Chronique des bibliothèques françaises

Bibliothèque nationale.

Exposition Calvin

Soucieux d'associer la Bibliothèque nationale à la commémoration du IVe centenaire de la mort de Calvin, Mr Julien Cain, qui avait organisé en 1935 une importante exposition consacrée à Calvin et à la Réforme française, demanda à Mr Roger-Weigert, conservateur au Département des estampes, de préparer une exposition plus réduite ordonnée autour de la Bible, de la Confession de Foi, des Cantiques, exaltés et imposés par la Réforme.

Devant les portraits de Calvin, ses principaux écrits, groupés de part et d'autre de l'Institution Chrétienne, qui témoignent de ses apports à la littérature française du XVIe siècle, son existence se trouva résumée et illustrée.

Après Noyon, où il naquit en 1509, avec l'église Sainte-Godeberthe, lieu de son baptême, la maison familiale et la cathédrale où il posséda un bénéfice sur la chapelle de la Gésine, ce furent les années d'étude, au cours de deux séjours à Paris, Orléans, Bourges, les passages à Angoulême, dans le Poitou.

A la suite de l'affaire des « Placards », Calvin ne s'estimant plus en sûreté, gagna Bâle, lieu de retraite et de sauvegarde pour les réfractaires. Erasme y vivait encore, et des réformateurs y prêchaient avec succès. A la suite de la publication de l'Institution Chrétienne, Calvin se rendit à Ferrare, dont la duchesse était Renée de France, fille de Louis XII. Il y rencontra, peut-être, Clément Marot. Astreint à fuir Ferrare, Calvin effectue un premier séjour à Genève, vient à Strasbourg et retourne définitivement à Genève, désormais forteresse du calvinisme.

Ces étapes de sa vie et de son influence, ses rencontres, ses relations furent évoquées grâce à divers documents : livres, dessins, gravures, autographes, objets d'art. Ils provenaient des différents départements de la Bibliothèque nationale, des Archives nationales, des bibliothèques Sainte-Geneviève et du Conservatoire, de l'Église réformée de France, de la Bibliothèque de l'Histoire du Protestantisme français, du Musée du Louvre et de la collection Jacques Allier.

Le rôle éminent de Calvin dans l'évolution de la Réforme en France ne pouvait, dans cette exposition, être indiqué que sommairement, et celui du fondateur de la nouvelle foi, Martin Luther, fut seulement esquissé.

Hommage à Cappiello

La Bibliothèque a ouvert le 30 mai 1964 dans la galerie Mansart une exposition : Hommage à Capiello, qui a duré jusqu'au 28 juin

Organisée par Mr Charles Pérussaux, bibliothécaire au Cabinet des estampes, cette exposition a très largement bénéficié de l'aide de Mme Cappiello. Les œuvres présentées s'échelonnent de 1895 à 1937 et comprennent des sculptures, des portraits de caractère aux lavis, crayon, gouache et pastel datant des environs de 1900, des livres illustrés entre 1916 et 1933, surtout une large sélection d'affiches et de maquettes originales d'affiches groupées en quatre périodes : 1895-1906, 1907-1920, 192I-1923, 1925-1937.

L'exposition ne comportait pas de catalogue, mais sur la carte d'invitation formant dépliant 1 figurait la liste des pièces exposées ainsi qu'un court texte de Mr Jean Adhémar soulignant les formules nouvelles introduites par Cappiello dans l'art de l'affiche : primat de l'arabesque, effet de surprise, visibilité par l'automobiliste.

Il n'est pas indifférent de noter que les oeuvres ainsi rassemblées ont aussitôt été utilisées pour l'illustration de trois ouvrages en cours de réalisation et pour plusieurs émissions de radiodiffusion ou de télévision.

Exposition Guy Ropartz 2

Le Département de la musique de la Bibliothèque nationale a inauguré le II juin la galerie d'exposition de ses nouveaux locaux, 2, rue Louvois, par une exposition organisée par S. Wallon et consacrée à Guy Ropartz et coïncidant avec le centenaire du compositeur.

Le fils de ce dernier, Mr Jacques Ropartz, avait fait don récemment au Département de la musique d'un nombre important de manuscrits musicaux et littéraires de son père, de plusieurs centaines de lettres de musiciens contemporains et de divers documents. Les plus rares et les plus caractéristiques de ces pièces, ainsi que des documents prêtés par la famille et les amis du musicien ont trouvé place dans cette exposition destinée à faire revivre non seulement le compositeur, le chef d'orchestre et le pédagogue, mais aussi le poète et le celtisant que fut Guy Ropartz.

L'action de celui-ci en faveur de la musique française moderne à Nancy et à Strasbourg, ses relations d'amitié avec des artistes lorrains du début du siècle : Gallé, Victor Prouvé, P. R. Claudin, le rôle du folklore dans l'œuvre du musicien ont été également évoqués.

Enfin, deux vitrines spécialement équipées permettaient de voir quelques-uns des clichés peints que, dès 1893, Ropartz faisait projeter au cours de l'exécution de certaines de ses œuvres musicales.

Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Publication. - Mr Jacques Schwartz et ses élèves de l'Institut Paul Collomp de la Faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg viennent de grouper en un seul volume 3 les textes des papyrus grecs (nos 169 à 300) conservés à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, textes publiés régulièrement dans le Bulletin de la Faculté des lettres de Strasbourg, de janvier 1950 à décembre 196I.

Cette publication fait suite et complète le fascicule 97 des Publications de la Faculté des lettres de Strasbourg, œuvre posthume de Paul Collomp (1948).

Les corrigenda et les trois parties de l'index : chronologie, noms propres, noms communs, embrassent les papyrus 126 à 300, donc également les papyrus publiés dans le fascicule 97.

Édité avec le concours du Centre national de la recherche scientifique, l'ouvrage de Mr J. Schwartz inaugure la nouvelle collection : Publications de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Bibliothèques universitaires.

Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Publication. - La Bibliothèque universitaire d'Aix-en-Provence vient de faire paraître le Répertoire des périodiques français et étrangers reçus régulièrement par la Bibliothèque universitaire d'Aix-en-Provence, section droit-lettres à Aix-en-Provence, à jour au Ier mai 1964. Ses 59 feuillets multigraphiés recensent, dans l'ordre alphabétique strict des titres, avec renvois nécessaires, les périodiques en cours reçus très régulièrement par la section droit-lettres de la Bibliothèque universitaire d'Aix-Marseille. Sont signalés pour chaque périodique : la cote, la date de départ de la collection et éventuellement les suppléments.

Des mises à jour ou des additifs seront publiés en temps utile.

Marseille (Bouches-du-Rhône).

Don de livres. - Le lundi 15 juin 1964, en présence de Mr Rouard, doyen de la Faculté des sciences, Mr Blair, représentant de l'attaché culturel de l'Ambassade des États-Unis à Paris, a remis officiellement à la Bibliothèque universitaire de la Faculté des sciences de Marseille un don d'un millier de volumes très récents, relatifs à toutes les disciplines scientifiques, et faisant partie des anciennes collections du Centre culturel américain de Marseille.

Mr de Tournadre, conservateur en chef des bibliothèques de l'Université, assisté de Mr Koelbert, conservateur en chef des bibliothèques universitaires scientifiques, et de Mr Billioud, bibliothécaire, chef de service, a reçu ce don important et a adressé des remerciements au représentant du Centre culturel américain de Paris pour ces ouvrages qui viennent encore enrichir les collections de la bibliothèque de la Faculté des sciences.

Tananarive (Madagascar).

Exposition « Lamba ». - Organisée par la Société des amis de la Bibliothèque universitaire, une exposition célébrant le « lamba » s'est tenue du 14 mai au Ier juin 1964 à l'Hôtel de ville. Le « lamba » est le vêtement traditionnel malgache, tantôt blanc, tantôt coloré, qui tend à disparaître sous l'influence des costumes européens.

La clôture de l'exposition a eu lieu en présence de Mr le Président de la République malgache et de Mr le Président de la République du Libéria, en visite à Madagascar.

Bibliothèque universitaire de Paris.

Bibliothèque de la Sorbonne

Publication. - Devant l'accroissement des thèses de sciences dû au mouvement scientifique actuel, il a semblé nécessaire d'éditer un catalogue des thèses de Doctorat ès sciences physiques soutenues devant la Faculté des sciences de l'Université de Paris de 1945 à 1960 4.

Ayant publié tous les ans, de 1948 à 1957, une bibliographie des thèses de sciences dans les Annales de l'Université de Paris, Mlle A. Torossian, conservateur à la Bibliothèque de la Sorbonne, était donc particulièrement qualifiée pour l'établissement de ce catalogue qui, composé de deux grandes parties - Catalogue des thèses dans l'ordre alphabétique des auteurs, et Table analytique - recense plus de 1 ooo titres de thèses dactylographiées, multigraphiées et imprimées.

Bibliothèque de documentation internationale contemporaine

Exposition : 1914-1918. Témoignages d'artistes et documents (au Musée de la Guerre, Château de Vincennes, Pavillon de la Reine). - En septembre 1939, le Grand quartier général s'installait au Château de Vincennes, obligeant la Bibliothèque et le Musée à fermer leurs portes au public; il fut bientôt remplacé par des services allemands, qui, avant d'abandonner le Château, en août 1944, mirent le feu aux casemates alors contiguës au Pavillon de la Reine, provoquant l'incendie de celui-ci et la destruction d'une partie importante des collections de la B.D.I.C.

Vingt ans après, la reconstruction du Pavillon, assurée par le Service des Monuments historiques, est encore loin d'être terminée, surtout en ce qui concerne l'aménagement intérieur, et c'est seulement en mai dernier que le Musée de la Guerre a pu réinstaller ses collections dans les salles aux nobles proportions du premier étage (anciens appartements de la Reine Anne d'Autriche et du Cardinal Mazarin) qu'il occupait avant la guerre. L'occasion était belle de marquer par une exposition importante cette étape du renouveau d'une institution qui a connu depuis cinquante années - les premières pièces des collections Leblanc furent rassemblées dès 1914 - bien des vicissitudes et bien des misères, mais n'a jamais cessé de faire du travail utile et, même alors qu'elle était officiellement fermée au public, de mettre à la disposition de la recherche historique ses précieuses collections, patiemment reconstituées et enrichies.

Il eût été par ailleurs paradoxal que le Musée de la Guerre ne participât point aux manifestations organisées pour commémorer le Cinquantenaire de 1914 : à la fois musée d'histoire et musée d'art, il conserve plus de six mille œuvres originales, ainsi que des fonds documentaires très importants sur les deux guerres mondiales - collections auxquelles font largement appel les nombreuses publications qui paraissent en cette année de double anniversaire.

C'est un choix très limité de ces pièces qui constitue l'exposition « 1914-1918 » : le Catalogue 5, que Mr Julien Cain a bien voulu préfacer, comporte 357 numéros; les organisateurs se sont attachés à présenter, comme l'indique le titre, des témoignages vécus : peu de « peintres de guerre », mais de vrais peintres qui ont fait la guerre... Tous les aspects du conflit sont évoqués dans les œuvres de 86 artistes, parmi lesquels on relève des noms comme ceux d'André Dunoyer de Segonzac, dont l'œuvre de guerre occupe une salle entière, Luc-Albert Moreau, Pierre Bon- nard, Jean-Gabriel Domergue, Raoul Dufy, Othon Friesz, J.-J. Lemordant, Fernand Léger, Jacques Villon, Vuillard, Forain, et bien d'autres, peintres, graveurs ou dessinateurs. Des médailles, des photographies des théâtres d'opérations, des souvenirs divers, de nombreux documents, dont quelques-uns prêtés par le Service historique de l'Armée, complètent un ensemble émouvant.

Quelques manuscrits importants : Le Feu, d'Henri Barbusse, Ceux de Verdun, de Maurice Genevoix, Souvenirs et réflexions sur les Croix de bois de Roland Dorgelès ont soulevé un particulier intérêt lors du vernissage.

