Grande-Bretagne

Les Problèmes du catalogage en Grande-Bretagne

A. H. Chaplin

Les bibliothèques de Grande-Bretagne ont, chacune, leur propre système de catalogage qui s'inspire, pour certains, du code du « British Museum » et pour d'autres du code édité par la « Library association » en 1908, en accord avec l'« American library association ». Lorsque parut la British national bibliography en 1950, la nécessité d'une uniformisation se fit sentir. Actuellement, un comité britannique et un comité américain travaillent ensemble à la révision du nouveau code de catalogage établi en Amérique pendant la guerre. On espère aboutir à un code commun à tous les pays de langue anglaise. Il est cependant probable que ce nouveau code ne recevra une forme définitive que compte tenu des résultats de la Conférence internationale sur les principes de catalogage

Dans le Royaume-Uni, le catalogage n'est pas contrôlé à un échelon central. Il n'existe même pas de contrôle central pour certains types particuliers de bibliothèques. Il est vrai qu'un code de catalogage fut publié, en 1908, sous les auspices de la « Library association » 2, et que ce code a fortement influencé le catalogage dans les bibliothèques de lecture publique et, à un degré moindre, celui des bibliothèques universitaires et spécialisées. Il a cependant été adapté aux besoins locaux, même dans les bibliothèques de lecture publique. Ces dernières sont sujettes au contrôle d'une municipalité ou d'un « county council »; elles ne dépendent ni de la « Library association » ni de quelque autre organisme national.

La plus grande bibliothèque du pays, le « British Museum », dont on aurait pu s'attendre à ce qu'elle exerce une influence prépondérante, applique jusqu'à présent son propre code de catalogage. Ce code ne diffère que très peu de celui qui est à la base du catalogue imprimé entre 1880 et 1905. Il a été élaboré, à la fin du XIXe siècle, à partir de règles que Panizzi établit en 184I pour le « British Museum ». Il conserve un certain nombre de règles rejetées par la « Library association » en 1908 : par exemple, l'adoption, pour la notice principale d'un livre, d'une vedette établie d'après le sujet du livre, le classement de presque toutes les collectivités sous des noms géographiques, l'utilisation de vedettes de forme, telles que Périodiques, Encyclopédies, Liturgies, Répertoires, Catalogues, Hymnes.

A l'origine, les grandes bibliothèques universitaires se sont, pour la plupart, inspirées du code du « British Museum ». Les règles publiées par certaines d'entre elles, - par exemple, la « Bodleian Library » et la « Cambridge University Library » - bien que s'écartant, à certains égards des règles du « British Museum », sont toujours plus influencées par elles que par le Code anglo-américain. Les bibliothèques spécialisées, qui, jusqu'à une date récente, n'avaient que de faibles contacts avec la « Library association », ont établi leurs propres règles de catalogage.

C'est pourquoi, lorsque la « Library association » entreprit, après la 2e guerre mondiale, la révision du code de 1908, elle dut faire face à une situation très différente de celles qui existaient dans des pays où le catalogage est réglementé par un organisme central ou dominé par une seule grande bibliothèque nationale. Il y avait de nombreux codes en usage et ces codes étaient établis selon deux traditions distinctes.

On souhaitait, toutefois, une plus grande uniformité et pendant les années d'après guerre, la nécessité de réconcilier ces deux traditions devint évidente.

Un tournant important fut atteint avec l'apparition, en 1950, de la British national bibliography, dont le conseil directeur comprenait aussi bien des membres de la « Library association » que du « British Museum ».

La B.N.B. adopta, comme cadre de classement, la Classification décimale Dewey, légèrement modifiée. Pour les vedettes-auteurs, on adopta le code anglo-américain, le système le plus répandu dans les bibliothèques de lecture publique, qui constituaient la majorité des virtuels abonnés. Mais les notices étaient établies au « British Museum » d'après les livres déposés dans cette bibliothèque selon la loi du « copyright». Les mêmes livres étaient donc catalogués deux fois, d'après deux codes différents. Ce qui éveilla l'attention sur le gaspillage et le manque d'uniformité des méthodes. Cette situation devait nécessairement influencer le travail du Comité de catalogage de la « Library association » qui, après la guerre, comprenait des membres du « British Museum » et de la « British national bibliography ». Ce Comité avait, cependant, pour tâche de réviser le code de 1908, en consultation avec l'« American library association », dans le but de réaliser un nouvel accord anglo-américain.

