Culture et institutions culturelles

actes du colloque tenu du 4 au 11 juin 1991 au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle

par Didier Guilbaud
sous la dir. de Robert Bordaz et Philippe Rebeyrol
Paris : Cercle d'Art, 1993. - 95 p. ; 29 cm.
ISBN 2-7022-03604

Les actes du colloque de Cerisy s'articulent autour de deux thèmes : la conquête du public, l'aide à la création. Ceux-ci mêlant volontiers ce que Maurice de Gandillac appelle « une honnête confrontation entre théorie et pratique (...) probe et efficace gestion d'entreprises culturelles inséparables, en chaque conjoncture d'un projet politique ».

Après un intéressant recensement - par Robert Bordaz - des grands établissements culturels (parisiens) réalisés ces 15 dernières années, et l'évocation de la logique politique présidentielle qui a sous-tendu ces réalisations, Philippe Rebeyrol évoque la situation et la raison d'être des établissements culturels à l'étranger, et Francis Lacloche le problème du mécénat et tout particulièrement de la Caisse des dépôts et consignation et de son action en direction des quartiers défavorisés. Un important article d'Yves Pagnez analyse les rapports de la culture et la Perestroïka en Russie et ouvre le champ à toute réflexion sur l'importance de la culture dans le corps social.

L'article de Michel Melot sur le thème « Des bibliothèques, service continu de la lecture » retiendra particulièrement notre attention. L'article reste d'une grande actualité : Michel Melot, parlant de l'essor des bibliothèques de 1975 à 1989 et de l'originalité de la situation française, insiste sur les contradictions et les ambiguïtés de nos bibliothèques dans un contexte où « la demande socioculturelle de plus en plus forte trouve la réponse la plus large et la mieux adaptée dans la bibliothèque, celle-ci apportant - contrairement aux Maisons de la culture construites autour d'un théâtre -l'assurance d'un flux permanent et d'un renouvellement automatique du public ».

Mais si l'afflux du public dans les établissements culturels est indéniable, c'est aussi le signe que notre enseignement est « triste et autoritaire » (Claude Mollard). Cela n'est pas la seule contradiction du domaine culturel, souvent incapable d'apprécier les besoins et d'évaluer les résultats peu à même de bouleverser la manière dont les élites culturelles et artistiques sont sélectionnées. Dans un article « Culture et innovation institutionnelle » Claude Mollard brosse brillamment le tableau : situation des institutions anciennes (musées) ou plus neuves (FRAC), état des lieux financier, rapport public (Etat, collectivité territoriale)/privé. Trois autres contributions, l'une sur l'Institut des hautes études en arts plastiques, « lieu de réflexion pour les jeunes artistes », l'autre sur l'IRCAM (Institut de recherche et de coordination acoustique musique), enfin une réflexion de Michel Nuridsany sur « Les jeunes artistes face à l'institution » clôturent un débat, dont on peut regretter qu'il ne déborde pas assez le cadre du seul domaine de l'art plastique.

En bref, malgré des contributions de longueur inégale, mais toutes de grande qualité, ces actes de colloque constituent un outil idéal de référence et de réflexion.