L'inauguration a eu lieu le 10 juin, en présence de Mr Sainteny, Ministre des anciens combattants, de Mr Julien Cain, directeur général des bibliothèques et de la lecture publique, de nombreuses personnalités civiles et militaires, et de plusieurs centaines d'amis du Musée et de la B.D.I.C.

L'exposition était prévue pour juin et juillet, mais, si l'affluence des premières semaines persiste, elle devra sans doute être prolongée en septembre.

Bibliothèque de l'Académie nationale de Médecine (Paris).

Deux nouveaux index, établis depuis 1958, peuvent être consultés à la Bibliothèque de l'Académie nationale de médecine.

I. Index biographique : Cet index comporte toutes les notices biographiques relevées dans les 382 périodiques, français et étrangers, reçus à la bibliothèque, qu'il s'agisse de nécrologies, de leçons inaugurales, de notices à l'occasion d'un anniversaire, etc... Ces articles portent surtout sur des personnalités actuelles, mais les publications biographiques de caractère historique y sont également relevées. L'index contient actuellement environ 4 000 fiches. Il permet de trouver rapidement la documentation disponible à la bibliothèque sur un auteur donné, même si l'on ne possède aucune précision de date.

2. Index bibliographique : Cet index, classé par matières, réunit les articles accompagnés d'une bibliographie importante (fixée arbitrairement à 100 références) dans les périodiques de langue française reçus à la bibliothèque (198). Il comporte actuellement plus de 500 fiches. Ceci permet de localiser rapidement sur un sujet donné un article en français, qui soit en même temps une source bibliographique récente.

Des photocopies peuvent être fournies pour les publications relevées dans ces index.

Bibliothèque universitaire d'Alger.

En juin dernier l'Association France-Algérie que préside Mr Edmond Michelet a lancé l'appel suivant :

« Le 7 juin 1962, les incendiaires mettaient le feu à la Bibliothèque de l'Université d'Alger. Des 500 000 volumes qui en composaient le fonds, plus de la moitié étaient détruits par les flammes.

« Aux yeux de ses auteurs, ce crime avait une valeur de symbole. Dans leur nationalisme aveugle et désespéré, ils prétendaient barrer aux élites algériennes l'accès à la culture pendant de longues années.

« Pour des raisons opposées, ce crime fut aussi un symbole aux yeux de la conscience universelle. Brûler des livres, c'est attenter au visage de l'homme : c'est lier la liberté au bûcher. Quelles que fussent alors leurs opinions sur l'issue du conflit algérien, une très grande majorité de Français apprirent la nouvelle avec un sentiment d'horreur et de honte.

« La guerre est finie, et beaucoup de ses plaies, même les plus graves, se sont cicatrisées. Mais le souvenir de l'incendie de l'Université d'Alger demeure. Effacer ce souvenir est la première tâche des partisans de l'amitié franco-algérienne. Ce devrait être la tâche des Français. La nouvelle Bibliothèque de l'Université d'Alger deviendrait ainsi le meilleur gage des rapports futurs entre les deux peuples.

« Reconstruire la Bibliothèque d'Alger est une entreprise exigeant de grands moyens : seule une campagne nationale les fournira. L'Association France-Algérie se doit de l'amorcer.

« Pour que cette campagne réussisse, il est indispensable que chaque Français et chaque Française aient la volonté de s'y associer. De leur réponse massive dépendent la reconstruction des salles de travail, la reconstitution des collections françaises et étrangères et l'achat du matériel nécessaire au fonctionnement de la plus importante bibliothèque universitaire d'Afrique.

« Une souscription nationale est ouverte du Ier juin au 15 juillet sous forme de versements au compte de l'Association France-Algérie, 235, boulevard Saint-Germain, Paris (7e), CCP Paris 17.406.38 ou par chèque bancaire. »

Nous tenons à rappeler que dans le numéro de juillet 1962 de ce Bulletin, la Direction des Bibliothèques de France exprimait son indignation à l'égard de l'incendie de la Bibliothèque de l'Université d'Alger et qu'elle prit les mesures de sauvegarde qui s'imposaient dès qu'elle en eut la possibilité.

Plus récemment, du 10 au 30 avril 1964, trois bibliothécaires relevant de la Direction des bibliothèques : Mr Alfred Cordoliani, conservateur à la Bibliothèque nationale, Mlle Marie-Renée Morin, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, et Mr Michel Merland, bibliothécaire de la Bibliothèque municipale de Metz, ont été envoyés en mission auprès de la Bibliothèque universitaire d'Alger en vue de contribuer à la reconstitution de la bibliothèque.

Bibliothèques municipales.

Bordeaux (Gironde).

Exposition : Écrivains de langue d'oc. - Une semaine de langue d'oc s'est déroulée à Bordeaux, du 8 au 14 juin 1964, organisée par l'Escole Jaufré Rudel pour commémorer le cinquantenaire de la mort de Mistral et le centenaire de la mort de Jasmin.

A l'occasion de cette manifestation, la Bibliothèque municipale a présenté dans la salle d'exposition des œuvres d'écrivains de langue d'oc : Jasmin, Mistral, Philadelphe de Gerde, Gric de Prat, Prosper Estieu, Jules Cubaynes, Miqueu de Camelat, Antonin Perbosc, Félix Arnaudin, Jean-Antoine Verdié, etc.

Cette exposition a été inaugurée le 8 juin, en présence de nombreuses personnalités bordelaises, par Me Deymes, adjoint au maire, représentant Mr Chaban-Delmas. Elle s'est terminée le II juin au soir.

Exposition : La France dans la deuxième Guerre mondiale. - Pour commémorer le vingtième anniversaire de la Libération du territoire national, une exposition consacrée à la France dans la Deuxième guerre mondiale a été organisée à la Bibliothèque municipale de Bordeaux par le Comité régional d'action de la Résistance et les associations de résistants et anciens combattants de la Guerre 1939-1945.

Une partie importante des documents originaux, affiches, gravures, photographies présentés à cette exposition a été prêtée aux organisateurs par la Bibliothèque nationale, les Archives nationales, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine.

