Alexandre Vattemare 7 novembre 1796 - 7 avril 1864
Fondateur de l'Agence européenne des échanges
Alexandre Vattemare, parisien de naissance, se révèle vite être un animateur extraordinaire et se consacre au théâtre. Ses voyages à travers l'Europe entière, où il rencontre de vifs succès, l'amènent à étudier les richesses des musées, bibliothèques et châteaux des pays qu'il parcourt, afin d'adapter ses personnages aux styles nationaux. Pour aider les conservateurs de ces établissements à compléter leurs collections, il établit tout d'abord des listes de doubles, puis, dans le but de faciliter les échanges entre pays européens, il fonde la Société européenne qu'il soutient de ses deniers. A la suite de son voyage en Amérique en 1839, de nombreux échanges sont établis entre l'Amérique et l'Europe par l'intermédiaire de l'Agence européenne des échanges dont il devient l'apôtre infatigable. Lors de la guerre de Sécession (1860-1865), les subventions des États-Unis sont suspendues et l'Agence ne subsiste que par le travail et la fortune de Vattemare, la mort de celui-ci entraînera la fermeture de l'organisme. Cependant, l'oeuvre commencée par Vattemare et l'élan qu'il a donné aux relations culturelles n'ont pas été vains et resurgiront quelques années plus tard
Il y a cent ans, le 7 avril 1864, disparaissait une figure attachante et originale du XIXe siècle, Alexandre Vattemare. Dans cette personnalité aux activités diversifiées que faut-il admirer le plus ? Ses qualités d'artiste ou son dévouement à une idée : l'union intellectuelle des deux mondes ? Une seule suffirait pour le considérer comme un des hommes remarquables de son temps.
Le 17 Brumaire an V, dans l'île Saint-Louis à Paris, naissait Nicolas-Marie-Alexandre Vattemare, qui ne connaîtra sa ville natale que bien des années plus tard. Sa famille, comme d'autres Parisiens en ces temps troublés, se retire dans la campagne normande; le jeune Alexandre fait ses études secondaires au Séminaire de Lisieux. Sa mère désirait que son fils choisisse la vie religieuse. C'était mal connaître le jeune Alexandre qui utilisait en virtuose ses aptitudes de ventriloque et de mime. Sa famille, les voisins, les fermiers, les passants circulant le long des falaises de Honfleur étaient les partenaires de ses farces en cherchant en vain le mendiant qui les sollicite, le pleureur qui demande leur aide, tous les personnages enfin que sa brillante imagination crée pour la joie ou le déplaisir de son entourage. L'écolier égayait son internat en faisant vivre dans le séminaire des personnages imaginaires qui troublaient les professeurs. Ici, les victimes de ses créations comiques ne les acceptaient pas avec le sourire et souvent elles réclamèrent des sanctions sérieuses contre ce perturbateur. On comprend aisément que le directeur du séminaire conseille à Mme Vattemare de laisser Alexandre choisir une autre orientation de vie. Il s'en va à Paris pour étudier la médecine à l'Hôpital Saint-Louis. L'étudiant ajoute à son activité médicale le pigment des taquineries qui lui sont familières. Sans doute, les professeurs et étudiants de l'époque sont-ils si convaincus de l'importance et du sérieux de leur genre de vie qu'ils se rebiffent devant des scènes qui nous feraient sourire aujourd'hui : faire parler des morts couchés dans la morgue ou convaincre un professeur qu'il doit prendre un chemin tandis que sa fille et l'étudiant s'éloignent par une autre route. En ce temps, c'étaient des fautes graves qui méritaient une sanction : notre étudiant doit quitter l'hôpital. Peut-être, est-ce l'esprit frondeur de l'intéressé, lequel n'admire pas Napoléon, qui a motivé cette décision !
