I. 25 Novembre-4 décembre 1976

Monique Laroze

Le programme de visites mettait l'accent sur les bibliothèques universitaires, d'où venaient la majorité des participants à ce voyage d'étude, mais il comportait aussi la visite de deux bibliothèques de lecture publique, de conception très différente (Birmingham et Sutton), ainsi qu'une initiation à la « British Library ». Une rencontre avec des responsables de la « Library Association » et des discussions avec des bibliothécaires du « British Council » de Londres ont permis de compléter les impressions acquises et d'aborder des problèmes généraux : organisation de la profession en Grande-Bretagne, place des bibliothèques dans la vie du pays.

Formation et recrutement des bibliothécaires.

Il existe 17 écoles de bibliothéconomie dépendant soit d'universités, soit de « polytechnics » (correspondent à peu près aux IUT), qui acceptent des étudiants munis d'un diplôme d'études supérieures (« postgraduates », formation en un an) ou du GCE (équivalent du baccalauréat, formation en 2 ou 3 ans). Les études sont à plein temps et la formation à temps partiel que dispensait jusqu'à présent la « Library Association » vient d'être supprimée. Le programme porte sur les matières et techniques de base, la spécialisation par types de bibliothèques devant être acquise par un stage lors de l'entrée en poste. La « Library Association » joue un rôle essentiel dans le contrôle des formations : elle contribue à établir des standards pour les différentes écoles dont elle examine les programmes d'études et reconnaît les examens. Il y a environ 1 600 diplômés par an.

Il n'y a pas d'administration centrale chargée des personnels de bibliothèques, et la plupart des postes dépendent immédiatement soit des administrations locales pour les bibliothèques publiques, soit des universités. Leur vacance est annoncée dans la presse (revues professionnelles et Times literary supplement) et les personnes intéressées font directement acte de candidature. Les horaires varient entre 35 et 37 heures hebdomadaires.

Locaux.

La fréquentation des bibliothèques est beaucoup plus importante en Grande-Bretagne qu'en France, et le libre-accès s'y est imposé beaucoup plus tôt. La conséquence de ce choix bibliothéconomique dans les bibliothèques récentes est la répartition judicieuse des espaces de consultation et des rayonnages qui impose une architecture aux structures très souples, ce qui peut aller jusqu'à une flexibilité totale dans l'utilisation des locaux. L'impression dominante est celle de la recherche de confort, tant pour les usagers que pour les services intérieurs, ce qui se traduit aussi par des détails pratiques : facilités prévues pour les handicapés, existence dans toutes les bibliothèques visitées d'une cafeteria ou d'une salle de détente pour le personnel et d'une petite pièce servant d'infirmerie. Ce parti pris de commodité sans luxe ne se fait pas au détriment de l'esthétique, comme le prouve la réussite décorative de certains établissements.

Automatisation.

L'avancement de l'automatisation pour différents types de travaux est certainement le trait le plus frappant pour les bibliothécaires français; dans les divers types de bibliothèques, l'utilisation de l'ordinateur s'est réellement inscrite dans la bibliothéconomie courante, et personnel et public apprécient les changements apportés par les nouvelles techniques.

L'automatisation des catalogues est un domaine-clé de l'automatisation des bibliothèques : en plus de ses avantages pratiques (flexibilité des entrées possibles, refontes, gain de temps par suppression des tâches répétitives), elle facilite la réalisation de catalogues collectifs utiles aux réseaux régionaux et nationaux, et se combine efficacement à l'automatisation du prêt et des acquisitions.

Du fait de l'autonomie de recherche dont jouissent les bibliothèques anglaises et de l'appui financier procuré par les bourses de la « British Library », un certain nombre de réalisations ont été menées à bien dans le cadre d'une bibliothèque particulière ou dans celui de la coopération entre divers établissements. A cause de la diversité des besoins des bibliothèques, il y a de grandes différences dans les solutions choisies pour le format et l'entrée des données, comme le montrent les quelques expériences rapportées ici. En revanche une tendance au changement de la forme des catalogues se dessine nettement partout, et la technique COM (Computer Output in Microform) qui permet de sortir de fréquentes refontes, et qui est la moins chère des sorties possibles (fiches, listings, etc.) est de plus en plus répandue. Un des avantages de la microforme est la possibilité d'avoir une copie du catalogue entier dans chaque salle de lecture, les annexes, les services intérieurs, les départements d'enseignement... Les usagers se sont partout bien adaptés à l'emploi des lecteurs de microformes, qu'ils préfèrent au catalogue traditionnel sur fiches, comme l'a montré une étude comparative menée à la Bibliothèque universitaire de Bath. Cet établissement a adopté la microfiche, jugée plus maniable, mais d'autres utilisent des microfilms en cassettes. Une réalisation particulièrement intéressante est le BLCMP (Birmingham Libraries Cooperative Mechanization Project), système de catalogage automatisé en coopération lancé à l'initiative des bibliothèques de Birmingham (publique et universitaire) et de l'Université d'Aston. Une quinzaine de bibliothèques, tant en Grande-Bretagne qu'à l'étranger (Danemark et Italie) y participent actuellement. L'équipe responsable (24 personnes en tout, bibliothécaires, analystes et perforateurs) travaille dans les locaux de la Bibliothèque universitaire de Birmingham.

