Rapport d'un voyage d'études en Suède

Geneviève Patte

Marie-Isabelle Merlet

Ce voyage organisé par l'Institut Suédois avec le soutien de l'Association Échanges et Bibliothèques, avait pour but de profiter de l'expérience suédoise pour préparer une meilleure organisation du Centre de documentation de la Joie par les livres lorsqu'il bénéficiera de nouveaux locaux.

A ce sujet, deux visites ont été particulièrement intéressantes : celle de l'Institut suédois du livre pour enfants à Stockholm et celle du Service des bibliothèques à Lund.

L'Institut suédois du livre pour enfants a été fondé en 1967 par Mary Ørvig 1, et immédiatement ouvert au public. Il doit son existence à quatre organismes : la Municipalité de Stockholm, l'Association suédoise des éditeurs, l'Université de Stockholm et l'Association suédoise des auteurs. Depuis 1970-197I, l'Institut bénéficie d'une subvention de l'État.

L'Institut occupe une petite maison en bois rose du XVIIIe siècle, dans un vieux quartier de Stockholm. Depuis sa création, il reçoit, des éditeurs suédois, tout ce qui est défini comme livre pour enfants par la Bibliographie nationale, et il essaie d'acheter les éditions originales des traductions des livres pour enfants suédois. Il est intéressant de voir quels sont les livres suédois qui sont traduits et en quelles langues. Cela permet de constater qu'un auteur qui a une production particulièrement abondante - et intéressante - comme Astrid Lindgren, n'est connue en France que par un très petit nombre de titres et qui ne sont pas les meilleurs. Un auteur illustrateur comme Elsa Beskow - qui est un classique en Suède - vient d'être traduite en japonais, mais ne l'est pas encore en français.

Pour ce qui a paru avant 1967, l'Institut prend ce qui est accessible (dons d'individus ou de bibliothèques publiques). Il n'inclut pas de documentaires (sinon ceux qui peuvent être considérés comme des livres d'images) ni les livres scolaires.

Ces livres, l'Institut les enregistre, mais n'a pas à les cataloguer. Il reçoit, en effet les fiches de la Bibliothèque Royale, ce qui lui permet de vérifier si les éditeurs lui ont bien envoyé toute leur production pour enfants. Son fichier est plus complet que sa collection, car il dispose, pour la période qui va de 1700 à 1966, du catalogue systématique de la Bibliothèque Royale dont une partie est consacrée aux livres pour enfants. Il peut ainsi répondre aux questions qui concernent les éditions des livres pour enfants suédois grâce à ses catalogues par collections, par éditeurs, auteurs, traducteurs, illustrateurs, par année d'édition (il n'a pas de catalogue matière).

L'une des idées maîtresses de Mary Ørvig dans l'organisation de son centre est la nécessité de couvrir exhaustivement le champ de l'édition suédoise pour enfants.Un centre de documentation en tant que tel n'a pas à faire de sélection. Les livres médiocres, facilement et justement éliminés par les bibliothécaires pour enfants, se révèlent importants pour l'étude de la littérature enfantine, de ses tendances idéolo giques et sa mise en rapport avec l'histoire de l'enfant. Une étude qui ne tiendrait pas compte des livres réellement lus par les enfants de telle ou telle époque ne pourrait prétendre à l'objectivité, ni même au moindre intérêt, et c'est le rôle d'un centre de documentation de permettre que ce genre de recherches soit mené scientifiquement.

En outre, l'Institut dispose d'une collection d'ouvrages de référence, d'environ 3 000 titres, sur la littérature enfantine de tous les pays, et, secondairement, sur les jouets, la situation sociale autrefois, l'histoire de l'enfance, les problèmes et l'histoire de l'édition dans le monde. Par contre, il n'y a que peu de livres de pédagogie ou de psychologie de l'enfant, dans la mesure où on peut les trouver dans d'autres instituts spécialisés. Ces ouvrages sont le fruit d'une sélection. Ils sont classés par ordre alphabétique, sauf les biographies, les bibliographies, les anthologies, et les œuvres complètes qui sont classées à part. Un fichier matière permet d'exploiter cette collection. Le catalogue de ces livres vient d'être édité, on peut le consulter au Centre de documentation de la Joie par les livres. Un index matière en anglais renvoie à l'index suédois.

