Débats

sur l'Enseignement de la science de l'information aux USA, de J.-L. Tafarelli, BBF, n° 3, 1983, p. 267-277

Yves Le Coadic

Jean-Louis Tafarelli

Dialogues et débats : une telle rubrique, demandée par de nombreux lecteurs, a toujours été anémique faute... de debaters.

Une hirondelle fera le printemps : la présente livraison inaugure donc une nouvelle rubrique de débats. C'est l'article de Jean-Louis Taffarelli, l'Enseignement en sciences de l'information aux États-Unis, qui a inspiré à Yves Le Coadic ces premiers commentaires.

Commentaires et réponses devront être publiés en même temps, tous les lecteurs-contradicteurs sont appelés à s'exprimer vite, sinon le débat aura un goût de réchauffé.

Certains articles font ou feront l'objet de commentaires dès leur publication : ceux-ci seront publiés accompagnés de la réponse éventuelle de l'auteur. Un contre-exemple de cette politique est donné dans le présent numéro pour l'article de John Stirling.

Commentaires par Yves Le Coadic

Lorsqu'on sait qu'il existe près de 90 « Schools of library science, library schools, schools of library and information science, schools of computer and information science, Departments of information science » aux USA et que de plus, la liberté de l'enseignement aidant, les dissemblances sont grandes entre ces établissements, il faut se garder de généraliser comme l'a fait Taffarelli des conclusions provenant de l'étude de trois d'entre elles.

Y a-t-il ainsi véritablement orientation nouvelle des cursus ou simple coloration des formations en science des bibliothèques ? 10 % de science de l'information à Columbia, 20 % à Chicago mais seulement 3 % à Pittsburgh (durement concurrencée, il est vrai, par une nouvelle formation entièrement consacrée à la science de l'information). Il n'y a là rien de très supérieur.

La nouveauté, par contre, existe ailleurs, dans ces nouvelles « Schools of information science », celles de Pittsburgh, Atlanta, Colombus. Ecoles d'« ingénieurs de l'information », elles appuient leurs enseignements sur un corpus véritablement scientifique (voir p. 273 de l'article en question), issu de la science de l'information. Elles lèvent définitivement l'ambiguïté, quant à la structure des emplois, qui règne dans ce secteur d'activité. Ne voit-on pas en effet se dessiner la structuration qui accompagne l'industrialisation d'une activité scientifique et technique : à côté des emplois d'ingénieurs (formation scientifique longue : 4-5 ans), on trouvera les emplois de techniciens (formation technique courte : 2 ans), bibliothécaires et documentalistes actuels.

Cela renvoie à une conception plus scientifique et non, comme le note l'auteur dans sa conclusion, à une conception plus pragmatique des métiers de la communication scientifique.

Réponse par Jean-Louis Taffarelli

J'accepte bien volontiers les critiques d'Yves Le Coadic en ce qui concerne l'insuffisance de mon échantillonnage, tout en faisant remarquer cependant que sa description de la situation fondée sur la connaissance d'un plus grand nombre d'écoles, ne diffère pas sensiblement de la mienne.

La nouveauté dont il dit qu'elle existe « ailleurs », je l'ai longuement commentée, à propos de Pittsburgh précisément. Si la cnnception américaine est plus scientifique, c'est en vue de plus d'efficacité et il n'y a guère lieu de distinguer nettement les deux démarches. Mais, peu importe, ce qui me paraît fondamental, c'est que ce texte d'un chercheur de la DBMIST me donne entièrement raison quant aux craintes que j'exprime pour l'avenir des bibliothécaires. Le processus est plus avancé qu'on aurait pu le croire et la prise de pouvoir par les ingénieurs est en bonne voie.

Inutile de se lamenter, c'est la faute des bibliothécaires. Tous ceux qui connaissent un peu la question, bibliothécaires ou non, devront en convenir.