Cette manifestation a été inaugurée le 15 juin par Mr Hettier de Boislamberte Grand chevalier de l'ordre de la Libération, en présence de Mr Chaban-Delmas, président de l'Assemblée nationale et maire de Bordeaux, de Mr Delaunay, préfet d'Aquitaine, de Mr Brun, sénateur de la Gironde et président du Conseil général, et de nombreuses personnalités bordelaises et girondines. L'exposition est restée ouverte jusqu'au 30 juin.

Carpentras (Vaucluse).

Exposition de reliures anciennes. - L'exposition de reliures anciennes organisée au Musée à l'occasion du Congrès des bibliothécaires du Sud-Est (Carpentras, 6-7 juin 1964), comprenait 150 à 160 pièces exposées sous vitrine. Ces documents ont été classés suivant deux systèmes : d'une part les reliures armoriées, de l'autre les reliures simplement décorées.

Dans la première catégorie, venaient d'abord les reliures pontificales aux armes de Clément XI, de Clément XII, de Benoît XIII, Innocent XII, Urbain VIII, puis les reliures de cardinaux et d'évêques, Laurent Corsini, devenu Clément XII, un cardinal de la famille des Aldobrandini, Frédéric Ragueneau, évêque de Marseille, Philippe-Antoine Gualteri, légat de Romagne, archevêque d'Athènes, vice-légat d'Avignon, un prélat de la famille Peretti, Léonor d'Estampes de Valençay, archevêque de Reims, D. Malachie d'Inguimbert et Horace Capponi, évêques de Carpentras, Jean de Gaillard de Longjumeau, évêque d'Apt, François de Manzi, archevêque d'Avignon.

Suivaient les reliures royales françaises et étrangères, France et Navarre ou France seule, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Mme Victoire, fille de Louis XV, Charles X, Victor-Amédée II, duc de Savoie, rois de Sardaigne, rois d'Afrique ( ?), puis les reliures seigneuriales aux armes de Jacques-Auguste de Thou, Hector Le Breton, Roy d'armes de France, Aymar du Périer, Peiresc (reliure de Corboran), Pierre Séguier, Henri-Jacques de Caumont, duc de la Force, Jean d'Estrées, Pierre de Sève, chevalier, lieutenant-général en la Sénéchaussée et Présidial de Lyon, Mathieu Molé, Charles-Henri d'Hoym, Louis-Antoine de Bourbon, J.-B. Colbert, marquis de Seignelay, Guillaume Marescot, Antoine du Verdier, historiographe de France; aux armes aussi des Meynier d'Oppède et des Thomassin de Mazaugues.

Certaines reliures ont été faites aussi pour des dames bibliophiles telles que Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont, Jeanne-Baptiste d'Albert de Luynes, comtesse de Verrue et la duchesse d'Antin; d'autres sont aux armes des villes d'Avignon, de Marseille, de Barcelone. Une de ces reliures habille un prix décerné au Collège de Bourbon à Aix, l'autre au Prytanée militaire de Saint-Cyr.

Les reliures décorées étaient classées par ordre chronologique : tout d'abord celle du Missel de Saint-Trophime, du xve siècle, puis pour le XVIe, une reliure de Grolier pour un casier destiné à entrer dans un médailler et un certain nombre de reliures à sujets religieux ou profanes et c'est depuis cette époque jusqu'au XIXe siècle, un véritable « festival » de maroquin grenat, rouge, vert, bleu, brun, marron, mosaïqué, de vélin, de truie, de basane, de veau brun, citron, marron, fauve, marbré ou glacé, de chagrin, décorés à froid ou dorés. Une reliure du XVIIIe siècle est particulièrement remarquable par les pages de garde; ce volume était primitivement un cadeau destiné par Mgr d'Inguimbert au roi du Portugal dont il porte les armes sur la tranche; l'omission d'un cahier constatée après la reliure empêcha le prélat d'envoyer l'ouvrage à son destinataire; une autre reliure de la même époque montre des pages de garde rouge et or de toute beauté. Parmi les reliures du XIXe siècle, l'une a été faite sur la demande du vicomte Édouard de Valernes, une autre pour Bonaventure Laurens. Certaines de ces reliures sortent des ateliers de Simier, Padeloup, Grolier, Niedrée, Derôme, Lortic, Duru.

L'exposition se terminait par le Livre d'or de la Ville de Carpentras, ouvert par le général de Gaulle lors de sa venue le 25 septembre 1963. C'est une reliure en plein maroquin vert, à double encadrement de filets dorés avec motif d'angle et écusson mosaïqué rouge aux armes de la ville surmonté de la devise. La reliure est l'œuvre de Georges Solignac, relieur à Bédarrides.

Cette exposition, montée uniquement avec des ouvrages tirés du fonds de la Bibliothèque Inguimbertine, montre sa richesse aussi dans ce domaine car il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit là que de quelques-uns des 400 ouvrages et même davantage qui peuvent être exposés pour la beauté de leurs reliures.

Dijon (Côte-d'Or).

Exposition numismatique. - A l'occasion des « Journées numismatiques » de la Société française de numismatique, qui se sont tenues cette année à Dijon, une exposition a été organisée par la Bibliothèque municipale de cette ville, avec le concours de la Bibliothèque nationale, de la Monnaie de Paris, du Musée et des Archives municipales de Dijon, des Archives départementales de la Côte-d'Or, du Musée de Châtillon-sur-Seine et de la Bibliothèque d'Auxonne.

Cette exposition était destinée à montrer quelques trouvailles remarquables faites dans la région, quelques séries de pièces des médailliers dijonnais (médaillier de la Bibliothèque, collection de l'Académie de Dijon et de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or actuellement déposées à la Bibliothèque, collection du Musée) et enfin des documents sur l'histoire de la monnaie des ducs de Bourgogne et sur la circulation monétaire dans la province.

