Les jeunes en stage « 16-18 ans » à la BPI

Agnès Renou

Anne Gourhand

Quelques actions en faveur des plus défavorisés, des " exclus " de la culture, sont relatées ici. Les stages de formation des " 16-18 ans " à la BPI, qui font découvrir les ressources de la bibliothèque à des jeunes, en situation d'échec scolaire et sans emploi, et qui les initient à une démarche de recherche documentaire. A Aubervilliers, la bibliothèque municipale a organisé à deux reprises un concours de traduction des littératures pour la jeunesse des langues de l'immigration les plus courantes, pour offrir aux enfants des textes de leur culture d'origine.

Some actions for the most deprived persons, those wo are " excluded " from the cultural world, are described here. Training courses for the 16-18 years old organized by the BPI, which give young people - failing at school or without job - the opportunity to discover the library resources and introduce them to a document research method. In Aubervilliers, on two occasions, the municipal library has organized a contest for the translation of children's books from nine languages, in order to provide young immigrants with texts coming from their own culture.

Après cinq ans d'initiation à la recherche documentaire tout public, le service Accueil-Formation de la Bibliothèque publique d'information s'oriente vers un « service à la carte » en privilégiant chaque année un type de public, ce qui permet d'affiner la méthodologie et de mieux répondre aux besoins spécifiques. C'est ainsi qu'en 1984-1985, les jeunes en stage « 16-18 ans » (formation alternée d'insertion sociale et/ou professionnelle) ont constitué ce public privilégié.

Une formation en deux formules

La Bibliothèque publique d'information possède depuis 1979 une cellule « Formation » (4 personnes) au sein du service Accueil, chargée de la formation des utilisateurs 1. Deux formules sont proposées au public désireux de s'initier à la recherche documentaire :
- Une formation en une seule séance de 18 h à 21 h 30 tous les jeudis, destinée aux usagers de la BPI s'inscrivant individuellement. La séance comprend une partie théorique - présentation des caractéristiques, espaces et services de la bibliothèque, explication du mode de classement des documents, utilisation des catalogues. Des exercices pratiques proches des questions que posent les utilisateurs suivent et complètent ces explications. Cette séance se déroule dans une salle réservée à la formation et non dans les espaces de lecture.
- Une formation en stage de cinq séances de deux heures chacune, en dehors des heures d'ouverture au public, destinée aux groupes constitués : établissements scolaires à partir de la troisième, organismes de formation pour adultes et jeunes au sein des GRETA (Groupements d'établissements pour la formation continue), des communes, des universités ou organismes privés de formation. Pour ce stage, une formule de base a été mise au point et améliorée au fil des années. Une expérience de cinq ans a permis de constater que cette méthode, satisfaisante dans l'ensemble, ne laissait pas une souplesse d'adaptation suffisante pour certains groupes. Un rappel du déroulement et de la méthodologie de ce stage est nécessaire pour comprendre la spécificité de l'expérience tentée avec des jeunes en stage « 16-18 ans ».

Ce cycle de cinq séances s'organise autour d'un thème qui permet aux stagiaires de s'initier concrètement aux méthodes de la recherche documentaire et, à terme, d'être autonomes dans toute bibliothèque.

Une entrevue préalable avec l'enseignant est nécessaire pour déterminer un thème, subdivisé en sous-thèmes, permettant un travail par petits groupes (3 à 5 personnes). Proposé généralement par l'enseignant, le thème est arrêté en fonction des critères suivants : nombre suffisant de documents, documents adaptés au niveau du groupe, accès possible au catalogue matières (certaines notions ne sont pas encore mentionnées, par exemple télétravail), diversité des supports (livres, films, diapositives...).

Chaque groupe est encadré par deux personnes du service Formation qui préparent les différents sous-thèmes en faisant intégralement la démarche demandée aux élèves. Elles sélectionnent les documents qui seront conseillés aux élèves en cas d'oubli ou de tâtonnement.

Déroulement habituel du stage

La première séance consiste en une visite de la bibliothèque qui permet aux stagiaires de se familiariser avec le lieu, de découvrir l'éventail de ses possibilités et d'apprendre les différents modes d'accès aux documents. Un exposé plus théorique leur explique le fonctionnement de la classification, l'utilisation des catalogues et la composition d'une notice à partir d'un agrandissement photo.

