Les numérotations internationales normalisées

Suzanne Santiago

Les normes ont pour objectif de favoriser la production et les échanges sur la base de règles consensuelles régissant les pratiques des partenaires concernés. Au-delà du consensus sur les principes, certaines normes internationales requièrent pour leur mise en application la création et la mise à jour permanente d'outils communs (listes de codes, d'identificateurs, etc.) garantissant leur bonne utilisation.

En 1992, dans l'ensemble des domaines couverts par la normalisation internationale (8 651 normes), il y avait 34 normes sous la responsabilité opérationnelle de vingt « autorités de mise à jour et organismes d'enregistrement » désignés par l'ISO.

Une identification, des organismes

Dans le domaine qui nous intéresse, la documentation, on pourrait citer les codes pour la représentation des noms de pays ou de langues. On a choisi de présenter ici les numérotations internationales normalisées puisque la France héberge l'organisme d'enregistrement de l'ISSN (International Standard Serial Number) depuis sa création au début des années 70.

Les numéros internationaux normalisés sont des codes représentant une publication en quelques caractères, de façon unique. Sans ces numérotations, l'identification d'une publication nécessite un nombre d'informations textuelles (titre, éditeur, lieu et année d'édition...) qui ne garantissent pas toujours la levée des ambiguïtés, posent parfois des problèmes de compréhension (langue, alphabet...) et impliquent dans tous les cas un message assez long.

Cette identification concise et sans ambiguïté favorise toutes les opérations associées à la publication : accès aux catalogues, contrôle des acquisitions, mise à jour des états de collections, gestion du prêt entre bibliothèques, gestion de droits, transactions commerciales...

Les exemples d'utilisation de l'ISBN (International Standard Book Number), ISSN, ISRC (International Standard Recording Code) se multiplient avec l'augmentation de la production, le développement des systèmes informatisés et des échanges entre partenaires du monde de l'information : de bibliothèques à bibliothèques, de bibliothèques à distributeurs, de distributeurs à éditeurs...

L'ISBN et l'ISSN ont vu le jour il y a plus de vingt ans. Ils ont fait la preuve de leurs avantages puisque le concept s'est étendu à de nouveaux domaines d'application : enregistrements sonores (ISRC), musique imprimée (ISMN, International Standard Music Number) et rapports techniques (ISRN, International Standard Recording Number).

Pour répondre à leur objectif, ces numérotations se doivent d'être universellement appliquées. Elles supposent une infrastructure garantissant l'enregistrement cohérent de toutes les publications ou de tous les producteurs. L'attribution des numéros se fait à deux niveaux : un organisme international garant de l'unicité, de la cohérence et de la disponibilité de l'information créée ; des organismes nationaux ou régionaux effectuant l'enregistrement systématique dans les meilleures conditions d'information et de compétence pour leur territoire, et renvoyant les données ainsi créées vers la base internationale.

Ainsi, dans le cas de l'ISSN, le Centre international situé à Paris crée et maintient les moyens de fonctionnement du réseau : travaux de normalisation, règles communes, outils de travail, création de nouveaux centres, promotion du système. Il gère l'attribution des blocs uniques d'ISSN attribués à chaque centre national. Il reçoit, traite, contrôle les attributions d'ISSN faites dans le monde et les met à disposition de l'ensemble de la communauté sous la forme d'un registre de tous les ISSN attribués existant sous trois formats (microfiches, bandes, CD-ROM), mis à jour trimestriellement. Ce registre contient actuellement 640 000 notices correspondant chacune à un ISSN et une publication uniques. Environ 50 000 nouvelles attributions d'ISSN sont effectuées chaque année.

Cette description, très schématique, du fonctionnement général de l'ISSN se retrouve, selon des modalités variées, dans les autres secteurs concernés. Dans le cas de l'ISBN par exemple, le fichier de référence est celui des préfixes d'éditeur, chaque éditeur étant ensuite responsable de la numérotation des publications elles-mêmes. Le schéma de fonctionnement est similaire : les agences nationales de l'ISBN enregistrent les éditeurs et leur attribuent un préfixe ISBN unique, puis renvoient l'information à l'agence internationale qui contrôle l'unicité et la cohérence de l'ensemble des préfixes attribués dans le monde. L'édition 1992-1993 du Publishers' International ISBN Directory recense 219 000 éditeurs ayant un préfixe ISBN, dont 17 000 nouvelles attributions en un an.

Les actions

En contrepartie du succès, la pression sur les systèmes s'accroît à mesure qu'augmente leur utilisation. D'une part, quantitativement, le nombre de centres participants, celui des publications ou de producteurs enregistrés, et donc la taille des bases de données de référence nécessitent des moyens toujours accrus. D'autre part, qualitativement, il s'agit de s'adapter aux évolutions d'un monde professionnel en mutation : traitement ou mise à disposition des données (formats d'échange, nouveaux supports) ; suivi de la production elle-même (émergence des publications électroniques par exemple) ; plus généralement, évolution des pratiques professionnelles (catalogage, normalisation, code-barres...) afin de répondre aux besoins d'utilisateurs tous convaincus de la nécessité d'un identificateur commun mais ayant des besoins différents, si ce n'est parfois contradictoires.

Dans le cadre de l'ISO, ces organismes ont une liaison permanente avec le TC46 (Comité technique 46), présentent des rapports d'activité à chacune de ses réunions plénières, impulsent les révisions des normes dont ils ont la responsabilité opérationnelle et participent très fréquemment, à titre d'experts, à d'autres travaux de normalisation. Ainsi, l'ISSN, en tant qu'utilisateur international de taille, est une plateforme de débat et de test pour des questions touchant aux codes pays ou langues, translittération, codage de caractères... Le Centre international est aussi l'organisme d'enregistrement de la nonne ISO 4 : « Abréviations de mots de titre », activité rendue possible par la très large couverture géographique et linguistique du Registre. Plus généralement, il agit directement mais sans droit de vote auprès de l'ISO et par le biais de ses centres nationaux, eux-mêmes impliqués dans le cadre des agences nationales de normalisation.

Juillet 1993

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Organismes d'enregistrement

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Liste des normes ISO et AFNOR