Les notices des ouvrages entrés depuis 1972 dans les bibliothèques participantes constituent la base de données du catalogue collectif. Chaque bibliothèque peut lui comparer ses acquisitions en l'interrogeant par le numéro ISBN ou le nom d'auteur. Si la notice figure déjà dans le catalogue, le catalogueur remplit un bordereau de localisation identifiant son exemplaire (n° inventaire, indexation, cote...); dans le cas contraire, il remplit un bordereau créant la notice catalographique en format MARC. Tous les mois, la refonte du catalogue collectif sortie sur microfilm par l'ordinateur est adressée aux participants. Le système peut d'autre part interroger les fichiers MARC de la British national bibliography (BNB) et de la « Library of Congress » (LC) et leurs mises à jour hebdomadaires. Les notices qui y figurent peuvent être utilisées et transférées sur le catalogue après addition de localisations. Mais la proportion élevée (41 %) des notices de la base de données qui ne proviennent pas des bandes bibliographiques MARC révèle les avantages du choix coopératif qu'a fait le BLCMP.

Les bibliothèques participantes versent au système une contribution proportionnelle au nombre de notices qu'elles entrent annuellement dans le catalogue. Chacune détermine la forme sous laquelle elle souhaite obtenir son catalogue, dont les mises à jour lui sont régulièrement adressées. Les bibliothèques qui ne souhaitent pas participer entièrement au système peuvent interroger la base de données (10 pence par notice fournie).

Le BLCMP développe parallèlement une base de données pour les périodiques, amorce possible du catalogue collectif national, et une pour la musique. Ses animateurs poursuivent leurs recherches en préparant un système automatisé de gestion des commandes et en étudiant un projet de traitement automatique de la documentation.

British Library

L'organisme créé par la réunion en 1973 de divers services et établissements géographiquement dispersés assure ses fonctions de bibliothèque nationale par l'intermédiaire de trois divisions diversifiées.

La « Bibliographic Services Division » est le centre bibliographique national responsable de la British national bibliography. Les ouvrages reçus au Dépôt légal (Copyright receipt office) font l'objet de bordereaux aboutissant à une notice catalographique rédigée selon le format MARC. Ils sont indexés en Dewey. L'indexation matières se fait par le programme PRÉCIS (Preserved Context Index System), système semi-automatisé permettant l'analyse de sujets complexes et le traitement automatique des chaînes sémantiques (renvois) et syntactiques.

La bande magnétique sur laquelle sont entrées les données sert de base à l'impression des fascicules hebdomadaires et des cumulatifs de la BNB. Les fiches, autre sous-produit du système, peuvent encore être vendues aux bibliothèques qui le désirent, mais la suppression de ce service est envisagée, car son intérêt décroît au fur et à mesure que progresse l'automatisation des catalogues dans tous les types d'établissements.

Par contre, un nombre croissant de bibliothèques (actuellement une soixantaine) souscrivent un abonnement à la bande hebdomadaire BNB dont elles utilisent les notices pour la réalisation de leurs catalogues.

La Division teste actuellement avec les éditeurs un programme de catalogage dans la publication (Cataloguing in Publication, CIP) qui réduira les délais entre la publication d'un livre et son signalement dans la BNB, ce qui permettra d'accélérer le traitement des ouvrages par les bibliothèques, que leur catalogue soit automatisé - elles disposeront d'une notice provisoire sur les bandes MARC - ou non - les données bibliographiques et l'indexation apparaissant dans le livre lui-même.

La Division des services bibliographiques produit également le British Catalogue of Music, le British Education Index et Books in English, bibliographie cumulative bimestrielle éditée sur microfiches, où apparaissent conjointement les notices MARC de la BNB et celles de la « Library of Congress ». Elle est également responsable du British union catalogue of periodicals (BUCOP) et constitue l'agence nationale de l' « International serials data system » (ISDS) qui attribue les ISSN pour la Grande-Bretagne.

La « Reference Division », bibliothèque de recherche, comprend l'ancienne bibliothèque du « British Museum », avec ses prestigieuses collections de manuscrits et d'imprimés, ainsi que la « Science Reference Library » (anciennement National Reference Library of Science and Invention) et qu'une annexe réservée aux journaux (Newspaper Library).

Nous n'avons à vrai dire visité qu'une partie de la bibliothèque du « British Museum (salle de lecture, réserve, services intérieurs où sont traités les ouvrages français), mais avons pu apprécier le dynamisme que révèlent la récente réorganisation des services et le passage à un catalogue automatisé, désormais produit sur microfilm, en coopération avec les services bibliographiques.

La section de prêt ou « Lending Division », réunion des anciennes « National Central Library » et « National Lending Library for Science and Technology », actuellement située à Boston Spa dans le Yorkshire, ne figurait pas à notre programme d'études. Mais, son efficacité s'est trouvée amplement démontrée lors de nos visites ultérieures dans les bibliothèques qui ont essentiellement recours à elle et se trouvent en général satisfaites des services fournis.

La « British Library » a un rôle important de coordination et d'incitation et constitue un appui solide pour le réseau des bibliothèques britanniques. Elle comporte un département de recherche (Research and Development Department), anciennement OSTI, qui attribue des bourses de recherche grâce auxquelles ont pu être réalisés un certain nombre de programmes de modernisation des bibliothèques. Ce service tient à jour et publie la liste des nombreuses actions de formation continue - stages, visites, journées d'études - proposées par divers organismes : bibliothèques, écoles de bibliothéconomie, associations professionnelles.

Bibliothèques universitaires

Les universités anglaises diffèrent beaucoup des nôtres, tant par leur structure que par leur recrutement. Les effectifs de l'enseignement supérieur, bien qu'ayant connu un développement considérable ces dernières années - accroissement du nombre d'étudiants, mais aussi création de nouvelles universités et diversification de leurs activités - restent bien inférieurs à ce qu'ils sont en France, à cause de la sélection sévère effectuée à l'entrée des établissements.

Les subventions de l'État aux universités - 90 % de leur budget - sont réparties entre elles par une commission d'universitaires et de fonctionnaires, l' « University Grant Committee » (UGC), au vu de leurs projets et prévisions. Les bibliothèques reçoivent leur dotation directement de chaque établissement, et des groupes de pression peuvent contrôler qu'elle est suffisante : elle représente en moyenne 4 % du budget de l'Université. C'est également l'UGC qui donne son avis sur les projets de construction de bibliothèques et qui a fixé les normes sur lesquels se fondent les programmes.