Au cours de la deuxième séance, les élèves commencent la recherche sur leur thème. Cette séance est consacrée aux encyclopédies quand les entrées existent dans différentes encyclopédies et surtout si le niveau de l'article est abordable pour le groupe. Une brochure « mode d'emploi » élaborée par le service Formation est remise à la fin de la première séance aux stagiaires qui sont tenus de l'avoir lue avant la séance suivante. Ce travail préalable permet une recherche plus facile et plus rapide des articles traitant de leur sujet; ils peuvent ensuite consacrer le reste de la séance au débroussaillement de leur thème à travers deux ou trois encyclopédies. Un tour de table permet à chaque groupe de dégager les caractéristiques et les avantages respectifs de chaque encyclopédie en les comparant entre elles.

La recherche thématique peut aussi commencer par les catalogues. Des cadres de recherche bibliographiques sont distribués aux élèves, qui les aident à déterminer leur sujet et à noter leurs mots matières, à les comparer avec les vedettes de la liste autorité-matières; puis, une fois les notices trouvées, à inscrire les coordonnées des documents (cote, auteur, titre...). Dans un deuxième temps, ils vont chercher les documents en rayons et opèrent un premier tri en éliminant les ouvrages trop difficiles ou hors sujet.

L'exploitation véritable des documents ne se fait généralement qu'au cours des troisième et quatrième séances : prise de notes, recherche d'articles de périodiques complétant le sujet à partir d'index de presse ou de listing si le sujet permet une interrogation des banques de données 2, visionnement de films, de diapositives...

La cinquième séance a lieu dans l'établissement d'origine du groupe. Elle consiste en un bilan qui permet de mesurer les acquis.

Les « 16-18 ans »

Pourquoi ?

L'évolution de cette formule dans le sens d'une plus grande adaptation aux besoins des différents publics (scolaires, jeunes, adultes) nécessitait de privilégier au cours d'une année un type de groupe. En 1984-1985, le service Formation a décidé de porter son attention sur les groupes « 16-18 ans », en stage de réinsertion professionnelle...

Trois raisons ont présidé à ce choix : une demande relativement forte des organismes de formation permanente, l'intérêt pour le personnel de la Formation d'adapter une méthodologie à un public de jeunes qui n'ont pratiquement jamais eu accès à une bibliothèque ou à un centre culturel; et surtout, le fait que ce public posait le plus de problèmes d'adaptation à la méthode classique pour les raisons suivantes : assiduité peu rigoureuse, difficulté de concentration, mauvaise maîtrise de la langue, manque d'habitude du travail écrit. La solution à court terme était de varier leur travail le plus possible en exploitant au maximum les ressources audio-visuelles de la BPI. Le but principal était de désacraliser l'institution culturelle et de leur donner envie de revenir. La remise en question de la méthodologie rendait cet objectif plus ambitieux : il fallait y intégrer une recherche documentaire adaptée à leur niveau.

Qui ?

Immigrés de la deuxième génération pour plus de la moitié, ces jeunes sont issus de milieux défavorisés et ont des difficultés sociales ou familiales. Ils sont en situation d'échec scolaire; très peu ont le BEPC ou ont atteint ce niveau. Dans certains cas, on peut presque parler d'illettrisme. La conscience de leurs lacunes, une lucidité très grande sur leurs difficultés d'intégration professionnelle et sociale se traduisent par un manque de confiance et un rejet face à la « Culture ».

Pour ces jeunes, le stage à la bibliothèque s'insère dans des stages proposés par des organismes de formation permanente (cf. encadré).

Trois types de stage leur sont proposés selon leur situation :
- des stages d'insertion sociale pour aider ceux qui ont de sérieux handicaps socio-culturels à acquérir une formation minimale;
- des stages de remise à niveau préqualifiants : à la fois pour aider à une insertion sociale et pour faciliter le choix d'une activité professionnelle ;
- des stages qualifiants.

Ces stages (de 3 à 9 mois) comprennent en alternance des cours de mise à niveau dans les matières fondamentales (français, mathématiques, langues...) et des périodes d'apprentissage en entreprise, le stage en entreprise n'offrant aucune garantie pour l'obtention d'un emploi.

Neuf groupes ont été reçus au cours de l'année scolaire avec un effectif de 17 personnes en moyenne : 4 groupes provenant des GRETA (Paris Nord-Industrie, Jacquard, Techniques industrielles du bâtiment et des travaux publics), 1 groupe du Centre de formation permanente de la mairie de Bagneux, 4 groupes de l'Association pour le développement de l'insertion professionnelle (ADIP).

Comment ?

Tout en conservant le cadre habituel des trois séances de travail précédées d'une séance « visite-découverte » de la bibliothèque, nous avons adapté la méthodologie aux besoins et au profil de cette catégorie de public.

