La nouvelle bibliothèque municipale de Saint-Dié

Albert Ronsin

Créée dès 1790 et de justesse épargnée lors de l'incendie de la ville, en 1944, la Bibliothèque municipale de Saint-Dié vovait, en I960, son développement compromis par une installation vétuste et trop exiguë. C'est à cette date que fut adopté le projet d'une nouvelle bibliothèque sur le terrain Saint-Charles, offert par la municipalité. Les nouveaux bâtiments peuvent abriter plus de I00 000 volumes et offrir à un public de jeunes et d'adultes les richesses de ses fonds dans un cadre particulièrement agréable

Dès 1790, le conseil d'administration du district de Saint-Dié demanda l'ouverture d'une bibliothèque et d'un établissement d'enseignement secondaire en raison de l'importance de Saint-Dié à la frontière des pays rhénans. Le 5 frimaire an XII (1803), la municipalité est autorisée à faire transporter au second étage de l'Hôtel de ville 5 à 6 ooo volumes de l'abbaye d'Etival. Les autres confiscations révolutionnaires enrichissent la bibliothèque des livres de l'ancienne librairie du chapitre de Saint-Dié, de ceux du séminaire, et de quelques collections des monastères de Moyenmoutier, Senones, Raon-l'Etape. Cent-cinquante manuscrits, cent-quarante incunables, des séries importantes d'ouvrages des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles imprimés en Lorraine, en France et en Allemagne, constituent le départ de la Bibliothèque municipale de Saint-Dié qui compte 7403 volumes en 1817 et 21 780 en 1902.

Après un siècle de vie calme, la bibliothèque connaît une activité grandissante grâce au dynamisme d'un instituteur-bibliothécaire. Les legs affluent : le legs Ferry-Schutzenberger en 1880 (ouvrages de bibliophilie lorraine, 1 000 volumes), puis les collections lorraines de la Société philomatique déposées en 190I (6000 volumes), la bibliothèque de l'avoué Blondin (I 500 volumes), la bibliothèque d'Isidore Finance (5 000 volumes), d'Émile Lehr, de E. Froment, etc...

En 1905, de par la loi de séparation de l'Église et de l'État, un certain nombre de volumes sont mis à la disposition du bibliothécaire. Le Ier janvier 1926 la bibliothèque, qui vient de s'installer dans ses locaux, rue de la Meurthe, compte 43 462 ouvrages, dont 5 000 des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles qui doivent être stockés dans les greniers en attendant d'être classés.

Des achats réguliers, des dons (la bibliothèque de F. Baldensperger en particulier) portent l'ensemble des collections à 80 ooo volumes en 1960. Mais les locaux sont vétustes, le fonds de prêt n'est plus renouvelé, les salles pour le public, ouvertes en 1926, doivent être successivement fermées pour pallier le manque croissant de place dans les magasins.

La naissance du projet et les étapes de sa réalisation.

En novembre 1960, lorsque le nouveau bibliothécaire veut rouvrir une salle de lecture distincte de la salle de prêt, il faut refouler dans les sous-sols (qui abritent déjà depuis 20 ans les têtes de collections) la plupart des périodiques publiés par les sociétés savantes. Des écoulements d'eau dans une cave, des toitures non étanches au-dessus des greniers consomment la perte de dix années de la Revue des Deux Mondes (1850-1860), de plusieurs volumes des XVIe et XVIIe siècles et de collections de journaux. La salle de lecture n'offre que 14 places assises, compte tenu de ce que le bibliothécaire et la dactylographe y ont leur bureau. Le seul chauffage est fourni par un réchaud à gaz butane. Les fichiers, placés contre les murs, sous les fenêtres, masquent les fissures béantes des murs. Il n'existe ni salle de manipulation ni local pour les jeunes. L'accès des lecteurs aux magasins n'est pas contrôlé. Les prêts qui s'élevaient à 34 000 livres en 1935 ont diminué de plus de moitié.

