Aux sources de l'orientalisme

la Bibliothèque orientale de Barthélemi d'Herbelot

par Marie-Rose Séguy

Henri Laurens

Maisonneuve et Larose, 1978. -102 p.; 25 cm. - (Publications du département d'islamologie de l'Université de Paris-Sorbonne, Paris IV ; 6.) ISBN 2-7068-0660-5 : 26.00 FF

En 1697, l'année même où l'empereur de Chine, K'ang-hi, adressait à Louis XIV les magnifiques éditions chinoises et mandchoues qui comptent encore parmi les trésors de la Bibliothèque Nationale, paraissait à Paris un ouvrage intitulé La Bibliothèque orientale, vaste dictionnaire encyclopédique de tout ce qui concernait les peuples de l'Orient. Dédiée au roi, cette publication eut non seulement un retentissement considérable, mais elle marqua la naissance d'une nouvelle science, l'orientalisme.

L'ouvrage d'Henri Laurens présente une analyse précise de ce monument culturel qui, malgré les siècles, mérite encore de figurer parmi les ouvrages de référence de nos bibliothèques : genèse de la composition du Dictionnaire dans laquelle est retracé un bref, mais excellent historique de l'orientalisme notamment au cours du XVIIe siècle ; évocation des quatre éditions dont il fut l'objet; présentation de la préface, « véritable manifeste de l'orientalisme » ; analyse des catégories d'articles y figurant ; énumération des sources et matériaux utilisés pour la rédaction des textes et détermination de leur appartenance respective aux domaines scientifique et littéraire. Deux chapitres sont ensuite consacrés aux suppléments de l'ouvrage : « Observations » de Claude Visdelou (qui fut missionnaire en Chine, 1656-1737) et « Additions » de H.A. Schultens (1749-1793) et de Reiske (1716-1774).

Cet excellent ouvrage s'achève sur une conclusion mettant en relief, d'une part, les caractéristiques d'un orientalisme qualifié de « second humanisme » (c'est-à-dire d'un humanisme non-classique) et, d'autre part, l'influence que le Dictionnaire de Barthélemi d'Herbelot a exercée sur les études orientales au cours des XVIIIe et XIXe siècles.