Le catalogue collectif des périodiques conservés dans les bibliothèques de Paris et les bibliothèques universitaires des départements

Henry-Frédéric Raux

L'édition provisoire du catalogue sera complète en 1962. Le premier volume de l'édition imprimée définitive paraîtra en 1963; chaque notice décrit l'histoire du périodique. Les titres successifs sont regroupés à la suite du titre le plus ancien. A la suite de la « tranche » 1631-1939, un supplément est prévu pour 1939-1960

Après d'assez longs travaux préliminaires, la préparation de ce catalogue a commencé, en 1939, à la Bibliothèque de la Sorbonne, les règles en ont été fixées par V. Fedorov 1. Il s'agissait d'abord, dans l'esprit de ses créateurs, d'un catalogue collectif des fonds de périodiques des bibliothèques universitaires; une seconde équipe a été constituée peu après qui releva les collections de la Bibliothèque nationale et des principales bibliothèques non universitaires de Paris. Deux fichiers furent ainsi établis parallèlement, à la Sorbonne et à la Bibliothèque nationale. A cette dernière bibliothèque fut bientôt rattaché le Service du Catalogue collectif qui, depuis 1945, est devenu un des services du département des Périodiques. Les deux fichiers de base ont été fusionnés au fur et à mesure de la rédaction d'une édition provisoire polytypée, considérée comme une édition d'épreuves, hors commerce et tirée seulement en une cinquantaine d'exemplaires destinés aux principales bibliothèques participantes. Cette édition provisoire sera complète en 1962, en 43 volumes représentant au total environ 12.000 pages et plus de 100.000 notices. La préparation de l'édition imprimée définitive est dès maintenant commencée, le premier volume devrait paraître au début de 1963; une diffusion assez large est prévue car aucune bibliothèque française de quelque importance ne pourra se passer de cet instrument de travail et des demandes nombreuses de bibliothèques étrangères se manifestent constamment.

Les promoteurs du Catalogue collectif des périodiques ont voulu avant tout faire œuvre scientifique et procurer aux chercheurs un instrument de travail sûr et aussi détaillé que possible : le catalogue français est à notre connaissance le seul parmi les très nombreux catalogues collectifs de périodiques rédigés à l'échelon national dont les notices soient établies d'après les collections elles-mêmes et non d'après des renseignements de seconde main. L'étendue et la précision des renseignements qu'il donne dépassent ce que l'on attend aujourd'hui d'un catalogue collectif; en ce qui concerne les périodiques édités en France et appartenant à des catégories non exclues par principe, il constitue une véritable bibliographie; il est peu vraisemblable, en effet, qu'un titre français manque à la fois à la Bibliothèque nationale (ce qui est déjà une exception, puisque par le jeu du Dépôt légal rien de ce qui paraît en France ne devrait échapper à celle-ci) et dans toutes les grandes bibliothèques françaises. Mais l'entreprise ainsi définie exigeait un travail immense qui n'aurait pu être mené à bien rapidement que par des équipes nombreuses, d'autant plus difficiles à réunir que ce travail demandait des qualités de conscience, de rigueur intellectuelle et, disons-le, d'abnégation, dans une tâche difficile, souvent fatigante même physiquement, quelquefois ingrate et toujours sans éclat, qualités qui, sans être rares dans notre profession, ne sont point monnaie si courante. La rédaction de l'édition provisoire a demandé beaucoup plus de temps que prévu et Mlle Fanny Petibon, qui l'avait dirigée pendant près de vingt années et dont le nom restera lié à ce grand ouvrage, a eu la tristesse d'entendre sonner l'heure d'un repos pour elle d'ailleurs assez relatif, avant que son œuvre ne soit achevée. Commencé l'un des premiers, le Catalogue collectif français est l'un des derniers à être publié : c'est là la rançon des nobles ambitions de ses promoteurs, auxquelles n'ont pas toujours correspondu des moyens matériels suffisants.