La situation sanitaire à Paris se détériore en 1814, une épidémie de choléra précède l'entrée des Alliés. La désorganisation, liée à la retraite des troupes de Napoléon et à la fuite des Parisiens, crée un besoin impérieux de médecins. Le jeune Vattemare rentre à l'Hôpital Saint-Louis pour soulager les cholériques : civils français, militaires français et alliés. Parmi les rescapés figurent des soldats alliés qui demandent que les convois de convalescents soient accompagnés par un médecin. Ils obtiennent que ce soit l'officier de santé qui les a soignés, Alexandre Vattemare. Après quelques hésitations, mais vu la situation à Paris, Vattemare accepte la proposition de reconduire à Berlin trois cents militaires; voyage Paris-Berlin qui s'accomplit par petites étapes, en s'arrêtant entre autres à Reims, Givet, Namur, Liège, Aix-la-Chapelle, Hanovre, voyage que nous connaissons avec ses anecdotes et les impressions de l'auteur grâce à son Itinéraire. Le gai luron de Lisieux et de Paris égaye les longueurs de la route et la monotonie des étapes par des interventions de ventriloque qui font la joie des soldats, plus rarement celle des civils : être convaincus que des brigands vivent dans les grottes voisines ne réjouit guère les gens de Givet, l'annonce de la mort d'un chanoine liégeois attriste la parenté qui se console en apprenant qu'elle hérite. Des blagues de ce genre obligent notre farceur à fuir, quelquefois dès l'aurore. Il conduit à bon port ses convalescents et se trouve à Berlin quand Napoléon quitte l'île d'Elbe. Les armées alliées reprennent le combat. A ce jeune Français on propose d'entrer dans les armées alliées, sinon il doit rester en Prusse. N'étant pas autorisé à exercer la médecine, il doit chercher des moyens pour subvenir à ses besoins. Grâce à l'hospitalité d'une famille d'émigrés, les Thabouis de Guidon, il reste à Berlin et suit les conseils de ses amis d'exploiter ses aptitudes de mime et de ventriloque. Un médecin de Brandebourg lui écrit sa première pièce pour acteur unique : Madame Thomas. Notre jeune acteur, accompagné de la famille Thabouis de Guidon, va jouant de ville en ville; son succès croissant l'entraîne à garder cette profession; on le rencontre dans toutes les villes et gros bourgs de l'Europe centrale et septentrionale jusqu'en 1820. A ce moment, il revient momentanément en France avant de faire un long séjour en Angleterre, Écosse et Irlande. Ses succès l'entraînent à de nombreux voyages dans toute l'Europe et en Russie. Si son Journal nous parle de ses succès, les journaux des divers pays nous relatent l'accueil reçu, les pièces jouées, les personnalités rencontrées. Le premier extrait que je connaisse, daté du II novembre 1815 dans le Staats- und Gelehrte Zeitung des Hamburgischen und umpartheiischen Correspondenten, décrit les réalisations de Mr Alexandre, mime et ventriloque. En février 1816, par son affiche nous connaissons l'existence de la pièce en trois actes et cinq scènes jouée devant le grand-duc de Mecklembourg. Il complète le programme par quelques improvisations. L'acteur joue dans la langue du pays : en allemand en Allemagne et en Autriche, en anglais dans le Royaume-Uni ; il utilise le français en France, dans les Pays-Bas, en Pologne, Russie, Hongrie et Italie. Son Itinéraire nous le montre passant plusieurs fois dans les mêmes villes, son séjour prolongé dans toutes les régions prouve qu'il y trouvait un public important et accueillant. Cette opinion est renforcée par les comptes rendus de ses représentations qui sont publiés dans la presse. C'est grâce aux journaux que nous connaissons la plupart des pièces jouées; les journalistes nous donnent le titre de l'œuvre, quelques-uns le nom de l'auteur, souvent un résumé de la pièce, parfois les personnages et le commentaire sur l'acteur extraordinaire, seul en scène pour faire vivre sept ou huit personnes différentes par l'âge, le sexe, le caractère, changeant d'allure, de costume en un temps si bref que l'illusion de personnages distincts persiste pour l'auditoire.
Les premiers temps, Mr Alexandre, puisqu'il est connu sous ce nom, joue une pièce et un complément de scénettes variées, tirées de la vie journalière, plus tard, il joue deux pièces au cours de la représentation. Nous connaissons les pièces suivantes qu'il a jouées :
Madame Thomas d'un médecin de Brandebourg;
La Journée diabolique ou les aventures de Nicaise, 3 actes;
Nick and Devil ;
Rogueries of Nicholas de W. T. Moncrieff. L'édition de 1822 existe encore. Le texte français est Les Ruses de Nicolas ;
Le Comédien en prison de M. Bell, 1 acte.
