III. 24 février - 5 mars 1977
Les établissements visités, au nombre de onze, comprenaient trois bibliothèques publiques, cinq bibliothèques universitaires, le « British Council » et sa bibliothèque, les services bibliographiques de la « British Library », puis les services et la bibliothèque de la « Library Association ».
Ces deux derniers établissements, ainsi que la bibliothèque municipale de Birmingham ayant été décrits dans le compte rendu du précédent voyage, nous nous consacrerons uniquement aux sept autres bibliothèques visitées.
Avant d'aborder la description détaillée de ces bibliothèques, quelques remarques s'imposent, qui rejoignent d'ailleurs celles qui ont été exprimées par les participants aux précédents voyages.
Tout d'abord, on est frappé par l'ampleur des moyens dont dispose dans son ensemble le système des bibliothèques anglaises. Cette remarque est valable pour les moyens en personnel, mais bien davantage encore pour les moyens financiers. Pour ne citer qu'un seul exemple, la bibliothèque publique de la Cité de Westminster compte disposer en 1977-1978 de 447 640 livres sterling uniquement pour ses dépenses de bibliothèque (achat de livres et de périodiques et reliure) et l'ensemble du budget que cette municipalité consacre à son service de lecture publique atteint près de 8 % de son budget total.
Ces moyens puissants permettent l'activité considérable que nous avons constatée dans toutes les bibliothèques visitées : consultations sur place, prêts de livres et d'autres formes de documents, prêts inter-bibliothèques atteignent à des chiffres extrêmement élevés, comme le montrent les tableaux que l'on trouvera plus loin.
Cependant, si l'importance des budgets constitue bien évidemment le facteur primordial d'une activité si frappante, ce serait simplifier la réalité que de croire qu'il en est le seul. Par delà les caractéristiques propres à chacune des bibliothèques visitées, il nous a paru que certains traits fondamentaux se dégageaient, qui pourraient avoir une large part dans la réussite que l'on constate.
Au premier plan de ces facteurs se situe, à notre sens, le parti pris, qui est général, du maximum possible de libre accès.
Cette politique varie dans son ampleur suivant les établissements, et les bibliothèques anciennes au fonds très riche (et aux locaux relativement insuffisants), comme par exemple la bibliothèque universitaire de Londres ou bien plus encore la « Bodleian Library », conservent la majorité de leurs fonds en magasins fermés.
Mais partout, tant dans les sections de référence des bibliothèques publiques que dans les bibliothèques universitaires, nous avons trouvé dans les salles de lecture (le plus souvent spécialisées) non seulement les ouvrages de base indispensables, conçus dans une optique très large, mais aussi un très grand nombre de livres récents dans la discipline.
Cet accès direct aux livres, libéré de l'intermédiaire obligatoire du personnel ou des catalogues, est sans nul doute une très forte incitation à la lecture, que celle-ci soit de pure distraction, d'information générale ou d'étude.
Le revers possible de cette disponibilité, le risque de vol des livres, existe certes, il est déploré par les responsables, qui tentent d'y remédier en installant de plus en plus fréquemment des dispositifs de contrôle, mais il semble moins aigu qu'en France, et il ne remet nullement en question la politique de base, dont la tradition est ancienne, et qui répond à l'attente des lecteurs.
C'est que ceux-ci, en effet, attendent beaucoup de leurs bibliothèques et c'est peut-être là, dans l'attitude du public en général, que l'on peut trouver un autre facteur non négligeable du dynamisme des bibliothèques anglaises.
La disponibilité dont les lecteurs font preuve vis-à-vis des bibliothèques, la facilité avec laquelle ils demandent aide ou renseignements, leur usage familier, en un mot, du réseau de lecture qui leur est offert, est un point qui nous a frappés, et dont on ne saurait s'étonner, lorsque l'on sait que la fréquentation des bibliothèques, par rapport au nombre d'habitants, est beaucoup plus forte en Angleterre qu'en France. Une grande partie de la population est ainsi habituée dès l'enfance à utiliser largement les ressources mises à sa disposition, et le poids de l'opinion impose que les moyens nécessaires soient attribués à ce service public.
A cette forte demande du public correspond une grande disponibilité du personnel.
Dans toutes les bibliothèques visitées, nous avons trouvé plusieurs bureaux de renseignements, dispersés dans les différentes salles ou zones de lecture, tous très actifs et suffisamment fournis en personnel pour pouvoir répondre efficacement aux demandes; les demandes de renseignements par lettres ou téléphone sont également très nombreuses dans beaucoup de bibliothèques. Les lecteurs sont par ailleurs aidés par des guides imprimés qui présentent clairement la topographie, les différents services et les ressources de la bibliothèque.
Pour assurer cette qualité du service public, le nombre relativement important du personnel est évidemment un atout considérable.
Mais il y a là aussi la conséquence d'un allègement des tâches matérielles, dont l'origine est sans doute diverse.
La réglementation administrative, d'une part, semble moins lourde et moins contraignante (par exemple, pour les procédures d'acquisitions, de règlement des factures, etc...), et par ailleurs, l'organisation de bien des services intérieurs témoigne d'un sens pratique très développé, qui ne s'embarrasse pas exagérément de minuties en définitive inutiles au bon fonctionnement de la bibliothèque.
D'autre part, la coopération entre les bibliothèques est un fait établi de longue date, dans beaucoup de domaines, ce qui permet certainement une économie de moyens et une meilleure utilisation des ressources.
Enfin, le développement rapide de l'automatisation correspond (une fois achevé le travail considérable de mise au point) à une libération certaine du personnel pour des tâches plus fécondes pour la bibliothèque et pour ses lecteurs.
Certes, il y a des ombres à ce tableau dans l'ensemble si enviable. Les difficultés de l'heure se font sentir en Angleterre comme ailleurs, et les bibliothèques en subissent le contrecoup : le bibliothécaire en chef de la Cité de Westminster se plaint, dans son rapport pour 1975/1976, d'avoir dû réduire assez considérablement les heures d'ouverture de nombre de ses sections par manque de personnel, la municipalité ne se hâtant pas, par souci d'économie, de pourvoir les postes vacants; à l'Université de Londres, la bibliothèque centrale est en train de constituer un catalogue collectif des cessations d'abonnements de périodiques, tant celles-ci sont devenues nombreuses dans l'ensemble des bibliothèques de l'université...
Mais, malgré les dangers que leur fait courir la conjoncture - dangers dont l'opinion s'inquiète et dont on parle dans la presse 1-, les bibliothèques se portent encore fort bien en Angleterre et l'on peut penser avec confiance que les lecteurs anglais, lecteurs privilégiés et habitués de longue date à l'être, sauront obtenir le maintien de cet état florissant.
Bibliothèques universitaires
University of Aston (Birmingham)
L'Université. - L'Université d'Aston fut d'abord un collège technologique qui, fondé dans les années 1890, devint en 1956 le premier des « Colleges of advanced technology » (équivalent de nos Instituts universitaires de technologie) et fut enfin érigé en université en 1966.
Ses nombreux bâtiments (bâtiments d'enseignements et de recherche, résidences universitaires, centres sociaux, sportifs, etc...) sont situés en pleine ville dans une ancienne zone industrielle qui a été déblayée pour permettre l'édification de ce campus.
Elle comprend environ 5 200 étudiants, 400 membres du corps enseignant, une centaine de personnel administratif.
Orientée essentiellement vers les sciences et les techniques, elle a cependant aussi des départements d'économie et de sciences sociales; l'ensemble des enseignements et de la recherche est réparti en quatre facultés (sciences, techniques de l'ingénieur, « management », sciences sociales et humanités) qui assurent des enseignements de Ier, 2e et 3e cycles.
La bibliothèque. - La bibliothèque est installée depuis Pâques 1975 dans un bâtiment neuf, situé au centre du campus : d'une superficie totale de 5 000 m2, haut de trois étages sur rez-de-chaussée, il offre 1 ooo places de lecteurs et 12 km de rayonnages, qui sont tous répartis aux différents niveaux, au milieu des aires de lecture. Il n'y a aucun magasin séparé.