L'Institut a aussi une petite sélection de périodiques de divers pays sur les livres pour enfants. Il se fie à leur index et ne les dépouille pas. Il rassemble en dossiers les coupures de presse qui concernent les livres et les auteurs, depuis 1934, sans prétendre à l'exhaustivité. Il bénéficie du service des coupures de presse mensuel qui a un index et qui est édité à Lund par le « Biblioteksjänst». Il s'efforce de rassembler les thèses et les travaux universitaires, quitte à les photocopier, même s'ils sont volumineux, lorsqu'ils ne sont pas disponibles autrement.

Deux personnes à plein temps et deux personnes à 3/4 de temps font fonctionner ce centre qui est ouvert de 10 h 15 à 16 h - mais reste ouvert tard un soir par semaine. L'Institut répond chaque année à 500 lettres et reçoit 1 ooo visiteurs environ - sans parler des coups de téléphone. La réponse peut consister au besoin en vrai cours de bibliographie. L'Institut s'efforce toujours de diriger les demandes vers des centres spécialisés - et tient pour cela à jour sa liste de ce qui existe et avec quoi il peut collaborer : instituts, individus, archives, bibliothèques.

Ce qui est sans doute le plus frappant, dans cet institut suédois du livre pour enfants, c'est de voir comment il a su se définir, se limiter pour faire à fond ce qu'il fait et ne pas doubler un travail fait par d'autres. Mais cela suppose l'existence d'autres organismes, de bibliothèques qui aient un service bibliographique développé dans leurs sections pour enfants, de bibliothécaires pour enfants qui aient une réelle formation.

Dès 1936, l'Association des bibliothécaires suédois a commencé à rationaliser le travail des bibliothèques en ce qui concerne leur stock. En 1951 cette organisation est devenue une partie du Service des bibliothèques de Lund, où travaillent 250 personnes. Elles reçoivent des éditeurs suédois les épreuves des livres à paraître et les communiquent pour lecture, et d'après la catégorie du livre, à l'un des 300 critiques qui travaillent avec elles. Les livres pour enfants et les romans pour adultes font l'objet de deux lectures (la raison en est, en ce qui concerne les livres pour enfants, qu'ils sont destinés aux écoles aussi bien qu'aux bibliothèques). La liste des ouvrages à paraître est publiée deux fois par mois avec, pour chaque titre, deux critiques de 60 à 100 mots, et c'est d'après ces listes et ces critiques que les bibliothèques et les écoles font leurs commandes. Depuis 1970 sont publiées aussi les critiques négatives. Il arrive qu'un éditeur réclame une autre lecture : quatre personnes de l'Académie suédoise s'occupent de ces cas et jugent les critiques.

Grâce à ces listes, les livres peuvent être commandés avant leur diffusion en librairie. Le Service des bibliothèques de Lund regroupe ces commandes, ce qui permet de diriger les livres commandés vers une maison de reliure spécialisée pour les bibliothèques à Stockholm, avant qu'ils n'aient reçu la reliure d'éditeur. Dans les meilleurs cas, le livre arrive ainsi simultanément en bibliothèque et en librairie, et la bibliothèque a pu commander en outre, les jeux de fiches dont elle a besoin. Quand le livre a paru en librairie sans que le service ait reçu d'épreuves, on organise un service rapide qui limite les délais de lecture et de reliure.

Les bibliothécaires d'écoles, qui sont professeurs en même temps, ne peuvent faire leurs commandes à ce rythme. Lund publie la liste des livres en stock qu'il peut fournir - liste annuelle ou bi-annuelle. Ces listes exhaustives de la production suédoise (environ 2 900 titres pour adultes et enfants dont 740 rééditions pour l'année) sont complétées par des sélections que publie aussi le service de Lund.

Un groupe de contrôle formé d'un professeur, d'un bibliothécaire et d'un auteur choisit et organise le roulement des bibliothécaires qui font les sélections : pour cela il faut lire environ 1 ooo livres par an (dont 300 rééditions). Cette sélection des livres de l'année est complétée par des sélections rétrospectives des meilleurs livres des dix années passées, et de suggestions pour fonds de bibliothèque : listes d'albums, de romans, de documentaires, recommencées chaque année. Enfin, des sélections par thème (la mort, Noël...). Ce service est payant.