Étaient exposés, entre autres, une partie des monnaies gauloises et romaines récemment découvertes au fanum du Tremblois dans la forêt de Châtillon-sur-Seine (fouilles de M. R. Paris), des photographies, fournies par la Bibliothèque nationale, les trésors de Gourdon (Saône-et-Loire), découvert en 1845, et d'Alise-Sainte-Reine, découvert en 1804, composés tous deux de monnaies d'or frappées par les souverains burgondes et francs sous le nom des empereurs de Byzance; une carte, établie par le Cabinet des médailles, des « trésors » découverts en Côte-d'Or ; les monnaies romaines et byzantines de la collection Trimolet du Musée de Dijon : 65 pièces d'or d'Auguste à Alexis Comnène; des monnaies des ducs de Bourgogne, d'Eudes II à Charles le Téméraire, accompagnées de documents sur le droit de monnayage des ducs et du compte de la Monnaie d'Auxonne pour 1393-1394 (Ms n° 1 de la Bibliothèque d'Auxonne); des jetons des États de Bourgogne, des Élus de la province et des vicomtes-maïeurs de Dijon, accompagnés de documents sur la fourniture de ces médailles; des monnaies de nécessité émises par la Ville de Beaune pendant la Révolution, par la Ville de Dijon en 1870-187I et par la Chambre de commerce de Dijon pendant la guerre 1914-1918.

La complexité de la circulation monétaire de l'Ancien Régime était montrée par des certificats de pesée de pièces, des balances et des poids de changeurs, des ordonnances sur le cours de monnaies et par quelques-uns des états de la caisse du receveur municipal de Dijon dressés à chaque modification de la valeur des monnaies.

L'atelier monétaire de Dijon, qui fonctionna jusqu'en 1772, était évoqué par des pièces relatives aux privilèges des monnayeurs, par des jetons des prévôts de la Monnaie, par des documents sur l'installation de l'atelier à l'ancien hôtel ducal vers 1494 et son transfert en 17II dans un nouveau local dont la Monnaie de Paris avait prêté une série de plans.

Cette exposition a été inaugurée le samedi 13 juin, les monnaies antiques étant présentées par Mr Lafaurie, du Cabinet des Médailles, le reste par Mr Gras, conservateur de la Bibliothèque.

Grasse (Alpes-Maritimes).

Exposition des Éditions du Cercle d'art. - La Bibliothèque municipale a accueilli un ensemble complet des ouvrages des Éditions du Cercle d'art de Paris et exposé des lithographies originales de Picasso et de Pignon.

Cette exposition, organisée avec la collaboration des libraires de Grasse, a remporté un vif succès.

Don d'ouvrages allemands à la ville de Grasse. - Le 16 avril 1964, en témoignage de la collaboration entre les villes jumelées de Grasse et d'Ingolstadt (Bavière), le Dr Simon, consul général de la République fédérale allemande à Marseille, est venu remettre à Mr Honoré Lions, maire de Grasse, un lot important de 760 ouvrages de littérature allemande, don de la ville d'Ingolstadt à la Bibliothèque municipale de Grasse.

Laon (Aisne).

Exposition Jacques de Troyes. - La Bibliothèque de Laon commémore, du 30 mai au 30 juin, le 7e centenaire de Jacques de Troyes, devenu Urbain IV, (1264-1964) dans le cadre des « Heures médiévales de Laon ». Jacques, chanoine et archidiacre ici, a laissé de nombreux souvenirs de son long séjour dans cette ville : lettres, chartes, cartulaires, sans oublier la « Sainte-Face » du trésor de la cathédrale, achetée par lui dans un monastère orthodoxe serbe. L'exposition met également l'accent sur la fête du Saint-Sacrement, proclamée à Liège par Jacques, puis à Orvieto par Urbain IV. De nombreux manuscrits contemporains provenant du fonds de la cathédrale montrent les profondes recherches théologiques de son école sur l'eucharistie, la grande ferveur eucharistique de cette église, avant et après la proclamation de la fête en 1264. Cette exposition a été précédée d'une conférence explicitant le rôle prépondérant joué par l'Église de Laon dans la genèse de cette Fête-Dieu proclamée par Urbain IV.

Meaux (Seine-et-Marne).

Cent ans de Croix-Rouge. - Pour fêter le centenaire de la Croix-Rouge, le Comité de Meaux a organisé, du 2 au 12 avril 1964, un ensemble de manifestations au nombre desquelles une exposition présentée dans les salons de l'Hôtel de Ville. Le Comité avait chargé le Dr Jean-Louis Happert, vice-président, et une équipe de secouristes placés sous la direction de Mr Schmalz, de sa préparation. De nombreux organismes français et étrangers, représentant quatre-vingt-onze nations, ont prêté leur concours en envoyant divers documents, la contribution la plus importante ayant été fournie par le Musée du Val-de-Grâce. Les pièces les plus remarquables étaient : l'exemplaire unique de la thèse du baron Dominique Larrey avec manchettes autographes de l'auteur et un exemplaire de l'édition originale d'Un Souvenir de Solférino d'Henry Dunant, avec ses traductions en américain, anglais, coréen, esperanto, grec. Faute d'un nombre suffisant de vitrines, le concours de la Bibliothèque municipale avait été réduit à l'aspect local de l'œuvre de la Croix-Rouge, à l'aide d'un certain nombre de documents, où avaient été retenus, dans la presse locale, le journal donnant la déclaration constitutive de Comité de secours aux blessés en 1870, et celui dressant, en 1916, le bilan de l'aide apportée aux combattants pendant les deux premières années de la Grande Guerre. Cette exposition a recueilli le succès le plus légitime auprès de la population meldoise.

Accueillies par Mr Minost, président, entouré des membres du Comité, et Mr Jean Bouvin, maire de Meaux, entouré des membres de son Conseil municipal, dont Mr Robert Perreau, délégué à la Bibliothèque, de nombreuses personnalités avaient tenu à honorer de leur visite cette exposition : Mr le Médecin général inspecteur Debenedetti, vice-président de la Croix-Rouge française, Mr le Médecin général Bernier, conservateur du Musée du Val-de-Grâce; les autorités civiles militaires et religieuses; les parlementaires et les conseillers généraux; les membres de la Croix-Rouge française.