Le fonds est actuellement d'environ 160 000 volumes et 2300 périodiques courants.
L'ensemble de ce fonds (périodiques reliés compris) est en libre accès, classé actuellement en CDU, mais cette classification n'ayant pas paru satisfaisante à l'usage, on est en train de le reclasser entièrement en Dewey. Les collections sont réparties par grandes disciplines entre les différents niveaux de la bibliothèque.
Locaux :
Le rez-de-chaussée comprend : vestiaire, petite zone d'exposition, zone pour les derniers numéros de périodiques, catalogues, banque de prêt, bureau central de renseignements, et l'essentiel des bureaux du personnel (y compris une belle salle de réunion pour le Conseil, et une agréable salle de détente). Le Ier étage est consacré aux sciences appliquées et aux techniques, le 2e aux sciences pures et à la médecine, tandis que le 3e regroupe les sciences humaines, les sciences sociales et la gestion.
De nombreuses facilités particulières ont été prévues : deux salles de séminaire sont utilisées principalement pour les séances d'initiation à la bibliothèque (mais peuvent être également utilisées par les lecteurs, sur demande); une salle est réservée au matériel audio-visuel; des carrels fermés (6 à chacun des 3 étages) sont disponibles sur demande pour les lecteurs utilisant un grand nombre d'ouvrages, et deux carrels supplémentaires sont équipés de machines à écrire. Enfin, chaque étage est équipé d'une photocopieuse en libre accès, en plus d'un service de photocopie sur commande géré par la bibliothèque.
Catalogues :
Les livres entrés avant 1972 sont répertoriés dans un catalogue sur fiches, qui comprend trois sections : auteurs, titres (pour tous les ouvrages) et systématique. Ce catalogue est disponible en un seul exemplaire au rez-de-chaussée.
Les livres entrés depuis 1972 font l'objet d'un catalogage automatisé, qui est disponible sous forme de microfilms en cassettes, et qui comprend deux sections : auteurs et titres (en un seul ordre alphabétique) et systématique. Les mises à jour sont mensuelles, et ce catalogue est disponible en 5 exemplaires, répartis sur les 4 niveaux. Deux lecteurs sont prévus pour chaque exemplaire du catalogue.
Les périodiques sont également traités par ordinateur, et leur catalogue est disponible en 8 exemplaires, sous forme de listings.
Enfin, on dispose de deux catalogues collectifs des bibliothèques de Birmingham, sur microfilms en cassettes : catalogue de tous les périodiques et catalogue des livres entrés depuis 1972.
Les études comparatives qui ont été menées au sujet du catalogage automatisé ont montré que le catalogue sur microfilm revenait infiniment moins cher à la bibliothèque (même avec refonte mensuelle) que le catalogue sur fiches.
Matériel audio-visuel :
La bibliothèque possède toute une gamme de matériel audio-visuel : microfilms, microcartes, microfiches, diapositives, vidéo-cassettes : les cassettes et les microfilms peuvent être empruntés, en même temps que des magnétophones et des lecteurs portatifs; les diapositives et les vidéo-cassettes se consultent sur place. Les films (200 environ) peuvent se voir sur place ou être empruntés par le corps enseignant ou par les associations d'étudiants.
Il y a une collection de disques, essentiellement de musique classique, pour l'audition sur place.
Initiation des lecteurs :
La formation des lecteurs nous a paru être particulièrement bien organisée à Aston. Il existe (comme dans toutes les bibliothèques visitées) un petit guide imprimé, clair et complet, et plusieurs bureaux de renseignements.
Mais on ne se contente pas de ce dispositif « passif » pour ainsi dire, et tout un programme d'éducation du lecteur a été mis sur pied. Des séances d'initiation, adaptées à chaque étape du cycle des études, ont lieu régulièrement dans les salles de séminaire : elles comprennent pour les étudiants de Ire année une petite conférence d'une vingtaine de minutes, avec projection de diapositives, et une visite de la bibliothèque; les programmes pour étudiants plus avancés sont destinés à leur enseigner comment constituer une bibliographie sur un sujet donné.
Au total, 70 à 80 % des étudiants assistent à l'une ou l'autre de ces séances, pour lesquelles la publicité est surtout faite par les enseignants, qui y envoient leurs étudiants.
Prêt :
Le prêt est organisé suivant un système classique de bulletins à volets; la réglementation en est large, tant pour le nombre de volumes que pour la durée, et il est très actif. Les ouvrages très demandés sont prêtés suivant un système de prêt de courte durée.
Le prêt inter-bibliothèques est également considérable, surtout pour les emprunts (13 ooo par an), comme on peut s'y attendre pour une bibliothèque récente au fonds encore limité.
Moyens :
Nous n'avons pas su les chiffres du budget. Le personnel comprend une cinquantaine de personnes.
Brunel university (Uxbridge, Middlesex)
L'Université. - Université récente, qui n'a que dix ans d'existence, l'université Brunel ne compte encore que 2 600 étudiants, mais on prévoit qu'elle atteindra dans un assez proche avenir jusqu'à 5 000 étudiants; on y enseigne les sciences sociales (droit, économie, psychologie, sociologie), et surtout les sciences et techniques de l'ingénieur (2/3 des étudiants).
Nommée d'après l'ingénieur d'origine française Isambard Kingdom Brunel, qui joua un rôle important dans la construction des chemins de fer et les constructions navales en Angleterre, c'est une université résolument orientée vers l'utilisation pratique des études entreprises : son cycle d'études est de cinq ans, car trois de ces cinq années comportent des stages de longue durée (6 mois) effectués soit dans l'industrie soit dans des services sociaux, dont les résultats comptent pour l'obtention du diplôme final. Ce système semble efficace, et les diplômés de Brunel paraissent s'insérer plus facilement dans la vie active que beaucoup d'étudiants sortis d'universités plus traditionnelles.
Le campus est situé pratiquement à la campagne, près de la petite ville d'Uxbridge.
La bibliothèque
Locaux :
La bibliothèque est installée dans un bâtiment neuf, qui a ouvert il y a trois ans, d'une superficie totale de 6 600 m2, répartis en quatre niveaux : deux étages sur un rez-de-chaussée surélevé (où se trouve l'entrée principale) et un demi sous-sol.
Les 1 200 places de lecteurs qu'elle offre sont mêlées à chaque étage aux rayonnages qui, dans leur état actuel, peuvent contenir 300 000 volumes, mais dont on peut augmenter la densité, car la capacité porteuse des sols a été calculée pour une forte proportion de rayonnages à chaque étage, et l'implantation des cloisons est très flexible. La bibliothèque a été prévue pour une capacité maximum de 500 ooo volumes et pourra abriter un personnel de 60 personnes.
Le rez-de-chaussée comprend la plus grande partie des services généraux : vestiaire, salle d'exposition, contrôle, banque de prêt, catalogues, zone de référence, zone de consultation des derniers numéros de périodiques, et la plus grande partie des bureaux du personnel.
Le demi sous-sol est consacré à 6 salles de séminaire et aux collections de lettres et arts, tandis que les Ier et 2e étages abritent la plus grande partie des places de lecture et du fonds, les sciences et techniques occupant le Ier et les sciences sociales le 2e étage. Des carrels sont disponibles à ces étages, ainsi qu'une pièce équipée de machines à écrire.
Dans l'ensemble de la bibliothèque, les zones de lecture, les rayonnages et les bureaux du personnel sont mêlés, formant des ensembles qui ne sont jamais trop grands et dont l'implantation variable suivant les étages et les zones évite toute monotonie. On peut regretter cependant que les fenêtres, assez parcimonieusement distribuées, rendent l'ensemble un peu sombre.
Fonds :
Le fonds compte 140 000 volumes et 1 800 périodiques courants, les entrées annuelles s'élèvent à 15 000 volumes.
