Nécrologie
Léonce Celier (1885-1963)
La disparition du comte Léonce Celier qui, après l'âge de la retraite, gardait tant d'alacrité intellectuelle et de séduction personnelle, a été vivement ressentie aux Archives où s'est déroulée la plus grande partie de sa carrière de 1908 à 1956 et à l'École des Chartes, où il fut membre du Conseil de perfectionnement pendant quinze ans. Pour avoir été plus brèves, les fonctions qu'il exerça dans la haute administration des bibliothèques de 194I à 1945 n'en ont pas été moins marquantes, car il avait retrouvé, dans les fonctions d'inspecteur général des archives et des bibliothèques, son camarade de promotion de l'École des Chartes, Marcel Bouteron et il l'aida à jeter les premières bases de la Direction des bibliothèques.
Né au Mans le 19 janvier 1885, entré à l'École des Chartes dès octobre 190I, il en sortit premier, en 1905, et passa deux ans à l'École française de Rome avec Louis Halphen, Albert Grenier et Jérôme Carcopino. Après un court séjour aux archives du Ministère des Affaires étrangères il fut nommé aux Archives nationales en 1909. Pendant la Grande Guerre, il gagna à Verdun les galons de lieutenant d'artillerie.
La distinction de ses services, sa haute culture, la qualité de ses travaux d'histoire et de diplomatique, publiés notamment dans la Bibliothèque de l'École des Chartes et dans la Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, le désignaient pour les fonctions d'inspecteur général, auxquelles il accéda en 194I.
L'inspection des archives et celle des bibliothèques étaient alors confiées au même fonctionnaire. Archiviste de formation comme son prédécesseur Schmidt, il s'attacha comme lui aux bibliothèques dont il avait le contrôle et ce ne fut pas sans regrets qu'il abandonna cette partie de ses attributions lorsque l'organisation nouvelle de la Direction des bibliothèques entraîna en 1945 une spécialisation de l'inspection. Il avait d'ailleurs orienté vers la carrière de bibliothécaire l'un de ses fils, aujourd'hui conservateur à la bibliothèque de l'Institut, et il continua à se tenir au courant de tout ce qui touchait la vie des bibliothèques.
Sur le plan professionnel - le seul qu'il soit possible, ici, d'aborder - nous retiendrons d'abord la direction de la revue Archives et bibliothèques de 1930 à 1940 et surtout son rôle actif, aux heures les plus difficiles de la dernière guerre, pour sauvegarder les collections menacées et prendre des mesures de protection pour les livres précieux et les manuscrits.