Les catalogues collectifs de périodiques
« L'un des aspects les plus remarquables et aussi les plus encourageants de l'activité des bibliothèques depuis la guerre est la tendance de plus en plus marquée à la collaboration 1. » Cette observation a été faite par M. Brummel, directeur de la Bibliothèque royale des Pays-Bas, président de la Commission des catalogues collectifs et du prêt international de la FIAB et auteur d'un manuel de l'Unesco consacré aux catalogues collectifs.
Cette collaboration s'est notamment manifestée dans l'établissement de catalogues collectifs, portant, dans la plupart des cas, sur les fonds de périodiques.
Il n'est pas besoin de rappeler longuement combien de longues et difficiles recherches ces catalogues peuvent éviter à ceux qui ont besoin d'un périodique alors que le nombre de périodiques ne cesse de s'accroître et qu'ils occupent dans la documentation une place prépondérante. Les services que rendent les catalogues collectifs sont encore plus évidents pour les périodiques étrangers car un nombre plus restreint de bibliothèques les reçoivent. Le catalogue collectif est, d'autre part, à la base de toute politique d'acquisitions puisque lui seul permet de déceler les lacunes des fonds de bibliothèques.
Comme le montrera le rapide historique suivant, c'est peu avant la guerre que le problème a été sérieusement envisagé en France.
La première entreprise collective de localisation de périodiques est, en 1918, l'établissement par la Bibliothèque universitaire de Montpellier d'une liste alphabétique de 4.250 périodiques en la possession des bibliothèques universitaires de France (à l'exception de celles de Paris et de Lille) 2. On y trouve l'état des collections dans chaque dépôt. Elle était annexée à la Liste des nouvelles acquisitions des bibliothèques universitaires.
En 1934, cette initiative est reprise et l'on met en chantier, sur un plan beaucoup plus vaste, le Catalogue collectif des périodiques des bibliothèques universitaires de France à la Bibliothèque de l'Université de Paris. En 1939, il est pris en charge par la Bibliothèque nationale qui établissait de son côté un catalogue des périodiques des bibliothèques non universitaires de Paris. Ainsi est né le Catalogue collectif des bibliothèques de Paris et des bibliothèques universitaires de province. Publications périodiques dont sont exclus les quotidiens et les publications administratives. Cent vingt-huit bibliothèques de Paris et de province apportent leur contribution à l'œuvre collective : 13 bibliothèques parisiennes, 40 établissements, instituts ou laboratoires rattachés à l'Université de Paris (15 pour les lettres et 25 pour les sciences) et 75 bibliothèques ou établissements savants de province.
Cette œuvre, donnant l'état des collections jusqu'en 1939, sera achevée en 1962; la mise à jour pour les années 1939-1960 est en préparation.
A l'occasion de l'enquête menée auprès des bibliothèques universitaires de province pour l'élaboration de ce catalogue collectif, deux bibliothèques ont publié leur propre catalogue collectif. On a ainsi l'état des fonds de quelque 135 bibliothèques d'instituts, de musées, de sociétés savantes en 1937 à Strasbourg 3 ; on connaît les périodiques que possédaient à la même date la Bibliothèque universitaire, les instituts et laboratoires d'université et la bibliothèque municipale de Bordeaux 4.
Ces deux inventaires ne tenaient compte que de l'état des collections dans les bibliothèques considérées, au contraire, le « Catalogue collectif des périodiques » est un travail à la fois historique, puisque les transformations des périodiques (changements de titres, scission, fusion) y sont notées, et pratique puisque les ressources des bibliothèques sont examinées.
Cependant il avait dû exclure, pour des motifs de commodité, les périodiques publiés en caractères cyrilliques. Il convenait de leur consacrer une publication spéciale, bien que, dès 1929, M. Boris Unbegaun eut donné un Catalogue des périodiques slaves et relatifs aux études slaves des bibliothèques de Paris. En 1956 le Département des périodiques de la Bibliothèque nationale a fait paraître une annexe au catalogue collectif des périodiques conservés dans les bibliothèques de Paris et dans les bibliothèques universitaires de France, rédigée selon les mêmes règles et consacrée aux Périodiques slaves en caractères cyrilliques. État des collections en 1950. Un supplément doit bientôt paraître.
