Le service de traduction du Centre de documentation du CNRS

N. de Mamantoff

C'est en 1945 que fut décidée la mise en route d'un service de traduction scientifique et technique important afin de permettre aux chercheurs français l'accès à la littérature étrangère. Pour éviter que les articles intéressants ne soient traduits plusieurs fois, un inventaire général des traductions effectuées ou entreprises dans les services et centres français de documentation fut commencé en même temps.

Les chercheurs du C.N.R.S. ont été les premiers à s'adresser à ce service, puis, petit à petit, les laboratoires privés et ensuite l'industrie lui ont confié des travaux. Il effectue des traductions dans toutes les langues et toutes les disciplines qu'il s'agisse de la traduction de langues étrangères en français ou de français en langues étrangères. Il faut toutefois signaler que 95 % des traductions sont des versions, les thèmes ne représentant qu'une fraction très faible des demandes.

Il est, d'ailleurs, extrêmement difficile de trouver en France des scientifiques étrangers pour toutes les disciplines. C'est la raison pour laquelle les autres pays nous confient les traductions en langue française : garantie d'une traduction en bon français, tarif moins élevé. Le prix du thème est, en effet, double de celui de la version.

Le service est en progression continuelle depuis sa création. En 1966, il a effectué la traduction de 57 ooo pages.

Du fait que ce service effectue les traductions dans toutes les langues et toutes les disciplines, il lui est impossible d'avoir sur place les traducteurs spécialisés. Le fichier du service de traduction comporte plus de 1 500 traducteurs possédant tous des diplômes scientifiques dans la discipline pour laquelle ils sont inscrits.

Toute demande de traduction est orientée vers le traducteur spécialisé; avant l'envoi au client, la traduction effectuée passe par le service de contrôle scientifique. La facturation est faite d'après un tarif fondé sur les 100 mots du texte original. Ce tarif subit des révisions annuelles. Il est soumis chaque fois pour accord aux services de traduction française qui participent à l'inventaire général des traductions.

Entre 1945 et 1953, l'inventaire général des traductions se présentait sous la forme d'un fichier à trois entrées : classement auteurs, classement périodiques et classement matières. En 1953, la publication d'un « catalogue mensuel des traductions effectuées dans les services et centres français de documentation » a été décidée, à la demande de plusieurs organismes. Ce catalogue comporte, dans l'ordre : classement par matières, classement par langues, classement par auteurs, classement par périodiques pour les traductions anonymes.

Il paraît régulièrement chaque mois avec seulement un décalage de 15 jours par rapport à la dernière liste de traductions reçue (ces 15 jours représentant l'établissement des tables matières, auteurs et périodiques).

Ce catalogue est doublé d'un enregistrement des traductions sur cartes perforées « système Sélecto ». Cet enregistrement comporte 4 fichiers : 1 fichier anglais, 1 fichier allemand, 1 fichier russe, 1 fichier langues diverses.

Les cartes perforées adoptées permettent l'enregistrement de 5 000 traductions pour l'anglais et les langues diverses, et de 8 ooo pour l'allemand et le russe, donc de 26 ooo traductions pour les 4 fichiers. Les caractéristiques choisies pour la perforation sont : le nom de l'auteur; le périodique : tome, année, mois; les mots-clef du titre de l'article.

Ce système d'enregistrement permet de répondre téléphoniquement à toute question posée par le demandeur pour connaître si un certain article est traduit. En outre, il est possible d'indiquer tous les articles traduits : d'un auteur déterminé, d'un périodique déterminé, sur un sujet déterminé.

Par ailleurs, en 1960, a été créé à Delft (Pays-Bas), à l'instigation de l'O.E.C.D., le Centre européen de traduction. Ce centre détient le pool des traductions de langues difficilement accessibles telles que russe, polonais, tchèque, japonais, etc. Tous les pays d'Europe sont tenus de l'informer des traductions qu'ils effectuent de ces langues. Le centre de Delft ne publiait pas, à ce jour, de catalogue de ces traductions; jusqu'à cette année celles-ci figuraient dans le Technical translations qui paraît bimensuellement, donc à côté des traductions effectuées en langue anglaise. Actuellement, il est envisagé de publier un index par sources, le Technical translations ne devant publier dorénavant que les traductions en anglais. Les traductions françaises figureraient au « Catalogue mensuel », les traductions allemandes dans la publication allemande, etc. Un nouveau mode d'information est à l'étude.

Le service de traduction du C.N.R.S. représente la France au Centre Européen de traduction de Delft. C'est la France qui fait le plus gros apport de traductions européennes.

Sur le plan français, le service de traduction se charge donc de renseigner les demandeurs français sur les traductions effectuées en langue française (ceci grâce au catalogue et à l'enregistrement « Sélecto ») et en d'autres langues puisqu'il est chargé des liaisons avec Delft.

Par ailleurs, le service de traduction a débuté une collection de traductions intégrales de périodiques russes. Le périodique Radiokhimija est traduit « cover to cover » depuis 1965. La traduction et l'impression ne nécessitent qu'un délai de 2 mois après réception du périodique original. Cette traduction est faite en collaboration avec le C.E.A. Le C.N.R.S. est, en outre, chargé de l'édition de la traduction de Atomnaja Energija et d'autres traductions sont envisagées. Elles pourront être faites soit en collaboration avec le C.E.A., soit avec d'autres organismes. Nous voudrions pouvoir traduire chaque année deux périodiques nouveaux.

Le service de traduction reçoit sans cesse des visiteurs français et étrangers qui viennent se documenter, soit pour connaître sous quelle forme nous pouvons les renseigner soit pour créer un service en s'inspirant de notre organisation.

L'O.E.C.D. a fait cette année une enquête sur les services de traduction européens. L'efficacité et l'organisation du service de traduction du C.N.R.S. ont été particulièrement soulignées.