Il n'y a donc pas de service central chargé de superviser les bibliothèques universitaires, et elles sont très liées à leurs universités. Mais, il existe un certain nombre de structures favorisant les échanges de vues et la coopération entre les professionnels : « Library Association » et SCONUL (Standing Conference of National and University Libraries).

Les bibliothèques visitées reflètent la diversité des universités desservies, dont elles suivent de près les orientations et les méthodes. Aussi, s'il est possible de dégager des options communes dans leur approche de la bibliothéconomie, convient-il de présenter les caractéristiques qui individualisent chacune d'entre elles.

Les bibliothèques disposent de moyens bien plus importants qu'en France, tant en crédits d'acquisition qu'en personnel, comme le montrent les quelques chiffres joints :

Toutes les bibliothèques visitées disposent du télex, ainsi que d'un riche matérie de reprographie.

L'automatisation déjà avancée de certaines tâches techniques (catalogage, prêt), ainsi que l'existence des réseaux régionaux et nationaux qui facilitent le prêt interbibliothèques, permettent de libérer le personnel qualifié et de porter l'effort sur la qualité du service public.

Un esprit d'adaptation pratique caractérise cette recherche d'efficacité : les bibliothèques restent ouvertes tard le soir, quelques-unes offrent un service réduit le dimanche. Une multitude de détails révèle en outre le souci d'atténuer la lourdeur bureaucratique et de faciliter au maximum l'usage de la bibliothèque.

Le public est habitué à trouver un personnel disponible, comme le prouve la forte fréquentation des services de références et de renseignements, également très consultés par téléphone. Les bibliothécaires suivent de près les enseignements et sont attentifs au renouvellement des fonds autant qu'à la préparation des acquisitions.

La plupart des fonds sont en libre accès, ce qui va de pair avec la généralisation de la reliure des périodiques. Il n'y a pas de classification officiellement recommandée. Le problème des vols semble avoir moins d'acuité qu'en France et ne remet pas en cause aux yeux des responsables le succès de cette politique de libre accès; l'une des bibliothèques visitées (City University) dispose pourtant d'un système de détection automatique, une autre envisage de s'en équiper.

Pour limiter les risques de disparition et résoudre le problème du prêt au plus grand nombre d'utilisateurs possibles de manuels ou d'ouvrages très demandés, certaines bibliothèques ont institué un prêt spécial de très courte durée (3 ou 4 heures) ; ces livres (2 ou 3 exemplaires de chaque titre) sont en général regroupés dans un fonds en accès contrôlé. L'activité de ce service est très importante : à Birmingham il effectue à lui seul 1/3 des prêts.

Les bibliothèques s'orientent toutes vers la diversification de leurs fonds et font des efforts d'équipement audio-visuel. Le public apprécie l'apport des nouveaux media et par exemple s'est bien habitué à la lecture des microformes.

Bath.

Créée en 1966, l'Université compte actuellement 3 500 étudiants. La dominante est scientifique et technique mais il existe aussi des départements de sciences sociales, de gestion et de langues appliquées.

La bibliothèque occupe un bâtiment séparé, édifié au centre d'un campus de dimensions raisonnables; elle est d'accès facile et reliée aux autres bâtiments universitaires.

Les documents sont en libre accès et classés en CDU. Deux boxes entièrement équipés pour l'audio-visuel (montages diapo., video) sont à la libre disposition des lecteurs.

L'aménagement a été conçu d'une manière très souple, grâce à des rayonnages mobiles délimitant des espaces de lecture et des carrels qui peuvent être remodelés selon les besoins futurs.

Étant donnée sa création récente, la bibliothèque s'est résolument engagée, en liaison avec les services informatiques de l'Université, dans un programme d'automatisation dont les premières étapes sont réalisées.

Le volume encore restreint du fonds a permis l'automatisation complète des catalogues. Les programmes et le format sont spécifiques à la bibliothèque : en mettant l'accent sur l'accessibilité des données, on a préféré adopter une notice simplifiée qui privilégie les fonctions d'outil documentaire et de localisation du catalogue, renvoyant pour la recherche de renseignements bibliographiques plus détaillés aux bibliographies nationales publiées. La forme de sortie choisie est la microfiche. Il y a quatre catalogues régulièrement refondus : auteurs, titres, systématique CDU et KWOC, ce dernier étant le plus consulté. On pense actuellement remplacer ce catalogue KWOC (mots-clés tirés du titre) par une indexation matière plus poussée qui exigera l'adoption d'un thesaurus.

Le système de prêt automatisé a également été mis au point à la bibliothèque : il utilise les avantages du fonctionnement on-line, ce qui permet d'effectuer le contrôle permanent des opérations du bureau de prêt. La saisie des données pour les transactions associe les cartes perforées représentant les documents empruntés à la carte de l'emprunteur - sur laquelle figure une photo prise à la bibliothèque même par un appareil à développement instantané. Le programme tient compte des diverses durées autorisées pour le prêt selon les catégories de documents (4 heures, une semaine ou un mois).

L'interrogation du système et la réservation d'ouvrages - avec possibilité de réserver n'importe quel exemplaire d'un titre donné - se font sur un terminal à écran. Rappels et calculs des amendes sont automatiques.

L'exploitation des données pour refléter l'activité du service permet l'édition de listes et de statistiques (lecteurs, prêts, utilisation des documents).

L'étape qu'envisage maintenant cette bibliothèque dynamique est l'automatisation des acquisitions.

Birmingham.