L'édition définitive n'innove pas par rapport à l'édition provisoire : se souvenant de l'expérience de leurs prédécesseurs, les responsables actuels n'ont pas voulu risquer de priver, pendant on ne sait combien d'années encore, les chercheurs d'un instrument de travail constamment réclamé, sous prétexte d'éliminer certaines disparités, d'amender certaines conceptions peut-être un peu vieillies, notamment dans le choix des titres (définition du « périodique », inclusion et élimination abusives de certaines catégories) et dans la rédaction de certaines notices (le catalogue ne tient pas compte par exemple de la notion de collectivité-auteur). On s'est contenté de rectifier les erreurs matérielles qui avaient pu se glisser dans l'édition d'épreuves et de tenir compte dans les états de collections des acquisitions récentes, des pertes survenues dans certaines bibliothèques par faits de guerre, et de rechercher une présentation typographique claire. L'édition imprimée comme l'édition polytypée ne portent que sur les périodiques parus des origines au 31 décembre 1939, en France ou à l'étranger, et conservés dans les bibliothèques françaises; certaines catégories de périodiques en restent exclues : les journaux quotidiens qui devront faire l'objet d'un catalogue particulier, les publications officielles de caractère administratif, et enfin tous les périodiques jugés tout à fait mineurs, dont les notices existent sur fiches mais ne seront pas publiées. La notion de périodique a été prise dans un sens extrêmement large, trop large sans aucun doute : beaucoup de titres sont plutôt des « Serials » que des périodiques proprement dits.

Les notices décrivent toute l'histoire extérieure des périodiques, dont tous les titres successifs sont regroupés en un rassemblement classé au titre le plus ancien; chacun des titres successifs fait ensuite l'objet, à son rang alphabétique, d'une notice particulière; ces notices comportent évidemment l'indication du titre auquel on trouvera le « rassemblement ». Un exemple commenté fera mieux comprendre qu'un exposé l'économie des notices :
Notice de rassemblement :
+ Gazette [Théophraste Renaudot]... mai 1631-1761
devenu : Gazette de France, 1762-15 août 1792
devenu : Gazette nationale de France, 16 août 1792-24 janv. 1793
devenu : Gazette de France nationale, 25 janv. 1793-19 janv. 1794
devenu : Gazette nationale de France, 20 janv. 1794-18 déco 1797

devenu : Gazette de France, 19 déc. 1797-3I déc. 1806 (n° I-3267). Ier janv. 1807-4 déc. 1830
devenu: Étoile. Gazette de France. 3 déc. 1830-5 févr. 1831
devenu : Gazette de France. 6 févr. 183I-24 août 1848
devenu : Peuple (Le) français. Journal du soir [puis : Journal de l'appel à la nation.] 25 août 1831-13 sept. 1848
devenu : Étoile (L') de la France. Journal des droits de tous. 14 sept.- 24 oct. 1848
devenu: Gazette de France. 25 oct. 1848-1915
suppl. : - États Généraux. 6 mai-20 juil. 1789 (I-XI) qui devient
- Assemblée nationale. 21 juil. 1789 (XXI)-[...]
- Gazettin. juin 1790-Ier mars 179I
-Étoile (L') du dimanche. 1893-[...]
Tables: 1631-1765; 1772-1788; 163I-1790.

