Nécrologie

Maurice Duportet

Maurice Duportet, qui est mort le 25 avril 1962, était un des nôtres puisqu'il fut bibliothécaire de la ville de Montluçon (Allier), mais son œuvre bibliographique fut particulièrement remarquable. Né le 2I mai 1899 à Montluçon dans une famille d'ouvriers, Maurice Duportet perdit de bonne heure son père et fut élevé par son oncle, cheminot à Montluçon.

Il ne put poursuivre d'études secondaires et c'est en travaillant, notamment comme vendeur en magasin de confection, comme clerc de notaire, qu'il put étudier par lui-même et acquérir une très solide culture classique, enfin postuler au poste de bibliothécaire, archiviste et conservateur de musée de Montluçon qu'il occupa de 1919 à 1953,

Entre temps, il était entré à l'École des bibliothécaires de la rue de l'Élysée dont il sortit, le 29 mai 1925, major de sa promotion. La bibliothèque prit à cette date un rapide essor. Mais comme nous l'avons dit plus haut, Maurice Duportet, sans sacrifier ses tâches de bibliothécaire, d'archiviste et de conservateur de musée, fut aussi un bibliographe. Seul, il n'hésita pas à se lancer dans une entreprise qui aurait exigé une équipe. Avec bonne humeur, avec un enthousiasme rare, avec un archarnement exemplaire, il entreprit avant la dernière guerre mondiale la Topo-bibliographie de la France. Le premier volume, consacré à l'Allier, paru en 1937, bientôt suivi de la Creuse et de l'Indre. La guerre interrompit la publication. Le Répertoire permanent des intellectuels, né après la guerre, n'eut qu'une vie très éphémère. Mais si, faute de moyens financiers, Maurice Duportet dut renoncer à ces deux publications, il n'en avait pas moins poursuivi ses dépouillements bibliographiques et fut en mesure d'alimenter en fiches des archives départementales, des bibliothèques municipales (ces dernières en partie avec l'aide financière de la Direction des bibliothèques de France). Des bibliothèques d'outre-mer, comme la Bibliothèque universitaire de Dakar, utilisaient les dépouillements faits par Maurice Duportet qui avait trouvé d'autre part de nombreux encouragements auprès de la Fédération régionaliste française et du service des lettres de la Direction générale des arts et des lettres.

De nombreuses personnalités comme Georges Duhamel, Adolphe Boschot, Abel Lefranc, Emile Male, le baron Seillière, etc., avaient apporté leur patronage à l'entreprise Duportet et témoignèrent leur intérêt lors du lancement de la Topobibliographie de la France qui fut couronnée par l'Académie des sciences en 1938 (Prix Henri de Parville), l'Académie des beaux-arts en 1939 (Prix Bernier), l'Académie des sciences morales et politiques (Prix Audiffred). Mais les tâches assumées par Maurice Duportet dépassaient les forces d'un homme et, faute de moyens, ses méthodes demeuraient obligatoirement artisanales. On n'a que plus d'admiration devant l'œuvre accomplie qu'il ne sera peut-être pas impossible de poursuivre ; quoi qu'il en soit, les milliers de fiches accumulées par Maurice Dùportet méritent d'être sauvegardées.