La bibliothèque fut créée en 1880 lors de la fondation d'un collège scientifique devenu en 1900 l'Université de Birmingham. Celle-ci compte aujourd'hui 7 500 étudiants, regroupe une grande variété de disciplines et s'est ouverte sur le public non-universitaire en créant différents cycles de culture générale, tant littéraires que scientifiques.

La section centrale dispose d'un bâtiment séparé sur le campus. Construit en 1959, agrandi en 1970, il offre à présent 1 600 places, mais une extension est déjà prévue. Certaines sections ont des implantations indépendantes, sur le campus (sections médecine et musique), ou en ville (section droit).

Plaque tournante de la bibliothèque, la salle qui fait suite au hall d'entrée abrite différents services d'intérêt général : bureau de renseignements et service de références, service du prêt-inter, collection de livres de détente (romans, essais, culture générale), service de prêt de courte durée (3 heures, du soir au lendemain, ou week-end) qui a effectué 90 ooo prêts l'an dernier, et trois carrels audio-visuels équipés pour la vidéo. Des présentoirs attirent l'attention sur certaines nouveautés et proposent les Quick Lists, notices rédigées à la bibliothèque pour informer les lecteurs sur le fonctionnement des services ou les guider parmi les outils documentaires mis à leur disposition.

A proximité, se trouvent la salle des périodiques (fascicules de l'année en cours des 7 500 titres reçus à la bibliothèque) et la salle des catalogues.

Les documents, classés selon la classification de la LC, sont en libre accès et répartis en quatre ensembles de disciplines (sciences, lettres, sciences sociales, histoire) comportant chacun une salle de lecture et des magasins ouverts. On a cherché dans la conception architecturale à varier les proportions et l'aménagement de ces salles afin que chaque lecteur puisse choisir l'atmosphère de travail qui lui convient le mieux; on a de même dispersé quelques coins d'étude dans les magasins.

Du personnel qualifié se tient en permanence dans les salles spécialisées et l'on peut y consulter sur un lecteur de microfilm les catalogues auteurs et systématique de la bibliothèque (reproduction sur microfilm de l'ancien fichier pour les acquisitions antérieures à 1972; sous-produit du BLCMP depuis cette date). Un souci d'utilisation maximale des documents a conduit à définir différentes durées de prêt (3 jours, une semaine, ou le trimestre en cours avec réclamation dès que le document emprunté fait l'objet d'une demande). Le système de prêt fonctionne par bulletin à trois volets; étant donné le travail d'équipement que demanderait la grande quantité des volumes du fonds, on n'envisage pas actuellement de l'automatiser.

Un service spécial traite la documentation administrative (publications officielles de la Grande-Bretagne et des Communautés économiques européennes).

Les collections les plus remarquables de la réserve sont les manuscrits de John Galsworthy (à l'exception de la Forsyte Saga), un ensemble d'ouvrages anciens intéressant les chercheurs en littérature élizabéthaine, et les archives des familles Chamberlain et Avon.

Deux salles équipées en mobilier, mais sans aucun livre, restent ouvertes en semaine jusqu'à minuit ainsi que les dimanches après-midi.

Il y a à la bibliothèque un atelier de reliure employant 18 personnes.

City university. London.

Située aux confins Nord de la City de Londres, cette université à dominante scientifique et technique s'est substituée à un collège universitaire en 1966 et compte actuellement 2 500 étudiants.

La bibliothèque est intégrée aux bâtiments universitaires. Faute de temps, nous avons dû limiter notre visite à l'étude détaillée de l'important département audio-visuel qui bénéficie de subventions accordées par l'union professionnelle des maroquiniers.

Les équipements comprennent un carrel video (programmes achetés ou enregistrements d'émissions de télévision effectués à la bibliothèque), des boxes où peuvent être consultés des montages audio-visuels, différents lecteurs et lecteurs-reproducteurs de microformes.

La bibliothèque a une importante collection de thèses microfichées; la formule adoptée pour leur rangement a été spécialement mise au point pour elle : pochettes montées sur des reliures de petit format classées comme des volumes sur les rayonnages. Les montages de diapositives, quelle que soit leur provenance (achats ou réalisations de l'Université), sont conservés dans des enveloppes plastiques classées comme des dossiers suspendus dans des bacs métalliques. Les lecteurs ont très vite pris l'habitude de manipuler eux-mêmes tous les appareils mis à leur disposition.

La bibliothécaire chargée du service est en relations suivies avec les enseignants qui lui suggèrent l'achat de programmes ou qui en élaborent eux-mêmes. Mais elle avoue qu'il lui reste difficile de repérer les documents audio-visuels : en l'absence de bibliographie exhaustive en la matière, il faut avoir recours aux catalogues des éditeurs spécialisés, surtout américains, et aux périodiques des diverses disciplines concernées.

Il est regrettable de n'avoir pu étudier les autres aspects de cette bibliothèque, et, en particulier, la formule qu'elle a adoptée pour l'automatisation de son catalogue à partir des bandes de la BNB.

Cambridge.

Cette prestigieuse Université - remontant au XIIIe siècle - a su préserver une riche tradition tout en adaptant ses méthodes. Il y a actuellement 10 ooo étudiants qui bénéficient d'un enseignement dont la qualité se trouve renforcée par un exceptionnel taux d'encadrement.

En raison du passé universitaire de Cambridge, la situation des bibliothèques est assez complexe et voit coexister trois structures : les bibliothèques des « colleges » qui conservent d'importants fonds anciens, mais servent aussi de bibliothèques de premier niveau pour les étudiants « undergraduate », les bibliothèques spécialisées des départements et facultés, et la bibliothèque centrale encyclopédique, objet de notre visite. Des actions de coopération sont entreprises pour réaliser des catalogues collectifs, avec priorité donnée aux périodiques.