Dans la ville incendiée par les Allemands en 1944, le feu s'arrêta exactement au pied de la vieille maison. Si les 3 ooo volumes environ qui ont été empruntés par les lecteurs ou qui ont été déposés à la Maison du travail ont disparu, le fonds est demeuré intact, heureuse circonstance qui incite la ville à conserver cette seule survivance de son patrimoine ancien. Divers projets de foyer ou de centre culturel s'élaborent, mais sans faire à la réinstallation de la bibliothèque une part suffisante. Ils seront refusés par le bibliothécaire qui trace, en 1959, le programme d'un établissement destiné à recevoir 100 000 volumes. La municipalité propose un bâtiment neuf existant, facile à aménager, auquel elle adjoindrait un petit magasin contigu pour les livres.

Mais en 1960, devant l'opposition de certaines sociétés utilisatrices, le maire décide, sur l'avis du nouveau bibliothécaire et avec l'accord de M. l'Inspecteur général Masson, que la ville entreprendra une construction neuve. Il offre le terrain rue Saint-Charles, derrière la cathédrale, où s'élevait le palais épiscopal, devenu collège de jeunes filles de 1925 à 1944, date de sa destruction. Il désigne M. Marcel Fiquet comme architecte.

Situé près d'un parc, du centre commercial, du lycée et des autres établissements d'enseignement secondaire, le terrain répondait aux conditions les plus satisfaisantes pour implanter une bibliothèque d'étude et de lecture publique.

Lorsque, dès janvier 196I, l'architecte et le bibliothécaire se mirent au travail, il leur appartenait de tirer parti d'un terrain limité dans son extension vers le nord par une butte de terre puis de roche, bordé à l'est d'un parc clos en friche attribué à la bibliothèque, grevé à l'ouest par une servitude : la necessité d'accéder au parvis de la cathédrale, classée monument historique. Il fallait, de plus, conserver au nouveau bâtiment la situation de l'ancien palais épiscopal, pour ne pas nuire à l'organisation des volumes du quartier et pour garantir un ensoleillement optimum.

Ces bases admises, l'architecte devait respecter le programme établi par le bibliothécaire, programme dont les lignes et caractéristiques principales étaient les suivantes : situer toutes les salles du service public au même niveau pour économiser le personnel de surveillance, réserver dans tous les cas un accès de plain-pied pour la salle de prêt, prévoir les surfaces requises pour les services publics, les magasins et les services intérieurs, en tenant compte de leurs liaisons. Il fallait également prévoir un appartement pour le concierge, un autre pour le bibliothécaire. Le programme apportait encore un certain nombre de précisions concernant les lavabos nécessaires au public et au personnel, le mode de chauffage et les conditions de sécurité générale.

Notons dès maintenant qu'au cours des travaux du gros œuvre, le dégagement, par arasement d'une butte de terre, d'un volume libre supplémentaire fut l'occasion pour le bibliothécaire de demander la création d'une réserve des imprimés et celle d'une salle obscure destinée à recevoir les manuscrits et à en aménager la présentation au public, tandis que la salle prévue initialement pour les livres précieux serait affectée aux expositions temporaires.

Après plusieurs séances de travail en compagnie du bibliothécaire, l'architecte proposait un parti qui, à certains détails près, ne devait plus subir de modifications : implanter deux bâtiments dessinant un T à barres inégales, de quatre niveaux chacun.

Le bâtiment principal, orienté nord-sud, est perpendiculaire à la rue Saint-Charles ; il comporte en sous-sol la chaufferie, au rez-de-chaussée le logement du concierge, la salle des entrées, le vestiaire-lavabo pour le personnel; au premier étage les salles d'expositions et les réserves; au deuxième étage les salles pour enfants, la salle de lecture pour adultes (y compris la salle du catalogue), ces locaux donnant accès par des portes-fenêtres au parc privé de la bibliothèque, le bureau du bibliothécaire situé le long de la salle de lecture avec accès direct sur elle, et au troisième étage enfin, les collections Ferry et l'appartement du bibliothécaire dont l'entrée est de plain-pied avec la promenade supérieure existant sur la butte nord.

