Cet ouvrage est la publication d'un certain nombre d'exposés et de débats qu'un groupe d'universitaires de Saint-Etienne (Centre interdisciplinaire d'études et de recherches sur l'expression contemporaine) fit en 1982 et 1983. Réunir des médecins, des philosophes, des linguistes, des anglicistes... pour discuter est une entreprise courageuse. Toutefois le point de rencontre entre ces spécialistes est nécessairement flou. Aussi le lecteur a-t-il bien du mal à retrouver la cohérence de ces textes, au demeurant très inégaux tant par leur degré d'élaboration théorique que par leur contenu. Le résultat est un ensemble hétéroclite, dans lequel chacun, en fonction de ses propres intérêts, peut puiser ce que - et il faut en féliciter l'éditeur - encouragent, et une table des matières détaillée, et un index thématique.

Rendre compte d'un tel ouvrage n'est pas aisé et suppose des choix parfaitement subjectifs, choix auxquels l'auteur de ce compte rendu ne peut prétendre se soustraire. Les discussions sur l'opposition entre culture scientifico-technique et culture artistico-littéraire (à la manière de SNOW) sonnent creux. De même on peut se demander à quel titre figure une critique (très virulente) de l'Esprit de sel de J.-M. Levy Leblond. Consultant l'ouvrage on sait au moins une chose : il n'y a vraiment rien de commun entre « la naissance de l'idée dans la recherche des nouveaux médicaments » (p. 129 à 137) et « les formes de la communication scientifique » (p. 155 à 168). De cet ensemble se détachent cependant d'abord un exposé trop bref sur les deux volets de l'œuvre de Bachelard (épistémologique d'une part, exploration de la dimension poétique d'autre part) et une assez bonne revue de la question sur l'approche linguistique de la communication scientifique scripturale, ensuite.

Ce dernier texte dû à L. Bois Simon apparaît comme une synthèse documentée de travaux récents sur les discours scientifiques. Dans le domaine des discours scientifiques, deux séries de recherches ont renouvelé les perspectives d'analyse. Il s'agit d'abord du courant d'analyse microsociologique de la vie des laboratoires et particulièrement de la place des activités de communication au sein d'une équipe de recherche. Mais apparaît maintenant un courant d'origine sémiolinguistique qui, avec des méthodes différentes, retrouve une partie des résultats de la sociologie. Le texte de L. Bois Simon - en dépit de sa brièveté et du manque d'exemples convaincants - pourra constituer une utile introduction à cette problématique.