Catalogage des congrès

exercices d'application de la norme française NF Z 44 060

par Corinne Verry

René-Lucien Merlet

Nouv. ed.
Villeurbanne : ENSB, 1985. - 49 p. ; 30 cm.
ISBN 2-85037-018-X

Cataloguer des comptes rendus de congrès n'est pas chose aisée. Un fascicule d'exercices aidant à cette tâche ne peut qu'être accueilli avec enthousiasme. Et celui-ci y réussit. La littérature sur les congrès fait gravement défaut. Cela tient aussi aux lacunes des règles de catalogage qui, devant la difficulté, éludent dans un cas ou compliquent dans l'autre. Ce recueil vise, de façon méthodique et complète, à éclaircir les choses en appliquant aux congrès la nouvelle norme NF Z 44 060 sur la forme et structure des collectivités-auteurs. Cette norme, il est vrai, a tenté tant bien que mal d'étoffer le problème des comptes rendus de congrès qui n'était pratiquement pas traité, ou très insuffisamment, dans l'ancienne norme de 1955.

Les auteurs n'ont pas cherché ici à faire un manuel de catalogage. Une dizaine de pages au début sont consacrées à des définitions et aux façons de déterminer la vedette en fonction des différents cas représentés dans les exercices qui suivent. Bien que ce ne soit pas le but premier de l'ouvrage, on peut regretter qu'il n'existe pas une partie un peu plus fournie et plus pédagogique sur la façon de cataloguer les congrès : préciser la structure et la forme de la vedette, avec les ponctuations; récapituler les différents cas en les regroupant dans trois grandes catégories (congrès qui a un nom; congrès de collectivité; congrès avec seulement un titre particulier), pour ensuite affiner à l'intérieur de chaque catégorie, mais établir un cadre clair où chacun puisse y retrouver les siens.

Quant aux définitions, elles peuvent parfois se discuter. Plutôt que de définir ce qu'est un congrès par rapport à un symposium, par exemple, il eût été bon d'indiquer tout simplement la liste de tous les termes que l'on peut trouver pour mentionner une réunion (journée, symposium, workshop, etc.), et de les distinguer des termes indiquant la forme de la publication (actes, proceedings, communications, résumés, etc.), car il y a souvent confusion. Ce qui n'empêche pas de donner des définitions de mentions telles que symposium, session, etc., mais ce n'est pas l'essentiel pour le catalogueur, d'autant plus que ces sens varient selon les documents

Les exemples fournis pour les exercices sont des copies de pages de titres ou de pages annexes si besoin. Le principe est excellent Ces exemples sont choisis pour recouvrir à peu près tous les cas compliqués. Les exercices sont progressifs. Surtout, ils ont le très grand mérite de ne pas séparer le choix des vedettes de la rédaction de la notice, ce qui est essentiel pour les congrès, car le plus souvent l'un détermine l'autre, et vice-versa. Le problème de l'articulation entre nom de congrès et titre se pose toujours. Notons à ce propos que l'on rencontre là tout le problème de l'application des normes ISBD, en particulier:

la présentation des qualificatifs est à la fois lourde (ponctuation peu justifiée) et peu précise. Le choix de l'année seule. par exemple, ne peut se justifier comme règle générale. Selon l'importance du fonds, il peut être très important d'avoir une date complète année-mois-1er jour, pour opérer des classements chronologiques ;

l'application spécifique de la norme aux comptes rendus de congrès est délicate. La rédaction de la notice reste difficile non pas par manque de spécifications, mais au contraire par trop de contraintes;

l'application à des systèmes informatisés est pratiquement impossible. Par exemple, la rédaction de la notice ne devrait pas être tributaire des points d'accès choisis. D'une part la mention de responsabilité est trop lourde; d'autre part, beaucoup de titres sont non significatifs (actes, proceedings...) et les éléments de la vedette figurent (inutilement) en mention de responsabilité, rendant tout accès par le titre inutilisable.

Ces remarques étant faites, il est difficile de critiquer ce fascicule, qui affiche clairement l'application d'une norme existante. On ne peut à la limite que critiquer son objet... Cependant, il eût été bon d'avertir que cela ne concerne que le catalogage sur fiches perforées (comme en témoigne le cadre-même de chaque exercice : une petite fiche standard). Est-ce le seul traitement possible d'un document ? Les règles à appliquer sont discutables : cela dépasse le but de l'ouvrage. Revenons donc aux exercices proposés. En vis-à-vis de chaque page de titre figure la fiche complète rédigée, et l'indication des renvois éventuels. Dans l'optique d'un catalogage manuel, fin, complet, cela est parfait. Peut-on envisager pour les congrès un catalogage par une notice minimale (voir la norme NF Z 44 072) ? Cela aurait peut-être mérité qu'on s'y exerce.

Si l'on entre dans le détail, on distingue des choses discutables ou des ambiguïtés, en particulier :

la transcription des sigles. C'est l'éternel problème du sigle avec ou sans points. Ne peut-on opérer un choix au lieu de faire de multiples renvois ? De plus, ce problème se pose dès que l'on veut entrer des données dans un système automatisé ;

le choix de certains rappels de vedette. Doit-on juger sur un exemple isolé si l'on doit sortir telle ou telle collectivité ? Cela dépend des besoins de la bibliothèque, ce n'est qu'un problème de choix de point d'accès, qui ne peut entrer en ligne de compte dans un exercice de catalogage, sans contexte;

la transcription abrégée des États américains. II n'est pas spécifié sur quelle norme s'appuyer, ou bien elles sont supposées connues;

la notion de « série de congrès ». Elle peut être ambiguë, car prise au sens de « serials », publications en série, de plus en plus fréquentes d'ailleurs pour les publications de congrès. Dans le même sens, les derniers exemples sur les congrès pris en collection manquent d'explications sur le pourquoi des deux façons de traiter les congrès, sur la transcription de certains éléments comme les [ ]. et sur l'ordre de classement prévu;

on n'envisage pas de sortie à la ville, alors que cela est connu pour être un accès privilégié à un compte rendu de congrès.

Dernière remarque critique sur ce fascicule - qui par ailleurs, on ne l'a pas assez dit, est d'une grande utilité et d'une grande valeur pour les étudiants, pour les élèves du CAFB, mais aussi pour les professionnels du catalogage, par sa richesse et sa méthode - pourquoi n'avoir choisi que des exemples anciens ? Tous datent des années 1950-1960, un date de 1938. un seul de 1978. De plus, ce sont pratiquement tous des exemples de documents « édités ». Les documents que l'on a en main sont pourtant souvent des documents de « littérature souterraine». sans présentation claire, sans page de titre, etc. Leur aspect a changé. Les comptes rendus des années 80 ont de plus en plus des noms sous forme d'acronymes pris comme noms de congrès, ont plusieurs titres ou thèmes, recoupent d'autres types de documents, etc.

Face à l'évolution des publications, ne peut-on pas envisager une évolution vers plus de souplesse dans le catalogage ? Rappelons que le catalogage des congrès, tel qu'il se fait actuellement, est difficile. On ne peut traiter les congrès comme de simples ouvrages. Ce recueil d'exercices ne peut s'adresser qu'à ceux qui possèdent déjà de sérieuses notions de catalogage.