Le recrutement et les carrières dans l'enseignement supérieur

Le Comité constate deux changements majeurs depuis 1989 : l'augmentation du nombre de bacheliers et la tendance à la poursuite des études. Phénomènes qui entraîneront les universitaires à partager les tâches de formation post-baccalauréat avec d'autres enseignants. D'où la nécessité d'une réflexion sur le rôle propre des enseignants de statut universitaire, la promotion de candidatures de qualité et la revalorisation des rémunérations. L'avenir des établissements dépend de la qualité de chaque enseignant, mais aussi de sa participation à des projets collectifs.

L'autonomie des universités va de pair avec leur responsabilisation. S'il leur faut les moyens d'exercer ces responsabilités effectives, il faut aussi que les liens apparaissent clairement entre ce que reçoit l'enseignant pour son activité d'enseignement et de recherche, et ce qu'il apporte à l'université.

Le gouvernement des universités

Le Comité constate que, si l'autonomie des universités est partout proclamée ou revendiquée, si même elle fonde la base des nouvelles relations contractuelles avec le ministère de tutelle, elle paraît relever encore aujourd'hui plus des objectifs que de la réalité quotidienne.

L'autonomie passe par la bonne gestion des moyens mis à disposition. Le Comité constate de nombreuses faiblesses dans ce gouvernement des universités, sans que les hommes soient mis en cause. Il recommande que les universités puissent utiliser leur comptabilité pour mieux se gérer, qu'elles pratiquent l'amortissement et soient informées du coût de leurs activités. Il leur faudrait aussi mettre en place les instruments d'évaluation statistiques indispensables aux choix nécessaires.

Le mérite de ce rapport, outre son objectivité, sera pour le lecteur de le resituer dans le contexte générai de l'université - qu'elle que soit la place qu'il occupe - et de comprendre que toute situation particulière perd de sa singularité dès qu'on la replace dans un contexte national. Ce qui peut laisser espérer des solutions, en souhaitant que les équilibres, que le Comité d'évaluation met en valeur, se maintiennent ou mieux se renforcent.