La bibliothèque centrale, l'une des plus importantes bibliothèques de recherche de Grande-Bretagne, est donc essentiellement fréquentée par les enseignants, chercheurs et étudiants avancés, pour lesquels elle rassemble une riche documentation. C'est l'une des six « copyright libraries » du Royaume-Uni et d'Irlande, bénéficiaires du dépôt légal. Toutes les disciplines y sont représentées mais la section médecine est logée dans les bâtiments de l'hôpital.

L'imposant bâtiment actuel date de 1934 et fut agrandi en 1972. On y a installé un vestiaire et une cafeteria qu'apprécient beaucoup les usagers.

L'organisation des fonds est très complexe dans un établissement de cette taille et qui laisse une large place au libre accès, et les lecteurs disposent pour se familiariser avec la bibliothèque d'un montage audio-visuel et de présentations imprimées, notice sommaire ou guide très détaillé. Ils sont guidés dans leurs recherches par les catalogues auteurs (volumes du catalogue principal répertoriant les ouvrages jugés importants pour l'étude et la recherche, ou catalogue dit supplémentaire sur fiches pour les autres); ces instruments sont encore produits par les méthodes traditionnelles, mais l'étude préliminaire à leur automatisation est actuellement en cours. Il n'y a pas de catalogue matières ni systématique, et les recherches par sujets se font par les bibliographies - dont il existe une impressionnante collection - ou par une approche empirique parmi les nombreux ouvrages en libre accès, classés suivant une classification particulière à notation numérique. Pour préserver une certaine atmosphère, on a conservé dans certains magasins ouverts les élégants rayonnages du XVIIIe siècle provenant de l'ancienne bibliothèque, et on y a aménagé quelques coins de lecture. Il y a, en plus de la grande salle de lecture qui contient une vaste collection d'ouvrages de référence, sept salles spécialisées.

La bibliothèque, qui fut fondée au xve siècle, conserve de très riches et très précieuses collections : réserve des imprimés, manuscrits, musique, cartes, qu'elle met régulièrement en valeur en organisant des expositions : c'était, en novembre 1976, une présentation des livres de William Caxton, introducteur de l'imprimerie en Angleterre, à l'occasion du quatrième centenaire de cet événement; nous avons pu aussi admirer quelques très beaux exemples de manuscrits et de cartes anciennes. Mais elle acquiert et traite également une volumineuse documentation contemporaine, ouvrages et documents plus spécialisés. Elle s'est accrue par exemple pour l'année 1974-1975 de 56 ooo publications officielles, 23 000 cartes ou atlas, 5 300 pièces de musique et 9 ooo microformes.

Bibliothèques médicales

Le programme prévoyait la visite de deux sections médecine de bibliothèques universitaires : visite rapide essentiellement limitée à une démonstration Medline à Birmingham, plus détaillée à Cambridge où la bibliothèque est provisoirement installée dans les locaux de l'hôpital avant l'ouverture de son nouveau bâtiment en 1980.

Les bibliothèques dépendent à la fois de leurs universités de rattachement et du ministère de la Santé par l'intermédiaire de services hiérarchisés (région, district, etc...); une bibliothèque doit être à même de servir de premier recours pour les demandes de documentation laissées insatisfaites aux échelons inférieurs. Elles sont donc fréquentées par les étudiants - à partir d'un niveau correspondant aux dernières années de notre second cycle -, les enseignants et chercheurs mais aussi le personnel hospitalier et les généralistes pour lesquels les services de la Santé organisent très régulièrement des sessions d'enseignement post-universitaire.

La plupart des remarques déjà notées pour les bibliothèques universitaires s'appliquent à ces sections et seuls les points spécifiques à la bibliothéconomie spécialisée sont ici mentionnés; le personnel responsable a une formation bibliothéconomique, mais rarement une spécialité scientifique.

On utilise à Birmingham la Classification de la Bibliothèque du Congrès comme dans le reste de la bibliothèque; on adoptera celle de la « National Library of Medicine » (NLM) dans les nouveaux locaux de Cambridge. On trouve dans cette dernière bibliothèque un catalogue alphabétique de matières (sur fiches), utilisant comme thesaurus les MeSH (Medical Subject Headings) de la NLM; on peut noter que c'est le seul catalogue alphabétique de matières rencontré lors de ce voyage.

Pour la recherche, les deux bibliothèques disposent de collections bibliographiques très riches. Un terminal MedLine est installé à Birmingham, tandis que Cambridge pour l'instant ne sert que de relais vers un centre MedLARS. Les questions ne sont pas très fréquentes et concernent beaucoup plus la recherche que la médecine clinique.

Bibliothèques publiques

Le développement des bibliothèques publiques s'est fait plus tôt en Grande-Bretagne qu'en France, et on peut presque voir un trait de civilisation dans cette tradition d'une bibliothèque instrument de loisir et de formation indispensable à la vie de la cité.

Au terme de la loi sur les bibliothèques et les musées (Public Library and Museum Act, 1964), tous les citoyens ont droit à un service de bibliothèque minimum, pour lequel des commissions d'étude ont fixé des normes quantitatives (nombre d'acquisitions par an, distance par rapport aux points de desserte, nombre d'heures d'ouverture...) et des exigences qualitatives sur lesquelles nous reviendrons.

La récente réforme de l'administration locale britannique (Local Government Act, 1972) a eu pour conséquence une restructuration des bibliothèques : le nombre d'administrations distinctes a été réduit, et de petites bibliothèques indépendantes qui n'assuraient pas des services suffisants sont devenues des annexes d'unités plus importantes (bibliothèques de comté) qui opèrent dans des conditions plus efficaces et plus économiques en centralisant les tâches techniques et en utilisant de plus en plus l'informatique.