L'ensemble des collections (livres et périodiques) est disponible en libre accès, classé suivant la classification de la Bibliothèque du Congrès.
Un fonds assez important de microformes (microfilms, microcartes et microfiches) est réservé en général à la lecture sur place; l'équipement comprend un lecteur-reproducteur permettant d'obtenir des tirages directement lisibles.
Catalogues :
Le système de catalogage adopté est celui du catalogage à la source : la bibliothèque est abonnée au service de vente de fiches de la Bibliothèque du Congrès; le délai de réception des fiches commandées est de six semaines, elles sont reçues sous forme de microfiches, dont on tire des listings; ceux-ci sont ensuite copiés sur des fiches normales par une dactylo, car le catalogue, sous sa forme définitive, est encore traditionnellement sur fiches.
L'abonnement au service de la Bibliothèque du Congrès permet de traiter 80 % des entrées; pour les titres anciens, on photocopie la fiche sur le catalogue imprimé du Congrès, et on la fait copier par une dactylo.
Ce système supprime, pour la très grande majorité des livres, l'intervention d'un personnel qualifié pour l'établissement du catalogue, mais il nécessite quand même l'intervention manuelle et répétitive (avec ses risques d'erreur) pour la frappe des fiches, et il a l'inconvénient, par rapport au catalogue sur microfilm, de ne mettre à la disposition des lecteurs qu'un seul catalogue pour l'ensemble de la bibliothèque.
C'est cependant, nous a-t-on dit, un système qui permet de grosses économies de personnel et d'argent.
Matériel audio-visuel :
Le fonds d'audio-visuel est constitué essentiellement par des vidéo-cassettes de cours, au nombre de 1 ooo environ. Ces cours, qui sont faits spécialement pour être enregistrés en vidéo, proviennent pour un tiers de l'université Brunel elle-même et pour un tiers de la « Open University » (université de télé-enseignement, créée très récemment et qui semble prendre beaucoup d'ampleur), le reste venant d'autres universités.
Il semble que ces cours sur vidéo-cassettes soient devenus une forme d'enseignement très répandue en Angleterre, on en fabriquerait environ 25 000 par an au niveau universitaire.
Ils sont très demandés, et ne sortent pas de la bibliothèque.
Prêt :
L'ensemble du fonds est disponible pour le prêt, dont le règlement, très libéral, est à peu de chose près le même que celui d'Aston : 6 volumes pour les étudiants, 10 pour le corps enseignant et les chercheurs - sans compter les prêts de courte durée et le matériel audio-visuel -, pour une durée de trois mois; les ouvrages demandés par un autre lecteur sont réclamés au bout de deux semaines.
Le prêt est entièrement automatisé : enregistrement sur ordinateur avec résultats journaliers, possibilité de repérage des emprunteurs et des livres.
Il est très actif (132 000 volumes en 1975, plus 20 000 prêts de matériel audio-visuel), de même que le prêt inter-bibliothèques (13 ooo emprunts); ce dernier utilise une liaison télex avec la « British Library Lending Division », ce qui, nous a-t-on dit, revient beaucoup moins cher que la poste.
Parmi les dispositifs automatisés, il faut noter également une comptabilisation des entrées par un œil électronique et un contrôle magnétique à la sortie ainsi qu'un vestiaire obligatoire équipé de casiers fermés par un système électrique.
Moyens :
Le budget de la bibliothèque pour 1976 a été de 165 000 Livres sterling pour les dépenses de bibliothèque (acquisitions de livres et de périodiques, reliure), d'une somme approximativement semblable pour les salaires du personnel et de 1 900 Livres sterling pour les dépenses d'équipement.
Le personnel est composé de 34 personnes, dont 10 conservateurs.
University of London Library
On peut faire remonter l'origine de la Bibliothèque universitaire de Londres à un don de livres que l'université accepta en 1838, mais son véritable développement date des années 1870.
Bibliothèque centrale de l'université de Londres, elle est encyclopédique, mais son fonds - un million de volumes, 5 ooo périodiques courants - est cependant nettement plus orienté vers les lettres et les sciences humaines.
Elle a connu plusieurs déménagements au cours de son histoire jusqu'à son installation en 1938 dans les locaux qu'elle occupe actuellement à « Senate House », dans le quartier de Bloomsbury. Dans cet immeuble, qui abrite également la Chancellerie et les services centraux de l'université, la bibliothèque dispose de locaux répartis sur 6 étages et d'une tour centrale de magasins.
Locaux :
Elle ne comporte pas de grande salle de lecture, et les 600 places qu'elle offre à ses lecteurs sont réparties en un grand nombre de salles de dimensions modérées. Certaines de ces salles sont réservées à un genre de documents : salles de référence et de bibliographie, de paléographie, des périodiques, ou abritent des collections spéciales particulièrement importantes; les autres sont des salles spécialisées par disciplines, dans lesquelles une partie importante du fonds (livres et périodiques) est offerte en libre accès, classée suivant la classification de Bliss : salles de géographie et de géologie, d'histoire européenne, de psychologie et de sociologie, etc...
La politique de la bibliothèque est de développer au maximum ces salles spécialisées, et il y a un projet pour ouvrir deux nouvelles salles (pour les études anglaises et les études romanes) à l'occasion d'un prochain agrandissement. En attendant, les disciplines qui ne disposent pas encore de salles spécialisées sont regroupées sur deux étages, où les lecteurs peuvent trouver un grand nombre de livres (mais non de périodiques) en libre accès, notamment des collections plus particulièrement destinées aux étudiants de Ier cycle.
Comme la plupart des bibliothèques anciennes situées en pleine ville, la bibliothèque universitaire de Londres souffre de l'insuffisance des locaux. Les 6 étages de magasins sont pleins, et l'on a dû créer, vers 1960, un dépôt annexe à Egham, dans le Surrey. Ce dépôt, qui est commun à toutes les bibliothèques de l'université de Londres (bibliothèque centrale, mais aussi nombreuses bibliothèques des collèges, des instituts, des facultés : une soixantaine en tout) abrite actuellement 110 000 volumes environ appartenant à la bibliothèque centrale.
Les inconvénients de ce dépôt extérieur sont très atténués par la rapidité des communications : une liaison par télex et un service quotidien de camionnette permettent d'avoir l'après-midi même à la bibliothèque centrale un livre demandé avant midi. 2 800 volumes furent ainsi mis à la disposition des lecteurs en 1974/75.
Fonds audio-visuel :
La bibliothèque universitaire de Londres ne possède pas une gamme de documents audio-visuels aussi variée que celle de BU plus récentes.
Cependant, sa salle de musique possède une collection de 7 600 disques, et les enseignants et les étudiants en histoire de l'art disposent d'une très belle collection de diapositives (292 000), dont le système de classement mérite une mention spéciale pour sa maniabilité.
Les diapositives sont glissées dans les rainures de petits cadres en bois (fabriqués spécialement pour la bibliothèque) qui peuvent en contenir une vingtaine; ces cadres sont classés debout sur les rayons, suivant l'ordre alphabétique du titre qui est marqué sur la tranche (par exemple, un cadre de diapositives de Van Gogh se trouvera immédiatement à Van Gogh, la cathédrale de Chartres à Chartres, des diapositives sur les chapiteaux romans à ce mot, etc...). Ce classement alphabétique par sujet dispense de tout catalogue, et les lecteurs peuvent voir tout de suite si la bibliothèque possède des diapositives sur le sujet qui les intéresse. Pour voir les diapositives elles-mêmes, il n'est pas nécessaire de les retirer de leur cadre : on pose simplement celui-ci sur un écran lumineux, ce qui permet de ne retirer que les diapositives que l'on aura choisies.
Ce système de classement, qui n'a comme inconvénients que le prix assez élevé des cadres et une conservation des diapositives sans doute moins bonne que dans des boîtes ou des tiroirs, est d'une extrême commodité d'emploi, qui se traduit par un très grand taux d'utilisation : 130 000 diapositives ont été empruntées en 1974/75 par des enseignants pour leur cours, les étudiants ne pouvant que les consulter sur place.
