La section médecine-pharmacie de la nouvelle Bibliothèque universitaire de Grenoble-La Tronche

Pierre Trainar

Le regroupement sur le domaine de Saint-Martin-d'Hères des Facultés de lettres et sciences humaines, de droit et sciences économiques et de la Faculté des sciences, et la construction sur le domaine de La Tronche de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Grenoble ont permis aux trois sections de la Bibliothèque de l'Université de s'installer dans des locaux neufs et fonctionnels. Puisqu'il s'agissait de bâtiments neufs, on s'est attaché à prévoir grand et commode, sans négliger l'esthétique ou le confort. Ces trois réalisations de l'Université de Grenoble sont sans doute une réussite, tant sur le plan architectural que sur le plan de l'aménagement intérieur

Dans le secteur Nord-Est de Grenoble, dominé par la cime altière du Saint-Eynard, s'étend le quartier résidentiel de La Tronche. C'est là que se situe le Domaine de la Merci acquis par la jeune 1 Faculté de médecine de Grenoble et qui comprenait à l'origine un château au cœur d'un grand parc planté d'arbres d'essences variées, dont une partie a malheureusement péri sous la hache dès la mise en chantier des constructions universitaires. Le domaine, don du Conseil général, avait été choisi parce qu'il était dans le voisinage immédiat des hôpitaux civils et militaires. Ce qui présente de nombreux avantages, dont bénéficient la faculté et la bibliothèque. Ainsi à partir des postes téléphoniques de la bibliothèque, on peut toucher directement tous les services et laboratoires de la faculté ou de l'hôpital grâce à un réseau intérieur, sans avoir à passer par le réseau urbain : de longues attentes sont ainsi évitées et il est commode de pouvoir avertir téléphoniquement, immédiatement et sans frais les lecteurs dès que la photocopie demandée est faite, ou dès que le livre commandé peut être communiqué... Le même avantage se retrouve pour le courrier, qui est acheminé directement de la faculté à l'hôpital et réciproquement. Enfin on se rend facilement à pied et en quelques minutes des hôpitaux à la bibliothèque, ouverte pour cette raison toute la journée d'une manière continue, ce qui permet aux médecins travaillant dans les services hospitaliers de mettre à profit un instant de liberté pour passer à la bibliothèque, et ce, même aux heures de midi. Le médecin un peu bousculé et dont les horaires hospitaliers sont chargés apprécie à leur juste prix ces commodités de communication et de proximité.

La section médecine de la bibliothèque universitaire se trouve placée entre le château qui abrite l'administration et les bâtiments qui contiennent des laboratoires, salles de travail, bureaux et amphithéâtres.

La bibliothèque a la forme très banale d'un parallélépipède rectangle. Les fenêtres des salles de lecture ont vue vers le sud sur une pelouse entourée de bouquets d'arbres à travers le feuillage desquels se devinent les sommets déchiquetés et enneigés de la chaîne de Belledonne. L'avant projet fut fait par M. L. Blanchet, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, et M. J. Benoit, architecte, guidés par les suggestions et le concours de M. Bleton, conservateur en chef au Service technique de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique, et sous le contrôle constant du Dr Roget, doyen de la Faculté de médecine. Malgré les retards de la mise en chantier, les travaux, exécutés par des entreprises locales, furent accélérés et la réception provisoire du bâtiment eut lieu le 15 décembre 1967.

Les finitions durèrent toutefois jusqu'au début janvier, date à laquelle commença le déménagement de la bibliothèque de ses anciens et misérables locaux de la rue Lesdiguières. Étant donnée la date du déménagement en plein milieu de l'année universitaire, il fallut encore hâter ces opérations et la bibliothèque, au prix du labeur harassant de son personnel, put enfin ouvrir ses portes au public le Ier février 1968. Pendant toute la durée du déménagement, une antenne de la bibliothèque avait toutefois été installée dans les bureaux de l'administration de la faculté de médecine pour permettre de répondre aux demandes urgentes des étudiants et des chercheurs.