Le bâtiment orienté est-ouest est conçu pour recevoir au rez-de-chaussée, aux premier et deuxième étages, trois niveaux de magasins à livres, ces trois niveaux de 2,20 m correspondant aux deux niveaux normaux de 3,30 m du rez-de-chaussée et du premier étage du bâtiment nord-sud. Ainsi le troisième étage de cette aile est-il au niveau du deuxième étage de l'autre, et il abrite la grande salle de prêt du côté sud, tandis qu'au nord, derrière une grande banque de prêt s'alignent les deux bureaux du personnel et un local réservé à la future discothèque. Cette aile qui a, au nord, ses trois niveaux inférieurs sous le niveau du sol naturel, est isolée du socle rocheux par une sorte de vide sanitaire formant cour anglaise.

L'avant-projet adopté par le conseil municipal au printemps de 196I dut subir l'examen de nombreux services et commissions avant de revenir approuvé, pratiquement sans observations. Par arrêté du Ministre de l'éducation nationale en date du 10 juillet 1962, une subvention de 45 % était accordée à titre exceptionnel en raison des dommages importants subis par la cité en 1944. Il fallut encore presque une année pour obtenir le permis de construire (28 février 1963) et l'autorisation d'emprunter à la Caisse d'épargne les 55 % restant à la charge de la ville, de sorte que les travaux de démolition et de terrassement ne furent commencés qu'en novembre. Le gros oeuvre fut achevé au début de 1965, et les travaux de second œuvre en janvier 1966, le matin même de l'inauguration.

Avant que le premier coup de pioche ne soit donné, le conseil municipal nommait, le 9 avril 1963, le bibliothécaire « expert-réalisateur pour l'équipement intérieur » et approuvait son programme en septembre 1963. Bénéficiant elle aussi d'une subvention ministérielle (arrêté du 26 novembre 1964) et d'un financement par emprunt, cette deuxième partie de la réalisation était adjugée le 8 octobre 1965.

Le Ier février 1966, la nouvelle bibliothèque ouvrait ses portes au public 1. Le transfert des collections n'avait privé de livres les lecteurs que six semaines seulement. Les employés de la bibliothèque, aidés de quelques manœuvres, accomplirent la mise en caisse, puis le rangement dans les pires conditions atmosphériques, tandis que le bibliothécaire, qui avait à surveiller les deux chantiers, était « promu » au rang de conducteur de camionnette.

Le nouveau bâtiment.

L'accès à la bibliothèque peut se faire directement dans la salle de prêt par la porte ouvrant au niveau du parvis de la cathédrale, mais la circulation publique normale est prévue par la rue Saint-Charles. Les portes de la cour franchies, le lecteur trouve à sa droite une première porte vitrée qui donne accès aux étages du bâtiment principal. A côté, une seconde porte donne sur la salle de manipulation et d'arrivée, qui communique avec le magasin à livres. Celui-ci, qui totalise quelque 5 km de rayonnages métalliques, possède également deux issues sur la cour extérieure et une issue sur la cour anglaise.

Les trois niveaux de magasins à livres sont reliés entre eux et aux salles des services publics par un escalier qui suit la charnière des deux bâtiments et un monte-charge qui circule entre le rez-de-chaussée du magasin à livres et la salle de prêt. Mais si nous empruntons le même escalier que le lecteur qui vient de pénétrer dans le bâtiment principal, nous rencontrons, au premier étage, une petite salle d'expositions temporaires et la salle des manuscrits dont les vitrines permettent de présenter en exposition semi-permanente des collections de reliures armoriées, de gravures, etc... Au deuxième étage, depuis le vestibule, on aperçoit, grâce à des surfaces vitrées partant à 1,30 m du sol, la salle des catalogues et les salles de lecture enfants et adultes, avec vue sur le parc.

Le domaine des enfants comprend une salle de lecture et de prêt, une salle de « l'Heure du conte » et, naturellement, un bloc-lavabos. Le couloir d'accès aux salles réservées aux adultes constitue la salle des catalogues où deux fichiers sont encastrés entre les piliers de béton; à gauche, au dos d'une paroi en contreplaqué, a été fixé un vestiaire en aluminium.

