La médiathèque d'Arles (suite)

Dans le n° 5, t. 35 du Bulletin des bibliothèques de France, vous publiez un article de Jean-Louis Lerebours « La médiathèque d'Arles » qui met en valeur l'aspect attractif indiscutable de cette nouvelle médiathèque. La fréquentation d'un large public lors de la création d'une médiathèque est incontestable et attestée par d'autres équipements récemment créés.

Nous souhaitons cependant relever un certain nombre d'interprétations statistiques qui, fréquemment répétées, tendent à fausser la réalité de notre profession et nous font penser qu'avec le marketing il faut savoir « raison garder ».

Nombres d'inscrits

Il est écrit (p. 308-309) : « Au bout de 20 mois de fonctionnement, plus de 17 000 inscrits, soit le tiers de la population », celle-ci étant évaluée à 75 000 habitants (p. 308). Il semble préférable et plus sérieux de prendre le recensement de 90, qui indique une population de 52 593 habitants, si l'on projette les 17 000 inscrits en 20 mois sur un an on obtient 10 200 inscrits, soit un peu moins qu'un cinquième de la population (19,39 %) et non le tiers comme indiqué.

Si nous savons qu'il convient de prendre toutes les précautions d'usage concernant l'établissement des moyennes nationales par la Direction du livre et de la lecture, nous devons nous y référer puisqu'il est indiqué dans l'article : « Déjà le double de la moyenne nationale » (p. 309). La moyenne nationale du nombre d'emprunteurs inscrits pour le prêt de livres était, en 1987, de 15,1 % et est estimée à 17 % en 1989 et environ à 18 % en 1990 par la DLL. On ne peut donc affirmer que les 19,39 % d'inscrits à la médiathèque d'Arles sont le double de la moyenne nationale, d'autant plus que dans ce cas, il s'agit d'inscrits tous supports (livres, disques, vidéo).

Nombre de livres prêtés

Concernant les livres prêtés, la DLL nous indique que la moyenne nationale pourrait atteindre 3,84 livres prêtés par habitant en 1990. Il est écrit «Entre le 1er janvier et la fin septembre 1990, le service de la lecture publique a prêté 205 118 documents dont 141 177 livres » (p. 309), neuf mois de prêt projetés sur un an donnent 188 235 livres soit 3,57 livres prêtés par habitant.

Ce chiffre doit nous faire réfléchir, car, avant l'ouverture de la médiathèque, la bibliothèque municipale d'Arles prêtait, en 1987, (source DLL), 182 671 livres pour 50 772 habitants (recensement 1982), soit 3,59 livres prêtés par habitant ; d'autres équipements révèlent ce même phénomène de baisse des prêts, alors que l'effet de nouveauté s'estompe.

N'étant ni ingénieurs, ni gestionnaires, ni administrateurs, mais simplement bibliothécaires ou sous-bibliothécaires soucieux de la démocratisation de la culture, nous pensons qu'une certaine rigueur statistique est indispensable. La réalisation de « médiathèque-phare » constitue un apport certain, aussi bien pour les élus et le public que pour les professionnels. Souhaitons à ces nouveaux équipements d'atteindre, avec le temps, des résultats qui permettront la mise en harmonie des actions engagées pour le développement de la lecture avec leur représentation statistique. Nous serons alors mieux entendus.

M.H. Bastianelli, bibliothécaire BM de Gardanne (13)

B. Coignet, sous-bibliothécaire CRFC à Marseille (13)

C. Delalande, sous-bibliothécaire BCP (13)

M.H. Estrayer, sous-bibliothécaire en disponibilité

G. Feuerlicht, bibliothécaire BM de La Garde (83)

C. Goulois, bibliothécaire CE-SNCF PACA

I. Mercier, conservateur en chef BCP (13)

C. Perez, bibliothécaire BCP (06)

P. Simon, sous-bibliothécaire BM de La Garde (83)

J. Tabet, bibliothécaire CRFC à Marseile (13)

P. Tribalier, bibliothécaire BM de Vitrolles (13)