Histoire générale de l'Afrique

1 : Méthodologie et préhistoire africaine

par Paule Brasseur
[sous la dir. de] J. Ki-Zerbo. - Jeune Afrique : Stock : Unesco, 1980. - 893 p. : ill. ; 25 cm. Bibliogr. p. 795-859. Index p. 865-893. - ISBN 2-85258-163-9 (J.A.). ISBN 2-234-01222-8 (Stock). ISBN 92-3-201707-5 (Unesco).

Mise en chantier il y a quinze ans, la publication de l'Histoire générale de l'Afrique par l'Unesco était impatiemment souhaitée. Le premier volume, de par sa conception et sa réalisation, comble cette attente.

Les 28 chapitres qui le composent, après la présentation du projet par B.A. Ogot et l'introduction de J. Ki-Zerbo, auraient sans doute pu être regroupés en deux parties, les 15 premiers concernant la méthodologie et les suivants la préhistoire africaine. Parmi les premiers chapitres, certains situent l'histoire africaine au sein de disciplines qui permettent des voies d'approche complémentaires : ainsi ceux consacrés à la linguistique (P. Diagne, J.H. Greenberg et D. Dalby) et à la géographie (S. Diarra et A. Mabogunje). Les autres étudient l'historiographie et son évolution (J.D. Fage et Ph. D. Curtin), les sources écrites avant et après le XVe s. (H. Djait et I. Hrbeck), les techniques de l'archéologie africaine et les procédés de datation (Z. Iskander). Particulièrement intéressants sont les textes qui ont trait à la tradition orale, ainsi ceux de J. Ki-Zerbo et Boubou Hama sur la place de l'histoire dans la société africaine et de J. Vansina sur la méthodologie de la tradition orale, d'A. Hampaté Ba sur la tradition vivante. Leurs idées sont reprises dans un chapitre sur les méthodes interdisciplinaires par J. Ki-Zerbo pour montrer comment cet apport exceptionnel de la conscience historique africaine doit être traité avec la rigueur des méthodes classiques, confronté avec les autres sources, archéologiques ou écrites, et appuyé enfin pour les siècles obscurs par un vaste ensemble interdisciplinaire.

Les chapitres suivants, rédigés chacun par un spécialiste, envisagent, après la chronologie pluviale et glaciaire de l'Afrique, l'apparition de l'homme (Y. Coppens et L. Balout), les hommes fossiles africains (R. Leakey), la préhistoire des diverses régions, l'art préhistorique, le développement et l'expansion des techniques agricoles, l'invention et la diffusion des métaux. Enfin J. Ki-Zerbo, dans sa conclusion : « De la nature brute à une humanité libérée », après avoir rapidement récapitulé ce qui précède, engage la réflexion en direction des volumes qui suivront, affirmant qu'en Afrique la stagnation des forces productives empêche encore le continent de se dégager totalement de la préhistoire.

Ce compte rendu ne se veut qu'indicatif et ne peut même pas donner idée de la somme des connaissances enfermées dans ce volume. La plupart des chapitres font le point de la question au moment de la publication, si bien qu'à certains égards il se présente comme un ouvrage de référence et même un manuel. L'introduction et la conclusion, très stimulantes pour la réflexion, seront discutées, car elles évoquent une dynamique en cours, pour laquelle les interprétations peuvent varier et des faits nouveaux apporter des compléments. Tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique doivent se réjouir d'avoir aujourd'hui un tel instrument de travail à leur disposition.