Unterlinden

par Jacques Betz

Georges Bischoff

Gabriel Braeuner

Christian Heck

préf. d'Albert Chatelet. - Strasbourg : Éd. Dernières nouvelles d'Alsace - ISTRA, 1979. - 128 p. : ill. ; 21 X 24 cm. ISBN 2-7165-0033-9

« Unterlinden », « Sous les tilleuls » : ces quatre syllabes évocatrices désignent un musée provincial, qui n'a pas son égal en France et qui représente le plus beau fleuron de ce que la ville de Colmar possède comme joyau artistique. Les chiffres parlent d'ailleurs d'eux-mêmes, car on peut apprendre de bonne source qu'en 1978, plus de 254 000 visiteurs ont été dénombrés à l'entrée de ce musée, ce qui représente 30 000 de plus qu'en 1977 et 100 000 de plus que huit ans auparavant, (cf. Les Annales de l'Académie d'Alsace. NS, n° 20, 1979, p. 41) sous le patronage de la Société Schongauer.

L'attrait de ce musée est double. Son cadre architectural unique se situe dans les anciens bâtiments conventuels, qui abritaient la vie monacale de dominicaines ; celles-ci connurent un grand rayonnement au Moyen âge et jouèrent un rôle important dans la mystique rhénane. Autant dire que ces murs ancestraux ont transmis un héritage spirituel, auquel les visiteurs ne restent, généralement, pas insensibles. S'ils y viennent si nombreux, c'est aussi et surtout pour découvrir ou retrouver le peintre Mathias Grunewald à travers son célèbre retable, un polyptyque exécuté probablement entre 1512 et 1516 pour l'église des Antoniens d'Issenheim, localité située à une vingtaine de kilomètres au sud de Colmar.

Trois auteurs, Georges Bischoff, agrégé d'histoire, Gabriel Braeuner, archiviste de la ville de Colmar et Christian Heck, conservateur adjoint au Musée d'Unterlinden, proposent au lecteur une imposante somme de connaissances, en se partageant équitablement les neuf contributions à une meilleure approche du musée de Colmar et de ses richesses. Présenté au fil de son histoire conventuelle et muséographique, pièces à l'appui, de la préhistoire aux Mérovingiens, avec ses trésors médiévaux faits de sculptures et d'arts mineurs, ce musée a également son rôle à jouer face à l'histoire locale. Ses richesses font l'objet d'études, où apparait le siècle de Martin Schongauer et où s'épanouit Mathias Grunewald, dans toute la féérie de ses couleurs ; plus loin le lecteur plonge dans les arts du décor, avant d'être convié au cœur de l'art contemporain, ou de se familiariser avec cette civilisation du quotidien, que traduisent à souhait arts et traditions populaires.

Ce triple collectif de jeunes auteurs est honoré d'une préface d'Albert Chatelet, professeur d'histoire de l'Art à Strasbourg ; après y avoir évoqué la figure de J. K. Huysmans, qui a donné en 1904 une description très évocatrice de ce haut-lieu de l'esprit, le préfacier a ces mots qui honorent, à leur tour, les deux animateurs de ce musée : « Avec l'accession du Bâtonnier Alfred Betz à la présidence de la Société Schongauer et de Pierre Schmitt à la conservation du musée, c'est une nouvelle voie qui s'est ouverte : l'art contemporain a pris pied dans les murs de l'ancien couvent ».

L'ouvrage s'achève sur une bibliographie qui se partage en un premier groupe d'études d'ensemble et en une seconde partie faite de bibliographies spécialisées se rapportant à chacun des 9 chapitres composant cette superbe publication, illustrée à souhait avec des figures et des planches en couleurs.

Ces pages attachantes forment un bel ensemble digne du musée des Unterlinden et la ville de Colmar peut s'enorgueillir de posséder dans un tel écrin de pierres un tel messager de l'art.