Les monnaies royales françaises de Louis XIII à Louis XVI, 1610-1792

cuivre, billon, argent, or

par Michel Dhénin

Victor Gadoury

Frédéric Droulers

Monte-Carlo : V. Gadoury, 1978. -608 p. ; 21 cm

L'ouvrage de MM. Gadoury et Droulers vient succéder à ceux d'Hoffmann et de Ciani, jugés par ces auteurs « certes utiles, mais sommaires, parfois erronés et aux cotes inutilisables ». Œuvres de marchands de monnaies, tous ces livres sont destinés au collectionneur-consommateur, le dernier paru plus encore peut-être que ses prédécesseurs : les monnaies sont ici classées sous chaque règne non plus par métal et émission, mais par ordre croissant des valeurs, de sorte que les émissions successives sont totalement émiettées. Il est bien difficile alors de suivre la politique monétaire hésitante et complexe qui a marqué ces quatre règnes malgré les commentaires, trop dispersés eux aussi, qui y invitent. Même du point de vue purement pratique, la tâche du collectionneur n'est pas simplifiée par une telle disposition des monnaies. Mais c'est là la marque de fabrique de l'éditeur, et il y tient !

L'ouvrage se veut moins sommaire que ses devanciers - qui, eux, répertoriaient les monnaies des rois de France depuis Hugues Capet jusqu'à Louis XVI. Pour certaines espèces, différents types sont distingués ; on aurait souhaité un tel traitement pour d'autres espèces. Cet effort est de peu de profit scientifique, et l'on ne peut encore imaginer la collection complète qui permettrait de suivre l'histoire de chaque atelier au travers des marques de maître et de graveur. L'apport considérable aurait pu être les chiffres de frappe, qui sont pour une très large part une nouveauté. Malheureusement, certains chiffres sont en désaccord avec ceux publiés auparavant par d'autres sources que celles citées ici. A qui imputer ces erreurs (de calcul ou de transcription) ? Depuis la parution du livre, plusieurs listes de pièces manquantes ont été publiées et il en apparaît d'autres très fréquemment. On regrettera aussi que le sujet ait été aussi limité : les essais monétaires retenus ou non, les piéforts, les papiers-monnaies ont été exclus. Il est permis de s'étonner de certains détails : existence conjointe des sols de réformation (n° 91) et des « sols surfrappés sur ancien flan » (n° 92), interprétation du n° 92a, par exemple. L'illustration de bonne qualité n'est pas tout à fait complète ; des pièces courantes manquent même à l'appel. Le français est parfois fautif ; l'emploi systématique du mot « tirage » pour signifier le nombre de pièces frappées et celui de l'abréviation « gr. » à la place de g pour gramme sont exaspérants. Au total, cette œuvre est certes utile, mais sommaire et parfois erronée... mais ses cotes sont utilisables, ce qui intéresse beaucoup de collectionneurs.