L'édition française en 1978

Dans le cadre de son enquête statistique sur l'activité éditoriale en 1978, le Syndicat national de l'édition (SNE) a recensé les résultats de 400 éditeurs.

Bien que le seuil de prise en compte des résultats soit resté fixé à 200 000 F de chiffre d'affaires, le nombre d'éditeurs retenus dans l'enquête a légèrement diminué par rapport à l'année précédente (416), essentiellement semble-t-il parce que certains questionnaires n'ont pas été renvoyés dans les délais impartis.

I. - Le chiffre d'affaires de l'édition et sa répartition

Le chiffre d'affaires global de l'édition, hors taxes et cessions de droits incluses 1, s'est élevé en 1978 à 4,96 milliards de F et a enregistré une progression de 9,78 % par rapport à l'année préoédente.

Après correction par l'évolution de l'indice du prix des livres à la production (+ 8,5 %), le chiffre d'affaires de l'édition en francs constants n'a augmenté en 1978 que de 1,2 % (contre 4,9 % en 1977).

Compte tenu d'une part de la marge afférente à la commercialisation et d'autre part des livres exportés, la consommation de livres français sur le marché intérieur peut être évaluée approximativement à 7 milliards de F.

a) Répartition par canaux de distribution

Concernant la répartition du chiffre d'affaires de l'édition selon les différents canaux de distribution, il convient de rappeler que ces résultats ne reflètent pas exactement la ventilation du marché du livre selon les différents circuits de distribution.

En effet, pour les ventes par correspondance et par courtage, le chiffre d'affaires retenu équivaut aux ventes aux prix publics tandis que pour les ventes par diffuseurs ou aux libraires, le chiffre d'affaires comptabilisé est inférieur aux ventes aux prix publics, en raison des remises consenties aux intermédiaires. De plus, certaines maisons de vente par correspondance n'ont pas le statut d'éditeur et ne sont donc pas appréhendées dans les statistiques du SNE.

Ces réserves étant faites, on note que la part des ventes par courtiers poursuit sa régression, passant de 10,1 % en 1977 à 9,5 % ; celle concernant les diffuseurs subit elle aussi une évolution défavorable, mais pour la première fois (34,7 % en 1977, 33,9 % en 1978). La part des ventes des éditeurs aux libraires, grossistes, grandes surfaces et commissionnaires s'est légèrement accrue (37,5 % en 1977, 37,9 % en 1978), de même que celle relative aux ventes par correspondance (14,0 % en 1977, 15 % en 1978).

b) Répartition par catégories d'ouvrages

La ventilation du chiffre d'affaires de l'édition, cessions de droits exclues, par catégories d'ouvrages fait apparaître le classement suivant : voir tableau).

La littérature générale arrive comme toujours en première position mais contrairement au mouvement amorcé depuis plusieurs années, elle a connu en 1978 un taux de croissance plus élevé que celui de l'ensemble des catégories.

Les encyclopédies et dictionnaires occupent leur traditionnelle deuxième place. Les livres scolaires ont reconquis la troisième position au détriment des livres pratiques rejetés au 4e rang, avec un chiffre d'affaires en baisse de 9,4 % par rapport à 1977.

c) Répartition entre ventes intérieures et exportations

Le chiffre d'affaires réalisé à l'étranger par les éditeurs a représenté en 1978 13,1 % de leur chiffre d'affaires global ; par rapport à 1977, la part du marché extérieur paraît donc quasiment stable (+ 0,1 %). Il importe toutefois de signaler que les résultats de l'enquête statistique du Syndicat National de l'Édition n'englobent pas les exportations effectuées par les commissionnaires et certains clubs ou diffuseurs, ce qui explique la différence entre ces chiffres et ceux, plus élevés, fournis par l'Administration des Douanes.

II. - Contenu de la production

A. Production en titres

La production a porté en 1978 sur 26 584 titres contre 25 823 en 1977.

Outre cette faible augmentation de 2,9 %, on doit noter que la part de nouveautés dans l'ensemble des titres s'est réduite par rapport à 1977 puisqu'elle représentait 45 % en 1978 au lieu de 46,3 % en 1977.

Selon les catégories de livres, le nombre de titres publiés a évolué de façon divergente. Les progressions les plus marquantes concernent les encyclopédies et dictionnaires traditionnels (+ 43 %) et les livres d'ésotérisme (+ 44 %). A l'opposé, le nombre de titres de sciences humaines a baissé de 7,9 % et les encyclopédies par fascicules ont connu une chute spectaculaire : 632 titres en 1977, 113 en 1978.

Enfin, le nombre de titres édités en livres au format de poche s'est accru de 3,7 % passant de 3 920 en 1977 à 4 064 en 1978. La part des livres policiers ou d'espionnage a quelque peu régressé (16,4 % en 1977, 15,4 % en 1978).

B. Production en exemplaires

La production physique de livres s'est élevée à 374,6 millions de volumes en 1978, accusant ainsi une hausse de 6,6 %.

Comme au sein de la production par titres, la part des nouveautés dans l'ensemble des exemplaires produits s'est légèrement réduite (44,6 % au lieu de 45 %).

Selon les catégories d'ouvrages, quelques évolutions particulières méritent d'être mentionnées : le nombre d'exemplaires de dictionnaires et encyclopédies a légèrement reculé (- 1,7 %), ainsi que celui des ouvrages de sciences humaines (- 4,7 %). Les bandes dessinées, en revanche, ont fait l'objet d'une croissance de 42 %.

Quant aux livres au format de poche, ils ont constitué 26,8 % de la production totale en exemplaires et 65 % des exemplaires de littérature générale. Les livres policiers ou d'espionnage ne représentent plus que 20,5 % des exemplaires de poche (22,7 % en 1977).

III. - Structure du secteur de l'édition

La structure du secteur n'a pas connu en 1978 de modification sensible par rapport aux années précédentes. La concentration, toujours aussi forte sur le plan géographique (80 % des éditeurs se trouvent à Paris) n'a pratiquement pas varié non plus sur le plan économique.

38 maisons réalisent 68,8 % du chiffre d'affaires global de l'édition ; 11 d'entre elles dépassent le seuil des 100 millions de F de chiffre d'affaires. A l'opposé, près de la moitié des éditeurs retenus par l'enquête se situent au-dessous de 2 millions de F de chiffre d'affaires.

Au regard des performances à l'exportation, la structure du secteur se montre, comme à l'accoutumée, plus concentrée. 90 % des exportations totales sont le fait de 25 % des éditeurs.

La répartition des entreprises selon l'évolution de leurs chiffres d'affaires entre 1977 et 1978 révèle la vitalité des maisons dont le chiffre d'affaires est compris entre 2 et 5 millions de F (+ 17,5 % en moyenne) et confirme celle de la tranche 20-30 millions de chiffre d'affaires (+ 17 % en moyenne). Dans cette dernière tranche, on peut d'ailleurs remarquer qu'aucune entreprise n'a vu son chiffre d'affaires baisser en 1978.

Par contre les entreprises les plus modestes (de 0,2 à 2 millions de chiffre d'affaires) ont eu, en moyenne, une croissance de leur chiffre d'affaires inférieure à la hausse des prix.

Illustration
Répartition par catégories d'ouvrages - Classement