Collections particulières :
La bibliothèque universitaire de Londres est également riche de nombreuses collections spéciales, dont nous ne mentionnerons que les plus importantes.
La « Goldsmiths' Library » est une très importante collection d'ouvrages anciens d'histoire économique dont la Corporation des Orfèvres fit don à la bibliothèque en 1903 : c'est à la suite de ce don que le Conservateur en chef de la bibliothèque universitaire de Londres porte le titre de « Goldsmiths' Librarian ». Son catalogue est en cours de publication.
La « Sterling Library » est une collection d'éditions originales et d'éditions anciennes de littérature anglaise; la « Durning-Lawrence Library », une collection de littérature anglaise des XVIe et XVIIe siècles, etc...
Organisation des services intérieurs :
En ce qui concerne les services techniques, la bibliothèque universitaire de Londres dispose d'un atelier de reliure et d'un service photographique (en plus des machines à photocopier disponibles en self-service dans les salles de lecture), et elle utilise le Flexowriter pour la reproduction de ses fiches, mais elle ne s'est pas encore lancée dans une automatisation plus poussée : les catalogues sont sur fiches, les prêts sont enregistrés sur des bulletins remplis à la main par les lecteurs et classés manuellement (uniquement par auteurs : il n'y a pas de volet classé par emprunteurs), le contrôle à la sortie se fait par un tourniquet installé récemment et l'ouverture (occasionnelle) des serviettes.
Catalogues collectifs :
Cependant, si l'automatisation n'est guère encore installée dans les faits à la bibliothèque centrale, elle fait l'objet, depuis déjà plusieurs années, d'études très poussées dans divers domaines au niveau de l'ensemble des bibliothèques de l'université de Londres. Ces études sont menées par un personnel spécialisé dans l'automatisation, sous l'égide du service central des bibliothèques de l'université de Londres (Central Library Services), structure de coordination et d'étude mise en place officiellement en 1974, suivant un projet élaboré durant les années 1968 à 1971.
Parmi les projets en cours de réalisation, on peut citer un catalogue collectif des périodiques des bibliothèques de l'université de Londres (programme Télé MARC prenant comme base les données entrées sur ordinateurs par le service coopératif de Birmingham : BLCMP), qui est pratiquement achevé, et un plan de coopération pour le traitement par ordinateur des acquisitions, du catalogage et du prêt, qui en est actuellement au stade de l'étude.
Activité :
En dépit de problèmes assez difficiles de locaux, de personnel et de budget auxquels elle est confrontée actuellement (problèmes assez comparables, sauf pour les moyens financiers, très nettement supérieurs, à ceux que connaissent les grandes bibliothèques universitaires parisiennes), la bibliothèque universitaire de Londres connaît une activité considérable : 27 000 volumes entrés en 1974/75, 23 000 lecteurs inscrits, 149 000 volumes prêtés aux personnes, 5 800 volumes prêtés à d'autres bibliothèques.
Elle est un exemple de bibliothèque universitaire ancienne et riche, assez traditionnelle encore dans son organisation générale, et en cela assez comparable aux grandes bibliothèques universitaires françaises, à cette exception près que le parti pris d'un maximum de libre accès permet à ses lecteurs un usage beaucoup plus aisé des ressources qu'elle met à leur disposition.
Radcliffe Science Library (Oxford)
La « Radcliffe Science Library » fait partie depuis 1927 du réseau de la « Bodleian Library ». C'est la principale bibliothèque scientifique et médicale de l'université d'Oxford.
Historique :
L'origine de la « Radcliffe Library » est un legs de John Radcliffe, célèbre médecin de la reine Anne : ce legs prévoyait l'édification d'une bibliothèque à Oxford et une fondation perpétuelle pour son entretien.
La bibliothèque, la « Radcliffe Camera », élégant bâtiment rond à coupole, .dessiné par l'architecte James Gibbs, fut ouverte en 1749. Le testament de Radcliffe ne prévoyait aucune spécialisation de la bibliothèque qu'il voulait fonder, ni aucun lien de celle-ci avec la « Bodleian Library » et pendant longtemps la « Radcliffe Library » fut une bibliothèque encylopédique indépendante. Son développement fut d'ailleurs lent pendant au moins toute la fin du XVIIIe siècle.
En 1811, les administrateurs de la fondation Radcliffe décidèrent de ne plus .acheter que des livres de médecine et de sciences naturelles : c'est là l'origine de l'actuelle bibliothèque Radcliffe, en tant que bibliothèque scientifique.
La prochaine étape importante dans l'histoire de la « Radcliffe Library » se situe en 1860 : à la suite d'un accord conclu entre les administrateurs de la fondation et l'université, tout le fonds scientifique fut transféré dans les nouveaux bâtiments du Museum, ce qui permit de prêter la bibliothèque ainsi libérée à la Bodleian, afin de lui servir de salle de lecture.
A partir de cette date, le bâtiment issu de la générosité de Radcliffe, la « Radcliffe Camera », est donc lié au destin de la « Bodleian Library », tandis que le fonds scientifique, la « Radcliffe Library », continue de s'accroître indépendamment. Cet accroissement prit une grande ampleur dans la dernière partie du XIXe siècle .et nécessita un nouveau déménagement, qui eut lieu en 1903.
Cependant, les fonds prévus par Radcliffe pour l'entretien de sa bibliothèque devenaient tout à fait insuffisants pour faire face à la masse de la production scientifique, ce qui amena les administrateurs de sa fondation à conclure en 1927 un dernier accord avec l'université : la « Radcliffe Camera » fut définitivement donnée à la « Bodleian Library », qui prit également en charge la « Radcliffe Library », dont elle fit sa section scientifique et à laquelle elle attribua dès lors tous les ouvrages scientifiques reçus par dépôt 1.
Locaux :
Les locaux actuels de la « Radcliffe Science Library » sont ceux qui avaient été construits pour elle en 1902-1903, mais deux agrandissements ont eu lieu depuis cette date.
Une première série de travaux, inaugurée en 1934, avait ajouté à l'ancien bâtiment (qui comportait essentiellement deux salles de lecture et un magasin, en deux étages sur entre-sol) deux nouvelles salles de lecture, une salle de réserve et une salle de conférences, ainsi qu'un magasin de trois étages, d'une capacité de 200 000 volumes. Ce bâtiment, accolé à angle droit au bâtiment primitif, communique avec lui à tous les étages.
Un nouvel agrandissement, souterrain celui-ci, a eu lieu tout récemment : il apporte une grande salle de lecture (300 places) et des magasins centraux, équipés de compactus manœuvrables à la main, qui peuvent contenir 500 000 volumes. La salle de lecture, dont l'ameublement et la décoration sont particulièrement réussis, est divisée par des rayonnages en trois zones de travail, spécialisées par disciplines. Cet agrandissement, ouvert en 1975, porte la capacité totale de la bibliothèque à 600 places de lecteurs et 22 km de rayonnages.
Fonds :
Le fonds couvre toutes les disciplines scientifiques, y compris la médecine; il comprend actuellement 600 000 volumes et 20 000 titres de périodiques, dont 9 ooo courants.
Environ 500 000 volumes sont conservés en magasins, classés selon la classification de la « Bodleian Library » : classification numérique par larges sujets : la bibliothèque Radcliffe dispose des numéros 150 à 1999. (Exemple : 1535 : psychiatrie. E = format + numéro d'entrée.)
Le plus grand nombre des livres nouveaux est mis en libre accès; au nombre de 100 000 environ (dont 50 000 pour la section médecine-biologie), ils sont classés suivant d'autres systèmes plus affinés et répartis entre les différentes salles spécialisées, où ils occupent des rayonnages en épis qui divisent ces salles, assez grandes, en alvéoles de travail accueillants.
