Catalog librarians and public services

a changing role ?

par Alain Gleyze

Patricia A. Heskoz

Library resources and technical services, vol. 35, n° 1, janv. 1991, p. 76-86.

Dans quelle mesure les bibliothécaires chargés du catalogage dans les bibliothèques universitaires américaines assurent-ils, en plus, d'autres fonctions considérées comme relevant des services publics ? La réponse à cette question permet d'évaluer dans quelle mesure la distinction traditionnelle dans l'organisation des bibliothèques entre les services techniques et les services du public est toujours en vigueur.

Cet article comprend une synthèse bibliographique de la littérature professionnelle sur la question, les résultats d'une enquête de 1983-84 et les résultats de mises à jour effectuées par entretiens téléphoniques en 1986-87 et en 1988.

Synthèse bibliographique

En 1979, Michael Gorman émit l'idée que les frontières traditionnelles entre services techniques et services publics étaient appelées à disparaître 1. Cette affirmation a suscité de nombreuses discussions. Bien que des exemples frappants et réussis aient été donnés de cette forme d'organisation, elle ne s'est cependant pas imposée d'une manière universelle.Une enquête de 1984 2 a montré que sur un échantillon de 117 bibliothèques membres de l'Association of research libraries, plus de la moitié étaient organisées selon une distinction nette entre services techniques et services publics.

Enquête de 1983-84

Sur 106 bibliothèques étudiées, deux seulement avaient aboli la distinction entre services techniques et services publics, et cinq l'avaient assouplie. Cependant, 60 % des bibliothèques utilisaient les bibliothécaires chargés du catalogage à des tâches hors de leurs spécialisation : renseignements, développement de collections, formation bibliographique des utilisateurs, divers. Ce sont les bibliothèques les plus grandes et les plus petites qui mettent le plus en pratique ce partage des attributions : 90 % des bibliothèques situées sur des campus de 30 000 et au-delà, 70 % de celles situées sur des campus de moins de 10 000, mais 50 % des bibliothèques de dimension intermédiaire.

Mise à jour de 1986-87

Les entretiens téléphoniques avec les responsables de 40 départements de catalogage ont fait apparaître :
- un cas de réorganisation de la bibliothèque par sujets, avec utilisation de bibliothécaires spécialistes prenant en charge tous les aspects du travail,
- un cas d'évolution inverse (retour à l'organisation traditionnelle), motivée par l'insuffisance des moyens humains et la perte d'efficacité causée par l'organisation en secteurs spécialisés,
- 72 % des bibliothèques contactées utilisaient les bibliothécaires chargés du catalogage à d'autres tâches, contre 60 % en 1983-84.

Il semble donc que dans l'ensemble il se soit manifesté une tendance vers l'enrichissement des attributions, ainsi que la volonté d'expérimenter des formules nouvelles. En particulier, des formules de partage de tâches volontaires avaient été mises en place dans plusieurs bibliothèques.

Mise à jour de 1988

Cette enquête a été réalisée auprès de 20 départements de catalogage, dont 10 pratiquaient une forme d'enrichissement des attributions des catalogueurs d'après l'enquête de 1983-84.

Alors que ces départements représentaient 50 % de l'échantillon en 1983-84, ils en représentaient 80 % en 1988. Il y a donc des indices d'une évolution vers un partage des fonctions moins rigide.

Les opinions des interviewés font apparaître :
- des aspects positifs : l'enrichissement des attributions augmente l'intérêt du travail, permet une meilleure utilisation des aptitudes et une meilleure compréhension de l'articulation entre les différents services de la bibliothèque ;
- des aspects négatifs : la dispersion des tâches de nature différente et le manque d'expertise dans les domaines extérieurs aux attributions habituelles ; l'enrichissement des attributions peut se traduire par une baisse de la productivité ; des réserves sont aussi émises sur la réciprocité (les catalogueurs font du renseignement, mais les bibliothécaires de référence ne cataloguent pas souvent...) ; certains interviewés soutiennent enfin que ces attributions relèvent d'aptitudes tout à fait différentes.

Les résultats de ces enquêtes tendent à montrer que l'abolition des distinctions entre services techniques et services publics ne se produira pas dans les dix prochaines années. Cependant, on peut penser que les distinctions rigides tendront à s'estomper progressivement. Peu de bibliothèques adoptent des formes d'organisation vraiment innovantes, mais il y en a toujours un petit nombre qui sont prêtes à expérimenter. D'autre part, des assouplissements peuvent certainement être apportés à la description des postes en vue d'une meilleure flexibilité et d'une utilisation plus adéquate des aptitudes.

  1. (retour)↑  Michael GORMAN, « On doing away with technical services departements », American libraries, n° 10, July-Aug. 1979, p. 435-437.
  2. (retour)↑  B. J. BUSCH, « Automation and the intégration of public and technical services functions », RSTD Newsletter, n° 10, 1985, p. 25-26.