Adaptation of buildings to library use

proceedings of the seminar held in Budapest, June 3-7, 1985

par Yannick Valin
ed. by Michael Dewe
Londres : K.G. Saur, 1987. - 257 p. ; 23 cm. - (IFLA publications ; 39)

Le 7e séminaire sur les bâtiments de bibliothèques, tenu du 3 au 7 juin 1985 et organisé conjointement par l'IFLA et l'Association des libraires hongrois, prit pour thème « L'adaptation des bâtiments à un usage de bibliothèque ». II fut suivi par 50 participants en provenance d'une vingtaine de pays.

Ce séminaire fut précédé par deux autres dans les années quatre-vingt, l'un au Danemark, concernant l'architecture et l'aménagement intérieurs (actes parus en 1982), l'autre au Canada en 1983, qui s'attachait aux constructions dans une perspective de réseau et dont les actes n'ont pas été publiés. Le séminaire prévoyait 13 interventions programmées, toutes reprises dans ce volume, à l'exception d'une, celle de François Reiner, directeur de la médiathèque de la Cité des sciences et de l'industrie, présentée sous forme de diaporama. Les actes s'ouvrent sur un papier de Franz Kroller exposant d'un point de vue théorique les avantages que présente l'implantation d'une bibliothèque dans un bâtiment pré-existant ; les interventions ultérieures s'appuieront généralement sur des études de cas ou des relations d'expériences personnelles.

Si cette tendance s'est développée depuis la crise, c'est en raison. semble-t-il, du moindre coût des opérations (minoration des coûts de l'ordre de 20 à 35%) et de la nécessité de réutiliser des bâtiments anciens (dans le sens d'une sauvegarde du patrimoine architectural). D'autres intervenants souligneront, dans les expériences décrites, le rôle capital de l'une et de l'autre de ces motivations dans les choix décisionnels, comme l'architecte H. Faulkner-Brown qui insistera sur l'importance des études de faisabilité. Ces arguments, pour positifs qu'ils soient, seraient insuffisants pour le bibliothécaire, si d'autres aspects n'étaient mis en évidence, comme la possibilité d'expérimentation de nouvelles formes architecturales à petite échelle sur des parties d'un ensemble, ou la quasi-certitude de disposer de surfaces supérieures à celles envisagées dans l'hypothèse d'une construction neuve. Par ailleurs, ces bâtiments anciens sont généralement bien situés, point essentiel dans les villes où les surfaces constructibles dans les zones attractives sont rares, et généralement d'un prix au m2 trop élevé pour que l'on y implante une bibliothèque.

H. Faulkner-Brown situe les principales contraintes techniques à résoudre quand le choix d'une restructuration a été fait. Elles aboutissent à un délicat jeu de compromis, les critères à retenir étant de 4 ordres : le fonctionnel, le technique, l'esthétique et le financier. Son exposé se fonde sur l'expérience des bibliothèques universitaires de Strathclyde et de Dundee, des schémas aidant à saisir le pourquoi des solutions retenues. En appendice sont cités les « 10 commandements » qui ont fait connaître H. Faulkner-Brown. II peut être utile de les rappeler au lecteur français, car ils sont au coeur d'une démarche qu'ils conditionnent ; plusieurs intervenants du colloque de Budapest les reprendront en totalité ou en partie : une bibliothèque devrait être adaptable, compacte, accessible, extensible, variée (dans la nature des espaces de lecture offerts), organisée (pour « imposer » une confrontation maximale du lecteur et du livre), confortable, régulée en ambiance (pour la bonne conservation des documents), sûre, économique (à la construction et à l'entretien).

Wim Remes et L.B. Rook, dans leur communication sur l'ameublement et la décoration dans les bâtiments adaptés, soulignent que la complexité du processus organisationnel ne permet pas au seul bibliothécaire de le conduire. Mais si les problèmes à résoudre n'ont, dans leur approche, pas nécessairement valeur universelle, les questions à résoudre sont, elles, identiques : réaménagement et accroissement de l'espace intérieur, changement de destination et adaptation de technologies actuelles dans des bâtiments anciens. Une attention sérieuse n'ayant été portée aux bibliothèques fonctionnant dans des bâtiments remodelés qu'au cours des dernières années, il y a peu d'études - voire d'attention - consacrées aux résultats atteints, particulièrement au niveau de ceux touchant à l'ergonomie, et au niveau de leur évolution qualitative à plus long terme. Aussi faudrait-il, éventuellement, nuancer l'affirmation d'un prix de revient inférieur à la construction, en ne prenant pas pour unique donnée le coût initial, mais en estimant le coût d'entretien général à plus longue échéance. A l'heure actuelle, la possibilité d'établir cette étude comparative déterminante manque.

Dans le domaine de l'aménagement et du mobilier, le manque de flexibilité inhérent aux restructurations doit être compensé par une flexibilité optimale de l'ameublement, rayonnages compris. La préférence sera donnée, comme l'indiquent plusieurs intervenants, aux mobiliers modulaires (bureaux, banques...) rendant possibles les aménagements ultérieurs - imprévisibles - par addition ou modification des éléments en place, au moindre coût et dans un délai réduit. Cette démarche montre la nécessité d'une réflexion et du contrôle opérationnel par une équipe associant, dès l'origine, le bibliothécaire, l'architecte, l'ensemblier et même les fabricants. Elle constitue, en somme, la condition préalable à la réalisation d'une bibliothèque fonctionnelle et évolutive.

Dans le cadre limité de cette analyse, il est exclu de mettre en valeur la richesse des interventions qui portaient sur des cas particuliers et qui comparaient des solutions diverses, allant de l'étude comparative des moyens de transport du livre (tapis roulants, convoyeurs, systèmes pneumatiques), du public (escaliers, escalators ou ascenceurs) ou du personnel dans les magasins (bicyclettes, voire scooters électriques utilisés en Allemagne depuis 1969) au système de protection contre le rayonnement solaire ou à l'étude des revêtements de sol, en passant par les nombreuses considérations qu'appelle l'utilisation de bâtiments anciens (nature des murs, des planchers, hauteur sous plafond, aménagement des salles, etc...). Le bibliothécaire confronté à cette situation trouvera dans les actes de ce séminaire des exemples variés de résolution des problèmes d'architecture, d'aménagement ou de conception du service public, des services intérieurs ou du stockage des documents. II devra se poser avant tout la question, émise par L.B. Rook, « qu'ai-je ? Que veux-je ? » et établir une concertation associant tous les partenaires de l'entreprise.

Istvan Papp, bibliothécaire hongrois, constatant lui aussi la tendance à la réutilisation des bâtiments anciens, résume le débat en affirmant que seule l'analyse comparative peut apporter une réponse de cas. Certes, si un emplacement central, suffisamment vaste, est disponible et si les crédits suivent, la solution d'une construction neuve est préférable ; dans tous les autres cas, le bibliothécaire doit évaluer les aspects positifs et négatifs : si la balance des compromis est favorable, il peut s'engager dans la restructuration d'un bâtiment plutôt que de se cantonner dans l'attente stérile d'une solution idéale.