La salle des catalogues traversée, nous entrons à main droite, par une double porte de glace, dans la salle de lecture des adultes. Nous y comptons douze tables et quarante-huit sièges. Des rayonnages muraux reçoivent la plupart des Usuels. On a également prévu un autre rayonnage pour la présentation des nouveautés et une place importante a été faite aux périodiques dont les meubles à présentoirs et à tablettes abattantes occupent 7 mètres de long. Les portes-fenêtres des deux salles de lecture donnent accès au parc de 2 100 m2. C'est un jardin à la française avec des pelouses, de grands marronniers, des acacias, des rosiers, des arbustes de toutes les couleurs, qui, l'été, pourra accueillir les lecteurs.

On peut accéder à la salle de prêt soit par l'escalier principal et en tournant à gauche dans la salle des catalogues, soit directement de l'extérieur par l'entrée donnant sur le parvis de la cathédrale. La salle de prêt offre, outre la banque de prêt, huit épis de rayonnages, des présentoirs mobiles et le fichier-dictionnaire.

On pénètre dans la future discothèque soit depuis la salle de prêt, soit depuis le bureau du personnel.

Si nous suivons le lecteur jusqu'au troisième étage, nous accédons à un vaste palier desservant à droite le Foyer des Ferry et, en face, le petit bureau dit « Archives Ferry », ensemble muséographique et documentaire dont le bibliothécaire est conservateur. Dans un dernier bureau est reconstitué le cabinet de travail particulier de Jules Ferry, et il sera possible, avec autorisation spéciale, d'en consulter les documents 2.

Ainsi qu'il a été dit lors de l'inauguration, l'architecte et le bibliothécaire n'ont voulu faire « ni du solennel, ni du révolutionnaire », mais seulement un lieu agréable à l'œil, pratique, confortable, où les lecteurs se sentent à l'aise. Le bibliothécaire ayant obtenu pour la réalisation de l'équipement intérieur la direction entière des opérations, il lui a été facile d'imposer son programme jusque dans les moindres détails, comme de faire exécuter sur ses croquis un ensemble mobilier exactement adapté aux locaux, à des prix souvent moins élevés que les fournitures de série proposées par des maisons spécialisées.

La nouvelle bibliothèque de Saint-Dié est pratiquement terminée, à l'exception d'une dernière tranche de travaux qui doit permettre d'achever l'aménagement du parc. Elle aura coûté 1 770 ooo F dont 420 ooo F pour l'équipement intérieur. Les subventions du Ministère de l'éducation nationale ont ramené à 1 ooo ooo F la charge réelle de la ville; celle-ci, répartie sur vingt ans, est, aux dires mêmes de M. le maire de Saint-Dié, acceptable pour une cité de 26 ooo habitants, en considération surtout de l'apport d'une telle réalisation.

Les Déodatiens ont traversé la Meurthe, et se sont montrés fidèles à leur bibliothèque. L'année 1965 avait vu (avec l'appoint de l'annexe de Saint-Roch) quintupler le nombre des lecteurs et celui des livres empruntés, par rapport à 1960 (38 290 lecteurs contre 7 800; 80 49I livres contre 16 110). Or, les deux premiers mois de fonctionnement en 1966 ont montré une augmentation nouvelle de 60 % par rapport à février et mars 1965 (25 000 livres prêtés en deux mois de 1966, contre 15 000 durant la même période de 1965).

On peut compter que, cette année, 100 000 livres au moins seront empruntés par les lecteurs, jeunes et adultes. La première exposition 3, organisée pour cinq semaines dans les nouveaux locaux, a reçu plus de 1 800 visiteurs, et cela en dépit d'une publicité insuffisante.

Ces débuts prometteurs ne posent pas encore le problème de l'extension, bien que le succès de la bibliothèque enfantine et de l'Heure du conte ne laissent pas de nous préoccuper. Du moins les programmes de construction et d'aménagement ont-ils été conçus de manière à rendre possible des agrandissements si le besoin s'en fait sentir au cours des prochaines décennies.