Les trois pièces suivantes sont écrites par Alexandre :
Le Paquebot, pièce en prose;
Le Coche d'Auxerre ;
Le Diable boiteux, féerie en un acte.
Toutes les œuvres ont été jouées dans les différents pays. L'acteur unique acquiert une réputation de virtuose, il est considéré comme un protée en France, comme un second Garrick en Angleterre. Cette dernière comparaison, admise par la femme du célèbre acteur anglais du XVIIIe siècle, qui a vu jouer Alexandre, est un témoignage précieux pour le talent d'Alexandre. Des spectateurs enthousiastes lui dédient des poèmes, l'un des plus connus est certes Walter Scott. Aux Pays-Bas et en Angleterre paraît une édition d'un choix de lettres reçues par l'artiste et une biographie accompagnée d'un portrait d'après la peinture de L. Smith.
C'est grâce aux lithographes que plusieurs pièces vivent à nos yeux; des artistes de renommée européenne ont dessiné les divers costumes et personnages incarnés par ce protée du XIXe siècle, changeant l'aspect des sujets suivant les pays visités.
Dès 1822, des lithographes anglais vont le dessiner dans ses pièces : W. West fait des lithos, rehaussées à l'aquarelle, de tous les personnages des Rogueries of Nicholas dans la version jouée à l'Adelphi Theater. Une autre lithographie en blanc et noir représente tous les personnages groupés, montrant la variété d'apparence d'Alexandre. La même année, F. Lambert à Londres dessine une litho blanc-noir d'Alexandre dans tous les personnages de Nick and Devil. En 1825 et 1826, W. Head de Londres groupe tous les personnages des Rogueries of Nicholas en une litho colorée ; le même sujet séduit J. Franklin qui nous a laissé une litho en noir et blanc. Dans toutes, les costumes et l'allure des personnages sont semblables. Il y a des différences si on les compare avec les œuvres de Granville, Madou, etc. Le premier dessin représentant Mr Alexandre paraît dans un journal berlinois de 1816, d'autres portraits existent dont celui de C. Smith d'Edimbourg qui est reproduit avec la biographie. L'illusion vocale qui amusa si souvent l'adolescent ne suffit pas à satisfaire Alexandre Vattemare adulte. L'acteur choyé du public, qui acquiert une belle fortune avec ses succès d'artiste, est un homme généreux qui participe spontanément à la création d'œuvres sociales comme une maison de retraite à Dublin; c'est un homme cultivé et curieux des questions littéraires et artistiques.
Alexandre s'intéresse vivement aux aspects multiples de la vie intellectuelle et artistique des pays qu'il parcourt. Pour adapter ses transformations physiques aux styles nationaux, il étudie les richesses rassemblées dans les cabinets de curiosités, dans les bibliothèques et musées des villes et des châteaux. Les conservateurs des divers dépôts lui montrent leurs documents, lui exposent leurs doléances concernant les lacunes qui diminuent l'intérêt de leurs collections et lui font visiter les multiples exemplaires sans intérêt pour eux. La situation au quart du XIXe siècle reflète largement les suites des troubles révolutionnaires, le désordre n'est pas dans une seule ville mais dans toute l'Europe. Alexandre désire aider les collectionneurs de tous pays; connaissant les fonds, il propose aux uns et aux autres d'échanger les pièces qu'ils ont en double. Il participe à de nombreux échanges de monnaies, médailles, publications qui satisfont les deux partenaires.
Alexandre constate rapidement que son action d'aide serait plus efficace s'il possédait des listes des « doubles ».
Vers 1830, il obtient des propriétaires des listes de plus de 150 fonds de doubles disponibles, dont ceux de Saint-Pétersbourg et Vienne ayant des dizaines de milliers de pièces. Son désir de venir en aide le conduit à définir l'utilité et les possibilités des échanges. De 1825 à 1833, Alexandre est en même temps l'acteur aux succès chaque jour renouvelés et le missionnaire convaincu des échanges : chaque ville, chaque journal entend sa voix et de nombreux spectateurs apprécient son désir d'établir des échanges intellectuels permanents, favorables à la diffusion de la culture dans les diverses nations. Les souverains, les hommes politiques, les intellectuels, la presse lui réservent un accueil bienveillant, les difficultés surgissent quand Vattemare veut construire une œuvre européenne durable et qu'il doit recevoir une aide financière. Sa société européenne des échanges de tous objets d'art, sciences et curiosités, fixée au n° 60 de la rue de Richelieu à Paris, sera une affaire privée; les appuis moraux des États européens ne se doublent pas d'apports financiers. Vattemare soutient son œuvre de ses deniers pendant des années; des subsides importants lui seront octroyés après 1839 par les États américains.