Si la finalité du stage à la BPI reste la même, la conception d'un stage « 16-18 ans » change en fonction des objectifs suivants :
- nécessité d'être pragmatique, car les difficultés scolaires de ces élèves leur font rejeter tout discours théorique;
- nécessité d'être directif; il faut éviter de les laisser livrés à eux-mêmes et leur donner des objectifs à court terme qui les aident à fixer leur attention et à ne pas se sentir débordés par une trop grande liberté et par la masse des documents;
- nécessité de trouver un thème d'étude « accrocheur ». Pour les stages qualifiants, le thème retenu correspond à leur futur métier (cf. étude de cas n° 1). Par contre, pour les stages d'insertion sociale ou préqualifiants, il est préférable d'accepter autant de thèmes que d'élèves. En effet, imposer un thème unique reviendrait à intéresser un ou deux stagiaires et à provoquer le rejet ou l'absentéisme des autres. Par exemple, pour neuf stagiaires du centre de Formation municipale de Bagneux, les thèmes retenus étaient les suivants : cinéma, préhistoire, Grèce antique, course automobile, secourisme, réincarnation, football, danse...

La réalisation de ces objectifs a imposé des modifications dans l'enchaînement du stage originellement prévu :

Changement dans le déroulement des séances

Nous avons proposé aux enseignants une séance d'approche ou séance « zéro » dans l'établissement en remplacement de la 5e séance de bilan. Cette séance était destinée à éviter tout malentendu sur l'objet et le déroulement du stage, en particulier dans le cas ou l'enseignant a du mal à déterminer le ou les thèmes. Cette formule a été expérimentée au cours de deux stages et s'est révélée intéressante.

Sachant que ces jeunes avaient beaucoup de difficultés à fixer leur attention, une visite classique avec une partie théorique importante était exclue. Il s'agissait d'abord de leur permettre de s'approprier l'espace et de susciter leurs questions sur le fonctionnement de la bibliothèque. Les trois séances de travail ne consistent plus désormais en l'élaboration d'une bibliographie sur un thème à partir des catalogues, suivie de son exploitation. Nous proposons des séances autonomes, consacrées aux encyclopédies, aux ouvrages de référence, au visionnement d'un film, suivies d'exercices de recherches de complément d'information dans les catalogues. Pour ces séances, nous avons mis au point une méthode commune à base de questionnaires.

Le questionnaire

La formule de « questions-réponses » constitue un cadre de travail plus rassurant car les stagiaires n'ont pas à délimiter eux-mêmes leur sujet ni à établir de plan de travail, ce qui est la principale difficulté pour tous les groupes. En outre, le fait de se sentir capable de répondre aux questions est gratifiant et les encourage à poursuivre l'exercice. Pour l'élaboration de ces questionnaires, nous tenons compte à la fois des difficultés de ces jeunes (ex: mauvaise maîtrise de l'ordre alphabétique) et de leurs préoccupations principales (trouver un emploi) pour sélectionner un document, par exemple un bottin professionnel, à partir duquel nous posons la question (adresse d'une entreprise). Ce type de questionnaire portant sur des ouvrages de référence simples et couramment utilisables (Quid ?, Guide de vos droits et démarches...)est principalement utilisé avec les stages d'insertion sociale ou professionnelle. Si l'on souhaite aborder l'étude d'un sujet dans une encyclopédie, par exemple les pays d'origine, les métiers... et familiariser les stagiaires avec la prise de note, les questions partent du plan même de l'article et les obligent à résumer chaque paragraphe.

Le questionnaire général sur un thème est conçu de façon à faire découvrir l'aspect multimédia de la documentation et les différentes possibilités de recherche (catalogues, bibliographies, document primaire...). L'essentiel de la méthode est donc de partir du document pour amorcer la recherche. Nous nous sommes rendu compte qu'elle pouvait être transposable dans d'autres bibliothèques et nous en avons fait l'expérience à la Bibliothèque municipale Beaugrenelle (15e arrondissement de Paris) avec un groupe « 16-18 ans » en stage de formation au centre Clavel situé dans ce quartier. Les stagiaires y ont travaillé pendant deux heures sur un questionnaire portant sur des ouvrages de référence et qui avait été élaboré par un conservateur de la bibliothèque en collaboration avec notre service.

Comment cette méthode a-t-elle été perçue ?

La présentation de deux stages choisis parmi les neuf groupes reçus permet de s'en rendre compte. Il s'agit d'un stage pré-qualifiant et d'un stage qualifiant.