Pendant la guerre, lorsque les activités du Comité britannique furent suspendues, l' « American library association » avait préparé une nouvelle édition américaine de la partie du code traitant des vedettes-auteurs ettitres 3. Il s'agissait d'un document bien plus long et plus détaillé que la partie correspondante du code original. On y ajouta de nombreuses règles, pour résoudre des problèmes nouveaux, survenus au cours de trente ans de catalogage.

Au cours d'un examen des nouvelles règles, le Comité britannique conclut qu'il était souhaitable d'élaborer un code plus bref, plus simple et plus logique, qui serait basé sur des règles claires. Le nouveau code soulevait cependant aux États-Unis des critiques analogues exprimées avec force par Seymour Lubetzky dans sa brochure Cataloguing rules and principles 4. Peu de temps après, l'« American library association » annonça son intention d'établir un code entièrement nouveau et Lubetzky fut nommé éditeur, sous la direction du Comité de révision du Code de l'ALA.

Le Comité britannique procède depuis plusieurs années à une étude approfondie du code publié en Amérique et, plus tard, des avant-projets soumis par Lubetzky au Comité américain. Les décisions de chacun de ces comités ont été transmises à l'autre et des discussions communes ont eu lieu à plusieurs reprises soit à Londres, soit aux États-Unis. Des progrès appréciables ont été réalisés en vue d'un accord final et un nouveau code anglo-américain semble en vue. On envisage même un code commun à tous les pays de langue anglaise.

Depuis 1955, date à laquelle la Fédération internationale des associations de bibliothécaires publia le premier rapport de son comité de travail pour la coordination des principes de catalogage, et où fut suggérée une Conférence internationale pour le catalogage, le travail de révision du code anglo-américain a été influencé par la perspective d'un accord international plus large. Il y eut d'une part le désir de faciliter cet accord et, d'autre part, la crainte de retarder l'entente anglo-américaine. Il est actuellement probable que les conclusions de la prochaine Conférence internationale seront prises en considération avant de donner au code anglo-américain sa forme définitive.

Ces derniers temps, certains indices portent à croire que les spécialistes de catalogage du Royaume-Uni accepteraient de nouvelles règles en vue d'une plus grande uniformité. L'absence d'un code rigide dominant joue en faveur de ce changement. Au cours d'un symposium organisé en 1953 par la « London university school of librarianship and archives 5 », des représentants du « British Museum » se sont déclarés peu satisfaits de certains aspects de leur propre code, et le rôle important joué par la British national bibliography fut reconnu à l'unanimité.

La « British library association » organisa, en juin 1959, une réunion générale des catalographes de Grande-Bretagne, afin d'examiner les principales propositions des comités américain et anglais pour la réforme du code. Là aussi la nécessité d'un code révisé, basé sur des principes clairs, fut généralement admise.

Un des facteurs qui retardent l'introduction d'un nouveau code fondé sur un accord général est en Grande-Bretagne comme ailleurs, la difficulté d'opérer des changements dans de grands catalogues déjà établis - par exemple dans celui du « British Museum ». Il est admis que ce changement devra intervenir tôt ou tard. Il est cependant difficile de décider, sous la pression du travail quotidien, à quel moment et de quelle façon il devra être entrepris.

Si la Conférence internationale arrive à un accord portant sur les principales divergences des codes nationaux, elle pourra peut-être aussi contribuer à la réconciliation des différentes traditions existant en Grande-Bretagne.

  1. (retour)↑  Traduit de l'anglais par Mme Rosenbaum, Service technique de la Direction des bibliothèques de France.
  2. (retour)↑  Traduit de l'anglais par Mme Rosenbaum, Service technique de la Direction des bibliothèques de France.
  3. (retour)↑  Cataloguing rules: author and title entries. Compiled by Committees of the Library association and of the American library association. English ed. - London, The Library association, 1908.
  4. (retour)↑  Publié en 1849 par l'ALA sous le titre : ALA Cataloguing rules for author and title entries... 2e éd.
  5. (retour)↑  Publ. par la Library of Congress. Washington, 1953.
  6. (retour)↑  Cf. Cataloguing principles and practice: an inquiry... ed... by Mary Piggott.- London, The Library association, 1954.