L'enfant, l'image et le récit

par Marie-Isabelle Merlet
éd. par Denise Escarpit. - Mouton, 1978. - 156 p. ; 24 cm. - (Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine ; 12.) 64 FF.

Ouvrage collectif qui rassemble les textes de communications faites lors d'un séminaire et les discussions qui ont suivi, sur l'élaboration du récit par l'image et qui confronte le point de vue d'auteurs, d'illustrateurs, d'éditeurs, d'enseignants, de chercheurs, de bibliothécaires.

Ainsi la distinction que fait G. Jean entre les trois types de relations qui peuvent s'établir entre l'image et le texte - image qui illustre le texte, texte qui commente l'image, texte et image qui fonctionnent en commun - suscite une discussion où R. Escarpit fait remarquer qu'il est particulièrement ambigu, au niveau des enfants, de vouloir utiliser l'image à la fois pour son contenu informatif et pour sa valeur de stimulus, ce qui permet à G. Jean de conclure qu'il faut parfois « provoquer l'enfant par un discours qui n'est pas le sien ».

R. Escarpit rappelle le rôle du texte pour que les tâtonnements dans la lecture de l'image aillent dans une direction intéressante. Il critique le « spontanéisme » qui pousserait à laisser l'enfant à l'état du rat dans le labyrinthe. D'ailleurs, conclut G. Jean, « on ne parle d'images qu'en termes de texte ».

L'illustratrice Albertine Deletaille, évoque le risque d'effrayer les jeunes enfants, ou de devenir moralisateur, et dit comment elle a conçu et vécu ses propres albums avec des enfants. R. Escarpit conteste : notre rôle, c'est de donner à l'enfant quelque chose qu'il ne comprend pas et qu'il a envie de comprendre et non du tout-fait sécurisant; toute acquisition est à base d'agressivité.

Jacqueline Duheme parle de la collaboration privilégiée qu'elle a eue avec les auteurs qu'elle a illustrés : l'illustrateur tel qu'elle le conçoit, doit savoir oublier sa personnalité au profit du texte, mais peu de textes en valent la peine ; c'est l'auteur du texte qui devrait être le maître d'œuvre du livre.

Aline Roméas souligne le rôle de la dynamique du groupe d'enfants dans l'élaboration du récit, soit pour l'interprétation, soit pour la création.

Christin montre la valorisation actuelle de la bande dessinée qui, pour certains auteurs, sert de substitut au cinéma qui implique des moyens plus coûteux, et l'osmose auteur-dessinateur qui entraîne en même temps une spécialisation de chacun et un relatif tarissement de sa capacité de création solitaire. La bande dessinée n'est pas de l'illustration. Il y a trois discours : celui de la bande qui raconte une histoire, celui de l'image, celui des bulles et des textes off. Si on aborde la bande dessinée par ce dernier discours, remarque R. Escarpit, on s'ennuie, il faut lire les trois simultanément.