Communication and delivery systems for librarians

par Jean-Louis Tafarelli

Roy Adams

Aldershot : Gower, 1990. - XXII-269 p.
ISBN 0-566-05750-6

Quoique l'ouvrage contienne de nombreuses indications et rappels sur l'histoire des technologies de l'information - un chapitre entier étant consacré à leur développement depuis les origines -, son objectif principal est de dégager des perspectives et d'inciter les bibliothécaires à acquérir pour le moins les notions qui leur permettront de répondre de façon satisfaisante aux exigences de la profession. Il leur faudra d'ailleurs pour cela compléter leur information par des ouvrages plus techniques que celui-ci qui se propose plutôt de décrire dans un langage accessible à tous les divers aspects du monde de l'information. L'auteur inclut à la fin de chaque chapitre les références des articles qui lui ont été particulièrement utiles.

Stockage et réseaux

Après, donc, un premier chapitre foisonnant de détails et de références à la plupart des expériences importantes de la période récente, deux chapitres sont consacrés, respectivement, aux grands réseaux (wide-area networks ou WAN) et aux réseaux locaux (local-area networks ou LAN). Les grands réseaux se définissent par « les grandes distances sur lesquelles ils opèrent et, pour le moment, par leur vitesse relativement faible comparée à celle des réseaux locaux ». Les diverses architectures et leurs composants sont brièvement passés en revue, puis les types d'organisation et les services offerts. La normalisation, condition impérative de l'interconnexion, est un aspect essentiel du développement des grands réseaux aboutissant au concept de « métaréseaux ». Un certain nombre des réseaux les plus importants sont examinés, ce qui donne lieu, bien entendu, à un déluge de sigles dont tous ne sont pas décodés - mais est-ce bien utile ? L'étude des réseaux locaux est centrée sur les protocoles d'accès et la normalisation.

Outre les grands serveurs bibliographiques, les réseaux supportent de nombreuses applications bibliothéconomiques, depuis le courrier électronique, en passant par l'interrogation du catalogue, le prêt interbibliothèques et l'accès aux bases de données extérieures, jusqu'au community service qui associe le grand public et les autorités locales. De nombreux exemples permettent d'apprécier la variété et la complexité des applications.

Les techniques de stockage de masse sont le complément nécessaire des réseaux. Microformes, cartes, dispositifs de stockage magnétique et optique, vidéodisques, CD-ROM et cassettes DAT sont très sommairement décrits, ainsi que leur utilisation dans les bibliothèques. Le CD-ROM est le grand favori actuellement pour les possibilités qu'il offre de traiter de grandes masses de données à l'aide de logiciels d'interrogation de plus en plus sophistiqués et de contourner les problèmes encore nombreux posés par les télécommunications. Par ailleurs l'édition sur CD-ROM ou vidéodisque retiendra de plus en plus l'attention.

Communication transfrontières

Un chapitre sur l'intelligence artificielle introduit une deuxième partie de l'ouvrage dans laquelle l'auteur se propose d'examiner les scénarios possibles d'un nouvel âge des télécommunications caractérisé par l'apparition des systèmes numériques et la mise en oeuvre de normes internationales pour les réseaux à intégration de services. Ces derniers (ISDN, ou mieux, RNIS pour nous autres Français) devraient s'imposer partout dès le début du siècle prochain. Leur principal effet, du point de vue qui nous occupe, sera de donner à l'utilisateur final un accès beaucoup plus aisé à une bien plus grande variété de sources. Connexions facilitées, croissance souple et progressive, évolution vers un réseau mondial, amélioration des performances et abaissement des coûts devraient conduire à une utilisation généralisée. Mais dans le même temps le perfectionnement des moyens de distribution décentralisée comme le CD-ROM conduira à un tableau complexe de concurrence entre diverses technologies. Les implications seront également sensibles dans le domaine social et juridique, et concerneront les dispositions prises pour favoriser le développement des technologies de l'information et l'accessibilité mais aussi la protection des données, la régulation des tarifs mais aussi la répartition des coûts entre les différentes parties prenantes.

Les flux transfrontières de données constituent un problème à part. Les mêmes questions de droit d'accès, de confidentialité, de fiabilité et de l'usage qui est fait de l'information obtenue se posent. Cependant les conséquences intéressent non un individu ou une société mais, dans le cas du Tiers-Monde surtout, un pays entier. L'information créée dans les pays développés leur est souvent de peu d'utilité et celle qu'ils créent trouve plus difficilement le chemin des grandes banques de données. Le transfert vers le Tiers-Monde d'information et de technologie inadaptées a pour premier résultat une aide inefficace et un gaspillage de ressources.

Les bibliothécaires admettent que le monde de l'information que nous avons vu changer de façon spectaculaire depuis une dizaine d'années va continuer à le faire. Cela se traduira par la généralisation des RNIS, le développement de l'édition électronique, la multiplication des services à destination des professionnels et la livraison d'information à domicile. Probablement aussi par la tendance à la constitution de monopoles avec les conséquences prévisibles sur le coût des services.

Pourtant les spécialistes et courtiers en information devraient continuer à jouer un rôle important et devant la complexification croissante de l'environnement les associations professionnelles ont plus que jamais la responsabilité de préparer leurs membres à maîtriser et orienter l'évolution.