La construction est en béton armé, les façades extérieures ont un revêtement de mosaïque de pâte de verre autolavable, couleur gris clair et vert sombre. Les portes et les fenêtres sont en aluminium anodisé. Les sols sont revêtus de carreaux de Dalflex marbré de couleur beige clair. Le chauffage, qui dépend de la centrale thermique de la faculté de médecine, est assuré par des radiateurs. L'éclairage provient de tubes à néon et n'est que très rarement utilisé dans la journée à cause de l'exceptionnelle luminosité des salles de lecture des étudiants, due aux nombreuses fenêtres, à la couleur blanche des faux plafonds insonorisants et surtout aux lanternes de matière plastique qui assurent un excellent éclairage zénithal.

Les salles publiques du rez-de-chaussée haut.

Le lecteur, après avoir franchi la porte d'entrée vitrée, se trouve dans un hall. En face de lui, règne la banque de prêt, à côté de laquelle il doit passer pour pénétrer dans les salles de lecture; à sa gauche se trouvent les catalogues, placés derrière un claustra décoratif. Vis-à-vis de la banque de prêt prend naissance un escalier qui descend à la salle des spécialités du niveau inférieur. Du comptoir de la banque, il est donc très facile de surveiller les entrées et sorties de la salle de lecture des étudiants ainsi que celles de la salle des professeurs. L'Encyclopédie médico-chirurgicale et des dictionnaires, disposés sur les rayonnages de la première travée basse de la salle, sont également sous le contrôle permanent du personnel de la banque de prêt.

Cette grande salle de travail et de lecture est exposée au sud et largement éclairée. Dans la partie ouest de la salle sont disposés les usuels de pharmacie, étiquetés de vert et, dans la partie est, la plus vaste, les usuels de médecine premier cycle, étiquetés de jaune et ceux du deuxième cycle, étiquetés de rouge et disposés sur des rayonnages bas formant une série d'alvéoles.

Dans la petite salle de lecture du nord-est, les étudiants du troisième cycle disposent des usuels correspondant à leur programme d'étude ainsi que d'ouvrages se rapportant à toutes les spécialités médicales et de monographies récentes. Ces derniers livres sont marqués d'étiquettes blanches. On trouve également dans cette salle un certain nombre de périodiques médicaux courants dont l'étudiant a fréquemment besoin et qu'il peut consulter à son niveau. Le plan des lieux est simple et la disposition des ouvrages reflète les grandes divisions d'enseignements : pharmacie, médecine premier cycle (c'est-à-dire première et deuxième année), médecine deuxième cycle (troisième et quatrième année) et enfin médecine troisième cycle. Il est bien entendu que les étudiants avancés du 3e cycle de médecine ou de pharmacie peuvent aussi accéder à la salle des spécialités du niveau inférieur.

Salle des spécialités du rez-de-chaussée bas.

Comme nous l'avons dit, on y accède par un escalier situé en face de la banque de prêt. Cette salle, moins bien éclairée que celles du haut, sert à la fois de salle des spécialités, de salle des professeurs et de salle de périodiques.

Meublée de rayonnages de teck, elle se divise en six alvéoles : les ouvrages, marqués d'une étiquette bleue, sont classés d'après la classification de la « National library of medicine » de Bethesda, à l'exception des grandes bibliographies (Index Medicus, Bibliographie de la France), des dictionnaires et de l'Encyclopédie médico-chirurgicale qui sont disposés à l'entrée de la salle.

En face de l'entrée se trouve un bureau vitré où un sous-bibliothécaire ou un bibliothécaire se tient à la disposition du public pour tous les renseignements qui ne peuvent être donnés par le personnel de la banque de prêt du niveau supérieur, qui doit d'ailleurs orienter systématiquement vers ce bureau toute personne posant un problème apparemment difficile à résoudre. Qu'il s'agisse d'une recherche bibliographique, de photocopies à faire ou de demandes de prêt interuniversitaire, toute affaire délicate est généralement réglée dans ce bureau.

