Nécrologie

Frappée brusquement en pleine activité, Mlle Gaudillot disparaît avant d'avoir atteint la quarantaine, laissant à tous ceux qui l'ont approchée le souvenir d'une brillante intelligence, d'un remarquable esprit d'organisation, d'un amour profond de son métier.

Titulaire du Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire, elle avait été nommée bibliothécaire de Cherbourg le Ier mai 1952. Depuis cette date, d'année en année, les rapports d'inspection de M. Robert Brun soulignent les étapes de la réorganisation qu'il cite en « modèle de ce qu'une femme intelligente, active et optimiste peut réaliser dans une bibliothèque de province ». Conquise par son enthousiasme et le succès auprès du public, la ville de Cherbourg, après avoir rénové la bibliothèque et créé une section pour la jeunesse, avait décidé l'acquisition d'un immeuble situé à proximité pour doubler les services.

Le rayonnement de cette jeune bibliothécaire s'étendait sur tout le département. Elle était l'animatrice des réunions des bibliothécaires de la Manche qui, depuis 1957, groupaient chaque année en mai ou juin de nombreux adhérents de la Manche et des départements voisins. En 1965, j'avais eu la faveur de participer à la dernière d'entre elles, qui se tenait précisément à Cherbourg, et où elle avait exposé avec flamme ses réalisations et ses projets.

Son goût pour la lecture publique n'était nullement exclusif des autres branches 'de notre profession. Tous les ans, elle organisait de petites expositions commémoratives et l'une d'entre elles, à l'occasion du 2e centenaire de la Société nationale des sciences de Cherbourg, avait pris un développement inusité, embrassant tous les éléments de la vie à Cherbourg au XVIIIe siècle, ce qui avait nécessité le cadre plus large des salons de l'Hôtel de Ville. Et le seul délassement qu'elle se fût accordé dans une vie professionnelle si remplie était la préparation d'une thèse de doctorat d'université sur le commerce des grains dans la généralité de Caen aux XVIIe et XVIIIe siècles.