J'ai retrouvé mes lunettes, un choix de livres pour les nouveaux lecteurs

par Madeline Bouverot, Yvonne Johannot

Paule Drouin

Louise Robichaud

Montréal : Documentor ; Ville de Montréal, 1992, 278 p. ; 13,5 x 21 cm.
ISBN 2-89123-116-3

Une bibliographie attendue par les bibliothécaires et les formateurs travaillant avec des personnes maîtrisant encore mal la lecture.

Dans le cadre du développement de son programme en alphabétisation, la bibliothèque municipale de Montréal (BMM) a réalisé cet outil de travail qui comporte 700 titres adaptés aux besoins de ces publics spécifiques.

Toutes les personnes confrontées à des questions d'alphabétisation savent combien il est difficile de proposer à ces publics des ouvrages qui ne soient pas des textes pour enfants mais des livres traitant de problèmes d'adultes ou s'adressant à des adultes tout en restant accessibles à des lecteurs encore peu familiarisés à la lecture.

Le choix de ces 700 titres a été réalisé après un long dépouillement de milliers d'ouvrages, des entretiens avec des formateurs, un psychologue, un sexologue et aussi des apprenants, au cours desquels le rapport négatif entretenu par ceux-ci avec le livre est apparu clairement.

Curiosité et centres d'intérêt

L'option a été prise de déterminer les choix moins sur l'accessibilité du livre, que sur l'aide qu'il pouvait apporter au lecteur « pour prendre conscience de lui-même et de son environnement global (social, géographique, politique, etc.) » ; ainsi l'éveil de la curiosité pourra être un facteur déclencheur dans la motivation à l'apprentissage, comme dans l'envie de fréquenter la bibliothèque et d'en apprendre le fonctionnement.

La collection appelée « Collection pour tous », ainsi déterminée, couvre des sujets différents pour répondre aussi bien aux besoins de formation que de loisirs. Elle est destinée à une clientèle qu'en France nous appellerions plutôt illettrée qu'analphabète, de 16 ans et plus. Elle se propose, de plus, de faire connaître les différentes formes du livre : format, support, présentations, approches, etc.

Les trois critères de choix ont été : l'apparence (importance des éléments visuels incitatifs) ; l'intérêt : apporter une réponse ou une information, par l'intermédiaire d'un documentaire ou d'un ouvrage de fiction, semble être l'essentiel pour l'apprenant, soit dans le domaine des connaissances générales, soit dans celui d'une problématique personnelle ; la lisibilité, critère important mais considéré comme second par rapport à l'intérêt.

Les ouvrages sont classés par rubriques représentatives des centres d'intérêt : « dictionnaires ; méli-mélo - astrologie-ésotérisme, religions-nouvel âge - animaux, environnement, pays, géographie, histoire - sciences et techniques - famille, santé, sexualité - couture, bricolage, loisirs, sports, cuisine, musique, cinéma - ouvrages de fiction -histoires vécues ».

Les rubriques comprennent, outre les éléments habituels de toute bibliographie, des descripteurs-sujets, quand le titre n'est pas suffisamment clair et des notes descriptives de deux-quatre lignes dans de nombreux cas. Les documents très populaires sont imprimés en bleu. Des pictogrammes accompagnent les titres, apportant certaines précisions (par exemple : ouvrage québécois, ou canadien, ou français ; gros caractères ; pouvant être feuilleté ; document pour animation, etc.).

Pour des lecteurs québécois

La présentation des conditions dans lesquelles la collection a été réalisée comporte 18 pages. Cette collection est déposée dans cinq bibliothèques du réseau municipal de Montréal ; elle est régulièrement alimentée par les nouveaux titres parus.

La bibliographie proprement dite (229 pages) est suivie d'une liste de 18 collections recommandées (canadiennes, françaises, belges et suisses), d'un index alphabétique des auteurs et d'un autre des titres.

Nous ne nous étonnerons pas qu'un travail de ce genre soit réalisé au Québec où la recherche dans le domaine bibliographique et dans celui du livre est particulièrement vivante. Signalons cependant que l'utilisation de cette bibliographie posera quelques problèmes aux bibliothécaires français. En effet, dans les secteurs qui touchent au quotidien, comme le roman, la famille, etc., les titres retenus sont essentiellement québécois et ne répondraient pas forcément à l'attente de lecteurs français. Dans d'autres secteurs par contre, comme les animaux ou les sciences, la collection est parfaitement utilisable.

Il ne reste qu'à souhaiter que, tout en bénéficiant du travail ici réalisé, des bibliothécaires français publient un ouvrage de ce genre pour le public qui est le leur.