En outre, plusieurs diplomates accrédités à Paris sont venus visiter l'exposition : S. Exc. le Dr Parviz Adle, ministre-plénipotentiaire d'Iran, le Dr Boutaleb, attaché à l'Ambassade royale du Maroc, vice-président du Croissant-Rouge marocain; des conseillers représentant L. Exc. les Ambassadeurs d'Allemagne fédérale, d'Afrique du Sud, de Pologne, de Suède.

Une exposition est d'ores et déjà envisagée pour le centenaire du Comité meldois de la Croix-Rouge en 1970. Elle aurait lieu dans la galerie d'exposition de la Bibliothèque, dont on espère l'aménagement dans les années prochaines.

Tours (Indre-et-Loire).

Au cours du premier semestre 1964, la Bibliothèque municipale de Tours a reçu et participé à l'organisation de cinq expositions aux caractéristiques fort différentes :

Du 13 mars au 9 avril De la coudée au micron, mise au point par le Conservateur du Conservatoire national des Arts et Métiers, Mr Daumas, permit aux visiteurs de prendre conscience de l'importance de la métrologie dans notre civilisation. Après un bref rappel historique : photographie de la coudée suméro-babylonienne, vase d'argent d'Entemena (récipient étalon du XXVIIIe siècle avant J.-C.), balances automatiques reconstituées d'après les dessins de Léonard de Vinci, etc... nous abordons l'établissement du système métrique; la carte de la triangulation effectuée de 1793 à 1798 par Delambre et Méchain pour mesurer la longueur du segment de méridien de Dunkerque à Barcelone est un témoignage de la rigueur scientifique avec laquelle fut déterminée notre unité de mesure de longueur. Ensuite, des capacités, poids de tous calibres, masses étalons, nous passons à la métrologie classique puis moderne : de nombreux appareils : manomètre, réfractomètre à liquide, microscope métallographique, anémomètre, dynamotachymètre, luxmètre, pyromètre optique, etc... sont à la disposition des visiteurs, qui peuvent les manipuler à loisir. Les élèves de l'enseignement technique court ou long, les étudiants du Centre correspondant du Conservatoire des Arts et Métiers, les ingénieurs et techniciens des entreprises et laboratoires tourangeaux furent parmi les visiteurs les plus intéressés, les plus séduits aussi par une présentation si concrète et vivante.

Exposition esperanto. - Le Centre culturel esperanto de Tours, sous l'égide et avec l'aide de l'Union française pour l'esperanto, désirait faire connaître le rayonnement dans le monde moderne de cette langue internationale qui permet de tenir des congrès internationaux sans favoriser une langue nationale aux dépens d'une autre, en évitant le recours à la coûteuse traduction simultanée.

Venus des cinq parties du monde, étaient rassemblés sur les panneaux ou sous vitrines : affiches, dépliants touristiques, brochures commerciales, revues littéraires et scientifiques (plus d'une centaine paraissent régulièrement), disques et enregistrements, livres pour enfants, œuvres littéraires traduites ou écrites directement en esperanto : Shakespeare, Molière, Rabindranath Tagore, Schiller, Dickens, Sartre, Tolstoï, Sienkiewicz, Baudelaire, Dante, etc... Du 16 au 28 avril les Tourangeaux se virent véritablement révéler l'importance de ce moyen de compréhension direct entre les hommes de tous les pays.

Le Centre d'Études supérieures de la Renaissance, installé à Tours depuis sept ans, se devait de célébrer dignement le quatrième centenaire de Shakespeare. Le « British Council » voulut bien regrouper à Tours du 2 au 9 mai les trois expositions tournantes qu'il avait lancées en France; et autour de ce noyau central le Centre d'Études supérieures de la Renaissance, l'Arsenal, la Bibliothèque municipale de Tours avaient réuni quelques pièces intéressantes sur Shakespeare en France (notamment sur ses traducteurs tourangeaux que furent le baron de Sorsum et Alfred de Vigny) retraçant ou évoquant les mystères shakespeariens, qu'il s'agisse des multiples Shakespeare créés par les biographes inventifs, ou des 36 problèmes posés par ses 36 œuvres de l'édition in folio de 1623.

Un cycle de conférences, attentivement suivi par un public nombreux réuni à l'auditorium de la Bibliothèque de Tours, a permis de compléter ce que cette exposition avait d'insuffisant : le professeur E. Martin, de la Faculté de Poitiers, ouvrit le débat avec « Actualité et grandeur de Shakespeare »; le professeur F. Léaud, directeur des études anglaises à la Faculté de Poitiers, évoqua les sonnets « Clefs du cœur de Shakespeare » ; le professeur J.-B. Fort, de la Sorbonne, sut ressusciter « Titus Andronicus », aube de la tragédie shakespearienne; le professeur A. Bordeaux, du Collège littéraire de Tours, traita de « la Foi, la Femme et la folie dans les grandes tragédies shakespeariennes » cependant qu'en psychologue averti, le professeur A. Jarry, de Poitiers, analysait les « aspects de l'angoisse shakespearienne ».

Le 23 mai, la salle d'expositions de la Bibliothèque municipale présentait aux visiteurs Visages de Mulheim, ville jumelée avec Tours depuis trois ans. Quatre parties dans cette exposition composée de photographies, de maquettes, de dioramas : historique de la ville; la ville moderne, reconstruite à 80 %; l'activité économique ; enfin l'activité culturelle : les saisons théâtrales y sont très fréquentées, les troupes et les orchestres étrangers y obtiennent toujours un grand succès.

Enfin, du 6 au 14 juin, la Fondation George Sand, animée par Mr et Mme Smeets-Sand, exposait dans les vitrines de la Bibliothèque Trois siècles d'histoire et cent ans de famille Sand, à l'aide de documents extraits uniquement des archives familiales : les diamants du Maréchal de Saxe, les collections et les œuvres picturales de Maurice Sand (qui fut un brillant élève de Delacroix), les dendrites de George Sand, des manuscrits et des objets personnels de George Sand, de Chopin, de Balzac, de Flaubert et de nombre d'autres personnages importants du XIXe siècle littéraire et artistique.