Note descriptive et technique sur le bâtiment et ses aménagements intérieurs

I. Le bâtiment proprement dit :

L'ensemble se compose de deux bâtiments perpendiculaires.

- Le bâtiment principal, orienté nord-sud et perpendiculaire à la rue Saint-Charles, a les dimensions suivantes : longueur 30,22 m, largeur II,55 m, ce qui offre une surface au sol de 349 m2.

- Le bâtiment secondaire, orienté est-ouest, a une longueur de 18,95 m et une largeur de 13,7I m ce qui offre une surface au sol de 259,8 m 2.

Les deux bâtiments sont accolés sur toute la largeur de la construction est-ouest. Un joint de dilatation a été aménagé à tous les niveaux.

Les locaux, construits en agglomérés avec contre-cloison de briques et en béton vibré, sont revêtus d'un crépi blanc sauf pour le bâtiment est-ouest où les façades sud et nord ont reçu entre les piliers saillants et les fenêtres étroites (35 cm) à verre dépoli un carrelage en pâte de verre gris-bleu. Le troisième côté de la cour d'accès, rue Saint-Charles, est fermé par un mur et un escalier en moellons de grès taillé. Cet escalier permet d'accéder directement à la salle de prêt par l'extérieur. La façade de cette salle qui regarde la cathédrale a également été montée en grès taillé. La première volée de l'escalier abrite un garage pour « deux roues » réservé au public.

Les toits sont en tuiles patinées pour le bâtiment principal, en plaques de cuivre pour l'autre qui, malgré une légère pente, présente l'aspect d'une terrasse depuis la rue. Au nord, le long du bâtiment d'orientation est-ouest, la cour anglaise qui assure l'isolement des magasins sur les trois niveaux, est large de 2,50 m, et elle est protégée, à 30 cm au-dessus du sol, par une verrière armée.

La cour et la terrasse sur le parc ont été recouvertes de termacadam noir pour la première, et rouge pour la seconde. Des volets roulants, couleur sapin naturel verni, et des stores vénitiens - dans les services publics et les bureaux - permettent une protection efficace contre le soleil qui pénètre largement à l'est et au sud, les parois étant presque entièrement vitrées.

II. Son équipement :

Les sols ont tous été recouverts de « Dalflex » sur chape de ciment, à l'exception de l'escalier de service (caoutchouc), des salles d'eau (grès cérame), de l'escalier public et des paliers qui desservent les quatre niveaux (pierre de Comblanchien), et du bureau du bibliothécaire (moquette « Tapisom »).

Les murs sont recouverts de peinture à base de silicones, de teintes douces. Dans certains locaux, un garnissage en « Suwid » (matière plastique très solide et lavable se posant comme du papier peint) a remplacé la peinture; ce sont : la cage de l'escalier principal, la salle de « l'Heure du conte », la future discothèque et la salle des expositions temporaires.

Le chauffage est assuré par deux chaudières à mazout placées au sous-sol, le long de la rue Saint-Charles, à côté de la cuve de 15 000 l. Cent vingt radiateurs dispensent la chaleur nécessaire. Un système de régulation automatique avec horloge permet le ralentissement désiré la nuit et les jours de fermeture, et fait varier, grâce à des « pilotes extérieurs », l'activité des chaudières en fonction de la température extérieure.

La réception téléphonique se fait par une seule ligne arrivant au secrétariat. Onze appareils sont disséminés à tous les niveaux et à tous les postes de travail, évitant les allées et venues du personnel. Un système de relais permet à trois autres postes d'obtenir les communications extérieures directement.

Dans les salles publiques : lecture, prêt, bureaux, exposition, Foyer des Ferry, l'insonorisation est assurée par des dalles acoustiques en tôle perforée garnie de laine de verre.

La protection contre le vol comporte des avertisseurs sonores reliés à des contacteurs posés sur les huisseries des fenêtres et des portes donnant de plain-pied sur l'extérieur. Des serrures de sûreté garnissent toutes les issues principales extérieures et intérieures. En outre, le local de la réserve et celui des manuscrits possèdent des serrures spéciales reliées aux avertisseurs sonores.

