Idate 93

Anne Dujol

Catherine Etienne

«Investir dans la communication », tel était le thème de réflexion de ces journées Idate 93 *, qu'il s'agisse des coûts des technologies de communication, des mobiles (radiotéléphonie), des réseaux, de la communication d'entreprise, de l'image numérique. L'ensemble des conférences se sont tenues en anglais, langue du congrès, avec traduction simultanée, et il y avait quelque chose d'incongru à entendre l'intervention en anglais d'un intervenant de langue française, aussitôt retraduit en français, d'où une perte successive de contenu.

Les logiques d'usage

Les intervenants représentant des grandes entreprises, M. Puglisi (PSA), M. Stacchiotti (Alcatel Italie), M. Cawdell (Exco, entreprise financière de Londres) ont tous insisté sur l'énorme investissement financier induit par les communications : 350 MF/an de dépenses PTT, 58 réseaux télécommunications privés, 7 studios de visioconférence pour PSA.

Or, de l'avis général, cet investissement technologique n'est pas toujours rentabilisé, en raison, d'une part, de l'extrême évolution des technologies de communication, et, d'autre part, de l'explosion de la demande. Pour PSA, les évolutions majeures portent sur les lignes spécialisées «données» (+ 45 %) et la visioconférence (+ 42 %).

Face à cette inquiétude générale de coûts non maîtrisés et à un volume de consommation en constante augmentation, les intervenants ont rappelé qu'il fallait s'interroger sur la rentabilité des communications pour l'entreprise - le profit d'entreprise étant parfois différent de celui de l'individu -, et ont envisagé très sérieusement de mieux maîtriser les dépenses, en faisant une véritable analyse des besoins réels en télécommunication. A maintes reprises furent évoqués les coûts prohibitifs de celles-ci, alors qu'à l'inverse de l'informatique, les coûts de production baissant, il n'y a pas eu de répercussion auprès des consommateurs-utilisateurs.

Pour R.P. Cawdell (Exco), il faudrait d'abord comprendre les besoins, puis choisir ensuite la technologie. C'est l'inverse qui se produit et les entreprises commencent à comprendre qu'elles ne peuvent plus supporter des dépenses de communication sans véritable gain de productivité. Tous ont rappelé cette vérité première : toute technologie nouvelle doit être rentable pour l'organisme qui l'utilise.

« L'Outsourcing », achat d'un service de télécommunication à l'extérieur de l'entreprise, permettrait-il de réduire les coûts d'investissements en télécommunication, et serait-il une solution à la baisse des investissements ? La plupart des responsables de télécommunication présents ont indiqué clairement qu'il était hors de question, pour une entreprise, de confier son information stratégique à des services externes, sans réelle maîtrise et des routeurs, et du routage des informations (au grand dam des opérateurs publics présents).

Les politiques publiques

Comment encourager nationalement l'adoption des nouvelles technologies de communication, telle était la question.

Aux politiques de l'offre de certains pays (Italie, Allemagne), qui financent les secteurs Recherche, développement et innovations des entreprises, répondent, plus pragmatiques, les politiques centrées sur la demande (France, Pays-Bas), voire, pour la France, celles centrées sur la demande des petites et moyennes entreprises. Tous les intervenants ont rappelé la réduction des aides de l'Etat depuis 1985, en particulier pour la Grande-Bretagne et l'Italie.

Thomas Wahl (Allemagne) a rappelé la nécessité d'élargir les politiques en créant la demande, tout en maintenant le soutien à la recherche, tandis qu'en écho C. Johnson (Grande-Bretagne) rappelait que les technologies de communication existent, mais qu'elles sont sous-employées (problème des coûts déjà évoqués). Enfin, fut posé le problème de l'évaluation incertaine des apports des technologies innovantes, comme des résultats des politiques nationales, difficilement mesurables, par manque de fiabilité des outils d'évaluation, voire leur inexistence.

Hormis le rappel des projets européens structurés, tels Sprint ou Essi - produire des logiciels de haute qualité de matière efficace -, et le Livre blanc sur les technologies de l'information, en préparation pour la CEE, il semble difficile de parler de véritable politique de soutien et de mise en place d'innovation technologique en télécommunications, sans prendre en compte les données sociales et culturelles, en particulier l'éducation et la formation des utilisateurs.

Problématique qui n'est pas sans analogie avec l'introduction des technologies de l'information dans nos bibliothèques.

  1. (retour)↑  Les 15e journées internationales de l'Idate se sont tenues les 24, 25 et 26 novembre 1993 à Montpellier France.