Etude de cas n° 1 : stage qualifiant

Ce stage qualifiant en électronique était organisé par le GRETA industrie-Nord. Il concernait 15 jeunes destinés à devenir des agents de maintenance en matériel électronique (service après vente). Sortis du système scolaire, ces jeunes pendant neuf mois vont en alternance travailler dans une entreprise et suivre des cours. Sur les 15 inscrits, trois ont commencé un deuxième cycle (classe de seconde ou BEP). Les douze autres, au sortir de la troisième, quatrième, voire cinquième, ont fait un stage d'insertion (mise à niveau) dans des organismes privés ou publics, suivi ou précédé pour quelques-uns d'entre eux d'une préparation au CAP (certificat d'aptitude professionnelle) dans des lycées d'enseignement professionnel.

Sur les quinze inscrits au stage à la BPI, neuf seulement étaient présents à la visite, qui a été la plus concrète possible; elle a été ponctuée de haltes « stratégiques » qui relançaient leur intérêt : visionnement de microfilms de journaux, de diapositives, présentation de la médiathèque de langues. Au cours d'une pause, nous avons expliqué la classification à partir de la signalétique et des livres à portée de main. Une telle visite est utile et profitable si l'animateur est toujours à l'affût de la moindre manifestation de curiosité pour l'exploiter aussitôt. Elle semble avoir satisfait les stagiaires puisque les effectifs ont grossi lors des séances suivantes : de neuf, ils sont passés à douze à la deuxième séance et à quatorze lors de la dernière séance. Habituellement avec ce type de groupe, les effectifs sont peu stables et en diminution au fur et à mesure que l'on avance dans le stage. Au cours de la deuxième séance et pendant la première heure de la troisième, ils devaient répondre à une série de questions : les unes les amenaient à constituer une bibliographie très courte concernant la maintenance en informatique, les autres, à rechercher l'adresse d'un fournisseur ou celle de l'Agence pour le développement de l'informatique.

La réponse à l'ensemble du questionnaire supposait l'utilisation des catalogues de la bibliothèque, du Catalogue des Livres disponibles et de plusieurs ouvrages de référence mis à leur disposition sur les tables. Une présentation générale des différents documents s'est révélée inopportune; nous nous sommes rendu compte rapidement qu'une présentation individuelle, au gré des questions était beaucoup plus efficace.

Le questionnaire a d'abord suscité un mouvement de rejet pour être ensuite accepté parce que d'emblée, les questions ont été resituées dans le contexte du stage pratique de ce groupe et de son futur métier. Apprendre à rechercher l'adresse d'un employeur dans un annuaire professionnel (Kompass) ou à trouver la production de microprocesseurs en 1981 répondait à un besoin pratique ou correspondait à leur centre d'intérêt.

Ce questionnaire semble avoir beaucoup facilité l'approche de la recherche documentaire. Au terme de ces trois heures, les stagiaires avaient assimilé ce qu'est un catalogue, un index, une table des matières; ils découvraient l'intérêt de la documentation fournie (Guide des jeunes, du premier emploi, Etat des sciences, Livre des inventions...) ou qu'ils avaient découverte par eux-mêmes.

Nous avons voulu ensuite montrer que la documentation sur un thème comme l'informatique était multiple à la BPI. La quatrième séance a été consacrée au visionnement d'un film, La galaxie des ordinateurs, qui devait déboucher sur une recherche de livres. Chaque stagiaire devait retenir un des nombreux thèmes abordés et constituer ensuite une courte bibliographie sur le sujet à l'aide des catalogues de la bibliothèque.

L'objectif était de sélectionner deux ou trois livres abordables sur, par exemple, la conception assistée par ordinateur ou sur la voix synthétique à partir des notices du catalogue et de la consultation des livres.

La cinquième séance dans le GRETA a permis une révision générale avec redéfinition des catalogues, de la classification, des périodiques... et une discussion sur le film.

Etude de cas n° 2 : stage de réinsertion professionnelle

Ce stage était organisé par le GRETA Jacquard à la MJC du Borrégo (20e arrondissement). Le groupe comptait sept stagiaires, tous volontaires : quatre Français, un Portugais résidant depuis longtemps en France, un réfugié vietnamien et une Algérienne récemment immigrée qui avait de grosses difficultés de langue. Le niveau scolaire ne dépassait pas la troisième : une 3e normale, une 1ère année de CAP en comptabilité et cinq « troisième » de secteur spécialisé dont trois en section éducation spécialisée et deux en classe pré-professionnelle de niveau.