Deux grandes salles sont en cours de réaménagement pour les sciences de la vie, actuellement réparties sur deux étages.
Catalogues :
Il y a un catalogue sur fiches par auteurs et, pour la section de médecine-biologie, un catalogue des congrès par mots-clefs, mais pas de catalogue analytique; celui-ci est remplacé, pour les livres en libre accès, par un index des classifications utilisées.
Les fiches sont reproduites par Flexowriter, ce qui permet de faire figurer dans la salle des catalogues de la Bodleian un double complet du catalogue auteurs.
On dispose d'un catalogue collectif des périodiques de toutes les bibliothèques scientifiques et médicales d'Oxford; ce catalogue collectif (Union list of serials in the science area, Oxford. Stage II), a paru en 1970, avec un supplément en 197I.
Il y a également un ou deux autres catalogues collectifs de périodiques, plus spécialement consacrés à la médecine, et qui incluent les hôpitaux d'Oxford.
Activité :
Bibliothèque de référence et de consultation sur place, la « Radcliffe Science Library » est ouverte à tous les étudiants d'Oxford.
Environ 2 000 nouveaux lecteurs s'inscrivent tous les ans, et le nombre total des lecteurs inscrits s'élève à 10 000, car les anciens étudiants peuvent continuer à utiliser la bibliothèque. Environ la moitié des lecteurs inscrits fréquentent la bibliothèque régulièrement.
Malgré le grand nombre de salles, où aucune surveillance n'est exercée, il ne semble pas que les pertes de livres soient très importantes : un guichet à la sortie, où l'on fait ouvrir les serviettes, semble suffisant.
Le personnel est d'environ 50 à 55 personnes, dont 38 conservateurs ou bibliothécaires ; une dizaine de magasiniers suffisent pour le rangement des livres en libre accès et les communications (assez restreintes) des collections conservées en magasins.
Bodleian Library (Oxford)
Nous traitons de « la Bodleian Library » parmi les bibliothèques universitaires bien que, seconde bibliothèque du Royaume-Uni dans pratiquement tous les domaines (après le « British Museum ») elle dépasse très largement le cadre d'une simple bibliothèque universitaire.
Historique :
La première bibliothèque de l'ensemble de l'université d'Oxford (indépendamment des bibliothèques des collèges) fut l'œuvre de Thomas Cobham, évêque de Worcester, qui fit don vers 1320 des fonds nécessaires à sa construction. Cette bibliothèque, qui était située près de l'église de l'université, fonctionna jusque vers le milieu du xve siècle, mais elle devenait insuffisante pour abriter les collections croissantes de manuscrits qui lui étaient données par de généreux mécènes, au premier rang desquels se trouvait Humfrey, duc de Gloucester, frère de Henry V.
L'université, qui était en train de bâtir une école de théologie, décida donc d'élever au-dessus de celle-ci une nouvelle bibliothèque digne d'accueillir ces collections.
Cette très belle salle, qui fut ouverte en 1489, existe toujours, elle continue d'être désignée sous le nom de « bibliothèque du duc Humfrey », et elle sert actuellement de salle de Réserve et de manuscrits, tandis que l'ancienne école de théologie, au rez-de-chaussée (qui est une des plus belles salles médiévales d'Oxford, avec un magnifique plafond à voûtes en éventail) sert de salle d'exposition.
Mais si la salle du duc Humfrey existe toujours, les collections qu'elle abritait furent dispersées peu après leur installation, pour des raisons diverses et complexes... en 1556, il ne restait que le bâtiment, vidé de tous ses trésors et même de ses meubles et de ses rayonnages.
L'université d'Oxford resta sans bibliothèque centrale pendant une cinquantaine d'années, et c'est donc une fondation entièrement nouvelle que Thomas Bodley, ancien diplomate retiré des affaires publiques, entreprit en 1598. La salle du duc Humfrey fut entièrement restaurée, puis refournie en livres, dons, partie de Bodley lui-même, partie d'autres origines. Le premier bibliothécaire, Thomas James, fut nommé, et la bibliothèque ouvrit officiellement en 1602.
A partir de cette date, l'histoire de la « Bodleian Library » est celle d'un enrichissement continu et très rapide, qui nécessita très vite des agrandissements.
Deux ailes furent ajoutées perpendiculairement à chacun des bouts de la salle du duc Humfrey, l'une (« Arts End ») en 1612, l'autre en 1630 (« Selden End »);, par ailleurs, lorsque l'université construisit les bâtiments de la Cour des Écoles (« Schools Quadrangle ») en 1613-1619, destinés à abriter les cours des diverses facultés, elle réserva dès l'origine les étages supérieurs à la Bodleian, afin de lui servir de magasins.
Ce très rapide accroissement de la Bodleian fut dû en partie à de nombreux et importants dons de livres ou de manuscrits, mais aussi à un accord conclu dès 1610 entre Bodley et la Corporation des Papetiers, par lequel ceux-ci s'engageaient à envoyer à la Bodleian un exemplaire de chacun des livres qu'ils publieraient.
Cette préfiguration du dépôt légal (qui fut confirmée par tous les actes qui vinrent par la suite réglementer le copyright) a donc permis à la Bodleian de recevoir continûment depuis 1610 l'ensemble de la production anglaise, soit 150 ans avant la fondation du « British Museum ».
Les étapes ultérieures du développement de la Bodleian furent nombreuses, nous les citerons très rapidement : au cours du xixe siècle, elle prit peu à peu possession de l'ensemble des bâtiments de la Cour des Écoles; en 1860, elle reçut des administrateurs de la fondation Radcliffe la disposition de la « Radcliffe Camera », qui devint sa salle de lecture principale (ce prêt devint un don définitif en 1927); en 1912, un magasin souterrain fut construit entre la « Radcliffe Camera » et la Bodleian et relié par un tunnel à l'une et à l'autre; de 1936 à 1939, une nouvelle bibliothèque fut construite : elle comprend un magasin central de II étages, des salles de lecture, une salle des cartes et plans, et des bureaux. Séparée de l'ancienne bibliothèque par une route et une cour, elle est reliée à celle-ci par un tapis roulant souterrain et des monte-charges, qui amènent les livres du magasin principal au vieux bâtiment, où se trouvent encore la plupart des salles de lecture pour les lettres et les sciences humaines.
Indépendamment de cet accroissement propre, un certain nombre de bibliothèques spécialisées furent peu à peu rattachées à la Bodleian par des liens plus ou moins étroits : ce fut le cas, nous l'avons vu, de la « Science Radcliffe Library », plusieurs autres bibliothèques (Indian Institute Library, Rhodes House Library, entre autres) font ainsi actuellement partie du « complexe » de la Bodleian, qui a de plus ouvert une section de droit en 1964.
Enfin, un dépôt, situé à 8 km d'Oxford, abrite la littérature enfantine et un certain nombre de périodiques techniques.
Fonds :
Ces nombreux bâtiments ne sont pas de trop pour abriter les très riches collections de la Bodleian : environ 3 500 000 ouvrages, 70 ooo manuscrits, 850 000 cartes, etc...
Le fonds est particulièrement riche en théologie, en histoire, en philosophie, en histoire des sciences; la musique est également très bien représentée, surtout depuis que la bibliothèque a reçu en don, il y a quelques années, une des plus importantes collections privées de musicologie du monde.
L'accroissement des collections se fait par le dépôt légal pour la production anglaise; pour les publications étrangères, le choix est fait pour la plus grande partie par le personnel responsable de la bibliothèque, avec l'aide de comités des Facultés, qui se réunissent deux ou trois fois par trimestre.
La politique d'achat est essentiellement axée sur l'ensemble des sciences humaines; de temps en temps, des subventions spéciales du gouvernement permettent un effort particulier dans tel ou tel domaine, ce fut le cas, il y a une dizaine d'années, pour les études latino-américaines. Le budget, en effet, vient entièrement de l'état, par l'intermédiaire de l'université.