Pour les livres étrangers, les sélections sont faites par des bibliothécaires qui vont dans les pays ; leurs choix sont discutés par des professeurs qui enseignent ces langues, qui annotent ces listes et contribuent au classement des livres. Les bibliothèques ne peuvent commander les livres étrangers que groupés.

Le Service de Lund a un important service de publications pour les enfants et pour les bibliothécaires pour enfants. Les libraires ne s'y intéressent pas, mais les éditeurs en achètent. Ils publient des brochures sur les auteurs, les illustrateurs, des débats, des dossiers de coupures de presse sur l'éducation, le théâtre, les expositions. Ces listes sont faites par des bibliothécaires ou des professeurs, mais non au Centre de Lund. Il est possible de s'y abonner, de sorte qu'une documentation est présente dans toutes les bibliothèques pour enfants.

Le Service des bibliothèques de Lund s'occupe enfin de publicité et a un matériel important à vendre aux bibliothèques : photos d'auteurs, reproductions d'illustrations, où la bibliothèque peut mettre son nom, listes bibliographiques illustrées, jeux sur le classement des livres...

Le travail actuellement réalisé par la Joie par les livres, rue de Louvois, s'inscrit entre celui de l'Institut suédois du livre pour enfants de Mary Ørvig et celui du Service des bibliothèques de Lund. Comme l'Institut de Mary Ørvig, la Joie par les livres se veut un Centre de documentation du livre pour enfants français (dont elle doit recevoir un exemplaire du dépôt légal dès que ses locaux le permettront et qu'elle reçoit actuellement sous forme de services de presse). Sa collaboration avec le catalogage national centralisé (CANAC) devrait permettre par la suite de pouvoir consulter sur ordinateur ses fichiers de livres pour enfants et de livres professionnels. Mais elle est aussi un service des bibliothèques pour enfants qui publie des sélections faites sur la base du travail de ses groupes de lecture régionaux et s'efforce de faire connaître aux éditeurs, pour qu'ils soient traduits, les meilleurs livres étrangers, comme naguère Petit Ours de Maurice Sendak à l'École des loisirs, et Bébé de Manuskin qui vient d'être publié également par l'École des loisirs.

Bien que notre voyage n'eût pas essentiellement ce but, nous avons pu en outre visiter quelques bibliothèques à Stockholm, dans la banlieue de Stockholm et à Helsingborg.

La Maison de la Culture de Stockholm a une importante bibliothèque avec section enfantine et équipements audio-visuels située au rez-de-chaussée, donc directement accessible de la rue. Cette bibliothèque sans frontière très nette, sans poste de contrôle qui freine la circulation et donne l'impression d'être surveillé, communique avec un bar-café, et l'on peut jouer aux échecs dans la bibliothèque tout en buvant un rafraîchissement. Elle a été créée en 197I et compte environ 40 000 livres, sans compter les quotidiens et périodiques dont beaucoup sont étrangers. Elle est ouverte tous les jours, même le dimanche. On peut y écouter la radio, regarder la télévision, ou coiffer un des nombreux casques d'écoute pour écouter les nombreux disques de musique classique, de jazz, de musique pop, ou utiliser en cabine un matériel de laboratoire de langues. Les postes d'écoute sont répartis au milieu des livres et groupés par genre : coin de musique pop, coin de musique classique, etc. On peut disposer aussi du matériel nécessaire à l'utilisation des bandes de projection et à la lecture des micro-films. Tous ces services sont gratuits. Les diapositives (surtout sur des thèmes artistiques) sont rangées dans des tiroirs qui s'éclairent lorsqu'on les tire, ce qui permet de choisir aisément. Dans la salle d'audition et de représentation sont donnés des programmes quotidiens : concerts de musique enregistrée, heures du conte, films pour enfants, théâtre de marionnettes, soirées lyriques, etc. Pour bénéficier de cette bibliothèque, il suffit d'être inscrit à la bibliothèque de la ville dont la carte est valable pour toutes les bibliothèques de Stockholm.

Les étages supérieurs de la Maison de la Culture sont réservés à des expositions et à des activités. Ainsi, la salle « Leka med Bceaghel » où l'on a reconstitué un tableau de Bruegel représentant les jeux des enfants de son temps, reproduit chaque jeu sur un panneau découpé, et fabriqué les jeux représentés pour que les enfants puissent y jouer. Une salle d'information civique permet de téléphoner aux représentants des partis politiques pour leur poser des questions.

