The impact of CD-ROM on library operations and universal availability of information

par Martine Comberousse
Edited by Hamed H Helal, Joachim W. Weiss.

Le 11e Colloque international de la bibliothèque universitaire d'Essen a eu lieu du 26 au 29 septembre 1988, en l'honneur du célèbre bibliothécaire britannique Maurice B. Line. Ce colloque, où une quinzaine de pays étaient représentés, avait pour objet de présenter les premières applications de CD-ROM dans les bibliothèques. Quelques conférences furent également consacrées à l'histoire d'ADONIS, première expérience de fourniture électronique de documents.

De nombreuses bibliothèques ont, depuis 1986, décidé de transférer leurs fichiers sur CD-ROM. En 1988 la majorité d'entre elles n'en était encore qu'à la phase de test ou de démarrage de l'application. On retrouve donc dans les divers exposés les habituelles listes d'avantages et d'inconvénients des CD-ROM telles qu'elles apparaissent avant même toute confrontation au réel : grandes capacités d'informations, intérêt pour les pays en développement, possibilités de multilinguisme, coûts raisonnables du matériel de lecture et des disques, normalisation... mais aussi étroitesse du catalogue, marché restreint, incompatibilités de matériels ou de logiciels...

Les premières expériences de catalogues de bibliothèques sur CD-ROM ne démentent pas ces appréciations. Mais elles soulèvent d'autres questions, comme celle de la coexistence des CD-ROM avec les autres produits bibliographiques.

La complémentarité des supports est parfaitement illustrée par H. Taylor, de l'ISI (Institute for scientific information) qui offre le Science citation index à la fois sous forme imprimée, en ligne et sur CD-ROM. J. Michell montre également que, si dans un premier temps les CD-ROM d'OCLC, Search CD450 et CAT CD450 ont pu apparaître comme de simples techniques de remplacement d'autres produits, dès qu'ils eurent été adoptés par les utilisateurs, ils firent naître de nouvelles fonctions qui enrichirent les recherches : mode de consultation simultanée, association de références aux textes, liberté d'accès pour les non-professionnels. Maurice B. Line considère, pour sa part, que la substitution du CD au papier dans le cas des banques de données bibliographiques est rendue nécessaire par les impératifs économiques, et certains se demandent même si les CD-ROM ne vont pas remplacer les OPACs dans les bibliothèques.

Lorsqu'une bibliothèque a choisi le CD-ROM pour présenter son catalogue aux utilisateurs, elle n'est pas à l'abri de l'échec, et l'analyse des diverses expériences concrètes permettra peut-être d'éviter des déconvenues aux bibliothécaires tentés par ces technologies.

Ainsi J.M. Feijin, de PICA (Project for integrated catalogue automation), fort de l'expérimentation réalisée avec une cinquantaine de bibliothèques néerlandaises, conseille aux bibliothécaires d'accorder une attention particulière aux utilisateurs : analyser leurs besoins et leurs réactions en détail, prendre du temps pour réaliser les tests, les évaluations, et de ne pas sous-estimer les problèmes techniques.

Les bibliothécaires doivent également considérer que l'aménagement de l'espace est affecté par l'introduction d'une station de lecture de CD-ROM : l'expérience de la bibliothèque du Wisconsin est à ce titre pleine d'enseignements ; elle se résume en deux préceptes : « ne faites que les erreurs avec lesquelles vous pourrez vivre » et « ne refaites pas les erreurs des autres, il suffit bien de rajouter les vôtres » ! En fait, plus que des lecteurs de CD-ROM, il faut installer de réels « postes de travail » qui pourront éventuellement s'intégrer dans des réseaux locaux comme CD-NET et CD-Server. K.W. Neubauer décrit en ce sens l'expérience de la bibliothèque universitaire de Bielefeld qui intègre les CD-ROM à son réseau de micro-ordinateurs et les utilise pour ses commandes, acquisitions d'ouvrages et pour la diffusion de son catalogue.

A la lumière de ces expériences, le CD-ROM ouvre donc aux bibliothèques des horizons prometteurs :
- une productivité accrue,
- le moyen de partager réellement les ressources documentaires (réseaux),
- une possibilité, à terme, économique, de servir plus largement le public, dans un contexte de restriction des dépenses.

Néanmoins il faut se garder de toute précipitation que l'engouement pour une nouvelle technologie susciterait, et bien préciser le rôle qui sera assigné au CD-ROM parmi tous les autres moyens d'accès à l'information mis à la disposition des usagers.