Un service d'échanges avec l'étranger est en relation avec de très nombreuses universités dans le monde, il est particulièrement actif avec les pays de l'Europe Centrale.
Enfin, il ne faut pas oublier les accroissements par dons ou legs, que le prestige de la Bodleian continue d'attirer en grand nombre. Ce sont le plus souvent des dons de livres ou de collections entières, mais aussi quelquefois des dons en argent : c'est ainsi que les droits d'auteur de Kenneth Graham sont versés à la Bodleian.
Organisation administrative :
La Bodleian est administrée par un Conseil d'administration (« Board of Curators ») qui comprend ex-officio le Vice-Chancelier de l'université et les Proctors, ainsi que 15 autres professeurs élus par l'université. Ce conseil se réunit deux fois par trimestre. Un comité permanent de 5 ou 6 membres se réunit toutes les semaines.
Elle est dirigée par son Conservateur en chef, qui porte le titre de « Bodley's Librarian »; celui-ci, qui n'est pas obligatoirement un bibliothécaire de profession, est assisté d'un conservateur en chef adjoint (« Deputy Librarian ») et de 6 « officers » qui dirigent chacun un département (imprimés, manuscrits, cartes et plans, etc.).
Le personnel (400 personnes en tout) comprend de 70 à 80 conservateurs, tous fonctionnaires de l'État.
Organisation des services intérieurs :
Entrées. - Les ouvrages entrés par dépôt légal sont d'abord cochés sur la British national bibliography, ce qui permet de réclamer les ouvrages non déposés : depuis quelques années, on veille beaucoup plus systématiquement à ne pas laisser échapper des ouvrages devant entrer par dépôt.
Les livres reçus par dépôt ne font pas l'objet d'une inscription sur des registres d'entrée, ils sont simplement enregistrés par cotes, suivant la classification propre de la Bodleian. Le système de classification actuellement utilisé date des années 1880, mais il y eut plusieurs stades antérieurs.
Après cette vérification, les livres arrivés sont laissés pendant une semaine disponibles sur des tables et des rayonnages, afin de permettre aux responsables des diverses salles de lecture (salles spécialisées par disciplines) de choisir les ouvrages qu'ils désirent mettre en libre accès dans leur salle : ils mettent une fiche dans les livres choisis, qui leur seront envoyés après catalogage.
Inventaire. - Comme on peut s'y attendre pour une bibliothèque de cette importance et de cette ancienneté, l'inventaire du fonds de la Bodleian est assez complexe.
L'inventaire des imprimés en caractères latins et slaves comporte plusieurs séries chronologiques.
Une série de catalogues imprimés recense les livres entrés avant 1860. A partir de 1860, le catalogue est constitué de gros volumes, sur lesquels de petites étiquettes, portant les caractéristiques des ouvrages, sont collées à leur place alphabétique.
Il y a une première série de ces volumes, qui va jusqu'en 1919; la deuxième série, qui commence en 1920, est encore vivante actuellement.
Depuis quelques années, on a entrepris la mise sur ordinateur et l'édition sous forme de listings de cette dernière série.
Si nous avons bien compris le système actuel, les livres qui entrent actuellement à la Bodleian font l'objet, soit d'un catalogage automatisé (bordereaux remplis par des bibliothécaires et transmis au service des ordinateurs) soit d'un catalogage à l'ancienne mode (petites étiquettes collées sur les volumes) suivant qu'ils appartiennent, par leur ordre alphabétique, à la partie du catalogue de 1920 qui est déjà éditée sur ordinateur ou à celle qui ne l'est pas encore.
Le catalogue des périodiques est sur fiches, ainsi que les catalogues topographiques. L'ensemble des catalogues de la Bodleian est logé dans une salle spéciale, mais il y a dans chaque salle de lecture un catalogue sur fiches des ouvrages qui y sont disponibles en libre accès.
Catalogues collectifs. - Outre le catalogue des périodiques scientifiques dont nous avons parlé à propos de la « Radcliffe Library », il existe un catalogue collectif des périodiques de toutes les bibliothèques d'Oxford, depuis 1925, qui a été publié, et dont le fichier de base, tenu à jour depuis la dernière publication, est disponible à la Bodleian. Il y a également quelques catalogues collectifs de périodiques sur des sujets plus limités (périodiques en arabe, notamment).
En ce qui concerne les livres, un catalogue collectif est en cours de constitution pour les livres antérieurs à 164I (« Inter-collegiate catalogue »).
Une autre entreprise d'envergure est très sérieusement à l'étude : elle rassemblerait tous les ouvrages antérieurs à 180I possédés par le « British Museum » et les bibliothèques de Cambridge et d'Oxford (projet LOC).
Activité :
La Bodleian est d'abord la bibliothèque universitaire centrale d'Oxford, et à ce titre, l'essentiel de ses lecteurs est formé par les enseignants, les chercheurs et les étudiants de l'université.
La moitié environ des 13 000 étudiants que compte Oxford s'inscrit à la Bodleian.
Cette proportion peut paraître relativement peu importante, mais il ne faut pas oublier que les étudiants en sciences disposent de la « Radcliffe Library », ceux en droit de la « Bodleian Law Library », et que par ailleurs, Oxford offre à ses étudiants près d'une centaine d'autres bibliothèques (bibliothèques des collèges, des instituts, des départements, des facultés) dont certaines sont fort importantes : la « Taylor Institution Library », par exemple, spécialisée dans les langues et les littératures étrangères, offre un fonds de 250 000 volumes et 600 périodiques courants.
Bibliothèque de l'université d'Oxford, la Bodleian est également ouverte à un public extérieur à celle-ci. Pendant l'année scolaire, elle peut être fréquentée par tout lecteur qui justifie d'une recherche sérieuse à y effectuer. Pendant les vacances universitaires, elle est plus largement ouverte, et tout étudiant d'une université, aussi bien étrangère qu'anglaise, peut y avoir accès.
Bibliothèque de référence et de lecture sur place, uniquement, elle offre 1 300 places, réparties en un grand nombre de salles de lecture, en général spécialisées par disciplines.
La « Radcliffe Camera » comporte deux salles, surtout fréquentée par les étudiants de Ier et 2e cycles, et certaines sections spécialisées, notamment dans les études latino-américaines.
Les bâtiments de la Cour des Écoles abritent de nombreuses salles, parmi lesquelles nous avons vu celles consacrées à l'histoire et aux études anglaises.
Dans toutes ces salles, un grand nombre d'ouvrages de référence et de livres nouveaux sont offerts en libre accès.
Les lecteurs peuvent également demander les livres conservés en magasins. Les demandes sont transmises par un réseau de tubes pneumatiques et les livres, acheminés par les tapis roulants et les monte-charges, sont remis au lecteur, à sa place numérotée, dans l'heure qui suit sa demande.
Les magasins comportent en général des rayonnages traditionnels, mais le magasin en sous-sol de la « Radcliffe Camera » est équipé d'un des plus anciens systèmes de rayonnages compacts qui soient : inventé par Gladstone lors d'une visite qu'il fit à la bibliothèque en 1883, ce système (rayonnages métalliques ajourés suspendus à des rails au plafond) fut réalisé selon ses dessins et installé en 1910.
Expositions :
Un dernier aspect de l'activité de la Bodleian doit être mentionné. Ses très riches collections (imprimés anciens et manuscrits, collection d'éphémérides, très belle collection de portraits également, etc.) se prêtent particulièrement bien à une exploitation « muséologique ».
Aussi présente-t-elle constamment plusieurs expositions. Une exposition permanente, dans l'ancienne salle de théologie, permet d'admirer les plus précieux trésors de la bibliothèque. Des expositions temporaires (toujours au moins deux) sont également organisées. L'une de celles que nous avons vues lors de notre visite au printemps de 1977 commémorait l'introduction de l'imprimerie en Angleterre par William Caxton en 1477, tandis que l'autre, organisée en l'honneur du jubilé de la reine, illustrait les rapports de la royauté et de l'université d'Oxford au cours des siècles.
