Paris. Bibliothèque nationale

Présentation

Parmi les nombreux fonds dont se composent les collections du Cabinet des manuscrits, celui des « nouvelles acquisitions françaises », créé en 1863, est assurément l'un des plus vivants. Destiné à accueillir tous les documents manuscrits de langue française qui entreraient après cette date à la Bibliothèque nationale, il allait, de façon toute naturelle, constituer très vite une source essentielle de l'histoire intellectuelle de la France contemporaine et même, dans bien des cas, de son histoire politique et économique. Il était facile de prévoir que le développement d'un tel fonds serait rapide. Il compte aujourd'hui environ 3I ooo volumes, dont plus de 3 500 entrés dans nos collections au cours des vingt dernières années, ce rythme régulier d'accroissement ayant du reste tendance à s'accélérer depuis dix ans. Ces volumes sont en majorité des recueils constitués par un très grand nombre de pièces; c'est donc en réalité par centaines de milliers voire par millions d'unités bibliographiques qu'il conviendrait d'évaluer un tel ensemble.

Le public a toujours été régulièrement renseigné sur les accroissements du fonds par les inventaires sommaires que le Cabinet des manuscrits publiait, tous les cinq ans environ, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, mais leur caractère même en rendait l'usage assez incommode et surtout fort aléatoire. D'une part, en effet, ils ne comportaient pas de tables véritablement dignes de ce nom, et, d'autre part, les recueils de correspondances ou de pièces historiques n'y étaient presque jamais dépouillés de façon exhaustive.

Une tentative avait été faite, voici une vingtaine d'années, pour fournir au jour le jour au public des informations détaillées sur le contenu des manuscrits français nouvellement entrés dans nos collections. Il avait alors été décidé que les volumes cotés après 1946 continueraient à être comme par le passé, signalés à intervalles réguliers dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, mais qu'en outre leur contenu serait indexé alphabétiquement sur des fiches mises à la disposition du public dans la salle de travail du département. Le fichier ainsi créé vers 1950 a été tenu à jour depuis lors et nous croyons qu'il a pu rendre d'appréciables services à ses utilisateurs.

Une telle solution ne pouvait toutefois être que transitoire : la prolifération constante des fiches et le devoir qui nous incombait de renseigner, non seulement les lecteurs qu'accueille la Bibliothèque nationale, mais aussi l'ensemble des chercheurs du monde entier, devaient tôt ou tard imposer la publication de ce fichier sous une forme quelconque. C'est essentiellement à ce besoin qu'entend répondre le nouveau catalogue. La volumineuse table alphabétique qui en occupe plus des trois quarts reproduit en effet pour l'essentiel les fiches issues du dépouillement intégral des manuscrits cotés 13 005 à 14 06I (petit format) et 24 219 à 25 100 (grand format) dans le fonds des « nouvelles acquisitions françaises » de 1946 à 1957.

Ce catalogue ne se limite pourtant pas à de simples tables ou index alphabétiques. Conformément aux usages traditionnellement suivis dans la plupart des catalogues de manuscrits, on a fait précéder ces tables d'une série de notices sommaires où les volumes sont décrits d'après les normes habituelles et dans l'ordre numérique de leurs cotes. A quelques retouches près, ces notices ne sont d'ailleurs que la réédition de celles antérieurement publiées dans la Bibliothèque de l'École des Chartes 2. A première vue, l'économie du catalogue pourrait donc paraître entachée d'un certain déséquilibre puisqu'à la suite de notices relativement sommaires (surtout lorsqu'elles sont consacrées à des recueils factices de correspondances ou de pièces historiques diverses) on y trouve un index alphabétique qui se veut, lui, aussi exhaustif que possible, et où, par suite, sont contenus des éléments d'information que l'on chercherait vainement dans les notices elles-mêmes. Les avantages pratiques d'une telle méthode de présentation l'emportent cependant de loin sur ses inconvénients théoriques et l'on peut constater que les mêmes principes sont en fait suivis depuis plus de cent ans par le « British Museum » dans les catalogues où sont périodiquement décrits les Additional Manuscripts.

Les dons faits depuis des siècles à la Bibliothèque nationale contribuent pour une part essentielle, et sans doute primordiale, à l'accroissement de ses collections. Une brève mention à la fin de chaque notice signale, comme il se doit, l'origine des documents classés dans le fonds des « nouvelles acquisitions françaises » entre 1946 et 1957 et la liste complète des donateurs est publiée en tête du volume.

L'élaboration de ce catalogue ne pouvait être qu'une entreprise de longue haleine : au cours des vingt dernières années elle a rassemblé de très nombreux collaborateurs appartenant au personnel scientifique du département. L'harmonisation ultérieure des notices rédigées par les uns et les autres, selon leurs spécialités respectives, de même que la révision et la fusion des fiches à partir desquelles a été établi l'index alphabétique ont été assurées par Mlle Annie Angremy, Mme Florence Callu-Turiaf, Mme Marie Cordroc'h, Mlle Madeleine Cottin et Mme Lise Dubief.