Les listes départementales de périodiques français et étrangers en cours

Françoise Malet

Ces listes dressées à partir de 1953 et dont plusieurs appellent une mise à jour offrent un grand intérêt pour la recherche régionale

En 1953, la Direction des bibliothèques de France crée l'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours.

Une telle entreprise ne pouvait être conçue à l'échelon national sans faire appel à des concours locaux. C'est pourquoi l'on eut recours dans chaque département au bibliothécaire de la Bibliothèque universitaire (s'il en existait une), au bibliothécaire d'une bibliothèque municipale classée ou à l'archiviste départemental afin que, servant d'intermédiaire auprès des organismes de son département, il établisse une Liste départementale des périodiques français et étrangers en cours, qui constituerait un instrument de travail pour les chercheurs provinciaux.

On comprendra sans peine que, s'il était trop ambitieux de recenser périodiques français et étrangers dans un répertoire national qu'on voulait permanent et courant, il était logique d'étendre aux périodiques français les listes départementales. En effet, si à Paris il est possible de consulter tout périodique français à la Bibliothèque nationale, il n'y a pas en province un tel organisme centralisateur.

On recommanda au responsable chargé de mener l'enquête de prospecter autant d'établissements, collectivités publiques et organismes privés, qu'il lui semblerait utile, à condition qu'ils gardent leurs périodiques pendant au moins un an et qu'ils acceptent de les communiquer aux lecteurs éventuels.

La nature des établissements recensés varie évidemment beaucoup d'un département à l'autre. Un sondage rapide fait en 1954, portant sur trois départements, la Meurthe-et-Moselle, le Morbihan et le Haut-Rhin, de ressources inégales mais dans lesquels un nombre sensiblement équivalent d'organismes a pu être recensé, peut donner une idée de leur variété et de l'orientation parfois assez différente de la prospection d'un département à l'autre.

On constate que le secteur administratif par exemple est très largement représenté dans le Morbihan (47 % des participants) et le Haut-Rhin (34 %) tandis que pour la Meurthe-et-Moselle la prospection n'a pas eu à être aussi développée dans ce sens. Mais, dans cette dernière liste, les sections de la Bibliothèque universitaire, les instituts et laboratoires de l'Université représentent 40 % des adhérents, d'autre part, les établissements industriels y figurent dans une proportion de II % environ.

Dans les départements dépourvus de grandes bibliothèques, la prospection, pour être efficace, a dû porter sur une très grande variété d'organismes, au contraire, là où se trouve un grand nombre de bibliothèques ou de centres de documentation largement ouverts au public, il devient beaucoup moins utile de prospecter telle administration départementale ou municipale, telle institution d'enseignement privé.

Ces listes ont été établies dans 92 départements, y compris le territoire de Belfort et les départements d'Algérie. Le département de la Seine (et celui de la Seine-et-Oise depuis la dernière édition) en est exclu; le service de l'I. P. P. E. C. est en effet chargé du recensement des périodiques étrangers dans ces départements et la proximité des grands centres parisiens y rend moins indispensable la localisation des périodiques français.

L'entreprise commencée en 1953 était, dans son principe, permanente, c'est-à-dire que les listes établies devaient faire l'objet de suppléments aussi fréquents qu'il était nécessaire pour qu'elles ne se périment pas. Ainsi, le département du Rhône, après avoir édité une liste en 1953 lui a adjoint deux suppléments en 1954 et 1955 et en a donné une réédition en 1956.

Toutefois, la plupart des départements n'ont mis à jour leurs listes que sur ordre de la Direction des bibliothèques de France en 1955, lorsqu'on entreprit d'éditer l'I. P. P. E. C. sous forme de volume, puis en 1957 pour la réédition parue en 1959. Une nouvelle enquête a été lancée dans les départements en 1960 pour servir à la troisième édition de l'I. P. P. E. C.

Listes, rééditions et suppléments ont été au fur et à mesure de leur publication signalés dans le Bulletin d'informations de la Direction des bibliothèques de France puis dans le Bulletin des bibliothèques de France.

Chaque liste départementale comporte trois parties : la première est une table des établissements participants, affectés du sigle que leur a attribué la Direction des bibliothèques de France. Viennent ensuite le répertoire des périodiques français et dans une troisième partie les périodiques étrangers. C'est ce dernier relevé qui est utilisé pour l'établissement de l'I. P. P. E. C.

Il n'en demeure pas moins que ces listes présentent avant tout un intérêt sur le plan départemental et sur le plan régional. On les distribue non seulement à tous les établissements qui y ont participé mais encore dans les départements voisins aux centres les plus importants et, en particulier, dans toutes les bibliothèques universitaires où elles sont un auxiliaire de premier plan pour le prêt inter-universitaire.

Leur principale raison d'être est, en effet, l'orientation des recherches. Elles s'avèrent particulièrement utiles dans les départements où la bibliothèque municipale, pauvre en périodiques scientifiques et en périodiques étrangers, est la seule bibliothèque importante. La collaboration des organismes privés est alors bienvenue. La publication des listes départementales a également permis, outre une fructueuse coopération entre bibliothèques universitaires, archives départementales et bibliothèques municipales, des contacts intéressants entre ces établissements et les autres organismes adhérant à l'entreprise. Dès lors, il devient possible de déceler des lacunes dans les fonds possédés par les bibliothèques d'un département, de les combler, dans certains cas, grâce à des échanges et de coordonner les acquisitions.

Mais les services que pourront rendre les listes départementales dépendent essentiellement de leur mise à jour régulière. Là où les bibliothécaires ont pu faire ces mises à jour, le nombre des adhérents a crû en même temps que celui des périodiques recensés. Mais il est évident que l'établissement de ces listes représente un travail assez lourd auquel tous les correspondants départementaux, bibliothécaires et archivistes n'ont pas pu faire face. Il serait cependant regrettable que ces listes se périment et que l'entreprise ne soit pas continuée.