Microfilm pour bibliothèques et archives

Le pouvoir de séduction des technologies les plus récentes nous conduit parfois à oublier les avantages des supports traditionnels. Ainsi, le microfilm, dont on prédisait la disparition imminente, et qui néanmoins continue sa progression, lente mais régulière. En effet, alors même que le produit ne cesse de s'améliorer, les prix deviennent de plus en plus attractifs. Les machines modernes exigent moins de main-d'œuvre, la concurrence qui sévit entre les fabricants maintient le coût des consommables au niveau le plus bas. Aujourd'hui, des façonniers réputés peuvent offrir des services de qualité à des prix très avantageux.

Proposition

L'exemple donné ci-dessous est tiré d'une proposition émanant d'une entreprise de la région de Rouen, en février 1993. Il faut cependant préciser qu'il s'agit de tarifs préférentiels, réservés aux bibliothèques et établissements d'enseignement.

Nous avons pris pour hypothèse de travail un document de format A4, de 250 pages, pouvant être facilement débroché, du type rapport ou mémoire dactylographié.

Le document devait être reproduit sur microfiche A6, 98 vues, à l'échelle de réduction de 1/24e. L'échelle de 1/24e présente un double avantage : il s'agit d'une réduction modérée, qui permet d'obtenir une excellente qualité d'image.

Elle est très répandue : les objectifs 24 X sont disponibles chez tous les constructeurs, et peuvent être adaptés à tous les lecteurs existants. Il sont très souvent fournis en équipement standard avec les modèles de bas de gamme.

Le nombre de pages a été fixé de façon à ne pas biaiser les calculs : il ne correspond pas à l'utilisation optimale de la surface utile, sans pour autant être anormalement défavorable. Nous donnons à titre d'information les coûts pour les cas extrêmes : un document de 98 pages, qui pourrait être reproduit sur une seule fiche, utilisée à 100 % de sa capacité, et un document de 99 pages, qui nécessite deux fiches, et conduit à n'utiliser que 50,5 % de la surface disponible. Nous considérons une méthode traditionnelle : prise de vue réalisée sur une caméra microfiches, donc en mode statique. Le film de prise de vue est un film argentique, qui deviendra l'exemplaire de conservation. Seules des copies diazoïques seront mises en exploitation.

Pour l'établissement de la fiche originale, le façonnier retenu ne facture pas à la fiche, mais à la vue, comptée 0,70 F. Le titrage est facturé 3 F par fiche. Les duplicata sont comptés à 5 F l'unité, pour des quantités inférieures à 10. Il prévoit des tarifs dégressifs pour des volumes importants : 3 F l'unité entre 10 et 100 exemplaires de la même fiche.

Graphiques

L'examen des tableaux permet de dégager quelques règles :
- La reproduction d'un document en un seul exemplaire ne peut se justifier, sur le plan économique, qu'au niveau du gain de place ou de la réduction des frais d'expédition, quel que soit le nombre de pages du document.
- A partir de 3 exemplaires, le coût de la reproduction sur microfiche est comparable à celui de la photocopie traditionnelle. Au gain de place, à la réduction des frais d'affranchissement (nous songeons au prêt entre bibliothèques) s'ajoute l'économie sur le brochage ou la reliure.
- Le coût par page s'abaisse considérablement à partir de 3 exemplaires, pour devenir, à 100 exemplaires, inférieur au prix d'une feuille de papier vierge.
- Si le fournisseur facture à la vue, et non à la fiche, le coefficient d'utilisation de la surface sensible ne joue pas un rôle déterminant dans le prix de revient, du moins jusqu'à 10 exemplaires.

En micrographie documentaire (reproduction de documents papier par procédé photographique), la microfiche reste encore un support extrêmement économique pour stocker et diffuser des documents en un petit nombre d'exemplaires, tels que les études, rapports et mémoires. C'est ainsi que les universités américaines font systématiquement reproduire les mémoires de maîtrise, ou les documents à usage interne comme les journaux de campus. Apprécié surtout dans le domaine de la conservation, le microfilm pourrait connaître un regain d'intérêt dans d'autres applications, en raison de son coût modéré.