Si une collection de monnaies dénote chez celui qui l'entreprend un certain goût de l'histoire, alors ce livre est inutile et même nuisible. Sa conception est incohérente : la première partie est définie par un cadre chronologique ou politique : « Les Monnaies de la Constitution (sic pour Constituante !) et de la Convention nationale », la seconde par le système monétaire utilisé : « Les Monnaies du système décimal », la troisième par le métal : « Les Monnaies en or » (qu'elles soient ou non du système décimal !) ; les parties suivantes réunissent des essais monétaires, des médailles monétiformes dites « monnaies commémoratives », « monnaies de visite » et « monnaies de souvenir », toutes appellations abusives ; la dernière (oh surprise !) décrit les monnaies de Monaco (1604-1977) et de la Sarre (1954-1955).

A l'intérieur de chaque partie les monnaies sont classées dans l'ordre croissant des valeurs, sans que soit tenu compte ni des changements de régime politique, ni même des changements de système monétaire : ainsi la réforme dite du nouveau franc (1er janvier 1960) n'apparaît pas ; la pièce de 1 franc Roty 1960 vient à la suite de la pièce de 1 franc Morlon, alors qu'elle succède en fait à la pièce de 100 francs Cochet. En outre le français est très approximatif : nous avons déjà relevé « Constitution » pour Constituante, il y a aussi « Deuxième Empire » pour Second Empire, « tirage » pour frappe, « planchette » pour flan (anglicisme), « exécuté » pour fabriqué, « octroyé » pour reçu, « finesse » pour titre (anglicisme), « gr. » pour g, abréviation de gramme, etc. Cependant, cet ouvrage est depuis 1973 régulièrement réédité tous les deux ans ; la révision porte d'ailleurs essentiellement sur les cotes attribuées aux monnaies ; à chaque nouvelle édition s'ajoute une nouvelle préface laudative. Il faut donc croire qu'il répond à un besoin de certains collectionneurs. Espérons que ceux-ci dépasseront rapidement ce niveau.