A l'automne 1839, Alexandre Vattemare décide de visiter l'Amérique du Nord, où sa réputation d'artiste et de fondateur d'un système d'échanges l'a précédé. Sa visite aux États-Unis a lieu au moment où le Congrès discute le legs Smithson. Un philanthrope anglais, James Smithson, a légué sa fortune aux États-Unis pour que l'on y crée une institution pour « the increase and diffusion of the knowledge among the men ». La conception de diffusion de la science est différente chez les deux hommes mais coïncide partiellement.
Vattemare, persuadé de l'importance de cette fondation pour l'extension des travaux de recherche, entreprend un voyage à travers les États américains. Ce n'est pas seulement à New York, Boston et Washington qu'on l'entend; son itinéraire le conduit dans plus de 50 villes, parmi lesquelles : Providence, Montréal, Québec, Richmond, Raleigh, Nouvelle-Orléans, Savannah, Indianapolis, Saint-Louis, etc. Sa réputation d'acteur français, d'organisateur d'un système d'échanges intellectuels, d'homme cultivé, voire d'orateur, lui ouvre les portes des autorités américaines, lui donne une audience sympathique puis favorable dans les milieux cultivés et la jeunesse. Son entrain se communique aux auditeurs qui décident la formation de sociétés de jeunes pour dispenser la culture comme à Montréal et à Boston, de bibliothèques publiques dont les mieux connues sont celles de Boston et de New York.
Les législateurs des États, séduits par ce commerce culturel, nomment Alexandre Vattemare leur agent européen à Paris et interviennent dans l'entretien du siège parisien de l'Agence européenne des échanges, nom que porte désormais cette organisation.
A Washington, le Congrès a fondé la « Smithsonian Institution » en lui confiant les échanges américains. L'attestation du Congrès, les lettres des sénateurs prouvent l'influence des discours et interventions de Vattemare dans l'élan de fraternité intellectuelle qui se développe vers 1840 en Amérique du Nord.
Vattemare rentre en Europe avec une riche moisson de publications, objets de science, monnaies, etc., qu'il distribue aux ministères, académies, institutions de France et d'Europe et à la bibliothèque américaine de Paris.
Les dons américains démontrent le désir d'un contact intellectuel entre les deux mondes. Les pays européens y répondent avec plus ou moins de libéralité. Les opérations de l'Agence européenne des échanges ne sont pas toujours comprises dans leur véritable conception de diffusion des connaissances; dans maints ministères et bibliothèques recevoir est agréable mais donner est pénible.
Ne faut-il pas admirer son slogan « donner avec joie, recevoir avec gratitude » comme un programme généreux toujours valable ?
C'est en ce temps que plusieurs États européens assouplissent leur législation et autorisent les échanges entre institutions nationales, développent les échanges parlementaires et permettent des transferts gracieux d'ouvrages à l'étranger.
En 1848-1849, Alexandre Vattemare entreprend un nouveau voyage outre Atlantique. Ce nouveau séjour aux États-Unis sera pour lui un circuit jalonné de satisfactions : son œuvre d'échanges a l'accord de nombreux États américains et du Congrès. Les législateurs renouvellent ses mandats d'agent pour les États, les organisations culturelles veulent commencer ou continuer des échanges intellectuels avec l'Europe. Son succès a des manifestations matérielles : publications disponibles, réception chaleureuse des autorités, octroi du transport libre et gratuit pour lui-même et ses bagages sur tous les transports américains, y inclus la traversée de l'Atlantique.
