« Managerial responsability for employee discipline »

Arthur W. Hafner

Brian G. Kibble-Smith

Library journal, 1988, 113, 8, p. 41-44, 13 réf.

La gestion du personnel dans les bibliothèques américaines peut prendre une tournure qui semblera extraterrestre aux bibliothèques françaises habituées à des statuts surprotecteurs. Depuis quelques années, les bibliothèques américaines introduisent peu à peu les techniques de gestion utilisées dans les entreprises, y compris pour la gestion du personnel.

Les deux auteurs, dont l'un est conseiller en gestion, décrivent le rôle disciplinaire des cadres (directeurs et chefs de services) de bibliothèque. Responsables du recrutement du personnel, de sa gestion et du fonctionnement des services, les cadres ne doivent en aucun cas esquiver cette responsabilité essentielle - même si elle est désagréable - qui peut aller jusqu'à sanctionner, y compris par le licenciement, des employés fautifs. Cette action n'est pas cependant sans guide ni garde-fou : lois locales, politique disciplinaire écrite de l'université, syndicalisation, conventions collectives. Avant toute sanction à l'égard d'un employé, le responsable doit entreprendre, dans le cadre de l'action disciplinaire, une action correctrice : prévenir l'employé que son travail n'est pas satisfaisant et n'atteint pas les objectifs qui lui ont été fixés, dans la mesure où ces objectifs sont quantifiables et évaluables. Un dossier des « infractions » doit être tenu à jour de façon permanente. Une admonestation, avant sanction, peut amener une certaine amélioration, au moins passagère, mais les auteurs ne se font guère d'illusions sur la nature humaine.

Il peut être utile d'entreprendre un plan de « sauvetage ». Licencier un employé signifie que la direction a procédé à un recrutement inadéquat, ce qui n'est pas bon à révéler, et peut aussi coûter cher à la bibliothèque (indemnité de licenciement, procès, frais médicaux à régler pour soigner l'éventuelle dépression nerveuse consécutive au licenciement...) Il vaut mieux proposer à l'employé fautif des solutions (mi-temps, congés, etc.) qui seront temporaires. Cela aussi dans bien des cas, ne fera que reculer la décision finale. Mais, en aucun cas, l'employé ne doit être brusquement licencié pour une cause qui, prise isolément, pourrait paraître triviale, comme par exemple, un simple retard. Le licenciement doit apparaître comme l'ultime étape d'un processus disciplinaire, dans lequel la direction aura, dans tous les cas, fait preuve d'honnêteté. Les bibliothèques américaines ne sont pas (encore) la jungle, mais elles peuvent cependant apparaître au bibiothécaire français comme un « univers impitoyable ».