La notion de réseau s'applique à tous les niveaux et la coopération régionale se concrétise par l'existence dans les 8 régions bibliothéconomiques regroupant ces unités de base d'un plan d'acquisitions (Subject Specialization Scheme) et d'un système interbibliothèques de premier recours : un exemplaire au moins de chaque ouvrage imprimé en Grande-Bretagne devra se trouver dans la région, car chaque bibliothèque est responsable de l'acquisition et de la conservation d'un secteur de la production; la répartition des ouvrages à acquérir au vu de la BNB se fait par rubriques Dewey, ou alphabétiquement pour les ouvrages de fiction. Les bibliothèques disposent entre elles d'excellentes liaisons par téléphone ou télex afin d'accélérer le processus du prêt. Certaines bibliothèques d'étude participent également à ces systèmes, qui utilisent bien évidemment aussi la BLLD.

A titre d'exemple, le réseau de la LASER (London and South East Region), sur lequel nous avons recueilli quelques informations lors de notre visite à Sutton 1, a organisé un service particulièrement efficace, puisqu'il bénéficie de la richesse et de la diversité des bibliothèques londoniennes. Le bureau central du système, à Londres, dispose d'un catalogue collectif sur microfilm pour orienter les demandes. Les paquets, auparavant acheminés par voie postale - sans franchise -, sont maintenant directement transmis par voiture de bibliothèque à bibliothèque grâce à un système de relais analogue aux messageries.

La considération dont jouissent les bibliothèques britanniques explique les crédits de fonctionnement importants (pris sur le revenu des impôts locaux) dont elles continuent à bénéficier. Les recommandations officielles demandent que soit mis à la disposition du public un choix très vaste d'ouvrages, et que soit équilibrée la proportion des documentaires et de la fiction; la plupart des bibliothèques proposent par ailleurs un grand éventail de littérature et documentation en langues étrangères, acquièrent des exemplaires multiples de pièces de théâtre, initiative très appréciée des troupes de comédiens amateurs, et réunissent autour de la discothèque une véritable collection musicale de monographies, partitions, matériel d'orchestre disponibles pour le prêt. Un certain nombre de volumes imprimés en grands caractères sont achetés à l'intention des mal-voyants. Les instructions imposent aussi un effort particulier pour les sections enfantines et l'assurance d'un service pour le public en cours d'études, qu'il s'agisse d'étudiants ou d'adultes en formation continue. Une large place est faite aux media autres que le livre (disques, cassettes, photos, diapositives) et les « artothèques » commencent à faire leur apparition. Sur le plan de l'organisation des services, on remarque l'expansion de l'automatisation, particulièrement appréciable pour les services de prêt aux nombreuses opérations et pour l'établissement des catalogues de la centrale et des annexes; le libre accès est la règle et les fonds sont classés en Dewey. Un trait particulier est l'existence des services de référence rapide, très fréquentés et consultés par téléphone; les utilisateurs sont habitués à trouver à la bibliothèque toutes sortes de renseignements pratiques (horaires, statistiques, informations sur les activités locales etc...). Les bibliothécaires insistent beaucoup sur la disponibilité dont il faut faire preuve dans l'accueil du public, et leurs initiatives dans ce domaine semblent avoir pleinement réussi.

Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans les deux bibliothèques publiques figurant à ce programme d'étude, Birmingham et Sutton, extrêmement différentes par leur taille et leur manière d'approcher le public; ces établissements sont beaucoup plus avancés, il faut l'avouer, que la moyenne des bibliothèques britanniques, mais leur réussite couronne des recherches sociologiques et bibliothéconomiques très intéressantes et annonce probablement d'autres expériences à venir.

Birmingham.

Principal centre économique des Midlands, et seconde concentration urbaine d'Angleterre, la ville (avec sa banlieue) forme à elle seule un comté, et le service de bibliothèques - centrale et 45 annexes dont 3I ouvertes à plein temps - doit desservir 1 080 ooo habitants.

La nouvelle bibliothèque centrale, située dans un quartier animé du centre ville, a été inaugurée en 1974. Quelques indications suffisent à donner une idée de sa taille : 2 ha de surface au sol, 45 km de rayonnages; les circulations verticales se font en temps normal uniquement par escalator - ce qui pose parfois des problèmes -; tout le mobilier a été spécialement conçu par les architectes et a fait l'objet d'un marché particulier, aucun fournisseur spécialisé n'ayant en stock des quantités assez importantes pour équiper un tel bâtiment! Mais, l'aménagement intérieur a été habilement réalisé pour que ce gigantisme ne soit pas écrasant : variété dans les volumes délimités par les rayonnages, signalisation lumineuse très claire et très agréable à l'œil. Le même effort a été fait pour varier l'atmosphère des salles : la section de lecture publique s'ouvre largement sur l'animation de la ville et du hall d'entrée tandis que les sections d'étude donnent sur le patio.

La bibliothèque présente l'aspect extérieur d'une ziggurat inversée où 7 unités superposées s'ordonnent autour d'un puits de lumière central. On trouve au Ier niveau le vestiaire obligatoire et la section de prêt de 110 000 volumes, où un conseiller de lecture se tient à la disposition du public. Une collection-exposition de livres d'enfants, exclue du prêt, est tenue à jour pour informer parents et éducateurs sur le choix disponible quand ils veulent inciter l'enfant à la lecture, ou sont à la recherche d'un cadeau. Les périodiques généraux sont regroupés dans une agréable loggia également utilisée pour les expositions. La section musique a un double rôle (référence et prêt) et comprend, outre les documents graphiques, des disques, bandes ou cassettes (12 ooo unités) qui peuvent être empruntés contre perception d'un droit annuel. Il y a trois carrels d'écoute et une salle d'audition de 30 places.

