Analytische Forschungen zu Handschriften des 19. Jahrhts

Am Beispiel der Heine-Handschriften der Bibliothèque nationale Paris

par Albert Labarre

Marianne Bokelkamp

Hamburg : E. Hauswedell, 1982.- 144 p. : ill. ; 24 cm.
ISBN 3-7762-0216-5 : DM 60.

Les manuscrits des poètes et des écrivains ont longtemps disparu après avoir servi de copie aux imprimeurs. Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que les écrivains commencent à se soucier de la conservation de leurs manuscrits et de leurs brouillons - J.-J. Rousseau fut l'un des premiers à le faire - et c'est au XIXe siècle que se sont constituées les archives d'écrivains ainsi que les collections d'autographes. Ces manuscrits modernes diffèrent des anciens par leurs aspects typologiques. On peut les répartir en trois groupes d'après leurs fonctions. D'abord les travaux préparatoires, brouillons et ébauches ; puis les rédactions manuscrites pour l'élaboration du texte proprement dite ; enfin la copie au net du texte définitif pour l'impression ou pour la diffusion manuscrite.

Tandis que la bibliographie matérielle du livre imprimé et la codicologie archéologique du manuscrit médiéval ont déjà suscité de nombreux travaux, de telles recherches demeurent à un stade pionnier en ce qui concerne les manuscrits modernes. Mme Bokelkamp remédie à cette situation lacunaire en entreprenant une recherche analytique sur les manuscrits littéraires du XIXe siècle, qui s'appuie sur des études réalisées dans le fonds de manuscrits de Henri Heine, rassemblé par Salmon Schocken, et acquis par la Bibliothèque nationale de Paris en 1966, sans méconnaître pour cela les autres fonds littéraires de la même époque.

Trois domaines sont successivement considérés : le support de l'écriture, essentiellement le papier, les instruments de l'écriture, plumes et encres, et l'écriture elle-même. Pour le papier, le XIXe siècle est une période de transition où l'on trouve encore du papier fabriqué à la forme, tandis que se répand le papier à pâte de bois, fabriqué mécaniquement. Dans un fonds de manuscrits modernes, il s'agit de localiser le premier emploi d'un papier donné et de regrouper toutes les feuilles identiques dans un même corpus. A cette fin, il faut étudier successivement le format, les vergeures et les pontuseaux (pour le papier à la forme), les filigranes, les empreintes sèches, la couleur, le mode de fabrication et toutes autres caractéristiques. Cela aide à dater et à identifier les textes, et à reconstituer des ensembles dispersés. Les instruments de l'écriture sont l'encre dont on peut déterminer la couleur et analyser la composition, tout en posant le problème des encres pâlies ou corrosives, la plume qui peut être d'oiseau ou métallique (celle-ci commence à être fabriquée en Angleterre vers 1830 et se répand rapidement sur le continent), le crayon, surtout utilisé pour les brouillons et les ébauches. La comparaison de ces éléments est plus aléatoire que celle des papiers, mais peut faciliter les datations et la reconnaissance des mains étrangères. L'étude de l'écriture, enfin, profite des acquis de la paléographie. Si elle est considérée comme médiatrice du contenu du langage, l'écriture peut être aussi envisagée dans ses formes, par la connaissance des normes d'écriture de l'époque, la considération de son dessin et la recherche des caractères individuels, pour essayer d'établir l'évolution de l'écriture d'un écrivain au cours de sa carrière. L'étude de l'écriture, qui demeure subjective malgré la recherche de méthodes scientifiques, facilite aussi la datation et l'identification des mains des scripteurs. L'auteur remarque que le chapitre sur le papier est plus étendu que les autres parce qu'il s'agit d'un domaine où l'on possède déjà de bonnes connaissances historiques et des méthodes éprouvées d'investigation.

La dernière partie met en application les méthodes d'investigation décrites auparavant. Il s'agit de recherches analytiques sur le manuscrit des Reisebilder (Images de voyage) de Heine, qui s'appuient plus sur l'étude du papier que sur celle des instruments et de l'aspect graphique de l'écriture, et qui délimitent une phase italienne et une phase allemande de la rédaction de ce manuscrit.

Une bibliographie complète la documentation apportée par cet ouvrage dont l'intérêt évident réside autant dans l'originalité du sujet que dans la façon méthodique dont il est traité.