Bibliothèques publiques
Westminster City Libraries (Londres).
Historique :
La première loi sur les bibliothèques municipales date de 1850, elle autorisait les municipalités à consacrer une part de leurs ressources à l'établissement d'un service de bibliothèque pour leurs administrés, mais n'en faisait pas une obligation. La cité de Westminster fut la première des municipalités de Londres à utiliser cette possibilité en créant, dès 1857, une bibliothèque publique qui était située derrière l'abbaye de Westminster.
Bien des étapes ont marqué le développement de la bibliothèque municipale de Westminster depuis ce lointain début; la dernière, en date de 1965, est la conséquence d'une loi votée en 1963 qui a réorganisé la structure administrative de Londres : aux quelques 80 administrations municipales (très variables en importance et en ancienneté) que comptait Londres et sa proche banlieue, on a substitué 32 circonscriptions nouvelles (« boroughs »), entre lesquelles sont distribués à peu près également les 8 millions d'habitants du grand Londres.
Les bibliothèques municipales ont naturellement suivi le sort des administrations locales dont elles dépendaient : un grand nombre d'entre elles ont été amenées à fusionner, et par conséquent à se réorganiser. C'est ainsi que la bibliothèque de la Cité de Westminster a fusionné avec celles des anciennes circonscriptions métropolitaines de St. Marylebone et de Paddington 1.
Activité :
Dans son état actuel, le complexe de la bibliothèque publique de Westminster comprend 18 bibliothèques, qui desservent une population totale de près d'un million de personnes, car aux 220 000 résidents de la cité de Westminster s'ajoutent près de 750 000 personnes qui travaillent ou poursuivent des études dans cette circonscription.
A ce million de lecteurs potentiels, la bibliothèque offre un fonds total de 1 300 ooo volumes, de 600 ooo autres documents et de 45 000 disques et cassettes, fonds qui est intensivement utilisé, comme le montrent ces quelques chiffres notés dans le rapport annuel pour 1975-1976 : 600 000 consultations sur place, 3 231 000 prêts de livres, 293 000 prêts de disques et de cassettes, 14 000 prêts de diapositives, 17 000 prêts à d'autres bibliothèques.
Outre les activités traditionnelles de toute bibliothèque municipale : bibliothèque de référence, section de prêt pour adultes et bibliothèque pour enfants dans chacune des sections; participation aux très nombreuses manifestations culturelles dont ce quartier central de Londres est le siège, organisation d'expositions, etc., la bibliothèque de Westminster possède des richesses particulières fort importantes et assure un certain nombre de services spéciaux.
Fonds particuliers :
Tout d'abord, la bibliothèque municipale de Westminster est également le dépôt des archives de cette circonscription, et son bibliothécaire en chef assure les fonctions d'archiviste de la cité.
Ce fonds, très important, car il comprend les archives municipales, religieuses et juridiques, s'accroît régulièrement des archives publiques et du dépôt volontaire de nombreuses archives privées (maisons de commerce en particulier) et sa consultation par des chercheurs tant étrangers que britanniques est en forte augmentation depuis quelques années. Seul un nombre insuffisant d'archivistes parmi le personnel de la bibliothèque freine le dépouillement et l'utilisation de ce très beau fonds, dont la pièce la plus ancienne remonte au règne de Henry II.
La bibliothèque musicale centrale (à Victoria) est le plus important fonds musical disponible pour le prêt de toute l'Angleterre : environ 80 ooo volumes, 45 000 disques et cassettes, un accroissement annuel de près de 3 000 volumes.
La bibliothèque médicale, située à St. Marylebone, tout près de Harley street (la rue des médecins les plus réputés) et de plusieurs grands hôpitaux, est très fréquentée par praticiens et étudiants, elle prête plus de 2I 000 volumes par an.
Un fonds particulier sur le commerce et l'industrie est logé à la bibliothèque de St Martin's street, il est très consulté, de même que la très belle collection sur les beaux-arts, qui fait partie de la même bibliothèque.
Ces fonds particuliers correspondent à une richesse ancienne et traditionnelle, mais aussi à un plan de répartition des achats de publications anglaises entre les bibliothèques publiques de Londres : ce plan, établi en 1948, donnait en partage à la bibliothèque de Westminster ces divers domaines, en même temps que quelques autres, notamment l'histoire militaire.
Certaines autres collections particulières ont pour origine des dons ou legs : c'est le cas du beau fonds William Blake, dû à la générosité du collectionneur Kerrison Preston.
Services spéciaux :
Un service de livraison de livres à domicile, réservé aux invalides et aux personnes âgées, existe depuis de nombreuses années; il dessert actuellement près de 600 personnes, qui reçoivent une visite toutes les trois semaines : elles peuvent emprunter livres, disques et cassettes, faire des commandes, réserver des livres.
Dans le même esprit, on pratique le dépôt de collections de livres dans les maisons de retraite et les foyers pour personnes âgées, et on tente d'accroître cette politique.
Par ailleurs, un fonds spécial d'ouvrages en gros caractères et de livres enregistrés est destiné aux mal-voyants.
A l'intention de la très nombreuse population immigrée, un programme spécial d'achat de livres dans les diverses langues de l'Asie a été mis sur pied, et en 1975 un bibliothécaire spécialiste de ces langues a été engagé sur des crédits spécialement alloués par le ministère de l'Intérieur.
D'autre part, la bibliothèque a participé activement à la campagne pour l'alphabétisation des adultes, et le personnel a eu l'occasion d'orienter de nombreuses personnes intéressées vers les centres d'alphabétisation.
Organisation des services intérieurs :
A la suite de la réorganisation de 1965, la bibliothèque s'est lancée dans l'automatisation pour beaucoup de ses tâches, celle-ci devenant plus rentable depuis qu'elle s'appliquait à un complexe de bibliothèques plus important.
Acquisitions. - Les acquisitions sont centralisées pour l'ensemble des bibliothèques, sauf en ce qui concerne le fonds musical.
Les éditeurs envoient régulièrement toutes leurs publications nouvelles à ce service central, où elles sont examinées chaque semaine par les responsables de chacune des bibliothèques et par ceux du service central : les livres choisis sont conservés, les autres renvoyés.
Ce service est très rapide : la plupart des livres sont acquis dans la semaine qui suit leur publication, et sont disponibles en rayon au bout d'une autre semaine. Cette rapidité permet de répondre à l'attente des lecteurs, qui ont réservé en moyenne un tiers des ouvrages dès avant leur acquisition.
Catalogage. - La classification (Dewey) et le catalogage se font également à la section centrale.
Depuis 1970, le catalogage est fait par ordinateur et mis à la disposition du public et du personnel sous forme de microfilm. On utilise l'ordinateur central de la cité de Westminster; les données préparées par le personnel des services bibliographiques centraux sont envoyées soit sous forme de bande perforée, soit sous forme de bordereaux qui sont ensuite transférés sur bande par le personnel du centre d'ordinateur.
Des bordereaux différents permettent d'enregistrer les autres informations (changements de localisation, vedettes matières pour le catalogue systématique, retrait de certaines entrées).
Les données sont envoyées et vérifiées hebdomadairement; les mises à jour du catalogue sur microfilm (auteurs et systématique) sont reçues mensuellement. L'index matières est mis à jour tous les six mois et disponible sous forme de listing photocopié à échelle réduite.
Le fonds antérieur à 1970 figure dans un catalogue traditionnel sur fiches, qui regroupe toutes les sections de la bibliothèque.
Ce fonds est peu à peu incorporé dans le catalogue sur microfilm, mais c'est un travail qui est loin d'être terminé.
Des catalogues séparés existent pour le fonds musical (on envisage de le publier), les livres pour enfants et la littérature romanesque pour adultes, qui n'est pas (et ne sera sans doute pas) incluse dans le catalogue sur microfilm.