Avant même que ne soit entrepris le catalogue collectif général et pour répondre aux besoins des chercheurs scientifiques, Léon Bultingaire avait dressé entre 1924 et 1939 l'Inventaire des périodiques scientifiques des bibliothèques de Paris 5. Vingt cinq mille périodiques reçus par 143 bibliothèques étaient recensés en 1939, selon les mêmes principes de rédaction que le catalogue collectif des périodiques de toutes sciences.
Une suite lui a été donnée grâce à l'appui du Centre national de la recherche scientifique qui a encouragé la rédaction d'inventaires particuliers aux établissements scientifiques de Paris à partir de 1938. Quatre fascicules ont paru en 1947, 1948, 1949 et 1954 6. L'un concerne les fonds de l'École nationale supérieure des mines, les autres ceux de la Bibliothèque centrale du Museum national d'histoire naturelle et des bibliothèques de ses laboratoires, le dernier se rapporte à la bibliothèque de l'École polytechnique.
C'est dans cette tradition que les bibliothèques de la Section-médecine et de la Section-pharmacie de l'Université de Paris ont publié le catalogue de leurs fonds de périodiques.
Toutefois, un catalogue donnant l'état des fonds est une entreprise de très longue haleine et il a paru nécessaire, après la guerre de disposer d'instruments d'information rapide de caractère moins bibliographique qu'on limita, pour des raisons d'ordre pratique, aux périodiques étrangers.
C'est dans cet esprit que la Bibliothèque nationale publia en 1950 l'État sommaire des périodiques étrangers dans les bibliothèques et centres de documentation de Paris en 1948. Sciences humaines. Les trois listes de l'État sommaire (liste alphabétique par titres suivie d'un index analytique, liste géographique et liste méthodique) et leur supplément de 195I, comprenaient 3.24I titres.
A la même époque, était publié par l'École nationale des mines avec la participation matérielle du Secrétariat aux forces armées (guerre), un catalogue 7 des périodiques étrangers scientifiques et techniques reçus par les principaux centres de documentation et bibliothèques de Paris. On y relevait 2.600 titres reçus par 150 bibliothèques, concernant les principaux domaines scientifiques et techniques, à l'exception de l'astronomie, de la météorologie, des sciences naturelles, de la médecine, de la pharmacie et des industries agricoles, alimentaires et textiles. A la première édition multigraphiée ont succédé deux éditions imprimées en 1954 et 1958, la troisième est en préparation et va paraître d'ici peu.
Quel que soit l'intérêt que présentait l' « État sommaire des périodiques... Sciences humaines » au moment où il a paru et quels que soient les services que continue à rendre le catalogue collectif des périodiques étrangers scientifiques et techniques rédigé par l'École des mines, il y avait place pour une entreprise de caractère plus général, groupant les collections de périodiques de toutes sciences possédés par les bibliothèques et centres de documentation provinciaux aussi bien que parisiens, privés autant que publics.
Ce fut l'objet de l'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours (IPPEC) dont le projet initial date de 195I et dont la première édition, parue en 1956, rassemblait 2I.000 notices; la seconde édition a été publiée en 1959, la troisième est en préparation.
Dans l'intervalle de deux éditions de l'IPPEC parut un Inventaire des périodiques soviétiques reçus en France par les bibliothèques et les centres de documentation (le premier, multigraphié en 1958, le deuxième en 196I), ceci à un moment où l'on était particulièrement préoccupé de développer la documentation soviétique.
L'enquête nécessaire à l'élaboration de l'IPPEC fut facilitée par l'établissement des « Listes départementales... » où furent recensés non seulement les périodiques étrangers mais aussi les périodiques français. Leur localisation était en effet aussi nécessaire que celle des périodiques étrangers sur le plan provincial.
On trouvera ci-après quelques études consacrées à plusieurs des entreprises que nous venons de citer, ainsi qu'à la Bibliographie de la presse française politique et d'information générale (1865-1944), au Catalogue des périodiques clandestins diffusés en France de 1939 à 1945, au Catalogue collectif des journaux quotidiens d'information générale publiés en France métropolitaine de 1957 à 196I, enfin au catalogue de 800 revues d'Asie. Elles montreront les progrès enregistrés depuis la guerre et en même temps tout ce qui reste à accomplir pour disposer d'un ensemble d'instruments de travail vraiment complet. On notera que si ces réalisations ont toujours bénéficié de la collaboration d'un très grand nombre d'organismes, l'établissement des catalogues collectifs serait facilité si des règles communes étaient appliquées par tous. C'est là une preuve, s'il en était besoin, de la nécessité d'une normalisation encore plus poussée.