Les étages supérieurs sont réservés à la section d'étude, dont le fonds compte 900 000 volumes uniquement destinés à la consultation sur place, et qui offre 1 200 places réparties en 8 sections (sciences sociales, langues et littérature, philosophie et religion, sciences exactes, beaux-arts, histoire et topographie, fonds local, documentation commerciale et renseignements généraux), dont certaines occupent un étage entier. On trouve pour chaque discipline livres et périodiques, en libre accès pour la plupart; un certain nombre de documents sont cependant regroupés dans des magasins, mais il n'y a pas de cloisons fixes et l'organisation des surfaces peut être modifiée si nécessaire. Les fonds en magasins restent classés en Dewey, ce qui permet éventuellement d'y laisser travailler les lecteurs. Chaque section dispose d'une ligne téléphonique indépendante et maintient un service de renseignements complet (aide aux lecteurs, réponses par télex, téléphone ou correspondance).

Les collections rassemblées sont impressionnantes, et la qualité de la documentation fait de cette bibliothèque la plus importante bibliothèque municipale du pays : on peut citer par exemple les 1 ooo périodiques en cours à la section sciences, et l'important département de cartes et plans pour lequel on a étudié un mobilier original de consultation et de conservation.

Accordant un rôle essentiel à l'information, elle est peut-être moins étroitement spécialisée et, sans doute moins tributaire des enseignements qu'une bibliothèque universitaire, dont la rapproche pourtant la composition du public (étudiants, adultes en formation continue). Elle conserve également des fonds anciens, organise un fonds local et gère la « Shakespeare Library », première bibliothèque spécialisée sur ce sujet en Grande-Bretagne.

Le « Quick Reference Department » (5 000 volumes) tient à jour des collections d'annuaires, horaires et répertoires de plus de 150 pays et reçoit 400 périodiques; il répond aux questions générales mais est particulièrement spécialisé sur les problèmes d'information commerciale, et maintient un index des marques.

Le catalogue se présente pour les acquisitions antérieures à 1972 sous forme de volumes obtenus par réduction photographique de l'ancien fichier. Depuis cette date il est édité sous forme de microfilm par le BLCMP.

La bibliothèque comporte aussi une section enfantine mais celle-ci est relativement réduite du fait de l'implantation du bâtiment dans le quartier des affaires, peu habité. A l'information et à la documentation, la bibliothèque a joint l'animation au titre de ses activités et elle assure un programme d'animation culturelle sur la chaîne régionale de la radio.

Les services intérieurs assurent le traitement et la répartition des livres destinés aux annexes : grâce à l'automatisation des catalogues, et aux services pratiques du fournisseur qui assure l'équipement des volumes pour le prêt, le transit des ouvrages y est réduit à deux jours. Les catalogues des annexes sont pour l'instant sortis sous forme de listings mais on envisage par mesure d'économie de les produire eux aussi sur microfilm.

La bibliothèque s'est équipée d'un système de détection automatique des vols et utilise pour le prêt le système automatisé ALS (traitement des données en différé).

Sutton.

Située dans la banlieue Sud de Londres, la bibliothèque, qui comprend une section centrale et huit annexes, fait preuve de beaucoup d'originalité, tant par l'atmosphère qu'elle a su créer que par la manière dont elle utilise les possibilités de l'informatique. Elle emploie 130 personnes, dont 70 à la section centrale.

Celle-ci est installée dans un bâtiment de 4 étages et dispose de 5 000 m2. Un espace polyvalent, salle de conférence ou galerie d'exposition selon les besoins, ainsi qu'une cafeteria sont partie intégrante de la bibliothèque et contribuent à donner au hall d'entrée une animation certaine.

La décoration est particulièrement séduisante : chaque étage est traité dans une harmonie de couleurs différente, rappelée par une élégante signalisation. Le mobilier sobre et élégant dessiné par l'architecte contribue pour beaucoup à cette réussite.

Les 4/5 des 300000 volumes sont en libre accès; le fonds comporte aussi 20 ooo disques, 2 000 cassettes et 700 reproductions artistiques disponibles pour le prêt. Les documents ne sont pas groupés par nature, mais par discipline et l'on trouve classés dans chaque secteur de la bibliothèque livres, disques, cassettes et diapositives. Ce parti pris d'ouverture et de découverte se retrouve dans le refus de séparer sections d'étude et de prêt, attitude éminemment culturelle qui n'oppose pas détente et formation; les livres réservés à la consultation sur place sont simplement distingués par leurs étiquettes. Mais la disposition des rayonnages coupe les espaces trop impressionnants et le personnel est disponible pour guider les lecteurs dans leurs recherches. L'ensemble donne une impression de liberté et de diversité, et il s'est créé une certaine répartition entre les secteurs à l'atmosphère studieuse - (sciences pures, humaines et sociales) et les espaces plus animés - le silence n'est pas imposé! - du rayon langues et littérature, ou de la zone « décontractée » de la bibliothèque où l'on trouve une série de livres de poche, qui ne font l'objet d'aucun traitement bibliothéconomique, des disques à succès et 150 périodiques généraux qui ne sont pas conservés plus d'un an. A la bibliothèque musicale, meublée de sièges confortables, règne une atmosphère particulièrement propice à l'écoute (audition par écouteurs individuels).

La section enfantine propose albums, disques et livres et organise différentes activités. Un astucieux dispositif permet de transformer l'emplacement réservé à l'heure du conte en une petite scène où les enfants peuvent donner des représentations.

Un service spécial dessert les écoles maternelles et les écoles primaires du district. Il y a à la bibliothèque, outre les salles de manutention, un local où les enseignants peuvent examiner les titres proposés et choisir les ouvrages qu'ils souhaitent avoir en dépôt.

La qualité de l'accueil et du service public se concrétise par diverses possibilités offertes aux lecteurs : arrangements avec l'Institut municipal pour l'utilisation de ses laboratoires de langues ou salles de musique, renseignements sur les manifestations culturelles locales et vente de billets, mise à disposition des usagers pour une somme très modique d'une machine à écrire ou de petits bureaux appréciés des étudiants ayant des difficultés de logement.

