La photographie point par point

par Marie-Thérèse Laureilhe

Michael Langford

[Trad. René Bouillot ; adapt. française René Bouillot et Pierre Montel]. -Larousse : Montel, 1979. - 222 p. : ill. en noir et en coul. ; 29 cm. Index p. 221-222. - ISBN 2-03-512201-5

La vogue de la photographie d'amateur, accrue ces dernières décades par l'emploi presque exclusif des petits formats et l'apparition d'appareils sophistiqués, a suscité la parution de nombreux ouvrages à l'usage des amateurs soucieux de perfectionnement. Nous en recevons trois, en réalité il y en a beaucoup plus et tel éditeur qui nous en envoie un, en a, en réalité, publié quatre qui ont chacun leurs caractères particuliers et d'autres éditeurs en ont publié de non moins valables.

Celui que nous examinerons en premier vient du Canada, via la Belgique ; c'est un dictionnaire réalisé par un reporter-photographe et deux professeurs canadiens. Les lexiques photographiques que nous avons présentés dans ce Bulletin donnaient des définitions dans le but de normaliser le langage photographique, afin que photographes, responsables de photothèques et utilisateurs parlent le même langage. Celui-ci présente plus de termes - 1 000 à 1. 500 - et l'article ne se borne pas à une définition, il est en même temps pratique, mais n'est pas non plus encyclopédique et ces articles sont assez brefs. Nous ne pouvons l'utiliser comme un manuel de photo. Prenons l'article « développement du papier » par exemple, il donne le principe, quelques conseils, mais rien sur les bains et leur composition, et ce n'est pas ces quelques lignes qui nous apprendront à développer. Les articles « révélateur à grains fins, à contraste variable, chromogène, pour films, pour papier », etc., ne donnent aucune formule chimique. On ne peut employer ce dictionnaire comme une initiation à la photo, par contre, il a d'autres qualités : il est très abondamment illustré de photos techniques et artistiques et de nombreux croquis, il est plaisant à lire et regarder. De plus, si ses articles ne sont pas, pris individuellement, encyclopédiques, ils apportent cependant beaucoup à l'amateur averti, et peut-être aussi au professionnel. Enfin, jusqu'à nouvel ordre, il est unique en son genre. En outre, il donne la traduction des principaux termes en anglais ainsi qu'un lexique récapitulatif des termes anglais qui peut être utile.

Les deux autres ouvrages sont des manuels. Il n'y a pas lieu de procéder à une évaluation et dire qu'un est meilleur que l'autre, tous deux sont bons, mais ont des mérites un peu différents qui s'équilibrent. Tous deux sont des traductions et tous deux sont très abondamment illustrés, en noir et en couleur, de photos de grands photographes dont la vue ne peut qu'inciter l'amateur à mieux choisir ses sujets et à mieux composer et saisir sa photo.

L'ouvrage de M. Busselle insiste en premier lieu sur l' « œil du photographe » et la façon de savoir regarder, cadrer, composer, etc. Il nous donne ensuite une brève histoire de la photographie, puis décrit en détail les appareils actuels, leurs accessoires, leurs possibilités et tout est occasion de conseils. Il insiste beaucoup sur la couleur et démontre qu'on peut réaliser des photos aussi artistiques qu'en noir et blanc, ce dont tous les amateurs ne sont pas convaincus. Il donne de très nombreux conseils sur tous les cas possibles, personnages, paysages, natures mortes, nature, mouvement, etc. Il décrit ensuite le laboratoire et les travaux qui s'y font et là se montre peut-être un peu bref, mais cependant suffisant pour la plupart des amateurs.

Le livre de M. Langford insiste très peu sur l'histoire de la photo, c'est un véritable cours de photo visant à instruire et à guider. Il montre comment voir le sujet, décrit l'appareil, insiste sur son maniement, avant de passer à la prise de vue, la construction de l'image, le choix du sujet, la composition, le rythme, le mouvement ; il insiste beaucoup plus que M. Busselle sur le laboratoire et les véritables amateurs, qui ne se contentent pas d'appuyer sur le déclencheur, lui en sauront gré ; ils apprendont en détail à évaluer un cliché, à le contrôler par l'emploi judicieux des papiers, des temps de pose et des possibilités d'intervention au tirage. Il traite ensuite de la couleur et explique très clairement le travail du laboratoire, véritable initiation à un travail encore peu répandu chez les amateurs. L'ouvrage se termine par des photos commentées de très grands photographes.

Les deux ouvrages ont en dernier un glossaire de 200 à 250 termes donnant les termes techniques absents des dictionnaires ordinaires, suivi par un index utile pour trouver la réponse à un problème. L'ouvrage de M. Langford comporte des résumés et rappels pour chaque point ainsi que quelques exercices, peut-être est-il plus pédagogique que l'autre et personnellement nous le préférons parce qu'il répond mieux à nos problèmes de photographe amateur, mais l'on peut avoir d'autres problèmes et préférer l'autre. Peut-être faudrait-il les conseiller tous les deux à un lecteur.

La collection « L'Univers de la photographie » publiée par Berger-Levrault se propose de publier des photos documentaires anciennes, « miroir le plus fidèle de la civilisation moderne ». Celui-ci, dû à A. France-Lanord, spécialiste du fer, publie des photos de l' « Age de fer » : mines et mineurs du XIXe et du début du XXe siècle, forges industrielles comme Le Creusot et Pompey, cuirassés et grands canons des mêmes époques, travaux d'art, ponts fameux comme le viaduc de Garabit, grands magasins, la Tour Eiffel, les galeries d'exposition, etc. Le point de vue humain n'est pas oublié et certaines photographies du XIXe siècle montrent que la condition ouvrière a fait des progrès substantiels en un siècle. Ce point de vue humain et social rend l'ouvrage attachant, le sujet, il est vrai, s'y prêtait, mais on sait gré à l'auteur d'y avoir pensé. D'autres volumes sont annoncés : Vie familière sous le Second Empire et Temps des colonies, - souhaitons qu'ils soient aussi intéressants ; de toute façon, il ne faut pas perdre de vue la collection, elle peut être très intéressante pour l'historien.