La première bibliothèque scolaire avait été créée à Stockholm en 1899, et, très rapidement, toutes les écoles de Stockholm ont été équipées de bibliothèques. Les bibliothèques pour enfants sont devenues indépendantes des écoles en 19II et la Bibliothèque municipale de Stockholm date de 1927. Stockholm a maintenant quarante bibliothèques pour enfants dont dix sept en liaison avec les écoles, pour 666 ooo habitants dont 90 000 enfants 2. Un comité des bibliothécaires d'écoles et des sections pour enfants des bibliothèques publiques se réunit pour le choix des livres et l'achat est centralisé à la bibliothèque municipale (cela peut se comparer à l'organisation des bibliothèques de la Ville de Paris).

La Bibliothèque municipale de Stockholm possède une collection très importante d'ouvrages sur la littérature enfantine, placés dans la section pour enfants, et de livres pour enfants étrangers. Sa salle du conte a été décorée par un peintre suédois.

Nous sommes passées par une bibliothèque-café dans un centre commercial, tout à fait «dans le passage ». Il y en a deux dans Stockholm. Elle a une section pour enfants et un grand choix de périodiques suédois et étrangers. Elle est située tout près d'une véritable bibliothèque et peut donner l'idée de s'y rendre. Elle offre aux lecteurs des fauteuils, une installation simple. C'est aussi efficace que le système de distribution qui rend présents en France, dans tous les prisunics et les kiosques de gare, les livres des bibliothèques rose ou verte; simplement ici, il s'agit d'une sélection de bibliothécaires et non d'un monopole d'éditeurs, d'une incitation à la lecture et au choix et non à la consommation et au conditionnement.

La bibliothèque de Tensta, dans la banlieue de Stockholm, connaît les mêmes problèmes que les bibliothèques de la banlieue parisienne : enfants d'immigrés difficiles et qui ont des problèmes de langue et de lecture. Un grand effort est fait pour ces immigrés : on achète des livres dans leur langue et la proportion de ces livres à la bibliothèque correspond à l'importance de cette catégorie d'immigrés par rapport à la population totale. On organise pour eux des heures du conte dans leur langue. Cet effort pour tenir compte des besoins réels de la population, notamment des immigrés, nous a paru caractéristique des bibliothèques suédoises, dans la ligne d'ailleurs d'une politique globale du pays.

Enfin, nous avons visité la bibliothèque municipale d'Helsingborg construite en 1964, en briques blanches, spacieuse et belle. Sa construction a coûté 4,5 millions de couronnes suédoises. La section enfantine comporte, outre la salle de prêt, une petite salle pour les livres d'images et une salle pour les adolescents, où ils peuvent écouter des concerts de jazz ou se servir d'un magnétoscope pour voir un spectacle de télévision à l'heure qui leur convient, sans être les esclaves du programme, puisque ce programme sera enregistré et que son audition peut être différée en fonction des autres intérêts et besoins des jeunes. Il y a aussi une salle du conte et une salle de jeux. Des enfants jouent au docteur ou à d'autres jeux au milieu des livres. Les adultes ont une salle de prêt de II mètres, avec galerie, lumineuse grâce à de hautes fenêtres étroites. Ils ont, en outre, une salle de lecture, une salle de périodiques et une salle consacrée à la littérature qui traite de Helsingborg, avec des placards pour le matériel (machines à écrire, manuscrits, etc...). Des livres d'enfants sont exposés dans la section adultes, surtout à l'occasion de Noël, grâce aux libraires locaux, tandis que la section enfantine a des livres sur la littérature enfantine et la pédagogie. L'équipement audio-visuel de la bibliothèque d'Helsingborg est très développé. Cela correspond à une politique réfléchie de la part de la responsable de cette bibliothèque : Anna-Maria Kylberg, et de ses collaborateurs. La salle de musique contient disques, partitions, littérature sur la musique, et aussi « livres parlants » pour les aveugles. On ne prête pas les disques mais leurs enregistrements sur cassettes faits à la bibliothèque. Les pochettes des disques sont exposées (sans disque à l'intérieur) comme élément de choix, au même titre que les fichiers.

Au premier étage, un café ouvert aux visiteurs et un auditorium avec des appareils de projection et un piano Steinway. Ces appareils sont utilisés indifféremment par tous ceux qui travaillent à la bibliothèque, ils ne nécessitent pas le recours à un technicien. Cet auditorium sert aux soirées littéraires de la bibliothèque, mais est mis aussi à la disposition des autres organismes de la ville pour des cours ou des conférences.