L'éclairage électrique est partout donné par des lampes à incandescence sauf dans l'escalier principal et les salles d'exposition. Dans ces locaux où on ne lit pas et où il est préférable d'éliminer les zones d'ombre, nous avons choisi des tubes fluorescents montés en duo. Partout ailleurs ce sont des ampoules de 60 à 150 watts. Dans les magasins à livres, ce sont des « Litavirs » que nous avons adoptés pour les raisons exposées plus loin. Dans les bureaux et les salles publiques ce sont des abats-jour élégants (chez Philips, « type Lerins »). La salle de « l'Heure du conte » et la salle des manuscrits ont reçu des verreries de fantaisie. Un réseau de secours, fonctionnant sur piles, complète l'installation.

Des horloges avec dateur sont installées dans les salles publiques. La signalisation des locaux a été faite en vert bronze sous plaques de plexiglas, tandis que les inscriptions propres au classement des livres ont été réalisées avec des lettres plastique rouges et blanches de 20 et 30 mm selon les catégories, et avec « pince Dymo » sur carton blanc coulissant dans les bordures plastiques, pour les indications d'auteurs ou de sujets secondaires.

III. Les différents services et leurs caractéristiques :

a) Service de manutention et magasins à livres : la salle de manipulation et d'arrivée est équipée sur trois murs de rayonnages métalliques (longueur 10,44 m, largeur 9,29 m, surface 96,98 m2). Deux épis longs de 4 mètres complètent la réception. Dans ce local, une grande table de travail en « Formica », et une paillasse de laboratoire dotée d'un évier et d'arrivées d'eau et de gaz, permettent les réparations sommaires, la multigraphie, le reclassement des collections.

Les trois niveaux du magasin sont identiques. Ils comportent douze épis de 5 mètres à double face, séparés de onze épis de 4 mètres à double face par une allée centrale. Deux allées secondaires le long des fenêtres facilitent les circulations. Les murs est et ouest sont garnis de rayonnages à simple face. En outre, au débouché du monte-charge et de l'escalier de service, on trouve des meubles à cartes et plans. Bien qu'il n'y ait que trois niveaux, l'architecte a adopté ici le système de l'ossature porteuse. Les piliers métalliques cruciformes montés en même temps que le gros œuvre supportent les dalles de béton armé, de sorte que la pose de rayonnages « Strafor » n'a été qu'un habillage. Des tablettes abattantes, placées contre un épi sur deux, facilitent les recherches. L'éclairage central est assuré par des demi-globes, mais entre les travées, au lieu des abats-jour en tôle, nous avons préféré un abat-jour « Litavir » monté sur rotule, ce qui permet, en évitant l'éblouissement en bout de travée, d'éclairer à volonté les livres du premier rayon souvent plongés dans une demi-obscurité par un système fixe.

Les rayonnages, d'une longueur totale de 4 800 m, sont traités en deux gris, les sols sont en « Dalflex » blanc marbré et les murs sont peints en bleu pâle, jaune pâle, et vert pâle, selon les niveaux. Aussi, malgré leurs fenêtres étroites, ces locaux n'ont-ils pas l'aspect lugubre d'un cimetière à livres.

b) Salles d'exposition : ces locaux, tous dans le bâtiment nord-sud, au nombre de quatre, ont des affectations précises : I°) au premier étage, une salle d'exposition temporaire de 9,42 m X 6,48 m, soit 60,97 m2, éclairée par deux grandes portes-fenêtres, contient quinze vitrines hautes ou plates; en outre, une cimaise permet l'accrochage de tableaux. D'autre part, une salle des manuscrits de 9,29 m × 3,60 m, soit 33,44 m2, est totalement obscure, mais la ventilation est assurée par des prises d'air placées au fond des armoires grillagées. Cette salle a été traitée comme un local destiné à conserver des livres précieux (obscurité, serrures spéciales), mais aussi comme un local accessible au public grâce à des vitrines à panneaux lumineux. 2°) au quatrième étage, à l'aboutissement de l'escalier principal, deux salles sont réservées à la présentation des collections Ferry.

