Vllle de Metz, Bibliothèques offertes. Hommages aux donateurs. Un siècle d'enrichissement des collections anciennes et précieuses de la bibliothèque municipale
ISBN 2-9506318-0-0
Ce volume richement illustré en couleurs a été publié à l'occasion d'une exposition organisée à la bibliothèque municipale de Metz du 7 janvier au 14 mars 1992. Plus qu'un catalogue d'exposition, il présente, sous la forme de sept articles, des monographies de collections privées entrées par dons ou legs dans les collections municipales à la fin du XIXe et au cours du XXe siècle. A ce titre et au-delà de l'exemple messin, il apporte une très belle contribution à un aspect encore très mal connu, car peu étudié, de l'histoire des bibliothèques françaises. Les dons ont en effet toujours constitué de très belles opportunités d'enrichissement pour les collections publiques. Cet hommage aux donateurs est donc une marque de gratitude d'autant mieux venue que l'une des tâches du bibliothécaire est justement d'essayer de les susciter. Tout autant qu'un bilan, ces Bibliothèques offertes sont aussi, comme le souligne Jean-Marie Rausch dans sa préface, invitation, incitation, éveil de vocations de donateurs pour l'avenir.
Dans un premier chapitre intitulé « Le don dans tous ses états », Philippe Hoch brosse une typologie des divers types de dons reçus par sa bibliothèque depuis le début du siècle demier : dépôts de l'Etat et la sempiternelle Description de l'Egypte, envois de doubles de bibliothèques françaises et étrangères (en particulier après les conflits destructeurs), travaux d'érudits (parmi lesquels on ne doit pas oublier les bibliothécaires), publications d'écrivains et d'éditeurs régionaux...
Pierre-Edouard Wagner présente ensuite le cabinet des estampes de la bibliothèque et ses richesses, parmi lesquelles de nombreux Callot...
Les cinq études suivantes se penchent sur la personnalité de quelques collectionneurs-donateurs qui constituent autant de cas d'espèce que de figures emblématiques. Voici tout d'abord, campé par Philippe Hoch, le baron Louis-Numa-Epaminondas de Salis (1803-1880), aristocrate-paléographe, légataire d'une remarquable collection d'estampes mais aussi de 124 manuscrits du Xe au XVe siècle, de 1 500 parchemins et d'un millier d'imprimés. Viennent ensuite, présentés par Pierre-Edouard Wagner, deux érudits-bibliothécaires de Metz : Victor Jacob et Charles Lorrain, honnêtes hommes curieux des belles choses ou attirés par l'archéologie, pour lesquels les livres sont ceux de leur époque et avant tout des instruments au service de leurs travaux personnels. Philippe Hoch s'arrête enfin sur quatre bibliothèques scientifiques, plus intéressantes peut-être, parce qu'elles tranchent sur les collections littéraires traditionnelles et parce que les bibliothèques publiques du siècle dernier n'ont guère investi dans ces domaines du savoir : celles des médecins Warin et Daga, celles des mathématiciens de Pange et Poncelet (polytechnicien, général et l'un des fondateurs de la géométrie moderne).
Les deux derniers textes, de Patricia Droulers et Philippe Hoch, présentent les deux donateurs les plus récents : Marius et Yvonne Mutelet, libraires d'une maison messine fondée en 1837 et disparue en 1970, mais aussi éditeurs de textes régionaux et collectionneurs. Le couple a à plusieurs reprises fait des dons conséquents à la bibliothèque, mais l'a surtout enrichie à la mort de Marius Mutelet (en 1983) d'une remarquable collection gastronomique et d'un fonds lorrain entrés, en 1985, sous forme de dation en paiement des droits de succession, la première du genre à ma connaissance à avoir profité à une bibliothèque non parisienne. A cet ensemble déjà remarquable sont par la suite venus s'ajouter une très belle et très rare Pompe funèbre du duc Charles III et une centaine de cuivres à la manière de Callot.
C'est sur cet exemple contemporain, et par l'évocation d'un type d'enrichissement encore très récent mais prometteur pour l'avenir, que s'achèvent ce panorama séculaire et cet hommage de gratitude, qui aura permis au visiteur de découvrir des richesses sans doute insoupçonnées. Il faut souhaiter que d'autres collègues renouvellent la démarche messine, pour rappeler tout ce que les bibliothèques françaises doivent à d'innombrables donateurs trop souvent retombés dans l'anonymat, et pour en séduire d'autres. Signalons enfin qu'un récent ouvrage sur le Patrimoine graphique publié par le ministère de la Culture s'apparente à la démarche de ces Bibliothèques offertes en présentant un choix de documents remarquables acquis pour les archives, les bibliothèques et les musées par le jeu des préemptions en ventes publiques... et des dations.