A chacun des titres on trouvera la notice complète avec des précisions très détaillées de date et de structure, l'indication des suppléments, des rééditions, .etc... et enfin la cote et l'état des collections de chaque bibliothèque (bibliothèques de Paris d'abord, des départements ensuite). Par exemple, au deuxième titre cité dans le rassemblement :
Gazette de France, 1762-15 avr. 1792. 19 déc. 1797-31 déc. 1806 (n° 1-3267). 1807-4 déc. 1830. 3 févr. 183I-29 août 1848. 25 oct. 1848-30 sept. 1915. - Paris, 4° puis: f° [Tables] [jusqu'en 1776 le titre du t. annuel porte: Recueil des Gazettes de France; jusqu'à 1778 2 éd. diff. A donné lieu à de nombreuses contrefaçons]
[le 25 sept. 1805, absorbe : 1 Bulletin de l'Europe; 2 Clef du Cabinet; 3 Journal du soir; le 3 juil. 1827 absorbe : l'Étoile Journal du soir et : Journal de Paris, politique, commercial et littéraire; n'a pas paru le 29 et 30 juil. 1830 ; du 9 avr. au 5 juin 1871 une 2e éd. a paru, dite de Versailles; à partir de 1848 une étoile accompagne le titre]
[pour les suppl., voir : 1 États Généraux (6 mai-20 juil. 1789) ; 2 Assemblée nationale. 21 juil. 1789; 3 Gazettin. Ouvrage périodique par l'ancien rédacteur du Courrier de l'Europe; 4 Étoile (L') du soir]
[+ Gazette [Théophraste Renaudot]]
Pa BN : 40 Lc2.IG [1774-1776]
4° Lc2.I [-> avr. 1806. qq. lac.]
4° Lc2.2 [Tables : 1631-1765]
Gr. fol. Lc2.I [23 sept. 1805 (n° 2803) ->; 1832, inc.]
Gr. fol. LC2.11 [9 avr.-5 juin 1871; éd. de Versailles]
US :HMg.19 (4°) [-> 1780, 1782-1789, 179I, 1800, inc.]
HMg.39 (4°) [-> 1790]
etc... (26 collections totales ou partielles sont citées).

Tous les titres figurant dans le courant de la notice font l'objet, à leur ordre alphabétique, soit de notices complètes, soit de renvois.

On voit qu'il n'y a à peu près aucun point commun entre un catalogue collectif de ce type et la simple liste de titres, avec localisation, à laquelle se limitent beaucoup de catalogues collectifs modernes et on imaginera aisément le travail nécessaire pour rédiger de semblables notices, surtout lorsqu'il ne s'agit pas de titres très importants ayant déjà fait l'objet d'études approfondies - comme dans l'exemple de la Gazette - mais de titres dont l'histoire est inconnue et doit être reconstituée par l'examen de dizaines de mètres de collections sur les rayons mêmes des bibliothèques et éventuellement le recours aux bibliographies primaires.

L'entreprise du Catalogue collectif des périodiques ne sera pas achevée avec l'impression de la « tranche » 163I-1939 (cinq volumes prévus pour la liste alphabétique et un volume pour la table des organismes cités dans les titres). Le supplément 1939-1960 est déjà en partie rédigé sur fiches, mais ne comporte encore les états de collections que de quelques bibliothèques parisiennes. Il devra faire l'objet après complément d'une édition d'épreuves, puis d'une édition imprimée. Les notices de publications mineures éliminées, qui existent sur fiches, doivent être mises au point pour devenir facilement utilisables par un service de références. Enfin, les catégories éliminées par principe au début de l'entreprise feront peut-être l'objet de deux catalogues spécialisés groupant l'un les journaux quotidiens, l'autre les périodiques administratifs. Pour les périodiques parus après 1960, le Répertoire de la presse et des publications périodiques françaises d'une part, l'Inventaire des périodiques étrangers reçus en France (I.P.P.E.C.), d'autre part, donnent l'un toutes les indications bibliographiques concernant les périodiques français, tous conservés à la Bibliothèque nationale, l'autre la localisation des quelque 25.000 titres étrangers courants conservés dans les bibliothèques françaises : il n'est donc pas nécessaire de poursuivre postérieurement à 1960 les relevés du Catalogue collectif qui feraient double emploi avec l'un ou l'autre de

ces répertoires, également rédigés au Département des Périodiques de la Bibliothèaue nationale.

  1. (retour)↑  Fedorov (Vladimir). - Règles pour la rédaction d'un catalogue collectif de périodiques. Préf. de Charles Beaulieux. - Paris, Hermann, 1939.