Au fond de la salle, contre le mur sont placés les lecteurs de microfilms et dans les six alvéoles dessinées par les rayonnages se rangent, dans l'ordre de la classification NLM, tous les ouvrages récemment acquis par la bibliothèque.

Les derniers numéros reçus des périodiques sont disposés au centre de la pièce, dans deux présentoirs verticaux en plastique posés sur des tables longues. L'avantage de ce mode de présentation pour une bibliothèque médicale est évident : en effet les médecins et les pharmaciens font généralement d'importantes recherches bibliographiques qui les obligent à parcourir les sommaires d'un grand nombre de revues : les périodiques doivent donc être présentés non d'une manière décorative et incommode qui oblige le lecteur à des allées et venues continuelles entre sa table et les présentoirs, mais d'une façon pratique, qui permette d'être assis et de prendre commodément des notes sur les tables-présentoirs. Après avoir paru un certain temps sur les présentoirs les fascicules sont classés, selon l'ordre des cotes, dans les armoires à casiers suspendus adossées au mur ouest de la salle des spécialités.

Services intérieurs et magasins.

Outre le bureau de renseignement de la salle des professeurs déjà mentionné, il existe encore trois bureaux du personnel groupés au niveau supérieur dans l'angle nord-ouest du bâtiment et comprenant le bureau du conservateur, celui du secrétariat du prêt interuniversitaire où les demandes sont traitées et orientées (après avoir été reçues et vérifiées par la sous-bibliothécaire du bureau de renseignement de la salle des professeurs) et enfin un bureau pour une sous-bibliothécaire et une secrétaire.

Au niveau inférieur se trouve une petite salle de manutention, où s'opère le tri du courrier, où sont déballés les caisses et les colis de livres et où l'on prépare les trains de reliure : cette salle jouxte une grande salle de manutention contenant des appareils de photocopie, un lecteur-reproducteur de microfilm, une machine offset, une table d'emballage pour les colis du prêt interuniversitaire et un petit bureau pour l'étiquetage et le compostage des livres.

Les magasins se situent à ce niveau et offrent une superficie déjà insuffisante. Dans la partie est de ceux-ci sont classés les thèses et les ouvrages, dans la partie ouest les périodiques. Un monte-charge situé derrière la banque de prêt assure la liaison verticale entre les magasins et les salles de lecture.

Une sonnerie assez forte pour alerter les gardiens, même s'ils se trouvent dans les parties éloignées des magasins, et un téléphone intérieur apportent à cette liaison un surcroît de rapidité et de précision.

Telle qu'elle se présente aujourd'hui, la bibliothèque universitaire de médecine de La Tronche, après un an de fonctionnement, semble bénéficier de la faveur des étudiants et des professeurs. Mais la médicalisation du CPEM, la transformation consécutive des deux premières années de médecine et l'accroissement continu du nombre des étudiants obligent à envisager un agrandissement important de la salle de lecture des étudiants ainsi que des magasins déjà remplis. Fort heureusement les études de ce projet sont maintenant achevées et les travaux devraient commencer bientôt.

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Section médecine et pharmacie de la bibliothèque universitaire de Grenoble la Tronche (Isère) 1/2

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Section médecine et pharmacie de la bibliothèque universitaire de Grenoble la Tronche (Isère) 2/2

  1. (retour)↑  La Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Grenoble semblerait pouvoir s'enorgueillir d'un passé prestigieux car le sceau de l'université affirme fièrement 1339 comme la date de sa fondation par un Dauphin désireux d'imiter Paris, Naples et Salerne. Mais la réalité est beaucoup plus terne : à peine née cette malheureuse université périclite déjà et l'enseignement de la médecine végète tout au long du Moyen Age, jusqu'à la suppression de l'université par lettres patentes de Charles IX en 1565. Un enseignement médical renaît en 177I, se développe petitement au cours du XIXe siècle sous la forme d'une « École préparatoire de médecine et de pharmacie » (184I), devenue plus récemment École de plein exercice (1955) et enfin faculté en 1962 grâce à l'action de son doyen le Dr Roget.