Maurice Sand écrivit une centaine de pièces pour le théâtre de marionnettes qu'il avait sculptées lui-même et dont les représentations enchantèrent les soirées familiales de Nohant; elles revécurent à l'auditorium de la Bibliothèque pour la plus grande joie des petits et des grands.

Mr Tadeusz Breza, attaché culturel de l'Ambassade de Pologne, assista à la cérémonie d'inauguration.

Chacune de ces manifestations a été l'occasion pour la Bibliothèque d'attirer un public varié; l'intérêt qu'elle porte, par vocation, à tout ce qui concerne les connaissances humaines sous leurs multiples formes, lui impose de jouer le rôle de Maison de la Culture dans une ville qui en est dépourvue, dont la croissance démographique et géographique est rapide (une récente fusion de communes a porté la population de Tours de 93 000 à 112 ooo habitants et sa superficie de 990 à 3 800 hectares) et dont la vie intellectuelle devient plus animée et intense.

Troyes (Aube).

Exposition Alfred de Musset. - L'Association des amis de la Bibliothèque de Troyes a organisé, en liaison avec le « Festival populaire de Troyes et de Champagne », deux manifestations le 5 juin, précédant la représentation des Caprices de Marianne, le 20 juin.

D'abord, une exposition Alfred de Musset et les Caprices de Marianne, à la Bibliothèque de Troyes, comprenant des portraits et maquettes prêtés par la Comédie-Française et la Bibliothèque de l'Arsenal, et des manuscrits des Archives nationales. Les éditions successives du théâtre de Musset proviennent de la Bibliothèque de Troyes. L'inauguration eut lieu en présence de Mr le Préfet de l'Aube, de Mr Haubry, représentant Mr le Député-Maire, et de Mr Chevallier, vice-président du « Festival ».

Une soirée, à l'Hôtel de Ville, complétait l'exposition par une audition de textes, surtout de lettres d'Alfred de Musset et de George Sand, dialoguées par les comédiens du Festival (Jean Menaud et Claude Darvy) sur un thème de Jean-Jacques Kihm, avec illustrations musicales de Chopin par Marie-José Delvincourt. Mr Jean Lemoine, secrétaire général des amis de la Bibliothèque, présenta la soirée et résuma les activités de l'Association, tant pour la bibliothèque enfantine que pour le fonds technique et le Bibliobus de l'Aube.

Valenciennes (Nord).

Exposition de miniatures du VIIIe au XVIe siècle organisée à l'occasion de visites de groupes. - Le compte rendu de l'inauguration, le 15 avril 1962, par Mr Julien Cain, membre de l'Institut, Directeur général des bibliothèques de France, de la salle ancienne restaurée de la Bibliothèque municipale classée de Valenciennes paru peu après dans la chronique du Bulletin des Bibliothèques 6, fut bientôt suivi dans les « Mélanges » d'une note sur la Bibliothèque de Valenciennes, monument historique classé, accompagnée de deux très belles planches montrant l'extérieur et l'intérieur du bâtiment restauré 7.

On rappelait dans cet article que le jour même où le ministre de l'Agriculture inaugurait, en présence de Mr Julien Cain, les Floralies internationales de Valenciennes, le Directeur des bibliothèques inaugurait, dans la salle ancienne magnifiquement restaurée, une exposition sur le même thème « Florilège », dont le sous-titre précisait « les livres et les fleurs ».

En conclusion à cette note, il était précisé que les groupes ayant prévenu à l'avance de leur passage à la Bibliothèque de Valenciennes pourraient bénéficier d'une visite guidée, que la salle comporte ou non une exposition temporaire. Cette faveur devait se montrer bientôt fort appréciée d'un public étendu, sur le plan régional et même en raison du caractère frontalier de Valenciennes sur le plan international. Bien entendu, les groupes avertis par une publicité indirecte mais fort efficace demandaient toujours si une exposition pouvait leur être présentée.

Cette situation nouvelle appelait de la part de la Bibliothèque et de son personnel une réaction adéquate, qui paraît avoir été trouvée assez heureusement dans la mise en place rapide, grâce à des vitrines très maniables, d'une exposition typique et de qualité, réalisée à l'aide des collections qu'il serait possible de « démonter » en un peu moins de deux heures, le « montage » ne demandant pas davantage de temps.

Trente numéros d'un catalogue bref, mais détaillé, forment un petit fascicule de 5 pages multigraphiées, qui est « habillé », à chaque visite, par une couverture nouvelle portant le nom du groupe visiteur et l'indication de la date de son passage. Ainsi, le personnel subalterne de l'établissement pourrait suffire à la rigueur à la réception des visiteurs. Mais, ceux-ci attachent néanmoins beaucoup d'importance à être reçus par un membre du personnel spécialisé.

Sept groupes, tous de caractère culturel, totalisant plus de 500 personnes, ont été reçus ainsi en moins de trois mois (du samedi 7 mars au jeudi 4 juin), sans qu'il y ait jamais eu d'exposition permanente, puisque les livres exposés sont remis en place le même jour, ou le lendemain au plus tard si la visite a eu lieu l'après-midi. Sur près de 500 visiteurs, près de 300 étaient belges ou hollandais, appartenant le plus souvent à l'enseignement ou à son milieu, Tournai et Paris, aux Musées et aux Amis des Musées, Louvain et Bruxelles, mais aussi à des groupements moins spécialisés, comme le 160e District du Rotary club international ou le Groupement franco-belge des ingénieurs de la Couleur.

Versailles (Seine-et-Oise).

Exposition Dunoyer de Segonzac. - La Bibliothèque de Versailles a présenté, du 9 mai au 7 juin, une rétrospective de l'œuvre de Dunoyer de Segonzac, fidèle ami de cette région, qu'il habite, et de la ville, à qui il a fait des donations importantes.

