Éditorial

Plusieurs évolutions ont singulièrement changé la donne du côté des universités françaises ces dernières années : augmentation considérable du nombre des étudiants, évolution des enseignements, des filières et des besoins de l'économie d'une part ; nouveaux rapports entre universités, Etat et collectivités territoriales, d'autre part.

L'université, aujourd'hui plus autonome, planifie dans le cadre de contrats d'établissement son développement, la mise en oeuvre de ses projets, de ses priorités et ses relations avec ses partenaires, au premier rang desquels, mais pas seul, l'Etat. Contrats de quatre ans, dont la première vague arrive à échéance et permet une première évaluation, pendant que la dernière (la grande vague de la région parisienne, sans doute la plus complexe, voire la plus coriace), se met à peine en marche.

La documentation à l'université est l'un des éléments de ce contrat. Les bibliothèques universitaires, responsables devant leurs universités, ont la tâche de coordonner les propositions dans le domaine documentaire et de les mettre en oeuvre. C'est à un bilan, certes partiel, de ces premières tentatives, que nous voudrions inviter. Quels objectifs se donnaient ces premiers contrats et comment ont-ils été menés à bien ? Quelles en ont été les conséquences sur l'organisation de l'offre documentaire ? Comment évoluent les relations entre bibliothèques universitaires et bibliothèques particulières d'instituts, de laboratoires, de centres de recherche ? L'offre documentaire progresse-t-elle et dans quelles proportions ? Quelles sont les nouvelles relations et les nouveaux partages entre les différents partenaires ? Bref, quels progrès la contractualisation entraîne-t-elle en matière de services rendus et de coopération documentaire ? La contractualisation est-elle synonyme d'une véritable reconnaissance par les partenaires concernés de l'importance cruciale de la documentation dans tout projet concernant l'enseignement supérieur ?

Chacun en effet peut aisément être convaincu du bien-fondé d'un discours, qui, sous le terme de contrat, veut s'adapter aux évolutions structurelles actuelles, qui voient l'Etat, d'organisateur et de centralisateur, revendiquer aujourd'hui un rôle d'impulsion et de fédération, et entend rapprocher plus encore la bibliothèque universitaire de son université, à charge pour elle de savoir fédérer les énergies documentaires disparates et dispersées.

Mais les faits sont toujours plus rétifs que les discours. La mise en pratique toujours plus délicate et tortueuse que l'affirmation des principes. D'autant que l'évolution des structures et des procédés rencontre d'autres impératifs : l'évolution des méthodes de travail, les exigences de l'informatisation d'un côté par exemple, la pression des publics, la diversité de leurs besoins et de leurs attentes, de l'autre.

Et la lourdeur du handicap légué par vingt années d'indifférence d'une société à l'égard de son université, et singulièrement de la documentation, pèse encore d'un poids trop lourd.

Les volontés politiques et professionnelles devront donc, si elles veulent réussir, être fermement soutenues.