« Automation of cataloging effects on use of staff, efficiency, and service to patrons »

par François Lapèlerie

Marie Bednar

The Journal of academic librarianship, 1988, 14, 3, p. 145-149, 15 réf.

Les conséquences de l'automatisation du catalogage ont fait l'objet de nombreux articles et ouvrages, soit traitant du problème en général, soit présentant des études de cas. Voici une étude de cas analysant les effets de l'informatisation par un système intégré, sur l'utilisation du personnel, l'efficacité et la productivité et le service au lecteur.

En 1981, les bibliothèques de la Pensylvania State University commencent à cataloguer en ligne, en utilisant un système intégré propre : LIAS. La réorganisation du service du catalogage est totale. L'utilisation en ligne des fichiers LC MARC et OCLC, qui permet une dérivation directe des notices (copy cataloging), entraîne une répartition nouvelle des tâches. Le personnel non professionnel se voit attribuer la dérivation des notices LC MARC jugées acceptables, tandis que les notices incomplètes ou jugées peu satisfaisantes sont vérifiées et complétées par des professionnels. Si un ouvrage ne figure dans aucun des 2 fichiers, 2 vérifications ont lieu dans les 12 mois qui suivent son acquisition, avant qu'on ne se résolve à faire du catalogage original. Même dans ce cas, le personnel le moins qualifié procède à la partie la plus simple du catalogage, et on réserve au professionnel la partie « noble ».

Certaines tâches sont supprimées (intercalation) ou allégées (dérivation, maintenance du catalogue). Des fonctions n'existent plus (contrôle d'autorité des vedettes matières sur les notices dérivées). Les résultats sont très nets. En 1977, 50 personnes étaient affectées au catalogage. Fin 1986, l'équivalent de 37,66 personnes à plein temps était nécessaire, soit 12,33 personnes en moins, ou 25 %. La productivité a, au contraire, augmenté. Entre 1976 et 1980, les 50 personnes cataloguaient en moyenne 52283 titres annuellement. Entre 1983 et 1986, la moyenne est passée à 57 378 titres par an pour 37,66 personnes (soit 1 045 titres par personne et par an contre 1523). En revanche, Marie Bednar est peu satisfaite de la qualité du catalogage partagé. Si les notices de la Bibliothèque du Congrès sont relativement bonnes, il arrive que les notices dérivées d'OCLC et acceptées sans contrôle soient médiocres. Et 97 % des monographies sont cataloguées par dérivation ! On a abandonné la religion du catalogage perfectionniste (qui poussait même à corriger les notices de la Bibliothèque du Congrès) pour une philosophie bassement utilitariste privilégiant la rapidité d'accès à tous les documents achetés. Au lieu des retards * monstrueux d'antan, qui atteignaient 6 mois, tout document entrant est désormais accessible en 2 à 4 semaines au plus. Quoi qu'il en soit, 91 % des lecteurs sont très satisfaits du catalogue en ligne malgré ses défauts supposés.

L'automatisation du catalogage entraîne donc d'importantes modifications dans l'organisation du travail et nécessite une formation permanente du personnel. Plus intéressant que beaucoup d'autres sur le même sujet, cet article montre clairement d'une manière ironique les contradictions de l'auteur, que l'on retrouve fréquemment chez les catalogueurs américains : malgré tous les avantages et bienfaits de l'informatisation du catalogage, elle ne peut s'empêcher de regretter l'« ancienne » quatité des notices et de dénigrer le nouveau catalogue en ligne. Evolution et résistances qui nous attendent certainement nous aussi un jour.

  1. (retour)↑  Les retards, ou backlog, ont été un grave problème pour de très nombreuses bibliothèques américaines, résolu ou en voie de résolution par l'informatisation, et qui a fait l'objet d'une abondante littérature professionnelle. Il n'était pas rare que plusieurs milliers d'ouvrages attendent des années avant d'être catalogués.