Angelo Fortunato Formiggini
un editore del novecento
Luigi Balsamo
Renzo Cremante
Ce volume consacré à Angelo Fortunato Formiggini (1878-1938) n'est pas une monographie, mais le recueil de 16 contributions au symposium qui lui a été consacré à Modène en février 1980. Éditeur à Modène en 1908, Formiggini s'établit à Gènes en 1911, puis à Rome sur le Campodiglio quelques années plus tard. Il mit fin à ses jours en 1938 pour protester contre le fascisme et le racisme.
L. Padoa donne quelques précisions sur la famille Formiggini qui appartenait à l'aristocratie juive de Modène, et dont plusieurs membres furent banquiers et joailliers de la cour ducale. P. Treves étudie la position d'A.F. Formiggini à l'égard de la question juive, du sionisme, de l'italianité des juifs de la péninsule et de l'antisémitisme fasciste, ainsi que les problèmes où il se débattait et qui l'ont conduit à une solution tragique.
Trois articles dressent le cadre où s'insère l'activité éditoriale de Formiggini. E. Garin retrace le mouvement des idées et l'évolution de la philosophie en Italie dans les premières décennies du XXe siècle. A. Roncaglia présente la vie culturelle à Modène au temps de Formiggini. G. Turi étudie les entreprises éditoriales d'orientation socialiste en Italie dans les années 1890-1910.
Le plus grand nombre des contributions concernent évidemment Formiggini comme éditeur. L. Balsamo étudie la fonction éditoriale chez Formiggini qui appliquait à lui-même la formule ambiguë d' « éditeur privé dilettante ». Certes, s'il lui manquait une dimension d'entreprise et une sensibilité aux aspects industriels de l'édition, plus de 700 volumes n'en sont pas moins parus de 1908 à 1938 sous son enseigne. G. Montecchi considère l'activité de la firme du point de vue technique. Puis trois contributions sont consacrées à la collection la plus célèbre de Formiggini, « I Classici del ridere » (plus de 100 volumes de 1913 à 1938) : E. Raimondi présente la conception et la philosophie de cette collection, L. Guicciardi en suit l'évolution et A. Lugli en étudie l'illustration. Trois autres articles analysent le rôle qu'a joué la production de Formiggini dans différents domaines : dans la littérature et la critique de son temps (R. Cremante), dans le domaine philosophique (A. Santucci), dans les sciences religieuses (M. Torrini). M.I. Palazzolo présente la conception et l'évolution du périodique culturo-bibliographique L'Italia che scrive dirigé et publié par Formiggini de 1918 à la fin de sa carrière. A.R. Venturi rappelle l'intérêt que portait Formiggini au développement des bibliothèques populaires. Enfin E. Milano présente l'important fonds Formiggini, donné par sa veuve en 1939 à la « Biblioteca Estense » de Modène pour suivre les volontés du défunt.