La bibliothèque d'Helsingborg collabore en effet avec les associations qui existent dans la ville, ce qui lui permet de fonctionner avec quatre bibliothécaires dont une à mi-temps pour les enfants. Elle prête ses locaux au personnel municipal et à celui des centres sociaux qui utilisent ses ressources avec les enfants, de sorte qu'elle ne redoute pas de servir de garderie, ce qui est un risque difficilement évitable et une réalité pour toute bibliothèque pour enfants, car son personnel reste disponible pour son travail de bibliothèque et il n'est pas inintéressant que la garderie se fasse dans un environnement riche en livres. Ainsi prête-t-elle ses locaux et son matériel aux maternelles, sans que son personnel soit mobilisé par ces visites de classes, comme c'est souvent le cas en France. Un tiers de son fonds est dans les maternelles, les centres de loisirs, les salles d'attente des dentistes, avec une information sur la bibliothèque et possibilité d'emprunt. Les Suédois estiment en effet que c'est à la bibliothèque d'aller aux lecteurs et non l'inverse. Elle prête aux professeurs, pour les expérimenter, des cassettes de magnétoscope, et les professeurs qui les utilisent avec leurs classes sont invités à remplir des formulaires sur l'intérêt de ces programmes pour inciter les enfants à emprunter des livres, à dessiner, à discuter, ou à d'autres activités. On a pu constater ainsi de quelle aide étaient ces programmes audio-visuels pour les enfants d'immigrés qui comprenaient enfin le même programme que leurs camarades et en même temps qu'eux, et qui apprenaient ainsi beaucoup plus rapidement le suédois.

Ceci est une des raisons du développement de l'équipement audio-visuel et des diverses activités dans la bibliothèque municipale de Helsingborg. Anna-Maria Kylberg part du principe que les enfants tirent plaisir et information de tous les media et pas seulement des livres. Elle a constaté que le prêt avait baissé, quand, pour des raisons de manque de personnel, certains programmes comme celui des marionnettes avaient dû être interrompus. La bibliothèque est pour elle, à cause de ses horaires et de ses locaux, de sa vocation même, le lieu où doivent se réunir normalement les associations de la ville : parents, professeurs, travailleurs, jeunes. Elle les invite à faire des expositions pour annoncer leurs réunions. Ainsi la bibliothèque jouet-elle son rôle qui est de donner non seulement des livres, mais des idées.

Anna-Maria Kylberg n'exclut même pas que la bibliothèque joue un rôle de garderie : un de ses articles : « Park your child in the library » y incite même, et elle a plaisir à penser que des parents ont pu passer leurs examens parce que leurs enfants étaient pris en charge par la bibliothèque, et que la cafeteria permettait à des parents et enfants de se réunir pour un repas. C'est que cela n'empiète pas sur la fonction de la bibliothèque, dans la mesure où les bibliothécaires jouent leur rôle et sont assistés pour le reste par les « recreational offices» etc.

L'impression générale laissée par ce voyage d'étude d'une semaine est celle d'une très grande vitalité des bibliothèques suédoises - qui sont plutôt des médiathèques -et de leur adaptation à leurs publics et à la vie moderne.

C'est aussi l'impression que l'expérience suédoise s'appuie sur des traditions et une organisation qui sont loin d'exister en France : la collaboration avec d'autres organismes ne peut se faire que si existent ces autres organismes...

  1. (retour)↑  Mary Ørvig est la secrétaire de l'"International Research Society for children's literature", qui a été créée en 1970 à l'initiative de l'Institut de recherche du livre pour enfants de l'Université de Francfort (qui a pour directeur Klaus Doderer) et réunit 150 membres de 23 pays (pas encore la France). Cette Société a déjà constitué un comité pour se mettre d'accord sur la terminologie à employer pour la recherche sur les livres pour enfants. Son troisième Symposium s'est tenu en Suède en août 1976 et a porté sur la traduction des livres pour enfants. Isabelle Jan y fut invitée pour la France.
  2. (retour)↑  En 1968, la Ville de Paris offrait, pour 240 000 enfants de 5 à 16 ans, 21 bibliothèques avec prêt et animation, et autant faisant le prêt simple.