Cet accueil extraordinaire, les résultats obtenus en Amérique provoquent chez Vattemare un nouvel élan. Apôtre infatigable, il reprend des contacts fructueux avec les nombreuses administrations, institutions, académies et universités d'Europe qui l'accueillent avec une bienveillance plus constructive. Une d'entre elles, la « Maatschappij der Nederlandsche Letterkunde » de Leyde lui octroie même le titre et le diplôme de membre. Visitant les diverses nations, il est en rapport avec les multiples autorités civiles et religieuses, les collectionneurs et amateurs éclairés, comme le démontre la correspondance connue, riche en informations sur les fonds existants, les fonds échangés, les souhaits des partenaires et les obstacles à surmonter, les requêtes aux gouvernements, et comprenant même des indications d'époque sur la mentalité européenne au milieu du XIXe siècle; c'est aussi une preuve des relations intellectuelles entre les deux mondes en dépit des frontières politiques. Si les guerres et les révolutions sur le continent européen gênent l'épanouissement de cette communauté intellectuelle, l'Agence européenne des échanges souffre plus profondément de la guerre de Sécession aux États-Unis, de 1860 à 1865. Largement subventionnée par les États américains, elle voit ses crédits suspendus, les bateaux réservés aux armements et non plus à la diffusion pacifique des publications; de l'Europe, pas de subsides compensatoires; Vattemare entretient son agence grâce à sa fortune et à son travail jusqu'au printemps 1864; la maladie a raison de son courage et de son dynamisme, il meurt le 7 avril 1864. Cette disparition, avant la fin des hostilités américaines, est le coup de grâce pour l'Agence européenne.
Le gouvernement français ne se charge pas de continuer cette réalisation internationale ; un moment on peut croire que le Cercle de la Librairie prendra la relève.
Avec l'année qui s'achève s'interrompt aussi l'œuvre de Vattemare. Le 5 décembre 1864, on vend 1200 de ses dessins, aquarelles, estampes, tableaux; en février 1865, c'est le tour des 10 000 autographes qui lui furent adressés. John Bigelow, le chargé d'affaire d'Amérique à Paris, achète ses archives et collections. Les archives de l'Agence européenne sont expédiées aux États-Unis, les ouvrages déposés à la Bibliothèque américaine qui est détruite en 1870 pendant la Commune. Trente ans plus tôt, Vattemare avait édité un recueil de reproductions d'autographes dit Album cosmopolite dont le produit de la vente alimentait les caisses de l'Agence européenne des échanges; il était également l'auteur d'un nombre impressionnant de requêtes, rapports sur les échanges 1; possesseur d'une collection exceptionnelle de monnaies américaines, depuis la colonisation jusqu'au XIXe siècle, il la donne à la Bibliothèque impériale, maintenant Bibliothèque nationale de Paris, avec un catalogue.
En 1862, c'est Saint-Malo qui reçoit des collections de médailles de Louis XIV et Louis XV, statuettes américaines, provoquant ainsi la création du musée. Dans la suite, 156 volumes, des cartes topographiques des pays d'Europe et d'Amérique, lui seront encore envoyés. Ces renseignements malouins ne sont qu'un cas parmi bien d'autres si on se base sur l'inventaire dressé lors du décès de Vattemare; plus de 300 ooo volumes passés par l'Agence européenne ont été remis à de nouveaux destinataires; des décrets, édits (plus de 6 ooo pièces) ont été confiés aux dépôts les plus représentatifs des archives, sans compter les monnaies, médailles, objets d'art. Le 18 avril 1864, deux propositions étaient présentées pour la survie de l'Agence, à savoir :
I° qu'elle soit confiée au Cercle de la Librairie et à l'Imprimerie avec l'obligation de distribuer gratuitement les ouvrages imprimés aux frais de l'État, et ce, sous la direction du ministère de l'Instruction publique;
2° qu'elle reste une affaire privée aux mains du Cercle de la Librairie et distribue les livres déposés et imprimés aux frais de l'État.
Si elles n'ont pas abouti, n'est-ce pas à cause de l'organisation européenne de l'Agence qui s'incluait difficilement dans la structure d'un ministère ?
Les relations culturelles par les échanges ne meurent ni avec l'animateur incomparable que fut Alexandre Vattemare, ni avec la fermeture de l'Agence européenne; elles resurgissent en 1867, à Paris, quand les princes héritiers européens signent la Convention des Princes.