c) Bureaux : ils sont situés aux niveaux des salles de lecture et de prêt, c'est-à-dire au deuxième étage du bâtiment principal pour celui du bibliothécaire, et au troisième étage du bâtiment est-ouest pour ceux du personnel. Ces derniers, meublés avec des articles « Obbo », sont réservés, le premier à côté de la cage d'ascenseur et à proximité du bureau du bibliothécaire au secrétariat, et le second au service technique. Le bureau du bibliothécaire (6,10 m X 3,10 m = 18,9I m2) occupe, le long de la salle de lecture des adultes, la petite barre du T. Trois murs sont habillés de rayonnages en sapelli de o,90 m à 1,80 m et garnis de placards à portes coulissantes à la base. Il comporte une issue sur l'arrière de la banque de prêt, une autre sur la salle de lecture des adultes et une troisième sur l'extérieur.

d) Salles de lecture et de prêt : I° Salle des enfants : la salle de lecture et de prêt (9,37 m X 7 m = 65,59 m2) comporte une banque de prêt (longueur I,50 m, largeur I,50 m, hauteur 0,75 m), recouverte de « Formica » gris, les flancs habillés de plastique blanc, des rayonnages muraux, des meubles à albums, quatre tables de consultation et lecture, 54 fauteuils de fil de fer soudé avec galette mousse, très élégants et confortables, et 10 tabourets garnis de skaï noir. La salle de « l'Heure du conte » (3,95 m X 4,70 m = 17,66 m2) a vue sur le parc et la ville.

2° La salle de lecture pour adultes (15,74 m X 7 m = 110,18 m2) possède 12 tables de consultation à piètement métallique noir et à plateau en « Formica » mat beige clair, 48 sièges garnis de mousse de latex. Les rayonnages ont été réalisés en latté de 22 mm avec placage en sapelli. Côté public, une bordure de plastique noir sert de porte étiquette. Des inserts en métal tous les 20 cm et des cavaliers inox en U renversé maintiennent les livres debout.

Légèrement en avancée dans la salle de lecture aboutit le retour de la banque de prêt qui prend au milieu de la salle de prêt. A cette banque, isolée de la salle des catalogues et de la salle de prêt par une porte vitrée coulissant sur châssis métallique, se tient la sous-bibliothécaire chargée de renseigner les lecteurs et de contrôler leurs bulletins de demande de livres.

3° La salle de prêt pour adultes (18,85 m X 8,06 m = 151,93 m2) comprend la banque de prêt (hauteur 0,95 m côté public, 0,75 m côté personnel), présentant une ligne droite de 14,50 m jusqu'à son retour, à angle droit, long de 3,45 m, dans la salle de lecture.

En éventail, huit épis de 3 et 4 m sur piètement métallique de 30 cm ne dépassent pas une hauteur de 1,60 m, de façon à éviter l'impression de couloir. Deux présentoirs mobiles sont réservés aux derniers romans et aux ouvrages classés. Tout près, trois fauteuils autour d'une table basse incitent à la détente. Entre deux épis, un petit pupitre reçoit les périodiques de large vulgarisation destinés au prêt.

e) Discothèque : on lui a réservé une salle (7,50 m × 4,08 m = 30,6 m2) qui, avant de recevoir sa destination finale, est utilisée pour les réunions du comité de la bibliothèque, pour celui de la Société philomatique et de ses sections, et pour la présentation de montages audio-visuels réalisés par l'animateur culturel de la ville.

  1. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France, IIe année, n° 6, pp. 240-241.
  2. (retour)↑  Le compte rendu de l'inauguration de ces « Collections Ferry » paraîtra dans la partie « Chronique » du prochain Bulletin.
  3. (retour)↑  Cette exposition, intitulée Visages du livre, du XIIe au XVIIIe siècle, fera prochainement l'objet d'un compte rendu.