Buchkunst und Literatur in Deutschland

1750 bis 1850

par Albert Labarre
hrsg. von Ernst L. Hauswedell und Christian Voigt. - Hamburg : Maximilian-Gesellschaft ; E.L. Hauswedell, 1977. - 31 cm.
Bd. I : Texte. - 370 p. ISBN 3-921743-16-8.
Bd II : Abbildungen. - 192 p. ISBN 3-921743-17-6

La « Maximilian-Gesellschaft » a publié en 1963 un volume sur l'art allemand du livre de 1890 à 1960. Le présent ouvrage est son parallèle pour la période 1750-1850, mais le titre est amélioré en « Art du livre et littérature en Allemagne », tant il est vrai que l'art du livre reflète le mouvement littéraire ; il est important de le souligner à cette riche époque de la littérature allemande, qui englobe le « Sturm und Drang », le clacissisme, le romantisme et le « Biedermeier ». Il se présente sous la forme d'un recueil collectif de sept contributions que nous ne pouvons ici qu'évoquer brièvement, et dont la variété témoigne d'une largeur de vue qui ne restreint pas le livre à sa présentation extérieure.

G.K. Schauer étudie d'abord la typographie et l'architecture du livre. L'évolution de la fracture se ressent d'abord du style rococo ambiant ; si le clacis-sisme des années 1800 influe sur la typographie (offensive du caractère romain) et sur la présentation du livre (les œuvres de Wieland et de Klopstock, publiées par Göschen, ne sont pas sans rappeler le style Didot), la fracture n'en continuera pas moins à occuper une place importante dans la typographie allemande. La description de cette évolution est jalonnée par le rappel de l'œuvre des grands imprimeurs et éditeurs : J.G.I. Breitkopf (1718-1794) à Leipzig, J.F. Unger (1753-1804) à Berlin, G.J. Gôschen (1752-1828) à Leipzig, J.E. Walbaum (1768-1839) à Weimar, J.F. Cotta (1764-1832) à Tübingen. L'influence exercée par les écrivains sur la présentation de leurs œuvres est aussi étudiée.

C'est à W. Stubbe qu'appartient de traiter de l'illustration et des illustrateurs. Il étudie l'évolution des techniques, de la place de l'image dans le livre, des sujets et des styles, et replace l'illustration dans le contexte de l'histoire littéraire. Il n'entend pas faire une nomenclature des artistes, mais il insiste sur ceux qui occupent une place significative à tel ou tel point de vue. Daniel Chodowiecki et l'illustration sur cuivre, Von Cornelius et Schnorr von Carolsfeld et l'illustration héroïque, Bonaventura Genelli et le clacissisme ; la gravure sur bois prend des aspects différents lorsque l'on passe de Ludwig Richter à Moritz von Schwind, Alfred Rethel ou Adolphe Menzel ; Clemens Brentano, Friedrich Müller et E.T.A. Hoffmann sont trois types d'écrivains-illustrateurs ; le romantisme prend des formes diverses avec Johann Heinrich Ramberg, Theodor Hosemann, Alfred Schroedter et Johann Peter Lyser ; l'illustration du livre pour enfants est représentée par Otto Specker, Eduard Engelmann et Heinrich Hoffmann (dont le célèbre Struwelpeter ne paraîtra qu'en 1858).

Les périodiques et les almanachs ont joué un tel rôle dans la diffusion des idées au cours de la période envisagée, que P. Raabe leur consacre un chapitre particulier. Les uns et, surtout, les autres ne sont pas étrangers à l'art du livre, car ces volumes de petit format sont des exemples parfaits du goût et de l'expression de leur époque. P. Raabe dresse d'abord le panorama des périodiques de l'Aufklärung ; il en montre la diversité et la part qu'y ont pris de grands écrivains comme Lessing ou Wieland. Puis il évoque le début des almanachs à la fin du XVIIIe siècle, depuis le Musenalmanach publié à Göttingen pour l'année 1770. L'évolution des périodiques, puis celle des almanachs, est ensuite étudiée pour les périodes suivantes jusqu'au Biedermeier.

Ce recueil fait aussi une large place au livre pour enfants et en confie l'étude à K. Doderer et H. Müller, à qui l'on doit d'importants travaux sur ce sujet. 1 Pourtant un usage intensif et le long désintéressement des bibliothèques de conservation à leur égard ont fait des livres pour enfants des documents d'une grande rareté. Après un aperçu sur un siècle de cette littérature, les auteurs analysent la situation du jeune lecteur et étudient les différents genres de la littérature qui lui est destinée : livres religieux et images de la Bible, abécédaires, alphabets et livres de lecture, livres d'observation et leçons de choses, poésies pour enfants, ouvrages de morale, etc. Cette contribution se termine par une liste chronologique des principaux livres pour enfants parus au cours de cette période.

Traitant de la reliure, F.A. Schmidt-Künsemüller constate qu'elle manque d'originalité en cette période et participe peu à la régénération du livre allemand. Les reliures princières de l'époque rococo sont faites à Paris ou dans le style parisien. C'est dans les couvertures d'almanachs que se manifeste le mieux le retour au clacissisme, puis le goût Biedermeier. Au début du XIXe siècle, les relieurs sont très nombreux en Allemagne sans que s'en dégage une élite au point de vue de la créativité. Dès le XVIIIe siècle, beaucoup se sont expatriés en Angleterre et en Scan-dinavie ; aux temps romantiques, d'autres feront une brillante carrière à Paris, comme les Purgold, Trautz, Vogel ou Müller.

Les sociétés de lecture sont un phénomène typique de cette époque. Mme Prüsener et H.G. Göpfert montrent que toutes ont deux points communs : leur caractère fermé et le choix d'une production imprimée récente, si bien que certaines aliènent leur fonds quand il a perdu son actualité. Ces sociétés prennent plusieurs formes, soit qu'y prédomine la circulation des livres et des revues, soit qu'elles disposent d'un local que fréquentent leurs membres, soit que leur activité participe à ces deux formes. Très florissantes entre 1770 et 1810, elles se développent dans deux directions ; les unes se spécialisent dans une discipline particulière, alors que d'autres s'orientent vers le délassement et joignent diverses activités ludiques à la lecture. Les avis des libraires sont partagés à leur égard. Quant aux pouvoirs publics, ils ont soin de contrôler cette source de diffusion des idées nouvelles.

Due à R. Folter, la dernière contribution apporte une précieuse documentation sur le sujet. Elle donne d'abord la liste des catalogues d'antiquariat ou de vente publique, contenant la totalité ou une partie de la bibliothèque de 80 écrivains allemands de l'époque. Une seconde liste recense les catalogues similaires, intéressant l'ensemble ou un point particulier de la littérature allemande de 1750 à 1850.

Chaque contribution est suivie de notes et de références bibliographiques, et l'ouvrage se clôt par des index appropriés. Un second volume rassemble 360 reproductions destinées à illustrer le texte, et accroît la richesse documentaire d'un ouvrage dont il convient de souligner l'importance et un intérêt, dû autant à la variété des points de vue envisagés qu'à la pertinence avec laquelle ils sont traités.

  1. (retour)↑  Notamment : Das Bilderbuch / hrsg. von K. Doderer und H. Müller. Weinheim-Basel, 1973. - Voir : Bull. Bibl. France, décembre 1974, n° 2533.