Prêt. - Par opposition à ces services qui font déjà largement appel à l'automatisation, le prêt reste organisé suivant un mode traditionnel : chaque lecteur reçoit lors de son inscription quatre jetons donnant droit chacun à l'emprunt d'un volume; on n'enregistre pas les livres courants ainsi prêtés, on ne fait remplir de fiche que pour les ouvrages d'une certaine valeur marchande (plus de 8 livres sterling).
Depuis un an, on a équipé les livres un peu chers de bandes magnétiques et installé un contrôle à la sortie.
Ce système de prêt ne donne pas toute satisfaction, et on envisage d'adopter un système automatisé dans un avenir assez proche.
Tous les services de la bibliothèque sont gratuits, sauf l'emprunt des disques et cassettes qui donne lieu depuis 1976 à un versement de 2 livres sterling par an et par emprunteur, et les réservations d'ouvrages.
Guildhall Library (Londres)
La « Guildhall Library » est à la fois la bibliothèque municipale de la Cité de Londres et une bibliothèque historique de la ville, qui réunit la plus grande partie des archives de l'ancienne Cité et tout l'essentiel de ce qui a pu être écrit sur la capitale depuis les origines.
Historique :
L'une des plus anciennes bibliothèques d'Angleterre, elle fut fondée dans les années 1423-1425, grâce à la générosité de Richard Whittington, maire de la Cité, et d'un riche marchand, William Bury.
Située dans l'ancien Guildhall (hôtel de ville), elle continua d'être ouverte au public, sous le contrôle des autorités municipales, jusqu'en 1549, date à laquelle le duc de Somerset, alors Lord Protector d'Angleterre pendant la minorité d'Edward VI, en fit déménager tout le fonds pour le porter dans sa propre demeure... temporairement, assurait-il, mais on ne revit jamais les livres au Guildhall.
Presque trois cents ans se passèrent avant que la municipalité ne décidât, en 1824, de fonder une nouvelle bibliothèque, qui fut ouverte au public en 1828. Celle-ci se développa rapidement, et vers les années 1860, ses locaux étaient devenus trop exigus.
La troisième bibliothèque fut alors construite; ouverte en 1872, elle offrait une grande salle de lecture de style gothique victorien, décorée aux armes des corporations de la cité. En 1893, elle contenait 70 000 volumes et recevait 300 000 visites par an.
Cette salle de lecture fut très endommagée, ainsi que l'ensemble du Guildhall, pendant les bombardements de 1940. Restaurée et rouverte après la guerre, elle devint rapidement insuffisante, les collections débordaient jusque dans les caves du Moyen âge situées sous l'hôtel de ville.
Une nouvelle bibliothèque fut donc prévue, faisant partie du plan de reconstruction de l'ensemble du Guildhall. Tandis que l'ancienne salle de lecture était restaurée pour servir de salle de conseil et de réception à la municipalité, la bibliothèque emménagea dans ses nouveaux locaux durant l'été 1974.
Locaux :
De style extrêmement moderne, le nouveau bâtiment ne choque pas, malgré la proximité des bâtiments de style gothique auxquels il est accolé.
Il comporte à l'entrée une zone d'exposition, qui abrite en permanence la collection de montres et d'horloges anciennes de la Corporation des horlogers, et qui offre la possibilité d'expositions temporaires permettant de mettre en valeur les collections du musée de la cité, qui est également confié aux soins du conservateur de la bibliothèque.
La bibliothèque elle-même comporte notamment une grande salle de lecture, dont la décoration, assez luxueuse mais sobre, est particulièrement réussie : une arcature à très larges piliers rectangulaires (dans lesquels sont dissimulés les tuyaux du système de conditionnement d'air) délimite les zones de travail et les zones de rayonnages en libre accès; le mobilier, spécialement dessiné et fabriqué pour la bibliothèque, est en bois d'ormeau et en cuir; les meubles de rangement pour les cartes et plans ont été conçus de façon à pouvoir servir de surfaces de consultation debout, et ils sont harmonieusement disposés de manière à former des alcôves de travail.
Les magasins (en sous-sol, ainsi qu'une partie des bureaux et que la très confortable salle de détente du personnel) sont reliés à la salle de lecture par un système de tubes pneumatiques et de monte-charges : les livres sont en moyenne remis au lecteur dans les cinq minutes qui suivent sa demande.
Fonds :
Le fonds concernant l'histoire de la Cité, et de la ville de Londres plus généralement, comporte plus de 200 000 volumes, 60 ooo estampes, gravures et autres illustrations, 40 000 cartes et plans, et plusieurs centaines de milliers de manuscrits et de pièces d'archives.
Il y a les archives des anciennes corporations (« livery companies ») de la Cité depuis 1150, des archives paroissiales et diocésaines, des registres de maisons de commerce, de compagnies d'assurances, depuis leur fondation, etc., bref, l'essentiel des sources existantes concernant la Cité depuis le XIIe siècle. Le plus précieux peut-être des documents conservés est l'acte d'achat par Shakespeare de sa maison de Blackfriars, sur lequel figure sa signature.
Ce fonds historique est naturellement suivi de façon aussi exhaustive que possible, avec cette réserve que l'on n'acquiert que les publications qui apportent une contribution originale dans ce domaine, à l'exclusion de tout ouvrage de vulgarisation.
Par ailleurs, un service de documentation dépouille un grand nombre de périodiques et répertorie tous les articles se rapportant à Londres et son histoire, sa vie, ses bâtiments, etc.
La bibliothèque du Guildhall est donc un très important complexe bibliothèque-archives de la Cité et de la ville de Londres; elle est ouverte au public, uniquement pour la consultation sur place; pour la consultation des archives et des fonds anciens, une justification des travaux entrepris est demandée 1.
Bibliothèque municipale :
Indépendamment de cet aspect de bibliothèque historique, la « Guildhall Library » est aussi la bibliothèque municipale de la Cité; elle comporte quatre sections, ouvertes pour la consultation sur place et le prêt à domicile à tous ceux qui habitent ou travaillent dans la cité.
Une seule indication sur son activité dans ce domaine : elle a prêté deux millions de volumes en 1976.
City business library » :
Un autre aspect intéressant de la « Guildhall Library » est sa section spécialisée dans les affaires. Ce souci de l'information pratique, à usage du monde du travail, est présent dans les autres bibliothèques municipales visitées, qui offrent toutes une section de « commercial reference », mais celle de la « Guildhall Library » est à une échelle particulièrement importante.
Installée depuis 1970 à une centaine de mètres du Guildhall, dans un bâtiment neuf qui offre près de 200 places, cette « City business library » est la suite et l'extension d'un service d'information commerciale fondé dès 1872 dans l'ancienne bibliothèque.
Elle offre une très riche gamme de sources d'informations, continuellement renouvelées, sur le monde du commerce et de l'industrie, non seulement en Grande-Bretagne, mais dans une grande partie du monde, en particulier l'Europe occidentale, le monde anglo-saxon (États-Unis et Canada) et les pays du Commonwealth. L'accent est mis sur la documentation la plus récente, tout ce qui est d'intérêt historique étant conservé à la bibliothèque centrale. Le fonds comprend une impressionnante collection d'annuaires de toutes sortes (annuaires professionnels et commerciaux, téléphones) d'environ 150 pays, les rapports annuels de 3 600 sociétés anglaises, des données statistiques, des guides et plans de plus de 2 ooo villes d'Angleterre, les horaires de trains, de bateaux, d'avions d'une grande partie du monde, etc.
La bibliothèque est par ailleurs abonnée à des services d'analyse de la presse commerciale du Royaume-Uni, d'Europe et d'Australie (les services Mc Carthy et Miro), qui permettent une information très rapide.
Cette bibliothèque, essentiellement de consultation sur place, est extrêmement fréquentée par les milieux d'affaires de la Cité; elle est également très consultée, par lettre et par téléphone, de toutes les parties de l'Angleterre.