Cette exposition nous invitait à le suivre sur les bords de la Seine et de la Marne, à le retrouver aux Ballets russes, à l'Opéra, puis à la guerre, d'où sortira l'illustration des Croix de Bois. Et c'est de nouveau la belle époque, avec le Tableau de la Boxe de Tristan Bernard, Bubu de Montparnasse, Saint-Tropez et la Treille Muscate. Divers portraits rappelaient les contemporains et amis : Colette, Léon Paul Fargue, Gide, Mondor, Jules Romains... On a beaucoup insisté sur le côté versaillais et « Ile de France » de l'œuvre : les poissons et volailles de Cuisine, gravés le dimanche au marché de Versailles, Le Lierre de Pierre Brisson, dont notre Parc et les champs de Guyancourt, après Paris, jalonnent l'action, et tout naturellement les grandes eaux-fortes des Géorgiques dont labours, semailles, moissons furent pris sur le vif dans les campagnes toutes proches.

Ce sont nos paysages ou nos églises que montraient les aquarelles : Jouy-enJosas, Chatou, Feucherolles, Triel... Cet ensemble très important de dessins, d'essais, épreuves d'artiste ou planches refusées se terminait sur les dernières productions : Côtes-rôties de Fargue, ou le Sport de Giraudoux.

C'est peut-être avec cette dernière évocation qu'il était le plus facile de remarquer comment, d'une tache de couleur, d'un trait nerveux, l'artiste a su rendre la perfection momentanée d'un mouvement, fixer l'instant, emprisonner la lumière dans ses lignes sinueuses et sobres. Sa plume, parfois rehaussée de lavis, décrit ce que d'autres écrivent avec des mots. Il atteint un tel degré de précision que la gravure trouve sa place parfaite dans un texte à quoi elle était au début étrangère, par la concordance des deux témoignages, ainsi pour la trilogie de Dorgelès, ou par la sincérité d'un dessin qui ne retient que l'essentiel et repousse toute construction académique.

Pour ses eaux-fortes, le maître refuse traduction ou interprétation, il traite directement le métal, quitte à transporter ses cuivres en pleine campagne, et jusque dans la « presse » du Boulevard. Comme il s'était affranchi des pratiques traditionnelles, il adopte des solutions audacieuses, usant d'un trait si fin que l'éditeur le fait renforcer, ou taillant à plein grattoir.

Cette œuvre, moderne et classique à la fois, s'accordait à merveille avec le cadre offert : l'Hôtel royal des Affaires Étrangères du XVIIIe siècle. L'or des boiseries y renforçait celui des cadres et donnait aux noirs toute leur valeur, le fond de reliures avivait l'éclat des paysages. Il semblait que l'on eût tiré un de ces livres pour l'ouvrir à la page présentée. Contraste avec les aquarelles que cet accord d'ombre et de lumière, ce refus de la couleur dans les illustrations majeures, dont chacune a marqué une étape de l'histoire du livre depuis un demi-siècle. Éducative cette exposition l'était encore par la présentation, à côté des planches elles-mêmes, des cuivres rayés, réemmargés, bruts ou dorés...

Après une brillante inauguration, c'est ce que trois mille visiteurs eurent l'occasion de reconnaître ou d'admirer.

Bibliothèques municipales de la Seine.

Saint-Denis

Exposition : Histoire de l'occupation, de la Résistance et de la Libération. - Au cours du mois de juin, la Bibliothèque municipale de Saint-Denis présentait divers documents, reproductions photographiques et objets sur l'occupation, la Résistance et la Libération.

Sont rappelés tout d'abord Hitler et son armée, envahissant la France, puis les différents appels à la Résistance et l'organisation des forces françaises à l'extérieur et à l'intérieur du pays.

Les difficultés de la vie étaient évoquées à l'aide de cartes de rationnement et de tickets divers. Une large part était faite aux journaux clandestins sans distinction de tendance.

On remarquait un tract d'origine allemande : c'était un extrait de Mein Kampf en langue française que les autorités occupantes avaient fait imprimer et distribuer. Une vitrine montrait un exemplaire de Poème et vérité de Paul Éluard publié en 1942. Étaient également exposées des médailles, des décorations, de fausses cartes d'identité et diverses pièces utilisées par la Résistance.

Naturellement, l'accent était mis sur les événements qui se sont passés à Saint-Denis, notamment la fin tragique du Directeur d'école Lefebvre et de sa famille.

Des dessins d'enfants des écoles, sur le thème, complétaient cette exposition.

Le 6 juin, au Théâtre municipal, eut lieu une soirée « Hommage poétique aux martyrs de la Résistance » dont les textes ont été relevés dans des ouvrages de la Bibliothèque municipale.

  1. (retour)↑  Hommage à Cappiello : dessins, affiches... (Présentation par Jean Adhémar.) - Paris, Bibliothèque nationale, 1964. - Dépliant 36 × 15.
    (Catalogue sous forme de carte d'invitation à l'inauguration.)
  2. (retour)↑  Bibliothèque nationale. Paris. - Guy Ropartz. Préf. par Julien Cain. -Paris, Bibliothèque nationale, 1964. - 20,5 cm, 24 p.
  3. (retour)↑  Schwartz (Jacques). - Papyrus grecs de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg... - Strasbourg, Bibliothèque nationale, 1963, - 24,5 cm, 26I p. (Publications de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. I)
  4. (retour)↑  Torossian (Araxie). - Catalogue des thèses de sciences physiques (mention : physique et chimie) soutenues devant la Faculté des sciences de l'Université de Paris, de 1945 à 1960... Préf. de Germain Calmette... - Paris, Person, 1964. - 2I cm, 160 p. (Bibliothèque de l'Université de Paris. Sorbonne).
  5. (retour)↑  Université de Paris. Bibliothèque de documentation internationale contemporaine. Musée de la Guerre. - 1914-1918. Témoignages d'artistes et documents. Exposition du Cinquantenaire, juin-juillet 1964. Catalogue. Préface de Julien Cain. -Paris, B.D.I.C., 1964. - 2I cm, 54 p., 8 pl.
  6. (retour)↑  In : B. Bibl. France, n° 7, juillet 1962, p. 385.
  7. (retour)↑  In : B. Bibl. France, n° 9-10, septembre-octobre 1962, pp. 517-519.