Vivre en livre

pour un développement du livre et de la lecture en milieu rural

par Jacques Perret
Colloque national, 23-24 fév. 1990, Dijon.
Animer : le magazine rural, n° hors série 1990.
ISSN 0244-4046

Organisé par la Fédération nationale des foyers ruraux (FNFR), le colloque national « Vivre en livre » pour un développement du livre et de la lecture en milieu rural, s'est tenu à Dijon les 23 et 24 février 1990. Ce sont les actes de ce colloque qui font l'objet d'un numéro hors série dans la revue Animer *.

Un partenariat nécessaire

Publier les actes d'un colloque constitue toujours un exercice difficile tant il paraît indispensable de rendre compte de l'ensemble des échanges mais pratiquement impossible de les livrer en l'état. La publication des actes est donc un deuxième travail de réflexion, post-colloque, qui nous renseigne sur le déroulement du colloque mais aussi sur le bilan qu'en font les organisateurs, au regard des objectifs implicitement ou explicitement fixés.

Dans le cas présent c'est le partenariat qui est au centre de la problématique du colloque : réunir dans un même lieu, autour d'une préoccupation commune (la lecture en milieu rural), la plus large représentation possible des collectivités, institutions, associations et individus qui collaborent ou devraient être amenés à collaborer sur le terrain.

« Augmenter de façon notable les actions partenariales »... « La lutte contre l'illettrisme doit être fondée sur une collaboration étroite entre tous les intervenants »... « Il est indispensable de réunir les partenaires concernés »... « Dès maintenant nous devons mettre en lumière des actions partenariales remarquées dans nos villages ». « Une charte doit préciser quels sont les partenaires indispensables ».

Ces interpellations, dès l'ouverture du colloque, sous-tendent une question bien précise : avec la décentralisation des BCP, effective depuis 1986, quelle est la redistribution des rôles respectifs des élus locaux, des BCP départementalisées, des associations qui, à l'image des foyers ruraux, souhaitent mettre en évidence la légitimité de leurs actions d'animation et de promotion de la lecture en milieu rural ?

Des réponses multiples

La décentralisation a-t-elle conduit les élus locaux à définir une politique de la lecture adaptée aux besoins de leurs collectivités ? Parmi les différents points de vue exprimés (commune, département, région) on retrouve la préoccupation constante du handicap et des dégâts de l'illettrisme. La réponse la plus construite est certainement celle du Conseil régional de Bourgogne qui s'appuie sur une réflexion approfondie pour mettre en place des stratégies cohérentes. Cette véritable politique publique régionale met en évidence la complexité des situations qui appellent une multiplicité de réponses. La cohérence en est établie au plan régional mais les mises en œuvre impliquent de nombreux partenaires locaux.

La nécessité de ce partenariat est reprise (en choeur, allais-je écrire) par les représentants de l'Etat : Direction du livre, DRAC, ministère de l'Agriculture, de la jeunesse et des sports.

Les BCP concentrent davantage leurs réflexions sur les bénévoles qui sont leurs premiers partenaires « incontournables » et indispensables en milieu rural. A propos de ces bénévoles, qui restent un corpus flou dont on ne sait pas grand chose, il est beaucoup question de compétences et de formation. Rêve de professionnalisation ? Rêve d'un statut ? C'est, à coup sûr, le besoin de reconnaissance d'un « travail ». Cette utilité sociale et culturelle est illustrée par quelques solides expériences d'animation et de promotion de la lecture où le secteur associatif joue un grand rôle. On retient en particulier celle des foyers ruraux de Charente-Maritime.

C'est à des chercheurs qu'est laissé le soin de clore le colloque et de relancer la réflexion. L'intervention de Bernadette Seibel, sociologue, permet d'éclairer les transformations profondes en cours dans l'espace rural (les espaces ruraux ?) et la nécessité de redéfinir le jeu du rural et de l'urbain pour une politique partenariale équilibrée. L'association Promotion de la lecture éclaire, sur la base d'expériences, les conditions, les facteurs et les obstacles qui lui paraissent essentiels dans le passage du besoin au désir de lire.

Le parti pris des actes du colloque « Vivre en livre » a été de ne publier que les interventions sollicitées et structurées, à l'exclusion des débats dont l'espace était limité par le nombre des intervenants. Il en résulte une grande clarté, accentuée par un excellent travail d'édition et de mise en valeur des points forts. Il peut en résulter une impression de monologues successifs renvoyant au terrain le soin de construire le dialogue. Comme si le colloque n'avait pas su ou pu éclairer les conditions de la réussite du partenariat. Politiques locales, projets et logiques des institutions, des associations et des bénévoles, ne se combinent pas obligatoirement et facilement pour donner naissance à des actions communes. Peut-être reste-t-il à inventer, au plan local, les lieux et les processus de réflexion, de négociation et de mise en cohérence du partenariat ?

La publication des actes est complétée par divers renseignements utiles pour des prises de contact et une brève bibliographie.

  1. (retour)↑  FNFR, 1 rue Saint-Lucie - 75015 Paris, Tél. 45-78-01-78.