La cartographie au XVIIIe siècle et l'oeuvre du Comte de Ferraris, 1726-1814

De cartografie in de 18de eeuw en het werk van Graaf de Ferraris, 1726-1814

par Lucie Lagarde
actes du colloque international... Spa, 8-11 septembre 1976. - Bruxelles : Crédit communal de Belgique, 1978. - 317 p. : cartes, portrait, fac-sim. ; 24 cm. - (Histoire pro Civitate ; 54.)

Le Crédit communal de Belgique exerce une très vivante activité de mécénat. Il a fondé en 1961 un Centre culturel d'où émane à son tour un Comité d'histoire qui édite des travaux (une soixantaine à l'heure actuelle) et organise des colloques. En ce colloque de 1976, on a voulu souligner la parution du dernier volume de la plus prestigieuse de ces publications : la reproduction en fac-similé des 275 feuilles en couleur de la Carte manuscrite de cabinet de Ferraris et des 12 tomes de Mémoires qui les accompagnent. Cette édition est une réduction à l'échelle de 1/25 000 d'un des trois exemplaires de la carte au 1/11 500 existants, celui de l'Empereur d'Autriche, restitué à la Bibliothèque royale de Bruxelles en 1922. Cette carte, dite « de cabinet », comprend les minutes manuscrites, levées et mises au net de 1771 à 1778, de la carte définitive gravée au 1/86 400, à la même échelle que la carte de France de Cassini, et appelée communément carte de Ferraris ou carte marchande, parce qu'elle était vendue dans le commerce. Les minutes portent évidemment des indications plus détaillées que celles qui ont été retenues pour la carte gravée ; elles représentent donc une source particulièrement précieuse sur l'état des Pays-Bas catholiques dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ferraris était un Lorrain, né à Lunéville en 1726, mort à Vienne en 1814, qui fit une très belle carrière au service du duc Charles-Alexandre de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas, puis au service de Marie-Thérèse et de Joseph II. Les 19 communications de ce colloque, extrêmement nourries de faits, apportent des précisions sur la vie et la carrière de Ferraris, sur l'élaboration de sa carte, sur les conditions scientifiques et matérielles des levés à l'époque, sur les autres cartes européennes conçues à la même période. La Carte française de Cassini, commencée en 1756, basée sur une triangulation géodésique, donna l'impulsion. Son auteur, Cassini de Thury, avait prolongé ses opérations astronomiques et trigonométriques de France jusqu'à Vienne et dans les Pays-Bas (1745-1748) : Ferraris les utilisa pour sa carte (cf. p. 41-42 et 291-292). Un Français attaché à l'état-major autrichien, le colonel baron de Bon, avait déjà proposé en 1767 à l'Empereur un projet initial de carte des Pays-Bas (p. 26), projet qui fut repris, développé et mené à bien par Ferraris. Sous la Révolution, les cuivres de la carte marchande furent confisqués par les Français, qui en tirèrent de nombreux exemplaires et ne les restituèrent qu'à regret en 1816.