La bibliothèque a entrepris la conversion complète de son ancien catalogue sur fiches en une base de données lisible en machine et éditée sur microforme; étant donné que la grande majorité du matériel acquis est d'origine anglaise, elle utilise pour son catalogue les bandes de la BNB. Originalité par rapport aux autres bibliothèques visitées, les données sont entrées en temps réel par frappe sur le clavier d'un terminal à écran, méthode préférée à l'entrée par bordereaux parce qu'elle facilite la tenue à jour et l'interrogation. Le système d'acquisitions, également automatisé - les commandes sont faites après réception des listings hebdomadaires de nouveautés - permet de gagner beaucoup de temps dans le traitement des ouvrages et leur répartition entre les annexes, d'autant plus qu'ils arrivent de chez le fournisseur avec un numéro d'inventaire et tout équipés pour le prêt. Un des avantages de ce système intégré commandes et catalogage est la possibilité d'obtenir en une seule interrogation les précisions souhaitées : le « statut » du livre recherché (catalogué, arrivé, ou commandé). Il y a à la bibliothèque deux unités d'interrogation, une dans les services publics, l'autre dans les services intérieurs.

La section centrale et deux annexes sont pourvues d'appareils à lecture optique pour l'enregistrement des prêts (système Plessey) partiellement on-line. Le système se borne pour l'instant à comptabiliser les sorties et les retours d'ouvrages en utilisant les numéros inventaire. Mais quand la conversion du catalogue sera achevée, on pourra obtenir par connection des deux fichiers des rappels plus parlants pour les lecteurs et des statistiques plus intéressantes à exploiter.

Library Association

La « Library Association », fondée en 1877, est la plus importante association professionnelle de bibliothécaires de Grande-Bretagne. Ses membres sont regroupés en deux sortes de structures : sections locales permettant l'échange d'idées et la coopération régionale, et regroupements par types de bibliothèques. Cette double structure se reflète au sein du Conseil de 62 membres qui définit la politique de l'association, exécutée par un secrétariat permanent. Quoiqu'essentiellement financée par les cotisations, proportionnelles aux salaires, elle dispose de moyens beaucoup plus importants que ses homologues françaises : locaux modernes dans le quartier du « British Museum », équipe permanente, télex, bibliothèque.

L'Association vise à être l'interlocuteur privilégié en matière de bibliothèques des services officiels (ministères, administration locale...); elle s'attache à promouvoir le développement et l'image de marque de la profession, en informant sur les bibliothèques et les carrières qu'elles offrent; elle intervient par exemple en cas de non-respect des normes de salaires.

Elle décerne des diplômes de bibliothéconomie aux lauréats des examens qu'elle organise; de plus en plus, elle tend à reconnaître en leur lieu les diplômes des écoles de bibliothécaires avec lesquelles elle est en rapport. Mais elle conserve le privilège de conférer la qualité de « Chartered Librarian » (bibliothécaire agréé) aux diplômés ayant trois ans d'expérience professionnelle reconnue.

Elle édite un certain nombre de publications (annuaires, ouvrages de bibliothéconomie, périodiques, bibliographies - comme British humanities index et Library and information science abstracts) et organise des actions de formation continue.

L'importante bibliothèque de la « Library Association » est depuis avril 1974 sous la responsabilité administrative de la « British Library » dont elle est le centre de documentation professionnelle. Le fonds comprend 400 000 ouvrages et brochures, classés en Dewey pour la plupart, la classification spécialisée en bibliothéconomie du « Classification Research Groupe » ayant été abandonnée après un temps d'utilisation par souci d'harmonisation avec la BNB classée en Dewey. La bibliothèque acquiert les thèses de bibliothéconomie anglaises et américaines et reçoit régulièrement des rapports d'activité de bibliothèques ou organismes de recherches. Elle commence à rassembler une documentation audio-visuelle (films, montages de diapositives) et reçoit environ 900 périodiques. La salle de lecture n'offre qu'une trentaine de places mais les activités essentielles de la bibliothèque sont le prêt - prêt inter- bibliothèques notamment, en liaison étroite avec la BLLD - et le service de renseignements.

Conclusion

L'importance des moyens dont disposent les bibliothèques britanniques et l'efficacité de leurs services prouvent à l'évidence la grande place qu'elles tiennent dans la vie culturelle du pays. Bien que quelques menaces puissent peser sur les crédits futurs, les lecteurs anglais demeurent très privilégiés, et leur familiarité avec des établissements, où ils savent trouver matière à s'informer et à se distraire, exclut tout arrêt dans le développement des bibliothèques.

Celui-ci est indissociable d'une recherche bibliothéconomique originale et fructueuse, essentiellement théorique dans les écoles de bibliothécaires et pratique dans les bibliothèques elles-mêmes. Les résultats se concrétisent par l'existence d'un réseau cohérent, que l'automatisation rend plus efficace et qui préserve l'autonomie des établissements (reflétée par la diversité des méthodes) et leurs possibilités d'évolution.

Quelques points seulement abordés n'ont pu être suffisamment éclaircis : absence de la video dans les bibliothèques publiques alors qu'elle est assez largement utilisée dans les BU; rapports des BU avec les grands réseaux documentaires; importance primordiale ou relative d'une formation spécialisée pour le personnel scientifique dans les sections sciences; affirmation ou négation d'une dualité entre la bibliothéconomie et la science de l'information. Mais ce voyage a fourni aux participants l'occasion de voir appliquées beaucoup de techniques qui commencent à apparaître en France, et aussi peut-être de reconsidérer l'importance fondamentale de la diffusion de l'information et les vertus d'un certain réalisme pratique. Le contact direct avec des collègues étrangers a été à cet égard particulièrement stimulant.

Illustration
Tableau