Ce stage était le troisième organisé en collaboration avec cet organisme depuis 1979. La responsable estime, en effet, que la découverte des possibilités de la BPI peut donner à ses stagiaires l'envie de retourner dans une bibliothèque. Une activité « bibliothèque » leur est d'ailleurs proposée au cours de laquelle ils ont pu aller à la municipale du 20e. D'autre part les stagiaires réalisent chaque mois un journal d'une vingtaine de pages, aussi le thème de la presse a-t-il été retenu pour une séance « encyclopédie » et le choix d'un film.

La visite a été très allégée sur le plan théorique au bénéfice d'une prise de contact plus longue avec l'audio-visuel. Le groupe est ainsi resté une vingtaine de minutes devant les microfilms de quotidiens (chacun un journal de sa date de naissance), un quart d'heure devant les programmes fixes de collections de diapositives (paniers présentés en libre accès au public). Enfin, chose inhabituelle, nous avons séjourné un bon moment à la discothèque afin que chacun puisse écouter un disque. L'attention du groupe a été suivie malgré quelques décrochages. Les jeunes semblaient intéressés par les possibilités offertes qu'ils n'avaient sans doute pas imaginées.

A la deuxième séance, ils devaient répondre à un questionnaire portant sur des ouvrages de référence simples qu'ils seraient amenés tôt ou tard à manipuler (cf. encadré). Cette formule a paru les intéresser malgré les difficultés rencontrées, comme le manque de maîtrise de l'ordre alphabétique (certains feuilletant page par page). Cependant les notions d'index, de renvoi, de table des matières nous ont semblé assimilées.

A la troisième séance, les stagiaires ont travaillé sur quatre questionnaires (fabrication d'un journal, agences de presse, journalistes, histoire de la presse) élaborés à partir de trois encyclopédies (Encyclopédies Hachette et Alpha, Grand Quid illustré). Les questions étaient simples et formulées à partir du texte : qu'est-ce qu'une agence de presse ? Quand a lieu la conférence de rédaction ? A quoi sert cette conférence ? Dans l'ensemble, les stagiaires ont à peu près répondu aux questions mais cela nécessitait un encadrement constant de notre part. Il a fallu par exemple souvent lire un paragraphe avec eux pour les aider à en extraire l'information essentielle. Le tour de table final n'a pas été très satisfaisant. Le niveau des questions était plus difficile que celui de la séance précédente et le travail de synthèse de cet exercice leur a demandé un gros effort d'après ce qu'ils ont dit à leur enseignante.

La dernière séance était consacrée au visionnement du film L'Information ce jour-là, une comparaison entre les événements d'une journée présentés par France-Soir et par le journal télévisé. Un questionnaire leur a été remis en début de film pour les obliger à noter quelques repères. Dans l'ensemble, il a été bien compris comme l'a confirmé un tour de table; certains avaient pu faire le lien avec ce qu'ils avaient appris dans les encyclopédies. La séance s'est terminée par une recherche rapide dans les catalogues sur des sujets de leur choix (danse, cinéma, Algérie). La séance de bilan n'a pas pu avoir lieu et la venue à la BPI intervenant à la fin de leur stage, il a été très difficile d'en apprécier réellement les retombées. Cependant, d'après un questionnaire rempli par les formateurs du groupe, les stagiaires avaient été satisfaits de découvrir la bibliothèque et ses ressources; quelques-uns d'entre eux y sont revenus. La seule stagiaire qui a continué une formation dans ce centre avait effectivement acquis une plus grande autonomie dans la recherche documentaire.

Ces études de cas ont été choisies car elles regroupaient à elles deux l'échantillonnage de toutes les expériences tentées, ce qui n'exclut pas certaines mises au point ultérieures, par exemple, la suppression de la séance « encyclopédie » jugée trop difficile pour les stages d'insertion sociale. De toute façon, ces méthodes ne constituent pas un cadre rigide, la priorité reste l'adaptation maximale au profil de chaque groupe.

Au terme de cette année de « ciblage » avec des jeunes de 16-18 ans, l'expérience s'est révélée très positive. Ces nouvelles méthodes ont eu un impact réel sur les stagiaires qui ont manifesté un intérêt visible lors des séances et ont fait preuve d'assiduité. La plupart des responsables qui les encadraient ont d'ailleurs souhaité revenir avec d'autres groupes.

L'expérience menée avec la bibliothèque Beaugrenelle a montré qu'une collaboration était possible entre la BPI et d'autres bibliothèques de lecture publique. Si les conditions s'y prêtent, elle pourrait être renouvelée avec d'autres bibliothèques municipales de la ville de Paris, ce qui permettrait d'étendre les possibilités de formation documentaire à un plus grand nombre d'établissements.

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Encadré

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Quelques questions au stage de réinsertion professionnelle